Citations de Karl Popper (46)
Le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester
D’une manière ou d’une autre, on en est ainsi ramené à l’épistémologie de Hume qui prétendait déjà que « l’homme n’est pas seulement un animal irrationnel, mais (que) de plus, cette part de nous-même que nous pensions rationnelle -la connaissance humaine, y compris la connaissance pratique- est de part en part irrationnelle
Dans le monde réel, notre monde toujours changeant, la situation, et donc les possibilités objectives, les propensions, changent constamment. Elles peuvent effectivement changer si, comme tout organisme vivant, nous préférons une possibilité à une autre, ou si nous en découvrons une que nous avions jusque là ignorée. Notre compréhension du monde elle-même modifie les caractéristiques de ce monde mouvant. ... Même les théories fausses changent le monde, bien que les théories correctes puissent, en général, avoir une influence plus durable. Tout cela revient à dire que le déterminisme est tout simplement faux : les arguments traditionnels en sa faveur ont perdu leur vitalité, et désormais l'indéterminisme et le libre-arbitre ne sont plus exclus des sciences physiques et biologiques.
Je crois que les théories ont la priorité sur les observations aussi bien que sur les expérimentations, en ce sens que ces dernières n'ont de signification qu'en relation à des problèmes théoriques.
Même si on laisse de côté les "philosophies" évolutionnistes, ce qui fait problème dans la "théorie" évolutionniste elle-même, c'est son caractère tautologique, ou quasi tautologique.
Un concept individuel est un concept dans la définition duquel des noms propres (ou les équivalents) sont indispensables. Si l'on peut éliminer complètement toute référence à des noms propres, le concept est universel.
Les théories scientifiques sont des énonces universels. Comme toutes les représentations linguistiques, elles sont des systèmes de signes ou de symboles. Je ne pense donc pas qu'il soit utile d'exprimer la différence entre théories universelles et énoncés singuliers en disant que ces derniers sont "concrets" alors que les théories sont de simples formules ou schémas symboliques.
Le système que l'on appelle "la science empirique" est censé représenter un seul monde : le "monde réel" ou le "monde de notre expérience".
Si ce sont des confirmations que l’on recherche, il n’est pas difficile de trouver, pour une grande majorité des théories, des confirmations ou des vérifications. Il convient de tenir compte de ces confirmations que si elles sont le résultat de prédictions qui assument un certain risque ;(…) Toute mise à l’épreuve véritable d’une théorie par des tests constitue une tentative pour en démontrer la fausseté (to falsify) ou pour la réfuter
Approcher la vérité n'est pas aisé. Il n'y a qu'une voie, celle passant par nos erreurs. Nous ne pouvons apprendre qu'à l'école de nos erreurs ; et seul apprendra qui est prêt à apprécier dans les ereurs d'autrui des étapes vers la vérité ; et qui recherche les erreurs qu'il a lui-même commises, pour s'en libérer.
Le libéralisme est une conviction évolutionnaire plutôt que révolutionnaire (excepté face aux régimes despotiques). (p. 208)
Il est clair que l'adoption d'une théorie du complot est difficilement évitable par ceux qui croient savoir comment instaurer le paradis sur terre. La seule explication de leur échec à instaurer ce paradis est la malveillance du diable qui a un intérêt personnel en l'enfer "
Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. Pour les théories, l'irréfutabilité n'est pas (comme on l'imagine souvent) vertu mais défaut.
Le fait que l'hypothèse évolutionniste n'est pas une loi universelle de la nature (1) mais un énoncé historique particulier (ou, plus précisément, singulier) relatif à l'ascendance d'un certain nombre de végétaux et animaux terrestres, est quelque peu obscurci par le fait que le terme "hypothèse" est très souvent employé pour désigner le statut des lois universelles de la nature. Mais nous ne devrions pas oublier que nous employons très fréquemment ce terme dans un sens différent. Par exemple, il serait indubitablement correct de décrire un essai de diagnostic médical comme une hypothèse, bien qu'une telle hypothèse ait un caractère singulier et historique bien plus qu'un caractère de loi universelle. Autrement dit, le fait que toutes les lois de la nature sont des hypothèses ne doit pas distraire notre attention du fait que toutes les hypothèses ne sont pas des lois et que les hypothèses historiques plus spécialement ne sont pas, en général, des énoncés universels mais des énoncés singuliers relatifs à un événement individuel, ou à un groupe d'événements de ce genre.
(1) Même une assertion telle que "tous les vertébrés ont un couple d'ancêtres communs" n'est pas, en dépit du mot "tous", une loi universelle de la nature ; car elle se réfère aux vertébrés qui existent sur la terre plutôt qu'à tous les organismes, en tous temps et en tous lieux, qui possèdent une constitution que nous considérons comme caractéristique des vertébrés. (pp. 135-136)
La falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne signifie pas qu'une falsification puisse être obtenue en pratique ou que, si on l'obtient, elle soit à l'abri de toute contestation. La falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne désigne rien de plus qu'une relation logique entre la théorie en question et la classe des énoncés de base, ou celle des événements décrits par ces énoncés : les falsificateurs potentiels. (…) J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934) (…) qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. (…) il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc (…); on ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante.
Si l'homme est libre, au moins en partie, la nature l'est aussi ; et le Monde , physique, est ouvert.
The situation is really very simple. The belief of a liberal--the belief in the possibility of a rule of law, of equal justice, of fundamental rights, and a free society--can easily survive the recognition that judges are not omniscient and may make mistakes about facts and that, in practice, absolute justice is hardly ever realized in any particular legal case. But this belief in the possibility of a rule of law, of justice, and of freedom, can hardly survive the acceptance of an epistemology which teaches that there are no objective facts; not merely in this particular case, but in any other case; and that the judge cannot have made a factual mistake because he can no more be wrong about the facts than he can be right.
En aucun cas, pourtant, nous ne pouvons dire de manière définitive qu'il n'y a pas de lois dans un domaine particulier. (C'est là une conséquence de l'impossibilité de procéder à une vérification).
Si la connaissance est notre objectif, des énoncés simples doivent être plus appréciés que des énoncés moins simples parce qu'ils nous disent davantage, parce que leur contenu empirique est plus grand et qu'il est plus facile de les soumettre à des tests.
La théorie commande le travail expérimental de sa conception aux derniers maniements en laboratoire.