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Critiques de Karl Taro Greenfeld (13)
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Triburbia

Tribeca, célèbre quartier huppé de New-York. C’est la vie de père de famille vivant dans ce quartier que l’auteur nous propose de partager le temps d’un livre. L’ingénieur du son, le photographe, le sculpteur, le gangster etc. C’est par leur métier qu’ils sont identifiés en première page du livre car même s’ils ont une identité propre ils pourraient être n’importe quels hommes du quartier.



Tribeca est un quartier qui fait rêver. On y croise des hommes riches, des femmes belles et célèbres. On pourrait croire que leurs vies sont incroyables, qu’elles valent plus que les notre. Pourtant Tribeca c’est aussi des amours trompés, des espoirs et des regrets, des vies ratés, des pleurs, la maladie, la drogue, l’alcool qui rapproche et détruit. Mais c’est aussi le paraître, l’argent à faire pâlir oncle Picsou, les soirées sur des yachts, les ragots et les on-dits. Ne jamais rien montrer aux autres que ce qu’on veut laisser voir. Parler beaucoup de choses vides pour ne pas parler de l’important, de l’essentiel.



Au fond Tribeca ne vaut pas mieux que nos quartiers plus simples, moins bourgeois. C’est juste la vraie vie caché sous les ors et les paillettes pour donner une touche glamour.



J’ai été surprise par la lecture car la première de couverture annonçait « portrait décapant d’une bande de père de famille à Manathan » aussi j’ai été étonné de voir tout les chapitres consacrés aux enfants, épouse, baby-sitter. De plus dans la quatrième de couverture on nous explique que ces pères se retrouvent chaque matin pour petit déjeuner ensemble or si on l’évoque c’est sans plus et je m’attendais à les voir souvent deviser autour d’un café. Bref ne pas se fier à la couverture !



J’ai eu beaucoup de mal avec le côté sexe, drogue et alcool, non pas que je sois prude mais voir des personnages défoncés à longueur du temps alors qu’ils ont des enfants ça me révulse. Les enfants ne sont pas mieux que leurs parents, ayant compris très tôt qu’il fallait écraser pour être au dessus des autres, qu’il fallait laisser à la traîne ceux qui ne suivaient pas pour réussir même si c’est de la famille. Ça fait froid dans le dos moi je vous le dit.



Alors ai-je aimé ce livre ? Au final mon avis est mitigé. J’ai été gênée par les personnages et le contexte social mais l’écriture est fluide et le fait que chaque chapitre propose un personnage différent fait qu’il se lit facilement. Peut être que le côté voyeur m’a attiré quand même. Quand je vous dis qu’ eux et nous c’est la même choses ;)
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Triburbia

Un livre chorale qui met en scène une galerie de portrait de new yorkais habitant le quartier de Tribeca, plutôt aisés par rapport à la moyenne, ils se croisent devant l'école de leurs enfants et se retrouvent pour certains autour d'un café. Plus qu'un roman, cela pourrait être plutôt un recueil de nouvelles puisque chaque chapitre met en scène l'un des personnages du livre, soit à travers sa jeunesse, soit à travers son métier ou son quotidien. Beaucoup de points communs entre ces hommes, la réussite, l'univers artistique ou "pseudo artistique" dans lequel ils gravitent, l'argent, l'importante de leur place dans le microcosme du quartier …

C'est une caricature d'une certaine amérique et de la société actuelle particulièrement acérée. Tous ont connu leurs heures de gloire à un moment donné mais ce statut social commence à s'estomper et l'on assiste un peu au "déclin de l'empire américain". Il suffit d'un grain de sable pour détraquer la machine bien huilée de la réussite et de la position sociale. J'ai trouvé l'approche de l'auteur vraiment intéressante et beaucoup aimé la façon dont il fait évoluer ses personnages. Ceux-ci ne sont pas franchement sympathiques, plutôt décevants et désabusés en tant que personne et malgré tout j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre leurs questionnements et leurs doutes. Certains sont ambitieux, d'autres donnent l'impression d'être arrivés où ils sont par hasard, au gré de leurs rencontres et des aléas de la vie, encore étonnés de la tournure de leur existence. Du coup j'aurai aimé en apprendre un peu plus, j'ai eu l'impression de rester en surface par moment et j'ai trouvé que l'auteur n'allait pas suffisamment au fond des choses et de la psychologie des personnages. C'est le point négatif de ma lecture. Ce manque de profondeur est sans doute dû à la construction du livre, un chapitre par protagoniste ne laisse pas beaucoup de place à un développement poussé de son histoire … L'ensemble reste malgré tout intéressant et je ne me suis pas ennuyée à ma lecture ; on prend plaisir à suivre chacun des personnages à travers les méandres de sa vie.



Je n'ai pas fait de recherche sur l'auteur pour l'instant mais j'ai trouvé sa façon de traiter le sujet plutôt "journalistique", avec l'impression de lire une chronique sociale. Le style de l'auteur est fluide, direct, agréable à lire et il va à l'essentiel. Je tenais aussi à dire un mot sur le livre en lui-même. C'est un éditeur je ne connaissais pas et je trouve l'objet livre très beau et vraiment réussi avec un papier épais et une couverture qualitative et originale.
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Triburbia

Tribeca, "quartier de gagneurs" branché de Manhattan. C’est là que les personnages du roman de Karl Taro Greenfeld évoluent. Ce sont tous des artistes, bourgeois bohème qui se connaissent par le biais de leurs enfants scolarisés dans la même école. Mark, le premier narrateur, ingénieur du son, reconnaît finalement que Tribeca pouvait se considérer "comme un lieu de camping plus raffiné que la moyenne."

Chaque chapitre intitulé par l’adresse d’une famille détaille les particularités du couple, leur histoire. Les couples sont instables, certains ont des difficultés avec leurs enfants, d’autres sont avides d’argent, de célébrité ou de drogues.

Beaucoup de fragments de vie, de rencontres entre les uns et les autres. C’est souvent drôle car l’argent, le pouvoir ou l’amour poussent souvent les pères dans des situations cocasses comme faire conduire un gamin de onze ans, détruire la vitrine de la pâtisserie avec des balles de baseball, participer à un programme pour l’amélioration de la ponctualité.

Derrière cette peinture de vies de riches quarantenaires pourris, il y a une évocation de sujets plus sensibles comme le couple, l’autisme, l’éducation, les clivages de l’argent ou de la beauté. Et il faut être "impitoyable" pour se faire une place en ce monde. Certains savent le faire dès l’enfance comme la jeune Cooper, dominant son entourage grâce à sa beauté et son intelligence.

" Sadie assistait à la naissance d’une hiérarchisation, les puissants rejetant les faibles, les plus jolies et les plus désirables se tenant à l’écart du reste."

Ma difficulté fut de m’intéresser réellement à ces personnages. Ce milieu sans valeurs morales n’est déjà pas prompt à éveiller mes sentiments mais le nombre de personnages diffuse encore plus l’attachement.

C’est tout de même un premier roman qui peut séduire pour sa galerie de personnages, la vision ironique d’un milieu branché et surtout ses pointes de légèreté et d’humour.
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Triburbia

Si comme moi vous avez une petite obsession pour New York, vous aurez peut-être envie de découvrir Triburbia. Karl Taro Greenfield nous raconte l'histoire de six jeunes pères de famille dans le quartier branché de TriBeCa à Manhattan. Tous, ou presque, sont de jeunes artistes paumés, entretenus par leurs femmes, en pleines crise de la quarantaine ou questionnements existentiels, à la fois sur eux-mêmes et sur ce quartier assez particulier de la ville où immeubles abandonnés se sont transformés en résidences de lofts luxueux bien gardés.Un roman à plusieurs voix sur un thème au premier abord assez banal, mais très bien mené par ces discours entremêlés qui façonnent l'histoire, et livrent une critique sévère mais juste de la petite société de TriBeCa.
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Triburbia

Aberrant,

La couverture et le résumé sont plutôt sympa, ma critique ne le sera pas.

J'ai passé quelques mois dessus, ne désirant pas abandonné mais je ne suis pas enjoué de ma lecture longue, lassante et amer. L'effet inverse que doit produire un livre. Un mauvais souvenir a même ressurgis, quand j'étais obligé de lire des romans au collège et lycée, que c'était difficile. Un livre n'est-il pas fait pour nous évader et changer les idées, être pertinent et apporter quelque chose à son lecteur ?

Il faut dire que je me suis imaginée des scénettes lors des rencontres entre ses pères, drôles, pleines d'anecdotes, des partages sur la vie courante.

C'est bien pire, certains pères ne s'apprécient pas entre eux et nous retrouvons l'hypocrisie du monde actuelle, pour l'évasion loupée.

Seconde étape qui m'insupporte : le sexe, l'infidélité, la drogue alors qu'ils sont responsables de leurs enfants, et normalement doivent montrer l'exemple, encore loupé ! Certes des soucis rencontrés par une partie de la société mais je n'accroche pas.

Il ne faudrait pas que cela devienne les ingrédients vendeurs de littérature !!

Au début je me repère à la carte du quartier en début de livre mais je laisse vite tombé car je ne comprends pas l'intérêt.

Les chapitres sont les noms des quartiers des pères qui pour certains n'auront jamais de prénoms juste une profession.

Des courtes nouvelles déstructurées dont il n'y a aucune morale, parfois aucune intérêt et sans aboutissement, sans conclusion.

Libérée délivrée je suis, une lecture heureuse de passer à autre chose. Un livre qui ne réponds pas à mes attentes au contraire, puisque je n'y ai retrouvé aucune distraction, aucun sourire, et même une mauvaise humeur !! Je ne comprends pas la publication de cet ouvrage, ni l'intérêt, ni le thème de ce roman. C'est un loupé dans mes choix de littérature, et je ne suis pas rentrée dans l'ambiance ni l'univers spécial de Triburbia.

Passé votre chemin, économiser, et vous trouverez mieux ailleurs. Je déconseille.

Christelle.

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Triburbia

Triburbia est le premier roman de Karl Taro Greenfeld, roman plutôt réussi pour un coup d’essai. L’auteur met en scène toute une galerie de personnages résidant à Tribeca, quartier prisé de Manhattan où affluent les bobos américains et autres jeunes gens fortunés. La plupart des personnages ont des enfants qui fréquentent la même école élémentaire, prétexte de l’auteur pour assembler les fils de cette fiction. Ainsi, ils se retrouvent le matin pour partager un café : « les pères à la trentaine bien entamée, qui travaillent dans divers domaines artistiques. Il y a le sculpteur, l’auteur dramatique, le producteur de films, le mémorialiste, le photographe, même l’ « entrepreneur » – notre truand local -, la plupart s’affichant artistes, en réalité hommes d’affaires ».

Tous ces personnages sont identifiés dans l’espace du roman par leur numéro de rue ainsi que leur métier ou occupation. Chaque chapitre porte un numéro de rue comme titre. Huit hommes sont ainsi présentés dès le départ, ainsi que tous les lieux que nous pouvons visualiser sur un plan du quartier. En découvrant cette proposition, j’ai pensé que l’auteur allait jouer avec ces données, un peu comme la vie mode d’emploi de Pérec. Petite déception pour moi, pas de logique dans la construction du roman : treize chapitres au total, dans lesquels les lieux ne figurent pas vraiment en tant qu’éléments décisifs, en tout cas pas autant que les personnages. Peut-être l’éditeur a souhaité publier cette sorte de cadrage établi par l’auteur ? Le seul intérêt de cette présentation étant de savoir tout de suite quel personnage s’exprime. Et si certains chapitres peuvent être lus comme des petites nouvelles, indépendantes les unes des autres, ils sont tout de même reliés les uns aux autres ce qui permet de découvrir différents points de vue sur les mêmes évènements.

En observant l’ensemble avec un peu de recul, Karl Taro Greenfeld a choisi une famille comme pivot du roman car presque tous ses membres vont s’exprimer : Mark l’ingénieur du son, Brooke sa femme qui travaille dans la presse et leur fille aînée, Cooper, huit ans, qui exerce une forte emprise sur ses camarades (cf le chapitre 7). Autour de cette famille, gravitent d’autres personnages, un photographe de mode (dont l’adolescence est décrite dans le chapitre deux, à mon sens un des meilleurs), un dramaturge à l’appétit d’ogre (étonnant personnage !), un journaliste ayant falsifié ses mémoires, un marionnettiste reconverti dans la réparation des vélos, un cuisinier chef d’entreprise et même un gangster juif… Parfois, ce sont les femmes de ces hommes qui s’expriment, telle Beatrice, cette française mariée au cuisinier, en instance de séparation dans le chapitre huit.

Ce roman, qui nous parle de l’Amérique d’aujourd’hui, a presque vocation sociologique. Evoquer un quartier huppé de New York par ses quelques habitants, c’est aborder l’état de la société par différents aspects : l’économie (le marché immobilier du quartier), l’éducation (à travers les enfants), la culture. Tous ces personnages ont des histoires singulières, des manies (pas mal de drogue dans l’ensemble), des métiers ou occupations, des amis. Et le tout forme une observation plutôt fine, souvent caustique, sur la société américaine actuelle, tout en demeurant une oeuvre de fiction très agréable à lire. Au final, un très bon premier roman.

Le livre en tant que tel est très soigné (beau papier, belle composition de couverture avec rabats de chaque côté qui peut faire office de marque page) bref un bel objet que j’ai pris plaisir à lire.
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Triburbia

beaucoup de personnages qui se retrouvent. bon roman mais ne pas perdre le fil!!!
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Triburbia

Un roman choral, dans le quartier de Tribeca à New York, voilà qui a sonné alléchant à mes oreilles lorsque Keisha en a parlé ! Tribeca n’est pas un ancien nom indien mais un acronyme pour TRIangle BElow CAnal street, et désigne un quartier au sud de Manhattan, en-dessous de Canal Street, donc… Un quartier industriel réhabilité dans les années 90, qu’on pourrait qualifier de « bobo » et qu’on verra d’ailleurs évoluer au fil du roman, de moins bohème à plus bourgeois. Le lien entre les différents personnage est l’école publique où les pères déposent leurs enfants chaque matin. Leurs jobs respectifs, sculpteur, auteur, photographe, entrepreneur, leur permettant de choisir leurs horaires, ils se retrouvent souvent ensuite pour un petit déjeuner au bar le plus proche. Abordant les points de vue de chacun d’entre eux, l’auteur n’épargne personne et égratigne à tout va, n’oubliant aucun travers, aucune vanité, aucune autosatisfaction, aucune addiction…

Je me suis délectée à cette lecture, qui évoque une tranche de la population pas si décrite que cela dans le romans, si on excepte les écrivains.



La suite sur
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Triburbia

Pour ce coup d’essai, cet écrivain né en 1964 et adoubé par Jay McInerney montre un don d’observation plein d’empathie et d’humour très new-yorkais.
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Triburbia

En lisant le quatrième de couverture, je m’attendais à lire un Desperate Housewife au masculin. Quel père peut en effet prendre le petit déjeuner avec ses amis tous les matins ? En cela, j’ai vite déchanté puisque nous ne voyons que rarement les pères ensemble. Bien au contraire, chaque chapitre est consacré à un personnage, pas toujours un personnage masculin d’ailleurs, puisque la femme et la fille du premier narrateur ont droit elles aussi à leur chapitre. Non, s’il me fallait vraiment chercher un parallèle, ce serait avec Arlington Park de Rachel Cusk, qui présente la même technique narrative – et les mêmes défauts. J’aurai aimé pouvoir passer plus de temps avec certains personnages, peut-être cela m’aurait-il permis de m’attacher à eux. Je dis bien « peut-être » parce que rares sont les personnages à être attachants. Le photographe, quand il se remémore son enfance. Les jumelles, Anouk et Amélie, sous l’oeil aimant de leur mère. Cela fait peu.

Cela fait peu de noms, aussi, puisque les personnages sont définis avant tout par leur adresse et par leur profession – au point qu’ils pourraient presque paraître interchangeables. Ils se considèrent comme des artistes, ils n’en sont pas, non qu’ils ne vivent de leur travail, mais parce que, justement, ils sont avant tout des commerçants, ayant su parfaitement mener leur barque et remplir leur compte en banque, que des artistes. De la rock star qu’ils ne sont pas (aucun véritable musicien, d’ailleurs), ils n’ont conservé que le sexe et la drogue, qu’ils consomment (leur femme également) sans culpabilité ni arrière-pensée.

Père ? Oui, parfois, dans le sens où ils véhiculent leur progéniture à l’école ou à la maison. Et encore. De là à dire qu’ils prennent réellement soin de leur enfant, s’inquiètent de leur bien être, il y a un pas (de géant) que certains ne franchissent pas, par respect pour les conventions et pour pouvoir conserver leur petit confort. Certains enfants ont d’ailleurs bien compris comment, déjà, se comporter comme des tyrans de cour de récréation.

Peu à peu, des liens se tissent entre les différents protagonistes, surtout dans la seconde moitié du roman, des personnages de second plan se retrouvent soudain en pleine lumière, éclairant au passage certains faits, sans provoquer, encore une fois, un attachement, une empathie pour ses pauvres petits artistes ratés riches malgré tout.
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Triburbia

Vous aimez New York? (Là j'en vois qui ont déjà sorti leur passeport) Manhattan? (J'en entends qui soupirent)

Cap donc sur le quartier de Tribeca (acronyme de Triangle below Canal Street)



D'assez courts chapitres axés sur différents habitants de Tribeca, ayant pour point commun de partager un petit déjeuner après avoir déposé leurs enfants à la même école, permettent de suivre l'évolution du quartier (où habiter un loft n'est pas accessible au premier venu!), en un kaléidoscope maîtrisé et passionnant.



"Qu'est-ce qui les rassemblait? Encore maintenant, ils se posaient la question. L'ingénieur du son regardant Sumner avec dégoût, l'auteur dramatique qui ne voyait dans le sculpteur qu'un goy à l'esprit médiocre, les mémorialiste qui leur en voulait à tous de n'avoir pas pris sa défense quand on l'avait cloué au pilori, le photographe se demandant régulièrement pourquoi il trainait avec cette bande de médiocres. C'est par hasard qu'ils avaient des enfants à peu près du même âge fréquentant la même école. Et le vague sentiment de parenté qu'ils éprouvaient, ils le devaient à ce qu'ils n'étaient pas - ni avocats, ni banquiers, ni dirigeants de sociétés d'investissement, comme tant de ceux qui débarquaient maintenant à Tribeca."





"Les riches d'ailleurs semblaient arriver en nombre sans cesse croissant. Au début, elle n'avait pas remarqué le changement : la disparition des Ford cabossées au capot aussi long qu'une table de ping pong et des break Volvo avec de la toile adhésive en guise de vitre arrière au profit des Mercedes et Land Rover dernier cri, garées le long des trottoirs et l'air abandonné sous l'éclairage triste de la rue, mais rutilantes, attirant le regard, et malgré cela pouvant rester intactes de journées d'affilée, signe de l'embourgeoisement du quartier."



Un quartier pluriculturel, pluriethnique et religieux, et bobo, en gros.



J'ai beaucoup aimé ce roman, qu'on ne lâche pas, tellement l'auteur (à suivre, certainement!) excelle à croquer ses personnages et à installer le lecteur directement dans le vif du sujet.



L'auteur, dont c'est le premier roman, habite Tribeca, il est né à Kobé d'une mère japonaise et d'un père américain.
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Triburbia

Triburbia est un conte postmoderne, articulé autour des portraits de différents personnages (un photographe, un marionnettiste...). Instantanée, l'histoire du roman se construit pierre à pierre et se consume en s'écrivant. Car l'architecture de ces pages n'est pas commune.



Vous ouvrirez ce livre sur une carte de TriBeCa, étrange sommaire topographique associant chaque adresse à un personnage (le marionnettiste) ou un lieu déterminé (l'école). Chaque chapitre (une adresse) constitue pratiquement une nouvelle. Un personnage est suivi à une période qui peut différer, selon une unité de temps aléatoire et un mode narratif à l'avenant - plusieurs "je" identifiés, un narrateur omniscient parfois. Et le piège se dessine.



En effet, on se délecte facilement de lire un ou deux chapitres, courts et rythmés, par-ci par-là, s'arrêter puis y revenir. Mais ce n'est pas un recueil et le roman de TriBeCa qui se devine nous échappe déjà, alors on recommence. Les personnages remontent en scène et la pièce est rejouée mais chacun est différent.



Ce livre est une belle surprise, non pour son histoire - il vous livrera par contre une outre d'air new-yorkais de toute première fraîcheur et très loin d'être désagréable - mais pour l'objet littéraire qu'il représente. Il est une aventure en soi, comme une chronique déstructurée.
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Triburbia

Karl Taro Greenfeld

Journaliste, conteur, satiriste, auteur d'un livre remarqué sur l'autisme, né à Kobe, de mère japonaise et de père américain, habite Tribeca, bien entendu, avec sa femme et ses deux filles. C'est le sixième livre de l'auteur. Premier traduit en français.



Quelque part sur la toile, cette question : À quel âge les femmes (j’ajoute, et les hommes) se sentent-elles (ils) le mieux dans leur peau ? Ah oui, voilà. C’était sur le site du journal Le Huffingtonpost cette semaine. Ce livre approche une partie de la réponse. Dans la richesse ou la pauvreté, la vingtaine ou la quarantaine…





Une autre sensation, paisible, nostalgique ; ressort de l’ouvrage. Vous êtes-vous déjà assis sur une marche d’un monument, ou sur le banc, ou dans la pelouse d’un grand parc ? Avez-vous traîné en terrasse récemment ? En ville ou dans le quartier ?Dans ces cas de figure, avez-vous passé votre temps à réfléchir à la vie que menaient les passants dans ces lieux ? Essayez d’imaginer comment l’un et l’autre en sont arrivés à se croiser à un moment précis de la journée, sans savoir qu’ils pourraient échanger un mot anodin à la boulangerie ou au supermarché quelques heures plus tard. Vous arrive-t-il de vous demandez ce qu’est devenu l’un, pourquoi est-elle comme ça, comment se sont-ils éclipsés alors qu'ils n'avaient pas un rond en poche et où sont-ils ? Et finalement, vous, qu'est-ce qui vous a amené dans le coin ?

Ce que Karl Taro Greenfeld propose doucement c’est de se mettre à la place de ces personnages et de les relier à un moment donné. Ici, le départ, c’est un quartier « in » de NY, Tribeca. Tout commence devant la cour de l’école huppée des enfants d’artistes, avocats, financiers. Tous ont réussi ou vivent de la réussite d’un (e) autre.

Pour l’énumération de la liste des personnages très éclectiques présent dans ce livre, les touches du clavier d’or sont attribuées à l’auteur du quatrième de couverture, l’auteur a écrit avec talent, un texte très clair et complet. Voici un morceau, le plus gros…

« L’ingénieur du son devenu, grâce à son mariage avec une riche WASP, propriétaire de studios d’enregistrement ; le sculpteur, géant taiseux vivant des subsides de sa femme galeriste ; le journaliste à succès dont les Mémoires vont se révéler entièrement truqués ; le dramaturge qui n’a écrit qu’une seule vraie pièce ; le marionnettiste qui rêvait de révolutionner son art ; le cuisinier italien en passe de coloniser la ville avec ses restaurants ; le producteur de cinéma qui n’a presque rien produit, et même le gangster juif de Brooklyn qui méprise ces goys, mais ne peut s’empêcher de les écouter disserter sur le monde comme il va : à eux tous (sans oublier leurs épouses, souvent détentrices du vrai pouvoir), ils forment une sorte de tribu urbaine fascinante sur laquelle Karl Taro Grennfeld porte un regard sarcastique et amusé ».

Les couples se croisent, font des affaires, s’envient, se haïssent, se trompent, et s’ennuient. Dans la richesse, vous rencontrerez ceux qui ont réussi, qui réussissent, ou qui ont aussi vu le quartier changé. La plupart joue, parle sur un ton maussade, déçu, se donne un genre, c’est la vie de « pseudoartiste », étouffée par du copinage calculé, les relations professionnelles obligatoires… Chacun critiquant le domaine de l’autre… Chacun étant la révolution de son domaine. Des présentations, des interactions se créent légèrement, provoquent des réactions qui changent le quotidien soporifique de certains, et ouvriront des perspectives à d’autres, physiques ou professionnelles. Dans ce constat déprimant, les enfants ne sont pas épargnés. Ce sont des témoins et des acteurs formatés par leurs géniteurs à reproduire le même comportement en société.

D’où la règle d’or et capital :

« Il faut être impitoyable pour réussir » p213

C'est un roman d’ambiance, une atmosphère dans laquelle évolue une tribu urbaine (= Triburbia), une autre espèce qui évolue dans Tribeca. En dehors de cette sphère, rien n’est normal, c’est comme les bourgeois sous Louis XV qui supportent l’existence du reste du monde. Et qui, heureusement ne s’y frottent pas. Il n’y a aucun intérêt ailleurs et ce qui y vit ne serait pas à même de comprendre, à la limite serait intellectuellement dépassé ou hors sujet…

Personnalités ou inconnus, quasiment tous fumeurs de joints, vivent d’un héritage, ressemblent aux personnages de "Moins que zéro" (de BEE) quelques années plus tard — tient ce n’est pas « Suites impériales » ça ? — blindés de tunes, où l'on vit de trips, de dérisions et d’anticonformismes ; paradoxalement avec une bonne place dans la société. Un luxe permit, ça le fait, c’est un style de vie. Celui des yuppies, les pseudo-bohèmes. Un regard nostalgique sur un passé rêveur déformé avec les responsabilités actuelles. Ils ne font pas quelque chose à quoi ils s’attendaient, délaissant l’art pour un travail alimentaire… Pour entretenir femmes et enfants. « Le yuppie est le propriétaire d’un loft, immeuble, vit de son art, riche, avec une famille. Un locataire est plus proche de l’homme des cavernes (page 106) ».

Tout artiste s’imagine, espère, croit en sa capacité à révolutionner son art… Parfois, aussi insignifiant soit-il.

La construction : un chapitre, un personnage, sous forme d’une nouvelle. Chacun parle de lui, de son vécu, de ce qu’il est devenu ainsi que de leur jeunesse, des rencontres et, de fil en aiguille, ce qui les a amené ici et maintenant… Des questions existentielles.

Mark (qui est le sosie de Grennfeld a écrit - en plus de l'exemple de la ville et d'autres personnages - quelque chose quasi autobiographique, il joue avec la frontière entre la fiction et la réalité), aura le premier et le dernier mot de l’histoire. Il rumine sur la vie de couple, celle de solitaire, sur le mariage et la solidité de celui-ci, sur le temps qui passe, les enfants et sa vie… Une euphorie où tout fonctionne dans le quartier qui pimente l’amour et l'amitié. Puis, tout s’en va. La richesse se déplace, les relations s’étiolent, les amis déménagent, et finalement vous aussi…Tout recommence ailleurs.

Le ton est doux, caustique, réaliste, nostalgique, déprimant et lucide. Une image surréaliste vient à l’esprit : l’écho de la chanson « The end » de "The Doors" qui surgit d’une photographie d’un R. Doisneau. Une image qui raconte une histoire en noir et blanc percutante laissant un lecteur songeur. Regardez là n’importe quand, et votre imagination s’occupera du reste. La musique, la touche final suit le rythme...

Mark Taro Greenfeld a produit le même genre d’œuvre. Une multitude de prises de vue complètes. Sous tous les angles, c’est ce qui est étonnant, via chaque personnage. C'est une histoire simple et reposante emplie de réflexions sensées sur le sens de nos vies, de nos choix. Une plume légère, un ton feutré. C’est bref et limpide. Genre du roman : classique, réaliste. Un agréable et reposant moment de lecture.
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