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Citations de Katai Tayama (8)


Il ressentait vivement le pouvoir effrayant du temps.
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Il était triste, d'une tristesse véritable et poignante. Ce n'était ni l'éclatante tristesse de la jeunesse, ni la tristesse née simplement de l'amour entre l'homme et la femme, mais l'immense tristesse qui se cache tout au fond de l'existence humaine. Devant l'eau qui coule, les fleurs qui s'épanouissent puis se flétrissent, devant cette force à laquelle rien ne saurait résister et qui plonge ses racines au coeur même de la nature, que l'homme est donc éphémère et pitoyable !
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Plus encore que la pensée de Yoshiko, c'était la pensée de sa morne existence familiale qui harcelait le plus douloureusement son âme. Ce mal de vivre qu'éprouve tout homme ou toute femme parvenu à l'âge de trente-cinq ou trente-six ans, les angoisses qu'il connaissait dans son travail, l'insatisfaction qui lui venait de ses désirs inassouvis, l'oppressaient avec une force écrasante. Yoshiko avait été pour lui la fleur et le fruit de son existence médiocre. Grâce à cette force admirable qui était la sienne, la terre aride du coeur de Toki.o avait porté des fleurs, et les cloches rongées de rouille avaient sonné une nouvelle fois. Yoshiko lui avait redonné le goût de vivre. Dire qu'il fallait revenir à l'existence vide et désolée d'autrefois ! Plus fortes que des plaintes et plus fortes que la jalousie, des larmes brûlantes ruisselaient sur ses joues.
Il réfléchit gravement à l'amour de Yoshiko et à ce que serait sa vie. Il vit clairement, à la lumière de son expérience, ce qu'il y aurait de lassitude, d'épuisement et de cruauté dans cette vie à deux. Il songea à la condition pitoyable de la femme qui s'est donnée une fois à un homme. Il sentait monter en lui ce pessimisme issu de la puissance des ténèbres dissimilée au coeur même de la nature.
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L’odeur de sueur grasse de la femme absente l’atteignit en pleine poitrine. En dépit de l’aspect douteux du velours du col, il y pressa son visage. Et le désir, la détresse, le désespoir s’emparèrent de lui. Il étendit le futon sur le sol, attira sur lui la couverture, et le visage enfoui dans le velours froid et sali, il pleura.

La pièce était sombre. Dehors, le vent soufflait furieusement.
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Cette nuit-là, la souffrance de Toki.o fut à son comble. La pensée d'avoir été dupé le mettait dans tous ses états. La colère s'emparait de lui quand il songeait à l'honnêteté qui avait été la sienne devant cet amour, tandis qu'un étudiant lui ravissait et le corps et l'âme de Yoshiko. Il ne parvenait plus à avoir de respect pour la vertu d'une fille qui avait pu en arriver à se donner à ce garçon. S'il en avait eu le courage, il aurait pu, lui aussi, voir ses désirs satisfaits. Et tandis qu'il songeait ainsi, la belle Yoshiko, qu'il avait jusqu'alors portée aux nues, lui apparut telle une prostituée, et il en vint à n'avoir que mépris pour ses manières et ses expressions et, à plus forte raison, pour son corps. Il souffrit tant, cette nuit-là, qu'il ne put pratiquement pas trouver le sommeil. Pareils à de gros nuages noirs, divers sentiments affluaient en lui. La main sur sa poitrine, il réfléchissait. Il se disait que Yoshiko referait peut-être avec lui ce qu'elle avait déjà fait. Après tout, elle s'était donnée à ce garçon et avait perdu sa pureté. En laissant les choses telles quelles et en renvoyant le jeune homme à Kyôto, Toki.o pensait tirer profit de cette faiblesse de Yoshiko pour pouvoir agir à sa guise.
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Lorsqu'il ouvrit un battant des volets de bois de la fenêtre qui donnait à l'est, comme il l'avait fait le jour où elle était partie, la lumière se déversa dans la pièce et l'inonda. La table, la bibliothèque, les flacons, la soucoupe pour délayer le rouge à lèvres, tout était exactement comme par le passé. Etait-ce à dire que cette Yoshiko, à laquelle allaient toutes ses pensées, s'était rendue à l'école comme à son habitude ? Il ouvrit l'un des tiroirs : un vieux ruban graisseux y avait été abandonné. Il le prit et en respira l'odeur. Un peu après il se leva et ouvrit le fusuma. Trois grosses malles d'osier étaient encordées, prêtes à êtres expédiées. Et de l'autre côté étaient pliés, l'un sur l'autre, le futon qu'elle avait utilisé, un futon vert pâle à dessin d'herbes au vent, et l'épaisse couverture molletonnée au même motif. Toki.o les attira à lui. L'odeur de sueur grasse de la femme absente l'atteignit en pleine poitrine. En dépit de l'aspect douteux du velours du col, il y pressa son visage. Et le désir, la détresse, le désespoir s'emparèrent de lui. Il étendit le futon sur le sol, attira sur lui la couverture, et le visage enfoui dans le velours froid et sali, il pleura.
La pièce était sombre. Dehors, le vent soufflait furieusement.
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Il était écœuré et terriblement las de la vie de tous les jours, de cette existence monotone où il lui fallait se lever le matin, se rendre à son travail, en revenir à quatre heures de l'après-midi, avoir chaque jour sous les yeux le visage de sa femme, manger et aller se coucher.
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Rien n'est plus cruel, songe-t-il, que les contraintes de la vie dans l'armée. Aujourd'hui bizarrement, la peur le dévore sans que ne lui prenne, comme c'était le cas d'ordinaire, l'envie de se révolter ou de se pose en victime. Au moment de partir pour la guerre, il s'était engagé à vouer sa vie à son pays et à l'Empereur, sans jamais le regretter. Dans l'école de son village, il avait prononcé un discours plein de bravoure où il disait qu'il ne souhaitait pas revenir vivant. A cette époque, il était plein de vigueur et jouissait d'une parfaite santé. Bien évidemment, et quoi qu'il en dise, il n'avait pas la moindre envie de mourir. Il rêvait, au fond de lui-même, à de glorieuses victoires. Mais voilà qu'était née maintenant l'angoisse devant la mort.
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