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Citations de Katharina Winkler (38)


"Je suis debout dans l'étable entre les vaches dans un casier vide, les mains posées sur la barre métallique. Yunus se tient derrière moi, La Fourche dans les mains. Il me frappe avec le manche en bois. Les coups sont sourds, le bois résonne sourdement . En moi . Il frappe de plus en plus fort . Quand ses forces le lâchent , il frappe avec les dents en fer de La Fourche ...
TAPIS qu'on bat . "
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Dans ma tête je tiens ma comptabilité des recettes et des dépenses, la paix achetée, les coups épargnés et les coups reçus.
Combien de coups pour moi sont un coup pour les enfants ? Combien de coups de poing valent combien de coups de queue ? Combien cela coûte-t-il d'empêcher un coup ? Combien pour empêcher un viol ?
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J'entends les voisines chuchoter. Elles se penchent vers moi et me murmurent à l'oreille la chanson des femmes bleues. Tel est ton destin, tu dois vivre ainsi, même s'il est un chien. Nous devons toutes vivre ainsi, nous devons souffrir, nous ne pouvons rien faire pour nous venir en aide.
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On frappe.
J'ouvre, tête et regard baissés. Le Hodja du village se tient sur le seuil, le serviteur de Dieu.
Tête et regard baissés, à voix basse, je réponds à ses questions. Mon mari dort. Sa mère n'est pas là.
Les yeux baissés je le salue d'un signe de tête et la porte se referme quand je sens la paume de Yunus me décoller la tête des épaules.
Yunus me conduit à l'étable et me traînant sur le sol caillouteux de la cour. Il va chercher une corde et me la passe autour du cou. Il met longtemps à trouver le nœud qui lui convient. Il jure. Je ne dis pas un mot.
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Les bijoux bleus des femmes portent la signature des hommes. L'outil, bois ou fer, et le nombre de coups, déterminent la nuance de bleu.

Quand je sera grande, je serai une femme bleue.
J'espère que j'aurai un bleu qui sera clair comme un ciel d'hiver.
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Nous, les enfants sommes un troupeau.
Le foin est notre lit. Odeur d'été des blés fauchés. Nous sommes allongés en travers, les uns par dessus les autres. Qui peut savoir à qui appartient ce pied, à qui cette main.
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Comme une vache, ma mère met bat ses enfants, l'un après l'autre, entre semailles, moissons et semailles. Lourde et grosse, elle est debout dans la chaleur de midi et retourne le foin. Entre deux bottes, un enfant lui tombe du ventre. Une fois une fille, l'autre un garçon, puis une fille, puis un garçon, encore une fille, encore un garçon, comme des perles sur un fil.
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Quand mon père entre dans la maison, le silence entre avec lui. Nous nous levons, nos yeux se regardent et se mettent d'accord. Yildiz place une chaise derrière mon père, Fatma lui ôte la veste des épaules, je cours vers le fût dans la cuisine et tire de l'eau dans un bol, trois louchées. Fatma est accroupie devant mon père, elle a défait ses lacets. Elle tire le pied droit par le talon, je suis accroupie à côté d'elle et m'occupe du pied gauche. Le pied de mon père est humide et chaud, je le trempe dans l'eau fraîche et je lave la journée de sa plante de pied. Zehra me tend la serviette, je sèche le pied en le frottant et ma main le fait glisser dans la sandale.
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Nous sommes en fuite,l'enfant et moi,toujours prêts à nous lever d'un bond pour aller ailleurs.Tous les jours,à maintes reprises,nous fuyons.De chambre en chambre,de la maison vers la cour,de la cour vers l'étable,de l'étable vers la cour de la cour vers la maison,de l'escalier vers la cuisine,vers la chambre,de la chambre vers l'escalier,de l'escalier vers la cuisine.
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Ma sœur Yıldız aime monter à cheval. Elle se tient en selle comme un homme, le vent dans les cheveux et dans les vêtements. Les regards des hommes s’envolent à sa poursuite. Bientôt elle sera trop femme pour galoper, mon père se mettra sur son chemin, il lui prendra les rênes des mains, la fera descendre de cheval et l’enverra dans la cuisine. Là, elle aidera ma mère et le vent tombera de ses habits.
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Il y a des femmes bleu clair comme la mère de Necla et des femmes bleu foncé comme la mère de Fidan ; il y a des femmes bleu-rouge et d’autres bleu-noir. Il y a des femmes qui portent leur bleu autour du cou comme un collier ou bien dans le creux juste en dessous comme un médaillon, certaines le portent en bracelet autour du poignet, d’autres autour de leurs chevilles.
Beaucoup de femmes changent de bijoux bleus d’une semaine sur l’autre, d’autres d’un jour à l’autre. Certaines continuent de sourire malgré leurs bijoux, comme Leyla, d’autres se taisent en bleu, comme Zehra.
Les femmes bleu clair deviennent bleu foncé, les bleu-rouge deviennent bleu-noir. Des bleu foncé deviennent aussi des bleu clair, mais c’est rare et les femmes qui portent le bleu-noir, comme Ayşe, ne se défont jamais plus de la lourde teinte.
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Comme une vache, ma mère met bas ses enfants, l’un après l’autre, entre semailles, moissons et semailles. Lourde et grosse, elle est debout dans la chaleur de midi et retourne le foin. Entre deux bottes, un enfant lui tombe du ventre. Une fois une fille, l’autre un garçon, puis une fille, puis un garçon, encore une fille, encore un garçon, comme des perles sur un fil.
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Nous, les enfants, sommes un troupeau.
Le foin est notre lit. Odeur d'été des blés fauchés. Nous sommes allongés en travers, les uns par-dessus les autres. Qui peut savoir à qui appartient ce pied, à qui cette main.
Notre mère ?
Nous respirons à fond. Nos corps sentent la journée d'hier. La sueur, le soleil. Nous nous pétons à la figure.
J'entends dire que nous sommes dix. J'entends dire que je suis la septième.
Comme une vache, ma mère met bas ses enfants, l'un après l'autre, entre semailles, moissons et semailles. Lourde et grosse, elle est debout dans la chaleur de midi et retourne le foin. Entre deux bottes, un enfant lui tombe du ventre. Une fois une fille, l'autre un garçon, puis une fille, puis un garçon, encore une fille, encore un garçon, comme des perles sur un fil.
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Katharina Winkler
Je vais avoir un mari et perdre mon père.Mon papa!
Je vais me marier sans ma mère.
Sans mes frères et soeurs.
Qui va m'offrir des noix?
Qui va danser une ronde autour de moi?
Qui va me chanter le chant d'adieu?
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Partout plane la nostalgie de chez moi,dans la cour où Selin ne joue pas,dans la chambre où aucune de mes soeurs ne vient,dans la cuisine ,dans le couloir,dans l'odeur de canelle. La nostalgie flotte dans les arbres,elle tombe des branches.
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Katharina Winkler
La vapeur d'oignon fait partir les enfants qu'on a dans le ventre. Il faut s'accroupir, les jambes écartées, au-dessus de la casserole bouillante.

Quand on prend des comprimés, n'importe lesquels, les bébés à naître s'en vont, dit une femme du bazar.

L'enfant est toujours là.
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Katharina Winkler
Mon univers est un long couloir étroit d'où s'ouvrent une multitude de porte, à droite et à gauche : cachettes, cabanes, grandes portes battantes richement décorées, portes en grès, en granit, porte sculptées, peintes ou non peintes, marron, rouges, noires, portails de mosquées, porte de caves, de granges, de maisons, je veux les ouvrir, voir et pénétrer dans les pièces qu'elles dissimulent, mais les portes sont closes.
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Katharina Winkler
Les bijoux bleus des femme portent la signature des hommes. L'outil, bois ou fer, et le nombre de coups , déterminent la nuance de bleu.
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L'honneur est au-dessus de tout, dit mon père.
L'honneur descend du soleil.
L'honneur nous donne un sommeil tranquille.
Nous l'avons dans notre souffle. Inspiration, expiration
La nuit et pendant le jour.
L'honneur doit pousser dans nos champs.
Nous le mangeons, et les enfants le boivent au sein de leur mère.
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Il y a des femmes bleu clair comme la mère de Necla et des femmes bleu foncé comme la mère de Fidan ; il y a des femmes bleu-rouge et d’autres bleu-noir. Il y a des femmes qui portent leur bleu autour du cou comme un collier ou bien dans le creux juste en dessous comme un médaillon, certaines le portent en bracelet autour du poignet, d’autres autour de leurs chevilles.
Beaucoup de femmes changent de bijoux bleus d’une semaine sur l’autre, d’autres d’un jour à l’autre. Certaines continuent de sourire malgré leurs bijoux, comme Leyla, d’autres se taisent en bleu, comme Zehra.
Les femmes bleu clair deviennent bleu foncé, les bleu-rouge deviennent bleu-noir. Des bleu foncé deviennent aussi des bleu clair, mais c’est rare et les femmes qui portent le bleu-noir, comme Ayşe, ne se défont jamais plus de la lourde teinte.
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