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Critiques de Katherine Mansfield (85)
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Félicité

Composé de 14 nouvelles, ce recueil démontre le talent indéniable de Katherine Mansfield pour la rédaction de nouvelles. D’ailleurs, cette dernière est considérée comme l’une des plus grandes nouvelliste du vingtième siècle. Dans ce recueil, il est question de la vie quotidienne de personnages et de leurs sentiments. Tout est dans la façon de présenter les descriptions des émotions des personnages ou encore dans celles de la nature. Il y a de la poésie et c’est beau. En voici un exemple :



« Que pouvez-vous faire, si vous avez trente ans, et qu’en tournant l’angle de votre propre rue, vous vous sentez envahie, soudain, par une sensation de félicité, d’absolue félicité ? Comme si vous veniez tout à coup d’avaler un morceau brillant de ce tardif soleil d’après- midi, qui continuerait à brûler dans votre poitrine, envoyant de petites fusées d’étincelles dans chaque parcelle de votre être, dans chaque doigt et chaque orteil ?… » (p.119)



Mais encore, dans les nouvelles, il est question de jeunes filles rêveuses, d’épouses et d’époux qui ne se comprennent plus, d’enfants pauvres, etc. Katherine Mansfield sait très bien décrire les sentiments féminins. D’ailleurs, ma nouvelle préférée est celle qui donne le titre au recueil et elle met en scène une jeune épouse. Ainsi, une jeune femme heureuse prépare un souper. C’est le printemps, le poirier est en fleurs, elle aime son époux et elle adore sa petite fille. Tout va bien pour elle et sa famille. Sa nouvelle maison lui plaît aussi beaucoup. Elle a 30 ans et la vie devant elle en compagnie de sa petite famille. Son époux, Harry, a décidé qu’ils allaient vivre à la campagne. Durant le souper, parmi les invités, elle ressent une vague d’amour intense pour son époux. Elle le désire ardemment. Cependant, ce sentiment sera de courte durée, car alors que tous les invités quittent la demeure, elle voit son mari embrasser son amie. Cruelle cette nouvelle, non? Le sentiment de félicité ressenti par le personnage féminin apparaît ainsi fugace…



En tous les cas, j’ai apprécié les descriptions dans ce recueil. Pour exprimer les émotions de ses personnages, Katherine Mansfield insère des images se référant à la nature. En voici un exemple tiré de la nouvelle «Révélations» :



«Combien la vie est terrifiante! Songeait Monica, affreuse! C’est la solitude qui est épouvantable. Nous tourbillonnons comme des feuilles et personne ne sait, personne ne se demande où nous tombons, ni quelle sombre rivière nous entraîne.» (p. 273)



Ainsi, Monica ressent une émotion forte et ce sentiment parle du vent, de l’automne et inévitablement de la mort, car la rivière dans la citation est sombre. L’autrice associe même la lectrice ou le lecteur à l’émotion de son personnage, car elle a recours au «nous». Ces éléments créent une tension narrative m’apparaissant assez puissante.



De plus, le signifiant félicité dans les nouvelles est associé à divers référants. Il y a la félicité, le prénom Félicité et le verbe féliciter. Ces référants se retrouvent ici et là dans le recueil.



Par ailleurs, j’aime beaucoup la couverture de mon édition Archipoche. Je trouve que la maison d’édition a bien choisi son graphisme. C’est délicat…



L’autrice est décédée de tuberculose alors qu’elle n’avait que 33 ans. J’aurais aimé lire un roman d’elle car je dois avouer que la nouvelle n’est pas mon genre littéraire préféré.

https://madamelit.ca/2024/01/26/madame-lit-felicite-de-katherine-mansfield/




Lien : https://madamelit.ca/2024/01..
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La Garden-Party et autres nouvelles

Il s'agit d'un recueil de 15 nouvelles sur le thème du mariage, de la conscience de la vie, de la mort, des regrets, du devoir, de la maternité imposée. Chaque nouvelle découpe une tranche de vie, conscience fugace dans la gâteau du destin. Découverte de la pauvreté chez les voisins, mère dépassée par les enfants qu'elle ne souhaitait pas et qui s'en remet à la grand-mère, époux qui est hanté par le fait que son épouse a accompagné les derniers instants d'un jeune inconnu, fiançailles presque rompues, etc...

**********

Très beau recueil de nouvelles que j'ai pu lire grâce au site https://www.ebooksgratuits.com/. Je découvre cette auteur néo-zélandaise qui a finit ses jours en France. Les histoires portent souvent sur un personnage dans lequel on se glisse pour épouser ses inquiétudes, ses peurs, ses regrets, ce qui donne une atmosphère plutôt déprimante et pourtant les mots choisis transforment ces passages en scènes presque tragi-comiques, voire lumineuses, comme si les mots enveloppaient de leur réconfort la lassitude, le fardeau, la crainte.
Lien : https://lecturesencontrepoin..
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La Garden-Party et autres nouvelles

💜 Découvrir enfin Katherine Mansfield, dont Virginia Woolf écrivit qu'elle avait "𝑙𝑎 𝑠𝑒𝑢𝑙𝑒 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑗’𝑎𝑖𝑒 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑗𝑎𝑙𝑜𝑢𝑠𝑒", fut un ravissement ; lecture et ravissement d'ailleurs partagés avec ma chère @clairethefrenchbooklover



En refermant Printemps d'Ali Smith il y a quelques semaines, j'avais été prise d'une furieuse envie de lire Katherine Mansfield et Rainer Maria Rilke. Heureux hasard, les deux étaient présents dans ma PAL.

Printemps enchanté de Rilke fut dévoré en un après-midi tandis que nous avons savouré les quinze nouvelles de ce recueil au rythme d'une par jour.



Dès la première nouvelle, et la plus longue, 𝐒𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐛𝐚𝐢𝐞, j'ai été conquise par l'écriture raffinée de l'autrice, par l'acuité de son regard et par sa restitution fidèle des comportements humains.

Peu d'action ici mais plutôt des instantanés de vie ; en quelques pages, quelques mots, Katherine Mansfield pose une ambiance, un personnage, un contexte.

De ce point de vue, la nouvelle 𝐉𝐨𝐮𝐫 𝐅𝐞́𝐫𝐢𝐞́ ressemble même plus à une carte postale qu'à une histoire.



Sans détailler chaque nouvelle, je vais en évoquer quelques-unes qui m'ont un peu plus marquée, touchée ou enchantée.



◼ 𝐒𝐨𝐧 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐛𝐚𝐥, qui suit une jeune fille lors de sa première participation à un bal, m'a inévitablement rappelé L'invitation à la valse de Rosamond Lehmann.

◼ 𝐋𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐝𝐞 𝐌𝐚𝐝𝐚𝐦𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐤𝐞𝐫, sur une femme de ménage et son patron pour le moins égoïste, m'a mis les larmes aux yeux.

◼ 𝐋'𝐞́𝐭𝐫𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫, dans la description des tourments intérieurs de M. Hammond, m'a renvoyée à La Prisonnière de Marcel Proust.

◼ 𝐌𝐚𝐫𝐢𝐚𝐠𝐞 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐦𝐨𝐝𝐞, assez caustique, est très actuelle, elle m'a beaucoup plu !

◼ Et 𝐌𝐢𝐬𝐬 𝐁𝐫𝐢𝐥𝐥, cruelle mais certainement ma préférée, traite d'une femme qui passe son dimanche après-midi dans le parc, à observer les gens autour d'elle. Elle m'a beaucoup émue.
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La Garden-Party et autres nouvelles

Ce qui nous revient tout de suite, après avoir fini ce recueil de nouvelles, ce ne sont pas les petites histoires qui y figurent et qui, d'ailleurs, n'ont pas l'air d'être des histoires comme telles, on dirait que Katherine Mansfield se penche sur l'envers des histoires, je ne sais pas comment le dire, elle nous conduit vers une infime observation comme un grain de sable qui s'infiltre dans l'histoire, et c'est ça qui est intéressant et magnifique! Je disais donc, ce qui nous revient après avoir fini la lecture de ce recueil, c'est le style de l'autrice, sa prouesse est d'avoir exceller dans le façonnage de ses personnages qu'elle plonge dans des petites situations qui prennent d'un seul une espèce de profondeur sans en avoir l'air. Elle leur trouve de bon ton, leur donne du souffle qu'on regrette qu'ils passent si vite comme une plume emporter par un petit vent...

Un véritable régal!
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Le Voyage indiscret

Ce matin, je suis à l'image du temps, instable et vagabond, entre averses et éclaircies. Mon esprit papillonne et n'arrive pas à se fixer, je me dois de lire quelque chose de court, qui ne fasse pas dévier mon attention.

Parmi les ouvrages de la PAL, instable et déséquilibrée elle aussi, un recueil de nouvelles se profile à l'horizon, « Le voyage indiscret »de Katherine Mansfield. Dix-sept petits textes, c'est encore trop pour mon caractère volage d'aujourd'hui. Il me faut en choisir un, oui mais pas trop court non plus, histoire de m'imprégner de l'atmosphère ambiante, mousson tropicale à seulement vingt degrés, si si, c'est possible !



C'est noté que l'écrivaine est décédée à trente-quatre ans, en 1923. C'est donc le centenaire de sa mort, après une éphémère vie, courte et fragile à la fois, il n'y a plus à hésiter. Je choisis la plus longue nouvelle du recueil, une trentaine de pages, « Quelque chose d'enfantin mais de très naturel ». le titre est attrayant et énigmatique à la fois, je succombe.

Elle a écrit court à l'image de sa vie. A son décès, l'autre nouvelliste, Virginia Woolf, déclara :



«  À cela j'ai ressenti — quoi au juste ? Un brusque soulagement ? Une rivale de moins ? Puis de la confusion à constater si peu d'émotion. Et peu à peu un vide, une déception ; et enfin un désarroi auquel je n'ai pu me soustraire de tout le jour. Lorsque je me suis mise au travail, il m'a semblé qu'écrire n'avait aucun sens. Katherine ne me lirait pas. Je ne voulais pas me l'avouer, mais j'étais jalouse de son écriture, la seule écriture dont j'aie jamais été jalouse. Elle avait la vibration. »



La «vibration»… Un mouvement? Une musique? Un rythme? Il y a tout cela à la fois dans les nouvelles de Mansfield. C'est un phrasé particulier, à la fois délicat et dense, qui vient donner aux événements les plus ordinaires une mystérieuse profondeur.

L'histoire commence ainsi :



« Henry ne pouvait déterminer si son tour de tête était réellement plus grand que l'été précédent, ou s'il avait oublié l'impression qu'on ressentait : mais son canotier lui faisait mal, lui pinçait le front et lui causait une douleur sourde juste au-dessus des tempes ».



Voilà assurément un début prometteur. Et quelques lignes plus loin :



« Le jour le plus émouvant de l'année, le premier « vrai » jour de printemps avait découvert sa délicieuse beauté tiède, même aux yeux de Londres. Il avait mis de l'éclat dans chaque couleur, un nouveau ton dans chaque voix, et les gens de la ville marchaient comme s'ils possédaient de vrais corps vivants sous leurs vêtements, avec de vrais coeurs vivants pompant un sang alerte ».



Je suis envoûté, je me dis que j'ai fait le bon choix, ma mélancolie tristounette s'estompe, je revis.

La finesse des sentiments décrits se niche aux creux des petits riens, ces petits riens qui, en les agglutinant, constituent le socle de la vie. Les nouvelles de Katherine sont pleines de couleurs qui donnent de la vie au texte mais surtout aux sentiments qu'elle dépeint avec beaucoup de finesse et, je dirais, même une certaine dose de perfidie.



« Henry était très connaisseur en livres. le grand nombre auquel il faisait des signes d'intelligence était surprenant. Par l'élégance nette avec laquelle il les maniait, grâce au choix délicat de ses termes quand il en discutait avec quelque libraire, on aurait pensé qu'il avait sucé son biberon avec un volume posé sur la poitrine de sa nourrice. »



Dès les premières lignes, on reconnaît la plume de l'écrivain, l'art de la nouvelliste de saisir en quelques mots une situation, une atmosphère.

Quelque chose d'enfantin, mais de très naturel.

D'abord la fragilité. Voilà ce qui émeut chez Katherine Mansfield, si pâle sous son casque de cheveux noirs, avec ses lèvres à peine ourlées et son regard attentif, inquiet, son regard de naufragée. Et elle le transmet admirablement dans son propos.



« Comme il parlait, elle leva la tête. Il vit ses yeux gris sous l'ombre de son chapeau et ses sourcils pareils à deux plumes d'or. Ses lèvres étaient entrouvertes. Presque inconsciemment , il lui sembla absorber l'idée qu'elle portait un bouquet de primevères, que son cou était blanc, la forme de son visage merveilleusement délicate contre toute cette chevelure brûlante. »



Ils se sont rencontrés dans un train. Il n'apprendra son prénom qu'au second rendez-vous. Edna. Deux adolescents dont l'innocence n'a d'égal que le hasard qui les a fait s'asseoir dans le même compartiment.

Les descriptions sont imagées, les dialogues empreints de timide candeur.



« - C'est tellement, tellement extraordinaire, reprit-elle. Si soudainement, vous savez ! Et je me sens comme si je vous avais connu depuis des années.

- Moi aussi, reconnut Henry. Je pense que ce doit être le printemps. Je pense que j'ai avalé un papillon et qu'il bat des ailes juste ici. Il mit la main sur son coeur. »



L'ensemble du texte est de cette qualité. le début du vingtième siècle, j'y retrouve la fraîcheur et la naïveté d'autres écrivains, comme Elisabeth Goudge par exemple. Et ce côté fable fantaisiste chère à Dino Buzzati.

Avec en plus la précision et la concision du nouvelliste, je pense à Wallace Stegner dans « Le goût sucré des pommes sauvages. »

Mais ici, le déroulé n'a pas l'unité de temps et de lieu chère aux nouvelles type.

L'histoire se passe sur plusieurs semaines, à différents endroits, promenade, concert, paysage onirique propice à la rêverie.



« Il appuya sa tête contre le montant de la porte. Il pouvait à peine tenir les yeux ouverts, non qu'il eût sommeil, mais… pour une raison quelconque… et un long moment s'écoula. Il crut voir un grand papillon de nuit, blanc, volant sur la route. le papillon se percha sur la grille. Non, ce n'était pas un papillon. C'était une petite fille avec un tablier. Quelle gentille petite fille, et il sourit dans son sommeil, et elle sourit, aussi, rentrant la pointe des pieds en marchant. »



Exprimées ou inexprimées, les pensées sont un des sujets permanents de Katherine Mansfield, les pensées et les sensations, et, de fil en aiguille, ce sont la vie et la mort son sujet. Mais elle les aborde l'air de ne pas y toucher et pas du tout comme de grands thèmes de la littérature universelle. 

Et comme l'écrit « larmordbm » dans une autre chronique :



« Elle vibre, ressent les infimes variations qui font basculer les relations entre les êtres, et transcrit, sur la page, les instants fugitifs et les postures, comme le ferait un photographe, en jouant avec la lumière et ses reflets. Tous les sens sont en éveil, magnifiés dans ses compositions.

La frontière entre le rêve et la réalité est ténue, et les apparences sont trompeuses. »



Le grand Meaulnes n'est pas loin, je me suis fait happer par l'écriture. Comme pour Alain-Fournier, les courtes vies peuvent engendrer de longues sensations.



Quelque chose d'enfantin mais de très naturel.







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Mariage à la mode (précédé de) La Baie

L’écrivaine néo-zélandaise tisse ses nouvelles dans la dentelle des émotions. Rien de moins surprenant lorsque l’on sait qu’elle fréquenta le club de “Bloomsbury” en Angleterre, lequel comptait une autre membre et pas des moindres, Virginia Woolf.



Les drames d’intérieurs sont leur spécialité, le flux de conscience, les métaphores aquatiques, les non-dits et les fragilités à nue sont autant de points communs aux deux écrivaines. Mais cela ne s’arrête pas là, comme Woolf, Katherine Mansfield se veut libre d’aimer qui elle le souhaite, y compris d’autres femmes.



“La Baie” est une longue nouvelle, divisée en plusieurs chapitres, qui passe imperceptiblement d’un personnage à un autre, encore un point commun avec Woolf qui joue souvent à saute-mouton, sans prévenir, avec les intérieurs de ses personnages. Mansfield dessine une sorte de fresque d’une grande délicatesse mais finalement assez monochrome, ça s'étire un peu en longueur sans jamais monter véritablement en tension. Reste de belles descriptions panoramiques où même la vie intérieure du chien de berger nous est contée.



Ensuite, “Mariage à la mode” (s’écrit “à la mode” aussi dans la version originale) est plus concise et plus efficace dans l’intensité que peuvent enfouir les personnages a priori mondains que l’on côtoie, une maîtrise du “bittersweet” impeccable.



C’est donc une intéressante introduction à l’œuvre conséquente de cette écrivaine, emportée par la tuberculose à Fontainebleau, à seulement trente-quatre ans.



Qu’en pensez-vous ?
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Le Voyage indiscret



Le Voyage indiscret / Katherine Mansfield

Dix-sept petites nouvelles très différentes pour un recueil de deux cents pages avec pour constante un style remarquable pour évoquer des instants de vie sans doute autobiographiques sous forme de croquis littéraires, avec humour et fantaisie ou détresse et angoisse. La Casquette noire m’a particulièrement séduit : comme s’il devenait pour la jeune femme qui s’exprime impossible d’aimer un homme qui portât une casquette au lieu du chapeau habituel. La première nouvelle Le Voyage indiscret donne son titre au recueil ; elle conte le voyage en train de l’auteur pour rejoindre son amant Francis Carco. Comme l’ont dit certains exégètes, il semble que cette nouvelle ait été tronquée et qu’elle est de ce fait incomplète. Pour les autres nouvelles, chacun y trouvera un moment qui touche comme dans La prise de Voile ou Cette fleur. Un moment de lecture tranquille.

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Mariage à la mode (précédé de) La Baie

Ce petit livre est étonnant car même s'il ne s'y passe quasi rien, on y ressent énormément de choses, et d'abord en premier lieu une langueur permanente, langueur de climat et de paysage, la chaleur, la baignade, la mer, les discussions oiseuses avec les voisines, les ragots, la jeunesse, la blondeur des familles riches, la maternité sociale et désincarnée... Il y a deux nouvelles dans ce recueil mais le passage de l'une à l'autre est presque insensible ! Cette impression de rêver, d'avoir du mal à accrocher au réel du fait des jours répétitifs au fil d'une vie oisive, rend encore plus saisissant la chute finale de la dernière nouvelle, où le mari, de retour de la ville après sa semaine habituelle de travail harassant, se rend compte qu'il ne fait plus partie de sa famille sinon en tant qu'invité poli. Une écriture bijou, d'autant plus cruelle quand elle pique.
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La Garden-Party et autres nouvelles

La nouvelle est un genre littéraire très à part. Il faut beaucoup de talent pour, en quelques pages, mettre en place les personnages, une intrigue, un dénouement, et embarquer dans tout cela ses lecteurs. Et on dit que personne n'était plus doué pour cela que Katherine Mansfield, cette douce néo-zélandaise morte à 38 ans, et la seule personne au monde dont les talents littéraires inspirèrent de la jalousie à Virginia Woolf.



Et il faut reconnaitre son incroyable talent pour nous jeter dans la peau d'une personne précise, en un instant précis ; nous faire ressentir intensément les émotions qui l'animent – et parfois la broient -puis nous planter là avec la frustration de l'abandon, et pourtant un sentiment d'accomplissement, car dans cette vie un noeud du destin vient brutalement de se nouer ou de se dénouer. Chacun de ces courts récits est comme la mince corolle d'un verre à vin qu'une main enserre fermement et serre fort, de plus en fort jusqu'à ce que… Mais les mots s'arrêtent à chaque fois à cet instant précis, laissant à notre esprit imaginer, en une fraction de seconde semblant durer cent ans, l'éclatement de fragments de verres, la main tailladée, le vin mêlé de sang inondant le sol...



Les récits se placent en majorité dans la bonne société anglaise de l'entre-deux-guerres, mais aussi parmi des personnes très modestes, et plusieurs sont également consacrés à des domestiques – et ce sont probablement les plus poignants. Symboliquement, la nouvelle qui donne son nom au recueil attaque d'ailleurs frontalement la question des frontières entre classes sociales. Faut-il annuler la garden-party, renvoyer les musiciens, décommander les invités et gâcher le buffer du traiteur, tout cela parce que, de l'autre côté de la rue, dans les petites maisons si laides et si salles, un malheureux s'est fracassé la tête en tombant de sa charrette et qu'il laisse une veuve et six orphelins ? le simple fait que l'une des organisatrices se pose la question parait incongru à tout le reste de sa famille.



Une extraordinaire empathie émane de chacun de ses textes, révélant une personne dont les qualités humaines devaient être immenses. On aurait voulu l'avoir comme amie. Et on voudrait que Katherine Mansfield soit lue dans les lycées.
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Le Voyage indiscret

Dix-sept nouvelles, courtes pour la plupart d'entre elles, composent ce recueil. Certaines, comme Quelque chose d'enfantin mais de très naturel, mettant en scène les débuts balbutiants et rêvés d'un couple, ou Bains Turcs, sont de véritables chefs-d'oeuvre de beauté, de concision et de poésie.

D'autres, peu nombreuses, d'inspiration surréaliste ou inachevées voire esquissées, sont assez hermétiques.

Katherine Mansfield excelle dans le registre des petits récits où elle capte des bribes de vie, des moments saisis au vol, des scènes dialoguées entre des personnages pas toujours bien accordés. Elle ne s'étend pas, ne fait pas de psychologie. Elle vibre, ressent les infimes variations qui font basculer les relations entre les êtres, et transcrit, sur la page, les instants fugitifs et les postures, comme le ferait un photographe, en jouant avec la lumière et ses reflets. Tous les sens sont en éveil, magnifiés dans ses compositions.

La frontière entre le rêve et la réalité est ténue, et les apparences sont trompeuses.

Avec un ton alerte et caustique parfois, elle narre également ses voyages, comme celui qu'elle a fait, pendant la première guerre mondiale, traversant les lignes, pour rejoindre, quelques jours, son amant Francis Carco, ainsi que ses séjours dans différentes pensions, françaises le plus souvent, fuyant la maladie qui n'a de cesse de la rattraper. Ses portraits sont cocasses, et ses anecdotes amusantes.

Un recueil inégal, mais qui nous donne à voir le talent du seul écrivain au sujet duquel Virginia Woolf nourrissait une certaine jalousie, considérant qu'elle savait comme aucun autre capter les "instants de vie".





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Mariage à la mode (précédé de) La Baie

Durant les longues journées d’été, la mer s’étale magnifique à Crescent Bay, un lieu paradisiaque au sud ouest de la Tasmanie. Les familles emmènent les enfants sur la plage, puis ne s’en occupent guère, préférant discuter et profiter de la douceur de vivre. Les enfants sont un peu cruels, facétieux et ennuyeux. La lumière inspire des rêveries, des désirs éphémères, à ces personnages qui trompent ainsi la solitude et la vanité de leur existence. Tout est superbement observé avec légèreté et réalisme. L’écriture de Katherine Mansfield me ravit.
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Révélations et autres nouvelles

Où dérèglement rime avec aveuglement… On pense au peintre Georges Seurat (1859-1891). Car il faut prendre du recul pour apprécier l’écriture pointilliste de Mansfield. Quand on l’a lue jadis, on en refait l’expérience avec bonheur : le détail des histoires peut bien s’effacer dans la mémoire, les impressions, elles, perdurent. On les retrouve ici, colorées et vives. Aussi fraîches qu’à l’âge où Mansfield écrivait.
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Mariage à la mode (précédé de) La Baie

Je découvre Catherine Mansfield et j'apprécie son écriture rapide et fluide. De ces deux nouvelles, je retiens les portraits de femmes saisis en ce début de 20e siècle. Entre la mère de famille qui étouffe dans son rôle, la jeune fille qui attend l'aventure ou l'épouse frivole qui ne peut choisir entre'son mari et ses amis superficiels, on a l'impression de suivre les réflexions de l'Autriche sur la condition des femmes nde son temps.

Elle va bien au-delà de ces portraits et j'ai apprécié le regard de Katherine Mansfield sur la société de son époque.
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Félicité

Amateur de littérature classique, je n’ai d’autres choix que de tomber amoureux à chaque vitrine dévoilée par le groupe des éditions de l’Archipel. Une fois n’est pas coutume, ce merveilleux partenariat m’offrait la chance de découvrir une nouvelle plume, celle de Katherine Mansfield disparue bien tôt. Et alors que je ne suis pas adepte du format proposée par cette dernière, nul doute que celui-ci lui va à merveille tant j’ai apprécie mon incursion en son univers intimiste.



En effet et grâce à ce complet recueil de nouvelles, à l’exact nombre de quatorze, j’ai réalisé la savoureuse rencontre d’une plume pleine et débordante de sentiments sincères et touchants, à la simplicité saisissante. Cette dernière dépeint avec sincérité et sensibilité le quotidien ainsi que les us et coutumes de l’époque cadrant l’importante et diversifiée galerie de personnages que compose cette anthologie littéraire. L’amour et les sentiments sont au cœur de ce florilège et j’ai fortement apprécié la douceur, la poésie mais surtout la touchante mélancolie qui bercent cette œuvre. Un tel traitement dans le style fortement introspectif de Katherine Mansfield offre une touche de tragédie saisissante et c’est incroyable comment en si peu de page l’auteure est parvenue à me toucher et m’émouvoir et ce, plus particulièrement avec sa nouvelle Prélude qui compose une large partie de ce volume.



L’incursion dans son univers par le biais de cet écrit permet une large et importante vision du talent de cette dernière et je dois bien avouer regretter que certains autres textes peuvent, à l’inverse, paraître assez anecdotiques. Il est d’ailleurs regrettable que Katherine Mansfield n’ait jamais eu l’opportunité – ou bien l’envie – d’écrire un roman tant celle-ci détient la prose et le génie de ses consœurs passées. Ainsi et sans entacher pour autant mon intérêt, certains écrits raisonnent plus comme un manuscrit tant il m’a parfois manqué la présence d’une intrigue ou d’un réel fil conducteur entre les différentes péripéties dévoilées. Néanmoins, cela offre une dimension authentique et vive de son travail, comme si cette dernière c’était hâter de panser certains de ses maux par les mots. J’ai d’ailleurs été sensible aux nombreuses métaphores employées par cette dernière et, en réalité je suis certain que ce recueil de nouvelles ne m’a nullement livré tout ses secrets tant sa plume se dessine subtile et parfois un brin pudique.



Ainsi et avec entrain et intérêt, j’ai parcouru la volupté de la plume de l’auteure ainsi que le satin de son style. A travers ses différentes nouvelles, Katherine Mansfield démontre la justesse de son art ainsi que la passion des sentiments et ce, notamment dans son récit Prélude qui m’a davantage saisi que d’autres nouvelles assez anecdotiques. J’ai fortement été sensible à la poésie et la mélancolie de cette plume intimiste, disparue trop tôt.



Cette lecture a été réalisée à l’occasion de mon partenariat avec les Editions Archipoche.
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Félicité

Quand la félicité, la jouissance extrême, le bonheur parfait , relève de l'extrême et quand la félicité n'est qu'illusion et vanité, qu'elle se contemple dans un miroir comme un narcisse ... Alors la félicité n'est heureuse que lorsqu'elle s'attache au bonheur domestique , que lorsqu'elle peut se permettte le luxe du confort bourgeois, de s'adonner aux petits ou au plus grands plaisirs, lorsqu'elle n'est pas une fuite en avant pour échapper à l'instant présent, mais même là, dans les petits plaisirs du quotidien, la félicité peut se transformer en ivresse, en dérèglement des sens et des nerfs ... Finalement, la félicité chez Mansfield n'est pas ce qu'elle est au naturel, ou ce qu'on attend d'elle, de sa définition, elle se fait plus artificielle, vaniteuse et là la félicité se retrouve déprimée, ou au contraire surexcitée, comme si le bonheur n'était qu'une maladie mentale.
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Lettres

J'ai commencé par écouter des extraits de "Lettres" de Katherine Mansfield lu par Jane Birkin. Mon émotion a été grande en découvrant les écrits d'une femme passionnée, possédée par son amour pour John.

Elle recherche un certain accord avec la vie soumise à l'épreuve de la maladie puisqu'elle est atteinte de la tuberculose. D'ailleurs, elle en meurt en 1923 à l'âge de trente-quatre ans.

J'ai souhaité reprendre le livre complet avec ses lettres datant de 1915 à 1922 et je n'ai pas été surprise de sa correspondance avec Virginia Woolf avec qui elle a des points communs dans sa façon d'écrire.

Elle est souvent touchée par le désespoir et l'obsession de la mort mais au fond d'elle-même il y a le refus de s'abandonner à la tristesse qui la recouvre comme un flot.

Sa correspondance est importante parce qu'elle a beaucoup voyagé et séjourné seule d'hôtel en hôtel, bien que je n’ai pas vraiment compris pourquoi. On peut dire que son voyage est souvent empreint de spiritualité même si l'autrice originaire de Nouvelle-Zélande ne croit pas en Dieu. Mais les lettres de Katherine Mansfield témoignent surtout d’une sincérité intérieure à travers sa belle écriture.





Challenge Multi-défis 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge ABC 2022-2023

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Mariage à la mode (précédé de) La Baie

J'ai toujours voulu lire Katherine Mansfield, parce qu'écrivaine Néo-Zélandaise, pays qui m'est cher, parce que contemporaine et amie de Virginia Woolf, et que j'avais entendu parler de son style délicat, tout en nuances et détails. Ce petit livre trainait chez mes parents, donc voilà, j'ai sauté le pas.



Deux petites nouvelles extraites d'un recueil plus conséquent. Un court livre compsé d'une première nouvelle où l'ont suit deux familles en villégiature au bord de mer et une autre centrée sur un couple. J'ai effectivement retrouvé un style délicat, tout dans l'observation, un peu comme dans un film anglais où il ne se passerait pas grand chose, si ce n'est de partager une tasse de thé en discutant de façon anodine -chit-chat- .

J'ai apprécié ces deux nouvelles de façon très différenciée alors que le style et la façon de conduire l'histoire est la même. la première nouvelle m'a paru un peu ennuyeuse, je n'arrivais pas à me laisser porter par le flots de mots, les scènes, sautant de personnages en personnages. Je pense que j'ai besoin, pour apprécier des scènes très descriptives, de connaître plus les personnages, d'en savoir un minimum, de comprendre qui est qui. Là, j'ai vraiment eu l'impression d'être d'observer des gens que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam à travers une camera (ou un voyeur!) sans contexte.

La deuxième nouvelle, même procédé, sauf que c'est centré sur deux personnages principaux: William et sa femme Isabel. William est heureux, impatient de retrouver chaque samedi sa famille et surtout sa femme, après une semaine de travail. Mais depuis quelques temps, il ne reconnait plus Isabel qui a changé sa façon d'être, jusque dans son rire, depuis qu'elle a rencontré un nouveau groupe d'amis. Ici j'ai pu rentrer "en empathie" avec ces deux personnages et cette nouvelle, ou page de vie, m'a paru si juste.

C'est marrant comme un même style peut être différemment apprécié ou non. Une leçon de littérature en quelques sortes pour moi

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Mariage à la mode (précédé de) La Baie

Joies et bonheurs des challenges de Babelio, dont le plus connu m'a amenée à découvrir cette auteure vers laquelle seule m'a poussée sa nationalité : la Nouvelle-Zélande.

C'était une réelle et belle surprise que la découverte de cette femme, libre et émancipée au début du siècle, et de son talent épatant à brosser par l'art difficile de la nouvelle des tableaux vivants, sensuels et tout en subtilité.



Par nature, ce recueil Folio 2 euros est plus que court, avec seulement deux nouvelles dont la première, La Baie, est d'ailleurs nettement plus longue que celle qui lui donne son titre: "La Baie" dessine par petites touches l'été d'une famille à la mer, entre femmes languissantes et enfants qui découvrent la vie. "Mariage à la mode" quant à elle est grinçante, presque douloureuse dans l'évocation de ce mari qui rentre chaque fin de semaine vers une épouse qui s'est piquée d'art et de snobisme, sa maison envahie de nouveaux amis grimaçants.



J'ai adoré l'atmosphère engendrée par cette écriture, le parfum d'insolence et la pointe d'amertume qui exhalent de ces pages, trop peu nombreuses, mas qui sont une belle invite à relire cette auteure.
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Le Voyage indiscret

Mansfield Katherine

Le voyage indiscret

Jamais je n’avais entendu parlé de cet auteur. J’ai été un peu perturbée par cette forme d’écriture.

Tout d’abord, des nouvelles, c’est loin d’être ma tasse de thé, j’aime mieux quelque chose avec un début, un milieu et une fin. Un roman, un livre entier. Je n’arrive pas à accrocher à cette façon d’écrire 17 petites nouvelles dans ce petit livre, certaines ne font que trois quatre pages., du coup j’abandonne. J’ai besoin d’entrer dans un livre, de partager l’histoire avec les personnages, ici, non, juste des faits.

Certes il semblerait que lors de la publication, le succès fut au rendez-vous.

Je ne saurais décrire ces nouvelles, mais les idées que l’on a en les lisant, on dirait une adolescente, de l’époque bien sûr, qui tient un journal et y décrit tout ce qu’elle fait ou voit en y ajoutant sa touche personnelle, sa petite critique.

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Félicité

Une courte nouvelle pleine de félicité - évidemment.

Une jeune femme rentre chez elle, le cœur empli d’une joie et d’une légèreté irrépressibles. Cet état imprime sa tonalité aux choses et aux êtres qui l’entourent. Son intérieur lui semble revêtir une beauté irréelle, la tendresse pour sa fille est avivée, la sympathie qu´elle éprouve à l’égard de ses amis est sans borne… Et pourtant…



Une écriture belle, fluide et légère. Un texte empli de sensualité, décrivant si bien cette douce euphorie qui s’empare parfois de l’âme. Un portrait cinglant aussi des artistes de ce début de XXe siècle et des hypocrites relations sociales qui blessent quelque fois les naïfs. Beau.
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