Citations de Kathrine Kressman Taylor (350)
Ce que tu dois te rappeler, c'est qu'il faut affronter les choses comme elles sont, ne pas te mentir à leur sujet, ne pas te raconter d'histoires. Jamais.
Dans "Humiliation"
Alice parcourut lentement des yeux ce salon qu'elle connaissait si bien, si rassurant, si ordinaire.Si plat, si vide.Et tout à coup elle vit, comme des choses tangibles,les années fondre sur elle, jour après jour.
J’ai reçu hier une charmante lettre de Griselle. Elle me dit qu’il s’en faut de peu pour que je devienne fier de ma petite
60 sœur. Elle a le rôle principal dans une nouvelle pièce qu’on joue à Vienne5, et les critiques sont excellentes ; les années décourageantes qu’elle a passées avec de petites compagnies commencent à porter leurs fruits. Pauvre enfant, ça n’a pas été facile pour elle mais elle ne s’est jamais plainte. Elle a du cran, en plus de la beauté et, je l’espère, du talent. Elle me demande de tes nouvelles, Martin, avec beaucoup d’amitié.
"Il y a toujours deux façons de faire une chose : la bonne et la mauvaise", dit fièrement son père, d'un ton définitif. Une phrase à mémoriser, une connaissance à posséder, un fragment de certitude paternelle auquel la lourde voix de l'homme donnait une autorité catégorique.
C'est dans le besoin qu'on reconnaît ses amis.
Nous sommes futiles et malhonnêtes parce que nous devons triompher de personnes futiles et malhonnêtes.
Mon Dieu, Max, sais-tu ce que tu es en train de faire ? [...] Rien de tout cela ne m'est parvenu directement mais on m'a convoqué : [...] Ils exigent que je leur donne le code. Quel code ? Comment toi, mon ami de toujours peux-tu me faire une chose pareille ?
Te rends-tu compte que tu es en train de me détruire ? [...] Dieu du ciel, Max, ne comprends-tu pas ce que cela signifie ?
Il devient impossible pour moi de correspondre avec un Juif ; et ce le serait même si je n'avais pas une position officielle à défendre.
Dans un enchevêtrement de branches vertes passe une vache rouge et blanc
Le coeur de la belle Florence n'est plus qu'une morne décharge. Palais et commerces sont comme éviscérés. D'interminables perspectives de façades noircies donnent à croire qu'une barrière de flammes a forcé son chemin, ne laissant derrière elle que suie et charbon. La ville semble s'être vidée de tout - sauf de ses ruines.
" [...] Toute splendeur est éphémère."
Tu dis que nous persécutons les libéraux, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : Est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? Il taille dans le vif, sans états d'âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal. Notre re-naissance l'est aussi. Mais quelle jubilation de pouvoir enfin redresser la tête ! Comment un rêveur comme toi pourrait-il comprendre la beauté dégainée ?
Heureusement qu'il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un ami auprès duquel on peut se défaire de ses vanités et trouver chaleur et compréhension ; un lieu où les égoïsmes sont caducs et où le vin, les livres et la conversation donnent un autre sens à la vie.
Je n’ai jamais haï les Juifs en tant qu’individus – toi, par exemple, je t’ai toujours considéré comme mon ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j’ajoute que je t’ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.
Après la beauté venait toujours l’insupportable fin de tout. Emportée par les griffes de l’aigle, elle avait appris que la vie, malgré les apparences, vous dépouille de tout ce que vous avez de plus précieux. Elle aurait beau tendre les mains pour serrer son trésor, il ne durerait jamais entre ses doigts.
(p. 24, “Anna”).
Elle ne pouvait pas comprendre pourquoi cela lui paraissait si grave. Il n'y avait vraiment rien de mal en fait. C'était bien le problème. Apparemment, elle ne savait jamais. Elle n'était pas spontanément comme il faut. Le monde qu'habitaient les autres était régi par des valeurs qui ne lui étaient pas familières, et c'était pourtant un monde réel. Elle sentait la solide cohérence de sa matière, qui la terrifiait. Elle rejetait ce monde, elle n'en voulait pas, mais même si elle l'avait voulu, même si elle s'était efforcée d'en faire partie, elle n'aurait pas su comment y entrer. Il devait y avoir en elle quelque chose de défaillant. Il y avait toujours en elle cette crainte et cet espoir, cette agitation flottante, ce sentiment du merveilleux imminent, du secret à peine gardé. La vie des autres, de ceux qu'elle avait connus à l'école, des membres de sa famille, était trop serrée, trop remplie, trop pleine de querelles et de bruits. Pourtant, tout s'arrangeait confortablement pour eux, leurs actions, leurs journées, leurs connaissances ; elle était malade de jalousie en voyant la facilité avec laquelle ils vivaient, mais elle ne pouvait pas se joindre à eux. Elle ne pourrait jamais, jamais se sentir chez elle où que ce soit.
Ma seconde lettre, qui contenait plus d'encouragements que de mises en garde, m'a été retournée, non ouverte, avec la mention " Inconnu à cette adresse". [...]"On sait ce qui s'est passé, mais vous, vous n'en saurez jamais rien", disent ces cachets sur l'enveloppe. Elle est tombée dans une sorte de vide et il est inutile de la chercher. Voilà tout ce qu'on me dit par ces deux mots, Adressant Unbekannt.
Elsa a une nouvelle robe en velours bleu. Elle est terrifiée à l’idée de ne pouvoir entrer dedans. Elle est de nouveau enceinte. Rien de tel pour satisfaire durablement sa femme, Max : faire en sorte qu’elle soit tellement occupée avec les bébés qu’elle n’ait pas le temps de geindre
L'homme que j'ai aimé comme un frère, dont le cœur a toujours débordé d'affection et d'amitié ne peut pas s'associer, même passivement, au massacre de gens innocents. Je garde confiance en toi, et je prie pour que mon hypothèse soit la bonne ; il te suffit de me le confirmer par lettre par un simple "oui", à l'exclusion de tout autre commentaire qui serait dangereux pour toi.
Tu dis que nous persécutons les libéraux, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : Est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais? Il taille dans le vif, sans états d'âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal. Notre re-naissance l'est aussi.