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Citations de Katrina Kalda (65)


Qu’il est difficile d’être honnête avec soi. En tout cas, je n’ai pas tellement d’indulgence pour ceux qui prêchent le sacrifice et l’oubli de soi. Tiens, je vais te raconter une histoire… Il était une fois un ermite qui vivait dans une grotte dans la montagne et qui méditait chaque jour, seul, détaché de tout désir humain. On venait de loin pour le voir et lui demander conseil. On le considérait comme un saint. Mais voilà qu’un jour une pute s’installe dans une autre grotte, un peu plus loin. Elle aussi reçoit beaucoup de visiteurs, mais pas pour les mêmes raisons ! Le saint est mortifié de devoir supporter quotidiennement le spectacle de la débauche. Tu penses bien, la pute démonétise sa sacro-sainte entreprise spirituelle, elle obscurcit le monde par le vice et le stupre. Bref, il n’y a pas un jour où il ne maudisse cette sale pute de s’être installée dans la grotte d’à côté !
Mais par l’un de ces hasards dont l’univers a le secret, l’ermite et la pute meurent le même jour. Les voilà à patienter dans la queue pour le paradis. L’ermite est en colère parce qu’il y a des tas d’âmes devant lui, des âmes de simples profanes, et il devient carrément furieux quand il voit que même la pute est plus avancée que lui dans la queue. Alors il sort du rang et va râler auprès des autorités compétentes. “Il y a une erreur dans votre liste, qu’il dit ; la preuve, c’est que la péripatéticienne là-bas, elle est devant moi.” Ni une ni deux, l’ange qui gère la file va consulter ses dossiers. En revenant il dit : “Cher ermite, tout est bien en ordre. Vois-tu, pendant les dix années qui viennent de s’écouler, tu as passé tes journées à maudire la prostituée qui vivait près de chez toi, parce qu’à cause d’elle, la montagne te semblait moins sacrée. Elle, pendant toutes ces années, qu’a-t-elle fait ? Tous les matins, elle priait pour toi, remerciant le ciel de t’avoir placé là, en face de son bordel, parce que la vue de ta sainteté l’aidait à supporter sa condition de pécheresse. Je te le demande : de vous deux, qui a l’âme la plus pure ?”
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Aujourd'hui encore , constatant que mes souvenirs d'enfance sont invariablement teintés de pigments bruns,verts,beiges ou gris,il m'arrive de me demander si en URSS les peintres en bâtiment etaient tous atteints d'achromatopsie, ou si la préférence systématique accordée à ces nuances relevait au contraire d'un choix politique visant à atrophier l'imagination des citoyens.p.60
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"Crois à l'amour, même si c'est une source de douleur." Rabindranath Tagore P.111
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Grand-père est mort au cinquième étage d'une tour,dans le minuscule studio qu’il partageait avec Eda.On lui ferma les yeux pour qu'il ne désigne pas un successeur,et la bouche pour que le Diable n'y entre pas.On couvrit le miroir de l'entrée,et on enleva les bijoux brillants pour éviter que les reflets n'emprisonnent son âme. P.177
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Je n’ai plus personne désormais à Pärnu auprès de qui m’enquérir du sort de ceux qui me sont chers. Dans mon baraquement logent des Russes, des Moldaves, deux Lituaniennes et trois Estoniennes. Cinq autres Estoniennes vivent avec leurs enfants près du village, dans des huttes de terre… Je remercie le sort qui nous a rassemblés, nous permettant de converser dans notre langue... Cela fait moins d’un an qu’on nous a donné le droit d’écrire… Donne-moi s’il te plait des nouvelles de vous tous… Je ne sais rien depuis la nuit du 14 juin où nous avons été emmenés… Je suis au désespoir de de ne pas connaitre le sort de mon petit garçon [Johannes].

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A l’époque où je travaillais à l’abattage des arbres, mon brigadier s’est mis dans une colère terrible en découvrant par hasard que je savais lire… L’intellectuel est un ennemi du peuple, et c’est bien ce que nous sommes pour ceux dont dépend notre survie.

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La musique me manque. L’âme humaine reste assoiffée de beauté et de bonheur. Je tends l’oreille et j’entends des sons dans la nature, des sons étranges et irréels dans lesquels il me semble reconnaitre des ébauches de mélodies, comme un être qui a faim se procure en remuant les mâchoires, l’impression qu’il est en train de manger. Toute la journée d’hier, le troisième Impromptu de Schubert résonnait en moi, apportant en lui et faisant revivre en moi la tendresse, la douceur et la passion, ou je ne sais quel regain de vie.
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Dans notre baraquement, depuis cet hiver, nous nous réunissons pour chanter. Nous avons notre petite chorale… Je pense à Johannes, et espère que lui aussi connaitra un jour la joie qu’apporte la musique… Nous apprenons aux autres les mélodies dont chacun se souvient… Tu le vois, même ici, la vie se poursuit.

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Ma chère Eda, Je t’écris pour te dire que j’attends un enfant. Il naitra au moment de la fonte des neiges. J’aime penser qu’il viendra au printemps et que ses premiers mois de vie seront ceux où tout, autour de nous, est habité d’un nouvel élan… Je suis confiante et heureuse… Grâce notre vache, nous avons même du lait… Nous avons ramassé du foin pour l’hiver… Cet enfant, comme j’aimerais que tu puisses le voir. Un jour, je te le promets, nous voyagerons jusqu’à vous et nous nous retrouverons [Liisi est morte peu après l’accouchement].


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La mémoire est notre grand soutien. Se souvenir est une douce et douloureuse occupation, un remède lorsqu'il nous fait oublier ce que nous sommes devenus, un poison lorsqu'il nous rappelle ce que nous avons perdu.
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Sur le talus poussaient des paquets de fougères, réduites, à cause de la circulation automobile, à l'état de dentelles enrobées de poussière. Ces fougères crasseuses et maladives devenaient dans le regard d'August grasses, conquérantes comme la fougère de la légende pour laquelle, chaque année, à la Saint-Jean, les jeunes hommes retournaient dans la forêt, cherchaient une lueur blanche parmi les arbres, car la fougère ne fleurit qu'une fois l'an et qui la trouve pour l'apporter à sa bien-aimée vivra un amour éternel et sans nuages.
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Juste après, on aborda la politique et les projets d'intégration de l'Estonie dans l'Union européenne. Eerik y voyait des accords et des contrats, August voyait Dante, Shakespeare et Schiller. Aucun des deux ne voyait les normes alimentaires, la pasteurisation du lait, les croissants à l'huile sous emballage plastique, ni les passeports à empreinte digitale incorporée. Ils voulaient à tout prix être européens, échapper à la vieille barbarie asiatique, lui préférant la barbarie européenne dont ils n'avaient pas encore eu à pâtir, ou si peu.
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P. 13 -Maintenant, elle n'a plus besoin d'élever la voix car les vivants les plus obtus et les plus malveillants se transforment en morts vertueux et sages à l'instant même où leur âme déserte leur corps, et leur jugement prend aussitôt valeur de vérité.
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La neige accumulée sur l'une des branches se mit à tomber au ralenti, donnant l'impression un instant d'un châle léger glissant d'une épaule.
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J'étais en colère contre les miroirs qui reflètaient les choses telles qu'elles étaient et jamais telles que j'aurais aimé qu'elles soient.
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P. 61 - Allongée sur mon lit d'hôpital, je voyais le ciel laineux de l'ouest de l'Estonie cardé par le peigne immense des dieux et surveillais la mâchoire d'ombre qui mordait le carrelage, avançant au fil du jour jusqu'à mon lit.
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Katrina Kalda
Carlotta ne devait pas être au courant de l’essentiel, à savoir que dans ce monde à la limite du cercle polaire, il faut savoir se prémunir contre l’hiver et le noir, que la nuit et le jour sont des draps qu’on tire à soi, de sorte que nous qui dormons au bord du lit, au-delç de sept monts et cent rivières, nous sommes découverts pendant l’été, où le soleil qui ne se couche plus nous empêche de dormir, et étouffés pendant l’hiver, lorsque le drap ressemble à une couette rembourrée d’où l’on ne croit pas ressortir vivants. Les légendes sur le soleil qui disparaît deviennent de nouveau vraies et les ciseaux, dans un tiroir de la cuisine, prennent une expression luisante, rusée, qui donne envie de grimper jusqu’au toit pour percer la couette épaisse du ciel. mais lorsqu’on enfonce les lames pointues dans le duvet, les plumes de volatile qui le farcissaient s’échappent, et les enfants, qui ont le nez collé aux vitres, crient d’un étage à l’autre : « Il neige ! Il neige ! »
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Il avait exactement l'apparence que nous prêtions aux pervers sexuels qui séquestraient les jeunes filles dans leur cave et, une fois leur crime découvert, finissaient au JT...
Quelqu'un lui avait dit que la bière n'était pas de l'alcool et il n'avait pas été difficile de la convaincre...
J'avais surpris suffisamment de conversations pour savoir que la plupart du temps, elles faisaient semblant de jouir pour flatter l'ego de leurs amants, ou pour que ça se termine plus vite.
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Bonheur et malheur vont toujours de pair, n'est ce pas ? Ce ne sont que l'endroit et l'envers d'un même gant, et parfois un geste suffit pour le retourner.
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Des statistiques établissaient qu'une Russe connaissait alors en moyenne dans sa vie quatre arrêts de grossesse. On allongeait les patientes dans une grande salle, sur des lits placés les uns en face des autres, de manière que chacune puisse voir ce qu'on lui faisait pour ainsi dire dans un miroir. L'anesthésie était inexistante, les gynécologues méprisants, il n'y avait aucune place pour la fierté, l'intégrité, ni la douleur ; là où le pouvoir s'exerce, la compassion n'existe pas.
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