Citations de Larry Tremblay (218)
Les oiseaux ne se trompent jamais quand il s'agit de paradis.
Les hommes dans notre pays vieillissent plus vite que leur femme. Ils se dessèchent comme des feuilles de tabac. C'est la haine qui tient leurs os en place. Sans la haine, ils s'écrouleraient dans la poussière pour ne plus se relever. Le vent les ferait disparaître dans une bourrasque. il n'y aurait plus que le gémissement de leur femme dans la nuit.
"C'est comme ça depuis la nuit des temps". La nuit des temps, maman m'a raconté, c'est la première nuit du monde. Il faisait si noir que le premier rayon de soleil qui a percé la nuit a hurlé de douleur.
Je te parle avec de la paix dans mes mots, dans ma bouche. (...) je te parle avec une voix qui a neuf ans, vingt ans, mille ans. L'entends-tu ?
A quoi ça sert de mettre au monde des enfants si c'est pour les sacrifier comme des pauvres bêtes qu'on envoie à l'abattoir !
Elle se laissait bercer par la musique des insectes, levait la tête en cherchant la lune des yeux. Elle la regardait comme si c'était une vieille amie qu'elle venait rencontrer.
C'est bien que dans notre existence quelque chose arrive parfois à nous secouer, à nous sortir de nos banalités.
Le regard est comme l'oiseau, il a besoin d'ailes pour se maintenir en vol. Autrement, il tombe au sol, a continué Soulayed. Jamais nous ne devons baisser les yeux devant l'ennemi. Jamais. Notre haine et notre courage sont les ailes qui portent notre regard au-delà de la montagne, au delà du mensonge dont se nourrissent les chiens. Kamal et Zahed l'ont compris. Et leurs fils aussi l'ont compris.
La récolte réjouit l'espoir, l'espoir repose sur le regard qui ne craint pas de voir la vérité.
Les mots de Soulayed explosaient dans l'air comme des petites bombes fragiles qui laissaient derrière elles des traînées de silence.
La neige tombait toujours et enrobait le récit d'Azis d'une couche de protection, l'éloignant dans l'espace et le temps, lui donnant la texture d'un rêve fragile sur le point de s'évanouir.
A quoi ça sert de mettre au monde des enfants si c'est pour les sacrifier comme de pauvres bêtes qu'on envoie à l'abattoir !
Le parfum des fleurs est leur sang, lui avait dit un jour Shalina. Les fleurs sont courageuses et généreuses. Elles répandent leur sang sans se soucier de leur vie. Voilà pourquoi elles se fanent si vite, épuisées d'avoir offert leur beauté à qui veut bien la voir.
Et vous êtes partis à sa recherche comme si c'était la chose la plus précieuse au monde. Du papier et du vent ! J'imagine qu'il devait être fabuleux, votre cerf-volant. .... C'est notre grand-père Mounir qui l'avait fabriqué.
Ecoute-moi, j'ai deux fils. L'un est la main, l'autre le poing. L'un prend, l'autre donne. Un jour, c'est l'un, un jour, c'est l'autre. Je T'en supplie, ne me prends pas les deux.
La nuit des temps, maman m'a raconté, c'est la première nuit du monde. Il faisait si noir que le premier rayon de soleil qui a percé la nuit a hurlé de douleur.
C'est plutôt la nuit qui a dû hurler, c'est elle qui a été transpercée.
Avez-vous maintenant réalisé ce que vous avez accompli ? Vous avez trouvé un chemin pour vous rendre jusqu'à cette drôle de ville. Vous êtes les seuls à l'avoir fait. Tous ceux qui ont tenté de le faire ont été déchiquetés par les mines. Dans quelques jours, l'un d'entre vous retournera là-bas. Toi Aziz, ou toi Ahmed. Votre père décidera. Et celui qui aura été choisi portera une ceinture d'explosifs. Il descendra jusqu'à cette drôle de ville et la fera disparaître à jamais.
Soulayed n'a fait que nous mentir, monsieur. A cause de lui, le Paradis est un champ de ruines et mon frère, un meurtrier.
-A quoi ça sert de mettre au monde des enfants si c'est pour les sacrifier comme de pauvres bêtes qu'on envoie à l'abattoir!
« Tamara ne parlait pas souvent avec son mari. En fait, elle préférait leurs silences à leurs habituelles disputes. Ils s’aimaient comme ils devaient s’aimer sous le regard de Dieu et des hommes.
Souvent, avant de retrouver son mari déjà couché, elle allait dans le jardin. Elle s’assoyait sur le banc placé devant les roses trémières et respirait les odeurs riches qui montaient de la terre humide. Elle se laissait bercer par la musique des insectes, levait la tête en cherchant la lune des yeux. Elle la regardait comme si c’était une vieille amie qu’elle venait rencontrer. Certaines nuits, la lune lui faisait penser à une empreinte d’ongle dans la chair du ciel. Elle aimait ce moment où elle se tenait seule devant l’infini. Ses enfants dormaient. Son mari l’attendait dans leur chambre, et elle existait peut-être comme une étoile qui brillait pour des mondes inconnus. En contemplant le ciel, Tamara se demandait si la lune avait connu le désir de la mort, celui de disparaître à jamais de la face de la nuit et de laisser les hommes orphelins de sa lumière. Sa pauvre lumière empruntée à celle du soleil. » (p. 25)