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Critiques de Laëtitia Rouxel (24)
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Pépille : Pour une sylvilisation de l'abondance

Cet album de Laëtitia Rouxel qui a réalisé les illustrations et écrit le texte, nous fait entrer dans un monde utopique où l’écologie s’applique sans prise de tête.

L’histoire, c’est celle de Lilith, plutôt désabusée par sa vie sentimentale, qui, en rencontrant Popeye, un motard écolo rêveur, va trouver un sens à sa vie.

Bien sûr, Lilith va traverser tout un tas d’aventures avant d’arriver à réaliser son rêve : renouer avec le vivant en créant une forêt jardin. C’est une belle idée, un peu folle, qu’elle aimerait voir se généraliser pour sauver la planète. C’est son combat et, appliquant les principes de David Thoreau, un naturaliste cher à Popeye, elle travaille d’arrache-pied à construire ce petit paradis. En plantant des arbres, elle devient sylvanière



« C’est une révolution agricole…tous ensemble, en reforestant, en composant des paysages comestibles, nous pouvons devenir médecins de la terre, infirmiers des paysages. En utilisant l’intelligence des arbres, nous pouvons produire, nous faire plaisir, et infléchir l’avenir. »



Ce qui est intéressant, c’est ce cheminement vers une culture respectueuse de la nature, une manière de jardiner résiliente et basée sur l’observation de la nature. Ainsi le problème de l’eau nécessaire aux plantes est-il copié sur ce qui se passe en milieu forestier.



« Tandis que les excès climatiques règnent en secteur dégradé, il fait plus doux la nuit en forêt et plus frais la journée, et lors des chaleurs d’été, alors que les prairies se dessèchent, le sol forestier reste humide beaucoup plus longtemps. »



J’ai beaucoup aimé cette manière de raconter la création d’un jardin-forêt. Quelques belles pages expliquent de façon très pédagogique la démarche. Mais je regrette que l’autrice ne soit pas allée plus loin dans sa démonstration de la permaculture, la sylviculture et la régénération des sols, car il y a tant à dire !

Par contre, l’histoire personnelle de Lilith prend, à mon avis, un peu trop de place dans le récit par rapport à la création du jardin.

Un bon moment de lecture.



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L'homme semence (BD)

Cette bande dessinée est adaptée d'un récit écrit en 1919 par Violette Ailhaud, il aurait été déposé chez un notaire pour n'être dévoilé auprès de son héritière qu'en 1952, c'est seulement en 2006 qu'il aura été publié pour la première fois. Étrange destin mais que l'on comprend pour son contenu, sulfureux pour l'époque où se situent les faits, en 1851, et sans doute encore pour l'époque où il est déposé chez le notaire.



1851, c'est le coup d'état de Napoléon III, les hommes d'un petit village de montagne isolé des Alpes du sud se déclarent hostile à Napoléon, ils se font durement réprimés : déportés à Cayenne ou en Algérie ou tués. le village se retrouve sans hommes. Les femmes restent très longtemps sans voir un seul homme et font le serment de se partager le premier qu'elles verraient.



La bande dessinée reprend le récit de ces femmes, deux autrices proposent leur version, le livre se retourne, on a deux livres tête-bêche.



La version de Mandragore s'attache au mystère autour de ce récit, avec quelques parties enquête, renseignements historiques et témoignages. D'autres passages reprennent alors les mots de de Violette, le traitement entre les deux parties est différent, les témoignages sont travaillés en peinture, couleurs chaudes, avec un fourmillement de coups de pinceau, le texte de Violette au contraire est travaillé en noir et blanc, comme en linogravure, lui donnant une solennité grave.



Je retourne mon livre et je commence l'autre histoire.



Celle de Laëtitia Rouxel au contraire, s'attarde peu sur l'affaire historique et s'épanche sur le désir des femmes, le personnage masculin est presque absent dans la version de Mandragore. Chez Laetitia Rouxel, bien qu'aussi en retrait, il est une présence marquée, emblématique. Et ici, la narratrice est au centre du récit. le graphisme est très différent de celui de Mandragore, filaire, comme des chevelures souple et ondulantes, des traits fins, en couleur, semble peigner la page, la poésie du texte s'accorde à la sensualité du trait, on approche même parfois de l'érotisme.



Les deux versions sont très différentes, l'une s'attache au fait historique, social, au mystère et à ses implications, l'autre reste dans le poétique, plus sensuelle, mais elles sont aussi très complémentaires, l'ensemble devient une œuvre globale, avec ses points de vue différents, il y a un mystère fort et intrigant, mais il y a beaucoup d'émotions, de poésie. L'effet conjugué des deux versions est hypnotique.



Quelle est la véracité de cette histoire ? j'ai envie d'y croire, sinon, pourquoi dévoiler ce texte si tardivement, si ce n'est de confesser un secret honteux et beau à la fois. Qui aurait intérêt de faire croire à une telle supercherie si c'est pour renoncer aux droits sur le livre, peut-être s'agit-il juste d'un fantasme, mais il raconte aussi le désoeuvrement des femmes en temps de guerre qui se voient retirer leur hommes. le texte semble écrit le lendemain de la première guerre mondiale, autre moment de la vie de ce village où à nouveau il s'est vu arracher tous ces jeunes hommes.



Mandragore et Laetitia Rouxel en ont extrait, chacune à leur manière, un moment de féminisme, de révolte, de poésie et surtout d'humanité.
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Pépille : Pour une sylvilisation de l'abondance

« En associant potagères et fruitiers classiques à des centaines de plantes pérennes, alimentaires, médicinales, il devient possible d’édifier un paysage multi-étagé, complexe, inspiré des espaces naturels forestiers, gage de résilience, de durée et de sécurité. « ,



Le GR que Lilith parcourt avec son amie est parsemé de cailloux où sont écrits des phrases comme « Sortons au grand terre » Ce chemin de petit Poucet les mène chez Popeye, un motard marginal, poète écolo et disciple du naturaliste Thoreau. Lilith, désillusionnée par sa vie citadine, décide de séjourner dans ce havre de nature.

Lorsque né son fils Adam, elle décide de retourner chez Popeye. Hélas, le gentil barbu s’est envolé sans laisser d’adresse. Qu’importe, Lilith s’installe avec son bébé dans la roulotte et décide de transformer le jardin en jardin forêt. Elle devient sylvanière ; le meilleur moyen de renouer avec le vivant selon les préceptes de Baptiste Morizot.



J’ai bien aimé les tribulations de l’héroïne et son courage lorsqu’elle change radicalement de vie. C’est utopique, bien sûr, car ce travail de longue haleine ne peut être entrepris par une personne seule mais on a envie d’y croire à ce petit paradis écologique, ce jardin forêt en permaculture qui laisse la nature retrouver ses droits. On apprend beaucoup aussi sur ces techniques respectueuses de l’environnement.

Pour qui s’intéresse à ces modes de culture, ça reste un peu léger, mais l’histoire de cette jeune femme indépendante et obstinée est pleine de tendresse.

J’ai bien aimé les dessins aux couleurs pastel et où le vert domine pour nous faire découvrir une nature vivante et généreuse.

Cette lecture est un bain de fraicheur et d’optimisme, et, en cette période de réchauffement climatique, ça fait un bien fou !



Je remercie les éditions Acte Sud et Babelio pour cette belle lecture





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Courage fuyons

Courage fuyons était la devise favorite de mon ancienne chef. Elle l'avait reprise cette expression d'un général qui trouvait du courage dans la fuite de ses armées en déroute. D'autres l'attribuent au roi Louis XVI s'enfuyant à Varennes. Bref, c'est pour fuir un problème ou des responsabilités.



En l'occurrence, il s'agit de la fuite de la ville pour un retour à la nature pur jeunes bobos écolos en mal de vivre. Cette oeuvre reste assez contemplative. Les dialogues m'ont paru totalement vides de sens. Je n'ai pas adhéré à ce récit qui se veut poétique. Reste la thématique du couple qui fuit et se retrouve...
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Des graines sous la neige

Des dates, des lieux et des événements qui ont marqués notre histoire commune :

Le premier journal féministe "la femme libre" a été réalisé et publié uniquement par des femmes en 1832,

Le livre "Napoléon le petit" de Victor Hugo a été écrit en exil en 1852,

Julie Victoire Daubié est la première femme française à avoir obtenu le droit de se présenter au baccalauréat et à l'obtenir en 1861,

La "Ménagère" coopérative de consommation, un regroupement de consommateurs pour acheter en gros a été créé en 1866,

Octobre 1868 ouverture de la première marmite, restaurant coopératif,

Montreuil sous bois, le long des murs de plâtre, la culture notamment fruitière a été une des richesses de la ville,

Le 28 mai 1871 chute de la dernière barricade à Belleville,

Découvrir à quoi servait la capture de l'albatros, ce tueur des marins tombés à l'eau, la peau de ses pattes peut être transformé en blague à tabac, son bec peut être transformé en pommeau de canne, ....

Et un devoir de mémoire,

Aller vérifier si à Brest on peut apercevoir sur le mur de la cafét' d'Ahmed, 3 rue Sisley la fresque de Guy Denning et Shoof représentant Nathalie Lemel.



Une BD comme une urgence pour retrouver la mémoire perdue de ces combattantes qui ont participé à la commune, qui ont fait qu'en 1871, la lutte des femmes a permis la réalisation de beaucoup de rêves .... Liberté, Égalité, Fraternité pour tous mais aussi pour les femmes qui ne sont pas des citoyens de seconde zone.

Un texte très documenté qui nous permet de remonter le temps.

Des dessins harmonieux, illustrant bien le propos ... à la fois des planches en noir et blanc permettant de situer l'action en 1914, et les planches colorées de l'histoire de la commune.

Un dossier revient sur beaucoup des noms cités durant l'histoire en précisant une petite partie de leur aventure, il nous donne la chronologie de la vie de Nathalie.

Des notes historiques nous permettent de revenir sur certains termes employés parfois peu connus.

Une BD historique que l'on peut mettre entre toutes les mains !
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Pépille : Pour une sylvilisation de l'abondance

Au détour d'une randonnée avec une amie, Lilith rencontre Popeye, un mystérieux sexagénaire vivant en pleine nature. Coup de foudre immédiat ! Ce fulgurant amour fait renaître les espoirs perdus de l'héroine, concernant son désir d'enfant, mais aussi son rapport à l'écologie, plutôt anxieux...et on la comprend, vu l'état de la planète.

Grâce à Popeye et ses conseils de lectures qu'elle suit assidument, elle va découvrir un nouvel angle du combat écologique : l'écologie joyeuse, comme la théorise notamment Baptiste Morizot. Lilith va complètement transformer sa vie et prendre son courage et ses outils à deux mains pour créer un véritable petit paradis écologique sur son nouveau lieu de vie et essayer d'agir à son échelle.



Dans cette lecture, je me suis laissée emporter par les illustrations, qui m'ont beaucoup plu, la chaleur des couleurs et l'enthousiasme de Lilith ! Même si j'ai eu quelques réserves sur certains aspects, qui m'ont paru un peu moins "scientifiques", j'ai apprécié cette bande-dessinée, à mi-chemin entre récit de vie et BD-documentaire. L'autrice a su insérer des explications et des citations documentées dans l'histoire de Lilith, sans que ce ne soit trop rébarbatif.

Certaines planches sont vraiment très belles, et prennent des aspects de plan pour un jardin, réel ou imaginé ? On ne le saura pas, mais comme le précise Laëtitia Rouxel en fin d'ouvrage, "cette histoire est trop belle pour être complètement fausse".



Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud BD pour ce joli moment passé avec Lilith !
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SuperTom

Tom, peu après ses 10 ans, tombe malade. Il va devoir lutter contre un cancer, supporter les traitements, gérer les cauchemars, continuer à vivre et réussir s’évader. Cela fait beaucoup pour un petit garçon mais il a des atouts pour continuer : sa famille, ses amis, la solidarité entre malades et le dessin. Avec ses amis, fans de super héros, prendre cette lutte comme l’histoire d’un comics est salvateur. Ca aide pour le quotidien mais aussi pour les cauchemars. Dans cette bande dessinées souvent sans texte, les différentes vies de Tom s’entremêlent. On passe de l’hôpital, à la maison, aux cauchemars et le tout via la bande dessinée créée par Tom. Ce mélange est déroutant mais colle bien avec le tourbillon que devient la vie d’un malade. Entre les traitements qui ne permettent pas d’être toujours au clair avec la réalité et l’instinct de préservation qui tente de nous faire évader, la limite entre réel et irréel n’est jamais nette, tout comme dans cette histoire. Si les nombreux changements rendent le récit trop éparpillé pour l’adulte terre à terre que je suis, je suis persuadée que c’est exactement la construction qui était nécessaire pour illustrer les pensées des concernés. Le choix de dessins « enfantins » où les traits de coloriage sont marqués comme pour les premiers coloriages aux crayons de couleurs ou à la craie grasse est pertinent, ça facilite l’immersion : on est avec un enfant qui raconte son histoire avec toutes les dispersions typiques des récits fait par les enfants. Si cette lecture n’est pas ce qui me convient le mieux, je suis contente de l’avoir découverte et convaincue qu’elle sera utile aussi bien aux enfants malades qu’aux proches, adultes ou non, d’enfants malades et qui souhaiteraient mieux comprendre ce qui se passe dans leur tête.
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Un quart né

Si l'idée est attrayante sur le papier, le pari ne s'avère au final qu'à moitié réussi. En séquençant en cycles indépendants les uns des autres son propos, l’auteur installe un dispositif dont elle reste prisonnière, ne parvenant pas à aller au-delà.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Des graines sous la neige

En 1913, le cinéaste et militant Armand Guerra contacte la communarde Nathalie Lemel pour son film sur La Commune de Paris. La militante est devenue une femme âgée de 87 ans mais elle a gardé la même étincelle dans le regard. Avec le jeune homme, elle revient sur sa vie, son parcours de militante sur près de trente ans, dévoilant un pan de l’histoire de France et de l’idéal libertaire.

Née à Brest en 1821, Nathalie Lemel était une militante pour l’association internationale des travailleurs et féministe. Si elle n’a eu la renommée de Louise Michel, elle a participé au même titre à la libération de la parole des femmes et a été un personnage tout aussi emblématique dans la libération de la parole des femmes, portant des combats égalitaires qui raisonnent encore aujourd’hui. Les deux femmes ont été déportées ensemble en Nouvelle-Calédonie en 1873.



Le propos de Roland Michon et Laëtitia Rouxel est clairement documentaire. Par le biais de la BD, ils retracent le saisissant parcours d’une combattante l’ombre qui a consacré sa vie à la défense des droits humains et sociaux.

La narration est à la fois assez dense et assez lente. De nombreux épisodes sont évoqués, permettant de parfaitement situer le contexte de l’époque. C’est aussi l’évolution d’une conscience politique qui est décrite, qui s’étend davantage, plongeant le récit dans l’atmosphère plutôt que dans l’action. C’est un parti pris original et intéressant qui peut dérouter mais qui est aussi essentiel pour rendre compte de ce qu’à été La Commune. Les illustrations sont très réalistes avec des tons sépias ou noir et blanc selon le contexte, avec un attachement particulier à la restitution des lieux. Certaines planches valent franchement le détour.

En annexe, les auteurs approfondissent encore avec un certain nombre de notes historiques qui éclairent le récit, une chronologie historique en lien avec Nathalie Lemel, une biographie des personnages secondaires et des éléments bibliographiques et filmographiques sur La Commune.



Une BD très riche, instructive et foisonnante pour qui s’intéresse à La Commune ou souhaiterait en savoir plus.

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Des graines sous la neige

1871 la Commune de Paris … une époque extrêmement troublée que j’avoue avoir totalement négligée … soit parce qu’abordée en coup de vent dans mon parcours scolaire, soit par désintérêt … Erreur de ma part … Cette BD à 2 mains, sur un scénario de Roland Michon et des dessins de Laëtitia Rouxel, m’a réconciliée avec cette période de notre histoire voire même a attisé ma curiosité …



« Des Graines sous la Neige » s’appuie sur la vie de Nathalie Lemel pour nous plonger dans le bouillonnement des idées révolutionnaires de cette décennie, comment et pourquoi cette explosion, quel en a été le déclencheur, quelles idées y étaient associées ?



La vie de Nathalie Lemel est très peu documentée, c’est pourquoi il s’agit ici d’une représentation « imaginée et imagée » de sa vie mais qui s’appuie sur de rares témoignages. Cette femme est née en 1826 à Brest où enfant elle était déjà curieuse de toute lecture … Brest une ville où elle assiste à des rassemblements de protestation ouvrière … mais aussi à la déportation d’insurgés … Elle se marie et part vivre à Quimper, où elle commence à participer à des réunions politiques où se partagent les prémices des nouvelles idées de république démocratique et sociale …



La faillite de la petite entreprise de la famille les entraine à la recherche de travail à Paris en 1861 (comme nombre de bretons) …. Ce seront des années de misère, de froid et de faim, comme pour de nombreux français à l’époque … le monde de la débrouille aussi, un monde « à la Zola » … Mais Nathalie continue sa recherche d’un idéal social : elle fréquente les cercles de l’époque qui revendiquent des améliorations des conditions des travailleurs : fin du travail de nuit, diminution du temps de travail, amélioration des conditions sociales mais surtout pour Nathalie une égalité entre les hommes et les femmes face au travail, notamment pour le salaire … Féministe avant l’heure Nathalie, d’un féminisme économique et social qu’elle revendiquera toujours … Ce sont aussi les premières grèves, les premières avancées dans les droits des travailleurs, suivies malheureusement des premiers reculs …. Et aussi le divorce …



Nathalie Lemel devient proche des militants de l’International des Travailleurs et participe au cours des années 1866-1868 à la création de la Caisse fédérative de prévoyance des cinq centimes » (qui aide les grévistes) mais surtout à la Société Civile d’Alimentation dite « la Ménagère » (accès à des produits à des prix raisonnables à l’encontre de la spéculation alimentaire de l’époque) et à l’ouverture des premières « Marmites » (sorte de soupe populaire … ) … Nathalie Lemel c’était les « Restos du Cœur » du XIXe siècle !!! un idéal social et une force d’agir ….



En 1870 c’est la guerre avec la Prusse dont les forces sont aux portes de Paris en septembre, la France capitule en janvier 1871 et le gouvernement s’installe à Versailles. En mars débute l’insurrection de Paris, la Commune est proclamée le 18 mars 1871. Nathalie Lemel participe à la création de l’Union des Femmes, une des plus grandes organisations de la Commune. Elles revendiquent des droits aux femmes mais pas seulement, des revendications qui sont la normalité de nos jours : création de crèches, égalité du salaire homme-femme, école laïque gratuite et obligatoire, fin du travail de nuit, suppression des maisons closes (Paris en comptait un nombre important dû à la pauvreté de l’époque) … elles sont convaincues que la Commune porte les germes de la Révolution Sociale … mais elles s’engagent aussi à aller défendre ces idées sur les barricades aux côtés des hommes !



Fin mai 1871, les troupes régulières reprennent les barricades … Nathalie Lemel conformément à son engagement en défendait une avec d’autres femmes …. Elle est arrêtée …. Les idéaux des communards sont condamnés, notamment les avancées réclamées par les femmes … En septembre 1872 elle comparait devant un Conseil de Guerre et est condamnée à la déportation à perpétuité … Elle est ainsi envoyée en Nouvelle-Calédonie en 1873, condamnation qu’elle partage avec Louise Michel. Elle bénéficie d’une grâce partielle en 1879 et peut rentrer en France.



En 1914 elle apparait avec d’autres anciens communards dans un film tourné par la coopérative Le Cinéma du Peuple ayant pour sujet la Commune. Atteinte de cécité et très pauvre, elle entre à l’hospice en 1915 … où elle côtoiera des soldats gazés …. Elle décède en 1921 et est inhumée dans une fosse commune …



Ce livre réhabilite une partie des communards, je ne m’avancerai pas à tous les réhabiliter …. Mais en nous montrant le foisonnement des idées, les aspirations de ces cercles politiques et sociaux … on ne peut que penser aux fondements de notre actuelle République … Le titre de cet ouvrage est donc doublement évocateur : « Des Graines sous la Neige » …. Des idéaux de ces froids hivers de la fin du XIXe siècle ont germé les bases de notre démocratie et de notre république ….



La grande qualité de cette œuvre est donc sa richesse historique et politique. On suit l’évolution des idées de cette fin de siècle je viens d’en parler … mais aussi une évolution architecturale de la ville de Paris (avec les travaux d’Haussmann …) dont on arpente les rues et les quartiers, des mœurs de l’époque (le petit monde de Zola aurais-je tendance à l’appeler), des conditions de vie des classes ouvrières, et on entraperçoit certains cercles intellectuels et artistiques …



Un petit mot sur la forme : le récit se passe sur 2 niveaux … un premier correspond à une sorte de dialogue en 1914 entre le réalisateur du film sur la Commune et Nathalie Lemel, qui permet de marquer différentes étapes dans la vie de celle-ci, le tout laissé brut dans un dessin noir et blanc (une pause plus légère par rapport au reste) … le second correspond à la représentation des différentes grandes périodes de cette vie, avec des couleurs assez sombres pour l’ensemble et des visages très durs auxquels personnellement j’ai eu du mal à m’habituer …. Peut-être est-ce justement nécessaire pour se concentrer sur le contenu qui est assez dense …



Bref Merci à Masse Critique de Babelio et aux Editions Locus Solus pour une découverte très intéressante d’un personnage qui m’était inconnu et d’une période de l’histoire qui mériterait qu’on s’y intéresse beaucoup plus.



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Des graines sous la neige

Des graines sous la neige retrace la vie de Nathalie Lemel, une militante de l’Association internationale des travailleurs et féministe qui a participé, sur les barricades, à la Commune de Paris de 1871.



A ce titre, elle sera condamnée à la déportation et sera la compagne de captivité en Nouvelle-Calédonie de Louise Michel. Sa longue vie commencée à Brest le 24 août 1826 et achevée le 8 mai 1921 à Paris, sera consacrée au militantisme.



Elevée dans le café de ses parents, elle quitte les bancs de l’école à 12 ans pour devenir relieuse, un métier qu’elle exercera pendant de longues années. Après son mariage avec Jérôme Lemel, relieur lui aussi, elle s’installe à Brest et donne naissance à trois enfants tout en travaillant dans la boutique de Lemel.



En 1861, ils font faillite et rejoignent la capitale pour trouver du travail. Elle avait déjà une conscience politique mais c’est en rejoignant Paris qu’elle devient réellement militante. Nathalie adhère alors à l’Internationale et devient déléguée syndicale, fait exceptionnel à l’époque.



Elle se bat notamment pour la parité des salaires entre hommes et femmes, fréquente des clubs et se révèle une opposante farouche au Second Empire. Elle participe à la création de La Ménagère, une coopérative d’alimentation et de La Marmite, un restaurant ouvrier (qui comptera au total 4 établissements pour 8 000 ouvriers). Elle y est employée à la préparation des repas.



Nathalie Lemel fréquente alors celles et ceux qui vont devenir les grandes figures de la Commune : Louise Michel, Elisabeth Dmitrieff, Eugène Varlin…



Cette bande dessinée retrace fidèlement ce destin de femme hors du commun. Bien qu’on en sache assez peu sur Nathalie Lemel, Roland Michon s’est formidablement bien documenté sur cette époque et sur la semaine sanglante. Le scénario restitue le parcours militant d’une ouvrière impliquée dans la première internationale socialiste et dans la commune de Paris, son combat pour le féminisme et l’égalité homme / femme.



Personnellement je ne connaissais absolument pas cette grande figure du féminisme qui a dédié toute sa vie aux causes qui lui tenaient à cœur et je suis heureuse que cet ouvrage la mette ainsi dans la lumière.



Si le scénario m’a beaucoup plu, cela n’a pas été le cas des dessins de Laëtitia Rouxel qui alternent de crayonnés en noir et blanc pour l’année 1914 où Nathalie Lemel se confie au réalisateur socialiste Estivalis qui tente de la convaincre d’apparaître dans son film consacré à la Commune, et des planches en couleur qui relatent tous les évènements de la vie de l’héroïne. Elle a une très jolie maîtrise des couleurs et des décors mais pour moi c’est au niveau des visages que ça se gâte, les traits sont grossiers, comme déformés, je n’ai pas aimé du tout.



Vous l’aurez compris, même si je n’ai pas aimé les dessins de Laëtitia Rouxel, je ne peux que vous encourager à découvrir cette féministe totalement oubliée que fut Nathalie Lemel, à travers Des graines sous la neige !
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
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L'homme semence (BD)

Il s'agit de la mise sous forme graphique de la nouvelle "L'homme semence" de Violette Ailhaud, paru aux Editions Parole. D'un côté, dessiné par Lætitia Rouxel, c'est le récit de la nouvelle mis en image et de l'autre côté, en retournant le livre, on a, dessinée par Mandragore, l'histoire ce livre étonnant transmis à l'éditeur de façon étrange par une descendante de l'auteur de la nouvelle. Superbe !
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L'homme semence (BD)

Mandragore et Laëtitia Rouxel ont adapté ce court récit d’une quarantaine de pages en une bande dessinée à deux faces. Plutôt que la traditionnelle division scénariste/dessinateur, plutôt qu’appauvrir la BD en confiant le travail à une seule artiste alors que deux désirent se pencher sur le sujet, cette coédition L’Œuf et Parole présente une double vision de L’homme semence. Une BD à la fois « d’après » et « autour » de la nouvelle. Une nouvelle interprétation du texte de Violette après que le théâtre, la danse ou le conte s’en soit emparé.



Laëtitia Rouxel adapte le récit. Ses dessins sont fins ; tantôt colorisés, tantôt simples traits de couleurs (rouges, bleus, jaunes…), ils se font noirs pour la vieille Violette écrivaine de l’introduction et de la conclusion.

Bien qu’elle adapte en quelques images des passages choisis du texte, Mandragore se concentre davantage sur le contexte historique de l’époque et la création de la BD. De ses craies grasses, elle raconte la découverte du texte par les « producteurs de livres », comme ils se nomment, des éditions Parole et surtout le voyage en Provence à la recherche du village du Poil et du hameau du Saule-Mort, sur les traces de ces hommes disparus, à la rencontre fantasmée de Violette.



Un récit à l’écriture parfois franche, parfois poétique et imagée qui parle à la fois des femmes et des hommes, de l’amour et de la solitude, du désir et des souffrances de la guerre, quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu. Un récit poignant sans tomber dans le mélodramatique, dans le romantisme, une envie crue et viscérale de vivre, de sentir, d’aimer !

Et en regard, une passionnante adaptation qui complète et élargit le regard et la compréhension du lecteur.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Pépille : Pour une sylvilisation de l'abondance

Juillet 2019. Deux amies, Lynn et Lilith partent randonner en Bretagne, sac au dos, pour vivre au plus près de la nature. Elles arrivent "Ker Popeye", un petit havre de paix écolo minimaliste, où le maître des lieux, un homme d'un certain âge à la barbe rousse, digne du père Noël, les accueille avec sourire et simplicité.



Lilith va s'intéresser à la création d'un jardin-forêt. La sylviculture devient son cheval de bataille. Le livre devient alors presque un mode d'emploi enjoué pour débutants. Je défie toute personne avec un jardin de ne pas avoir envie, après la lecture de livre, de se lancer dans l'aventure !



Il se dégage de cette histoire fortement autobiographique une tendre et joyeuse simplicité et joie de vivre, renforcée par des dessins colorés, des discours revigorants (sans être trop militants) d'un retour aux sources proche du vivant, et un enthousiasme communicatif.



Pas de dramatisation ou d'éco-anxiété, mais la proposition d'une solution qui n'oublie pas de raconter une jolie histoire d'amour et d'amitié.



"On croit que tout est fini, mais alors il y a toujours un rouge-gorge qui se met à chanter".



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SuperTom

Le projet de cette BD est vraiment louable. En 2016, Jonah Rolland a 15 ans et un des ses amis est touché par le cancer. Il imagine alors le scénario d'une BD sur le thème des super-héros et de la maladie. Évidemment à 15 ans, c'est compliqué de rendre concret un tel projet qui se transforme en l'enregistrement d'un slam : Rêve Solidaire.



Le projet de BD ne quitte pour autant pas son esprit. En 2020, il profite du confinement pour peaufiner son scénario. Il cherche ensuite des fonds et une dessinatrice et la BD Super Tom voit le jour fin 2022.



Cette BD est vraiment destinée aux enfants malades pour les aider à s'échapper de l'hôpital et à se voir en super-héros capables de vaincre crabe.



Les dessins sont doux, réalisés aux crayons de couleurs, comme un enfant pourrait le faire. Mais le contenu n'est pas simple à suivre. Alors bien-sûr je ne fais pas partie du public cible, peut-être que des enfants avec leur imaginaire fertile arriveront mieux que moi à sauter du coq à l'âne ! Ce que je retiens, c'est la solidarité autour de Tom : ses parents, ses amis et les autres enfants hospitalisés. Et comment lui aussi cherche à aider ses camarades dans leur combat contre la maladie.



Merci Babelio pour cette opération Masse Critique.
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SuperTom

Difficile de critiquer cette petite BD. Bien sûr, le sujet est sensible... mais je n'ai pas tout compris dans le scénario. De nombreuses planches sont uniquement composées de dessins, on passe des cauchemars de Tom, enfant atteint d'un cancer, à ses rêves partagés avec des super héros, à ses séjours à l'hôpital, en découvrant également des moments avec ses amis ou sa famille. Il n'y a pas beaucoup de contenu. Mais si l'ouvrage peut toucher et aider des enfants malades, c'est l'essentiel.
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Des graines sous la neige

Des graines sous la neige raconte la vie de Nathalie Lemel, militante pour les droits des travailleurs et des femmes. Elle a notamment pris part à la Commune de Paris et à été exilée de force à Nouméa en représailles.



Je n’avais jamais entendu parler de cette femme d’origine bretonne et j’ai pris plaisir à découvrir sa vie et son destin.



Concernant l’aspect graphique on alterne entre les pages en couleurs correspondant à la période de la commune ; et les pages en noir et blanc qui se déroulent en 1914, moment ou N.Lemel raconte ses souvenirs.
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L'homme semence (BD)



Un beau récit sur ces femmes qui voit leurs "hommes" (mari, père, frère) partir à la guerre et ne plus revenir....que vont-elles devenir. L'histoire se passe dans un tout petit village des Alpes -haute Provence et ces femmes se demandent même si un jour un homme reviendra, et s'il revient ? Une belle histoire d'amour (s) une très belle découverte!



De très beaux dessins aussi!
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Pépille : Pour une sylvilisation de l'abondance

Fable colorée sur l’écologie, "Pépille" a le double mérite d’offrir un bol d’air revigorant au lecteur sans négliger pour autant le scénario.
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Pépille : Pour une sylvilisation de l'abondance

L’ambition dictée par l’urgence climatique et l’énergie employée par l’autrice sont à souligner. Cependant, entre la sociologie, l’écologie, l’économie et le féminisme, "Pépille" brasse trop de sujets sans jamais en faire vraiment le tour.
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