- C’est les cerfs qui vont se régaler !
- Eh non, gros malin... Dans le livre il est écrit qu’ils ne mangent pas les tulipes.
- Ah bon ? Eh bien, j’espère qu’ils ont lu le même bouquin que toi.
C'est comme si nous n'étions qu'un paquet de besoins qui épuisent le monde.
Je sentais quelque chose d'autre...
partout autour...
une chose que je n'avais encore jamais remarquée...
une force douce et paisible qui m'enveloppait toute entière.
C'était comme si la forêt m'enlaçait telle une mère avec son enfant. Je me laissais aller...
sans résistance, aucune, et le coeur infiniment calme.
-Comment peut-on amasser autant de choses inutiles ?
-C'est parce qu'on est des capitalistes, soeurette !

- Sans vouloir diaboliser une catégorie de la population, il y a des individus qui ne veulent pas s'adapter aux mutation économiques et sociales de la mondialisation. Qu'ils soient en situation de marginalité, de défaillance technique ou psychologique, voire les deux à la fois, ces individus sans emploi nous coûtent de plus en plus cher. Ils ruinent les efforts de leurs concitoyens et participent en plus, je suis désolé de devoir le dire, au climat d'insécurité qui règne dans ce pays.
- Ne serait-il pas plus juste de dire que c'est plutôt le système qui exclus ces individus ? Ce n'est pas pareil monsieur le ministre. Et, à mon sens, la répression que vous appliquez ne fait que renforcer cette exclusion. Toute la population s'agglutine dans nos mégalopoles où sont produites l'essentiel de nos richesses, mais ils sont de plus en plus nombreux à ne pouvoir s'arracher que les miettes qui restent. Devons-nous considérer qu'i n'y en a pas assez pour tout le monde ?
- Mais enfin, madame, sous savons fort bien qu'il y a toujours assez de richesses pour ceux qui veulent bien se donner les moyens d'en produire. Le véritable problème, c'est que certains individus n'en produisent pas, alors que devons-nous faire ? Devons-nous les laisser végéter dans leur indigence ? Non, bien sûr, ce ne serait pas juste. Ils doivent aussi participer à l'économie du pays. C'est pour cela que nous avons créé ces postes de travaux forcés d'intérêt général non rémunérés, qui permettent de les insérer dans notre société. Ces mesures on non seulement le mérite de dynamiser l'activité de nos entreprises partenaires, mais elles vont aussi contribuer à diminuer les impôts de nos contribuables, et le pouvoir d'achat s'en retrouvera d'autant renforcé. L'assistanat est un cancer qui ronge nos sociétés de l'intérieur. Il est de notre devoir de l'éradiquer. tel est le prix du retour à la croissance...
C’est ainsi qu’Eva s’est mise à danser au rythme implacable du métronome. Elle a appris à convoquer sa propre musique. C’était comme si sa nature sauvage luttait pour sortir.
Je me surprends même parfois à entendre la musique sur laquelle elle danse.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Ben, ça ne te fait rien de voir tous ces gens défiler devant toi à longueur de journée, en sachant que la plupart d'entre eux seront condamnés sans que tu puisses rien y faire ? C'est vrai, c'est absurde, on n'a presque jamais rien à leur proposer. "Gestionnaire de cas", tu parles ! On gère que dalle, ouais ! Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre que leur temps de non-activité autorisée soit dépassé pour les basculer au service disciplinaire.
- Ouais, et alors ? Il y a ceux qui s'en sortent et puis les autres. C'est la vie, mec ! Qu'est-ce que tu veux ?
- J'espérais pouvoir me sentir un peu plus utile...
- Mais on est utiles ! Les cas ont besoin qu'on leur botte le cul pour aller bosser. Et c'est exactement ce qu'on fait, mec !
Il n'y a plus aucun endroit où nous nous sentions en sécurité.
- Un jour,on en aura vraiment besoin !
- Un jour, il sera peut-être trop tard !
- Comment peut-on amasser autant de choses inutiles ? C'est fou !
- C'est parce qu'on est des capitalistes, sœurette !