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Critiques de Laura Alcoba (145)
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Le Bleu des Abeilles

A la fin des années 70, le père de Laura est en prison en Argentine et celle-ci doit rejoindre sa mère déjà exilée en France pour fuir la dictature militaire. Pour Laura, c'est la découverte et l'apprentissage d'un pays, d'une langue et d'une culture qui doit se faire rapidement pour ne plus se sentir différente aux yeux des autres.

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Le Bleu des Abeilles

Chez moi, à Charleville-Mézières, le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes vient tous les deux ans combler l'âme et le cœur du grand enfant que je suis resté.

C'est souvent l'occasion de voir le travail d'adaptation de compagnies venues du monde entier, et par là même d'attirer mon regard sur des ouvrages que je n'aurais sinon pas eu l'occasion de découvrir.

Ainsi en est-il de ce "Bleu des Abeilles" de l'écrivaine argentine Laura Alcoba. Le Théâtre du Shabano en a tiré un très beau spectacle, jouant beaucoup sur ombres et lumières. Au point de m'avoir donné l'envie de lire l'ouvrage. J'y ai retrouvé certains des accents du spectacle, la tendresse de la narratrice, son regard d'enfant sur un monde d'adultes qui parfois la dépasse.

Arrivée jeune en France pour rejoindre sa mère, alors que son père est enfermé dans les geôles de la dictature, elle doit tout à la fois faire l'apprentissage d'une langue et de l'intégration, alors que sa réalité de banlieusarde est parfois bien éloignée de ses rêves, maintenir un lien épistolaire parfois douloureux avec son père, et grandir, simplement.

L'autrice elle-même, en fin d'ouvrage, reconnait que son propos est le fruit de quelques souvenirs, confus, incomplets. C'est peut-être la petite faiblesse du livre - et son charme : cette accumulation de pastilles qu'on a parfois du mal à relier entre elles. Et c'est aussi toute la force de l'adaptation que j'ai eu la chance de voir, qui redonne tout son sens à des éléments parfois épars.
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Le Bleu des Abeilles

En 1979, une fillette prépare son exil d'Argentine, où son père est emprisonné. Sa mère l'attend en France, où elle s'est réfugiée trois ans plus tôt pour fuir la dictature qu'elle a combattue.



Dans ce récit, la jeune narratrice expose sa découverte d'un pays connu jusqu'alors par ouï-dire, ses difficultés et ses espoirs. L'apprentissage et la pratique de la langue française sont une préoccupation majeure pour elle.

Le lecteur a un aperçu des conditions de détention en Argentine, grâce aux échanges épistolaires qu'elle entretient avec son père.



J'ai beaucoup apprécié la justesse du propos, émouvant sans être misérabiliste ni larmoyant, et empreint de la juste dose de naïveté pour rendre le récit très crédible (seul le terme roman laisse penser qu'il ne s'agit pas d'un récit strictement autobiographique). Le style est en outre agréable.
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Le Bleu des Abeilles

Après "Manèges", où elle nous contait son enfance, l'errance d'une fille de Monteneros sous le règne des "colonels" (Argentine, 1976-1983), nous voici en France, où la narratrice va enfin pouvoir retrouver sa mère, mais devra se plonger brutalement dans une autre culture. Ce terrible accent, qui ressurgit sans cesse malgré sa parfaite connaissance de la langue française, la marque au fer rouge (ou du moins le croit-elle), pendant cette période critique de la fin de l'enfance, où l'on cherche paradoxalement à se forger une identité tout en craignant le regard des autres. Dans ce récit à la première personne du singulier, Laura Alcoba décortique ce qui fait que l'on se sent ou non étranger, y compris dans son propre pays comme la fillette de "Manèges". On découvre aussi comment Raymond Queneau a réussi à susciter des vocations d'écrivain, et comment tout commence, toujours, à la bibliothèque…
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Le Bleu des Abeilles

Récit à la première personne au présent, celui de la petite Laura, à son arrivée en France après avoir quitté l’Argentine et son père, en prison à la Plata, pour rejoindre sa mère.

Très court récit, plein de poésie et de fraicheur, né « de souvenirs persistants bien que confus », nous dit l’auteur à la fin et c’est bien l’impression que m’a laissée ce petit livre, composé de courts chapitres, comme des instantanés, mais sans réel fil narratif. Et c’est ce qui m’a gênée. C’est somme toute une histoire très personnelle dans laquelle j’ai eu du mal à rentrer et qui ne m’a pas touchée comme je m’y attendais au vu du résumé en 4e de couverture.

Certes Laura Alcoba évoque l’intégration en France d’une petite étrangère par le biais d’abord de la langue, premier levier pour elle, et première fierté. Un passage sur les « e » muets de la langue française, « une voyelle qui est là mais qui se tait », par opposition à la langue espagnole, « voilà quelque chose que les voyelles, en espagnol, ne peuvent pas faire. ».

Certes elle nous transmet bien son amour de la langue française.

On trouve aussi de beaux passages lorsqu’elle évoque sa relation épistolaire avec son père, par le biais de leurs lectures en commun sur « le bleu des abeilles ». Ils lisent les mêmes livres en même temps, notamment « La vie des abeilles » et dissertent ainsi sur la couleur bleue préférée des abeilles.

Bref, une très belle plume qu’elle manie avec aisance et poésie mais récit qui m’a cependant laissée sur ma faim. Il y manque de la profondeur, de l’épaisseur.

Tout est raconté sous le prisme du regard d’une enfant. Dans certains passages, on a vraiment l’impression que c’est l’enfant qui s’exprime car tout est raconté avec beaucoup de naïveté et d’innocence et dans d’autres, notamment ceux sur la langue française, c’est clairement l’adulte qui parle, et cela donne un ensemble assez déséquilibré dans le style.

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Le Bleu des Abeilles

Cette histoire, d’inspiration autobiographique, est celle de l’adaptation d’une enfant de dix ans en France. Exilée politique avec sa mère, un père resté en prison là-bas, elle essaie d’apprivoiser tant bien que mal ce nouveau pays. C’est surtout la langue qui est un frein, avec toutes les subtilités de la langue française : honteuse de son accent, elle écoute sans jamais parler, elle rêve de s’immerger totalement dans cette nouvelle culture mais peine à y arriver.

C’est un récit doux, gentil et sans heurts. Même si le Blanc-Mesnil ne ressemble pas à son rêve, elle y a son petit cocon douillet et protecteur : la présence de sa mère, les correspondances régulières avec son père emprisonné en Argentine, des amies à l’école, des vacances de ski grâce à des familles généreuses etc.

Chaque exil est différent mais ici, il est vu sur un angle positif, presque trop idyllique à mon goût. Bref, malgré un sujet intéressant à traiter, il n’y a pas l’envergure ni la profondeur des romans d’Alice Zeniter comme dans L’art de perdre ou de Maryam Madjidi dans Marx et la poupée.

Le style d’écriture est léger, agréable et fluide. Le livre est court et se lit vite mais ne laisse pas un souvenir impérissable.
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Le Bleu des Abeilles

J'avais très envie de lire ce récit depuis plusieurs mois, les premières pages m'avaient emballé. La narratrice raconte ses premiers mois en France en tant que migrant, les premières déceptions, les premiers mensonges. Les courriers à son père emprisonné qui l'incite à apprendre le français du mieux possible.

C'est un beau récit d'apprentissage qui nous amène à réfléchir sur notre condition, notre rapport à la langue.

Une lecture plutôt facile, et qui parlera a tous.
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Le Bleu des Abeilles

D'après ses souvenirs l'auteur raconte sa découverte de la France et de la langue française. Elle commence à prendre des cours de français à La Plata, en Argentine en attendant de rejoindre sa mère déjà installer à Paris. Son père quant à lui est en prison. C'est l'époque de la dictature, ses parents s'y sont opposés. En attendant donc son départ Laura vit chez ses grands-parents et s'entraîne à parler cette langue qu'elle a beaucoup de mal à prononcer.



Quand elle finit par partir, elle est bien déçue de ne pas se retrouver exactement à Paris mais plutôt au Blanc-Mesnil dans la banlieue. Elle y découvre les saisons à l'envers, la décoration à la mode, l'école et se fait quelques amis. Elle correspond avec son père par de longues lettres.



Je garde sur cette lecture un avis mitigé. Même si j'entends que l'auteur a voulu donné au roman l'esprit d'une enfant de 11 ans, j'ai trouvé l'écriture parfois ennuyeuse à tourner en rond.



Par contre ses impressions sur son exil mais aussi sur son apprentissage de la langue française ne sont pas inintéressantes. Sur l'exil j'y ai trouvé de la pudeur et bien sur une certaine innocence justifiée par son âge. On y ressent toutefois un certain désarrois face aux autres mais aussi une envie très forte de s'intégrer dans sa nouvelle vie. Depuis ses efforts à prononcer des e muets, des u, puis dissimuler son accent jusqu'à réussir à parler français sans y réfléchir, illustrer par des scènes où elle se trouve plonger dans la culture française.



Un roman sans grande prétention mais qui n'est pas inintéressant sur le sujet de l'exil.
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Le Bleu des Abeilles

En tant que quelqu’un apprenant la langue française juste comme la petite narratrice de ce roman, il était extrêmement facile de m’y plonger. Tous ses efforts m’apparaissaient absolument crédibles – car j’ai eu les mêmes difficultés qu’elle. Malgré tous les obstacles d’une vie dans un pays tellement différent du sien, son ton reste brillamment léger. Ses craintes sont relativement cachées, subtiles.

C’est une fille qui est particulièrement sensible aux subtilités de la langue française et elle reconnait savamment, à quel point la maitrise de cette langue est nécessaire pour être intégré dans son école, dans son quartier.

Elle raconte son histoire avec un ton tellement joyeux et pas de tout terne, qu’il est relativement facile d’oublier les circonstances d’où elle vient, comme la séparation de ses parents à cause de l’emprisonnement de son père.

Et je pouvais reconnaitre le soulagement d’avoir sa première pensée dans une langue étrangère. Quelle joie.

Après avoir vu un entretien avec l’autrice, je sais qu’elle est arrivée là où elle rêvait comme enfant : être accepté comme écrivaine française. Ça m’a donné beaucoup de plaisir.
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Le Bleu des Abeilles

Le bleu est décidément en vogue. Après Julie Maroh et son « bleu est une couleur chaude », c’est au tour du « bleu des abeilles » de venir nous émouvoir avec finesse et poésie.

1979, la jeune narratrice quitte La Plata et son père emprisonné dans les geôles argentines pour rejoindre sa mère réfugiée en France. Alors qu’elle découvre un pays fantasmé, c’est l’amour des mots et de la langue française qui émerveille la jeune fille. Tandis qu’elle entretient une correspondance épistolaire avec son père, elle découvre les joies de la démocratie, même si l’exil lui pèse énormément.

Un roman qui vous prend par la main et vous enveloppe dans sa bulle avec une délicatesse et une justesse très touchante. Laura Alcoba (car on imagine bien sur que ce sont en grande partie ses propres souvenirs) nous montre son amour des mots, des syllabes, des sons avec une innocence jamais naïve. Un roman bourré de charme dont le seul défaut est d’être trop court. Bien à vous et merci Laura.

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Le Bleu des Abeilles

À dix ans, la narratrice quitte l’Argentine de Videla pour rejoindre sa mère réfugiée en France tandis que son père est emprisonné à La Plata. Elle est enthousiasmée par la découverte d’une nouvelle langue, de nouvelles rencontres. Mais son esprit est bien sûr marqué par son père, emprisonné et loin d’elle.

Laura Alcoba, marquée par des images de sa jeunesse, décide de raconter ses premières années et son départ de l’Argentine pour la France. Le ton est celui d’un adulte plein de tendresse pour son passé et l’être qu’il fut. La sincérité de la narration touche et permet d’enchaîner très facilement tous les souvenirs de cette jeune immigrée. Au milieu de ce récit, on comprend tout de suite l’intérêt des images qui ont justifié ce roman. Il y a les idées simples et drôles (la journée du rab’ à la cantine, la relation entre les enfants…) et celles plus troublantes. Par exemple, l’importance des lettres et le chagrin provoqué par l’éloignement du père donnent des passages magnifiques. Tout l’amour de l’autrice pour les langues et notamment le français (sa révélation lors du première rêve en français) imprègne toute la lecture. Ce roman est léger mais loin d’être quelconque.
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Le Bleu des Abeilles

Laura Alcoba est une romancière française, originaire d’Argentine et née en 1968.



Le bleu des abeilles est son quatrième roman et il est largement autobiographique puisqu’elle raconte son départ pour la France à l’âge de 10 ans.



Le roman débute durant ses huit ans, à la Plata. La petite fille apprend alors qu’elle va rejoindre sa mère à Paris. Mais, au préalable, elle doit apprendre le français. Très vite on apprend que son père est emprisonné et qu’elle est élevée par ses grands-parents.



En janvier 1979, elle retrouve enfin sa mère au Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis. Ce n’est pas tout à fait Paris et ses voisins et camarades d’école sont souvent comme elle, pas tout à fait Français.



Aussi elle fera beaucoup d’efforts pour perdre son accent, améliorer sa prononciation. Sa mère, à l’origine de cette « obsession » appelle cela l’immersion.



On suit alors les semaines, les mois, ces premières années qui ont forgé l’individu. Entre ses journées d’école, ses amitiés parfois en querelles ou en non-dits, sa bataille contre une bibliothécaire, des vacances au ski, et sa correspondance hebdomadaire avec son père, Laura Alcoba dresse un portrait tendre de sa jeunesse où finalement la violence émergente semble être celle qu’elle s’est imposée à elle-même, pour ne pas être différente.



La peur de perdre définitivement son père n’est pas évoquée. Question de pudeur ou insouciance de l’enfance ? Peu importe, la mort en Argentine, les disparitions sont évoqués via une visite au Blanc-Mesnil d’expatriés, amis politiques de ses parents.



Ce roman est donc une suite de chroniques d’une enfance meurtrie par la dictature, et forgée par des efforts personnels pour s’intégrer, pour trouver une « normalité » protectrice, loin des combats politiques.



L’écriture, les dialogues de Laura Alcoba respire la tendresse et la naïveté de l’enfance. Seules les nombreuses descriptions de ses exercices linguistiques pour perdre son accent trahissent la maître de conférences en littérature espagnole qu’elle est devenue.



Au final ce petit roman se lit très facilement et il devrait plaire à un large public.





Olivier (Le Vésinet)
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Le Bleu des Abeilles

Un livre court , autobiographique, agréable à lire et sans prétention

Laura Alcoba raconte son arrivée en France en 1979 alors que son père est prisonnier politique en Argentine.

Elle lui écrit régulièrement avec , en toile de fond , la censure de la prison

Pourquoi les abeilles préfèrent la couleur bleue?

Il y a , à ce sujet , un très bel échange poétique entre Laura Alcoba et son père.Pour moi , le meilleur passage du livre

Laura Alcoba, aujourd’hui parfaitement intégrée dans la culture française, nous raconte ses débuts difficiles avec notre langue

La première fois où elle pense en français et la première phrase spontanée adressée à sa mère en français

Tout cela fait un joli petit livre comme le reconnaît avec simplicité Laura Alcoba
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Le Bleu des Abeilles



Laura a dix ans lorsqu’elle quitte l’Argentine où son père a été emprisonné. Nous sommes en 1979 sous la dictature argentine. Sa mère est partie en France en 1976 et Laura devait la rejoindre quelques mois plus tard mais cela n’a pas été si simple.

Elle réside à La Plata où elle apprend le français avec un professeur, Noémie. Elle promet à son père de lui écrire toutes les semaines, en espagnol, sans parler de politique ou de choses compromettantes. Ils vont donc parler de livre. Son père lui parle du livre qu’il est en train de lire et elle se le procure en français. Le premier sera « la vie des abeilles » de Maeterlink dans lequel l’auteur essaie de prouver que leur couleur préférée est le bleu. Laura et son père vont donc disserter sur ce thème.

Arrivée en France, elle découvre que les saisons sont inversées par rapport à l’Argentine et fait la connaissance d’Amalia l’amie de sa mère. La première semaine, elle suit sa mère qui accompagne des enfants handicapés mentaux ou moteurs de leur domicile à leur centre de soins, un univers qu’elle ne connaît pas : elle communique avec eux par le regard car ils ne parlent pas.

Ensuite, elle est admise à l’école et découvre les autres enfants pas toujours gentils, parfois même cruels avec les émigrés, heureusement trois autres enfants espagnol et portugais vont se liés d’amitié avec elle.

On assiste à ses progrès en français, à la façon dont elle doit expliquer les différences des saisons entre les deux hémisphères, mais aussi qu’elle vient de très loin, qu’elle a pris l’avion pour venir.

Elle croyait que sa mère habitait Paris mais en fait c’est à Blanc-Mesnil, donc pas de tour Eiffel mais les immeubles des banlieues.

On la suit donc dans ses progrès en français mais aussi dans sa vie de tous les jours et ses expériences que je vous laisse découvrir.



Ce que j’en pense :



Laura Alcoba nous raconte sa propre histoire, à la première personne, et on a vraiment l’impression que c’est l’enfant de dix ans qui s’exprime. Elle nous raconte la douleur de quitter son père, prisonnier de la dictature, la difficulté de parler en français car elle doit traduire dans sa tête avant, ses difficultés avec les moqueries des autres enfants.

Elle raconte très bien l’exil, la difficulté d’être émigrée, tous les efforts qu’elle fait pour s’intégrer à tout prix, elle veut parler la langue couramment aussi bien sinon mieux que les autres, elle doit tout faire pour ne pas être différente et attirer l’attention sur elle.

Le seul lien avec son père est l’écriture qui lui permet de s’exprimer en espagnol sur des livres qu’elle lit en français. L’épisode avec la bibliothécaire ne manque pas de sel et montre sa détermination : elle choisit un livre d’après son titre « les fleurs bleues », et elle s’obstine à le lire jusqu’au bout pour prouver qu’elle avait eu raison de le choisir à la place du « petit Nicolas » qui lui était conseillé.

Un autre moment extraordinaire est sa découverte des vacances à la neige dans une famille qui fait découvrir le ski aux enfants d’immigrés, et le pacte tacite avec l’autre enfant d’origine étrangère qui vient avec elle : quoi qu’il arrive on ne parlera qu’en français...

Elle me fait penser à ces étrangers qui mettent un point d’honneur à parler le français le mieux possible, parfois mieux que nous français d’origine, avec un vocabulaire très riche.

Elle m’évoque en cela Georges Semprun, alors élève à Louis le grand, d’où sont sortis pas mal érudits, et qui a toujours présent à l’esprit le regard méprisant de la boulangère qui se moque de son accent tous les matins quand il se présente dans sa boutique.

C’est dur d’être un émigré car on ne sait pas toujours où est sa place, dédaigné dans son pays d’origine où il est considéré comme un étranger et dans son pays d’accueil qui le traite aussi en étranger. Donc où se trouve l’identité ? Passe-t-elle par la maitrise parfaite de la langue ? A-t-on besoin de parler parfaitement une langue pour être intégré ? Est-ce qu’on doit abandonner sa culture d’origine pour s’intégrer?

L’amour pour le pays d’accueil ne passe pas forcément par l’excellence, ou la nécessité de se glisser dans un moule car l’enrichissement tient au mélange des cultures et non à l’exclusion de l’une au profit de l’autre.



Joli parcours Laura, et belle histoire qui donne envie d’aller voir vos précédents livres.


Lien : http://eveyeshe.canalblog.com
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Le Bleu des Abeilles

Dans « Le bleu des abeilles », Laura Alcoba évoque l’exil, un drame ô combien d’actualité.

La narratrice a une dizaine d’années lorsqu’ elle quitte l’Argentine pour rejoindre sa mère réfugiée en France.

Une fois la déception passé de ne pas vivre dans le Paris dont elle avait rêvé mais dans une ville de banlieu, la fillette doit affronter la réalité très dure : le déracinement bien sûr mais surtout « l’encrage » dans un nouveau pays dont on ignore tout.

Chaque chapitre correspond à un souvenir marquant : les premiers amis, les vacances au ski, ou l’horrible tapisserie de l’appartement.



L’écriture de Laure Alcoba allie très bien l’émotion, la douceur, le drame pour créer un roman riche de malheurs et de joies, empli de vie.

C’est un très beau texte, témoin de notre époque. 

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Le Bleu des Abeilles

Le livre commence avec le départ de la toute jeune narratrice (âgée d'une dizaine d'années) vers Paris. Depuis quelques temps on l'avait préparé au français en lui inculquant des cours au pays. Son père est emprisonné tandis que sa mère a emménagé dans un appartement, avec une autre expatriée, au Blanc-Mesnil. C'est là que l'attend une nouvelle vie bien loin de son Argentine natale.



Quand elle arrive en région parisienne c'est la grande surprise car la petite fille s'était préparée à vivre et à parler de Paris. Mais la cité de la Voie-Verte, au Blanc-Mesnil, et loin de la carte-postale qu'elle se figurait. Dans le quartier c'est plutôt un melting-pot de populations avec des Espagnols, des Portugais et tous ces expatriés aux peu de moyens. L'appartement est petit, vide de meubles et le quotidien est difficile.



Ce qui m'a fait sourire dans ce témoignage c'est que l'auteur évoque la langue française avec une sorte de fascination mystique. Elle se prend d'amour pour les sonorités et récite les mots compliqués et les "u" qui lui résistent, devant son miroir. Peu à peu elle se met à avoir honte de son accent et conserve une discipline de fer pour se faire accepter et ne pas paraître "étrangère". Lorsqu'elle apprenait avec sa professeur de français d'Argentine, toutes les leçons étaient d'ailleurs assez archétypales. C'est ainsi qu'en arrivant en France le choc de la réalité a été rude.



J'ai beaucoup aimé ce court texte qui, à travers le découpage en épisodes distincts, relate la vie d'une famille dans un pays étranger avec la difficile épreuve de l'intégration. Mais il y a aussi dans le récit l'évocation de la correspondance de la fille avec son père, resté emprisonné en Argentine, qui reflète leurs lectures et c'est à travers elles que s'esquisse le titre (librement inspiré de Maeterlinck) ainsi qu'une incroyable discussion sur la couleur bleue.
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Le Bleu des Abeilles

L'Amérique Latine et l'exil sont frères siamois depuis l'apparition des républiques indépendantes de ce sous-continent : l'exil est donc au cœur de sa littérature. Et la liste des écrivains contraints pour motif culturel ou politique de quitter leur pays s'est allongée au 20ème siècle avec la multiplication des régimes autoritaires.

Laura Alcoba propose, au-delà d'une lecture émotionnelle de cette délicate autofiction d'une enfance déracinée d'Argentine et réenracinée en France, une alternative littéraire au sentiment d'étrangeté et une convocation par le langage et la littérature d'une mémoire autofictionnelle douloureuse.

Dans une écriture séduisante et une narration à la première personne dans sa langue d'adoption, le français, Le bleu des abeilles, comme toute autofiction, brouille ce qui sépare le réel du fictif, permettant à l'auteur de diluer une expérience de vie dans une expérience littéraire.

Laissant derrière elle son Argentine natale et un père militant emprisonné, une enfant de dix ans émigre en France pour vivre avec sa mère en banlieue parisienne; expérimentant le déracinement puis la construction d'une nouvelle identité linguistique et culturelle qui tient compte de la restitution de son passé.



Dans une relation épistolaire régulière en espagnol avec le père prisonnier en Argentine, c'est en évoquant la littérature qu'ils jettent ensemble un pont qui les relie temporairement et adoucit l'apprentissage d'un nouveau territoire. Le titre choisi pour ce récit, Le bleu des abeilles, fait appel à une recommandation de lecture que le père confie à sa fille et donne tout son sens à cet ouvrage : il lui faut lire "La Vie des abeilles" de Maurice Maeterlinck. Cette œuvre à la fois littéraire et scientifique et à l'écriture symboliste, propose d'aborder le savoir selon le principe philosophique du "donner à connaître" ce qui relève également du rôle de la littérature. Cette conception unifiée de l'accès à la science par la littérature de Maeterlinck repose sur une vision philosophique de l’univers comme un monisme où tout est en lien et s'unit "en une prodigieuse noce". Accéder au savoir, tout comme accéder à l'expérience identitaire par le langage, c'est accéder à la beauté du monde que seule la forme littéraire peut révéler.
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Le Bleu des Abeilles

Un roman très court mais intense, il s'agit d'une autobiographie de l'auteure à l'âge de 11 ans lorsqu'elle quitte l'Argentine pour rejoindre sa mère, réfugiée en France car opposante à la dictature.



On retrouve les peurs et les doutes d'une petite fille qui découvre une langue et un pays, l'école, la lecture, les amis... Mais tout ça de l'autre côté de l'Atlantique.



Beaucoup apprécié!
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Le Bleu des Abeilles

À huit ans, la narratrice apprend le français en Argentine, pour rejoindre sa mère en France. Son père est en prison, elle va le voir tous les quinze jours. Sa famille lui a assuré qu’elle partirait vite, d’ici quelques mois à peine, à Paris. Mais elle ne s’en ira que deux ans plus tard, au Blanc-Mesnil…



Encouragée par Noémie, sa professeure de français, l’enfant fait l’apprentissage d’une langue nouvelle, aux signes étranges. Elle découvre le mystérieux « c cédille », l’accent grave ou encore le « e » muet. Quel changement avec sa langue maternelle ! Un véritable coup de foudre. « J’ai aimé mon premier e muet comme tous ceux qui ont suivi. Mais c’est plus que ça, en vérité. Je crois que, tous autant qu’ils sont, je les admire. Parfois, il me semble que les e m’émeuvent, au fond. Être à la fois indispensables et silencieuses : voilà quelque chose que les voyelles, en espagnol, ne peuvent pas faire, quelque chose qui leur échappera toujours. » À son arrivée en France, elle tente de masquer son accent. Rien ne la fait plus rougir qu’un interlocuteur qui la fait répéter une phrase. Elle déteste qu’on ne la croit pas capable, comme en témoigne son obstination à vouloir lire un livre jugé trop difficile par une bibliothécaire revêche. Si ses copains Luis, Inès et Ana sont portugais ou espagnols, quelle n’est pas sa fierté de se lier d’amitié avec Astrid, une petite française, « pure souche » !



Le bleu des abeilles parle avec amour de la langue française. De cette culture qui est la nôtre, des codes qu’on inculque aux étrangers. Des chiens qui s’appellent Médor dans les livres pour enfants, mais Sultan en vrai. Des chansons comme Au clair de la Lune ou Frère Jacques. Un répertoire essentiel à la future intégration de la petite argentine. Car c’est de cet enjeu-là qu’il s’agit, qui traverse tout le roman comme un défi. S’intégrer, voire même s’assimiler. Avec l’humour des adultes, l’espièglerie des petits. Texte sur l’exil, à travers l’histoire des parents qui ont combattu contre la dictature militaire, la petite histoire rejoint la grande avec pudeur et délicatesse. Comme dans ce passage où le nom des camarades disparus est égrainé, pour ne pas oublier, lors des retrouvailles avec les amis réfugiés. Ou encore les pays d’accueil des survivants, qui dessinent une géographie de la douleur. Le lien de avec le père, privé de liberté, est magnifié par leur correspondance. Car à son arrivée en France, l’enfant se fait la promesse de lui écrire chaque semaine. Leurs échanges, qui portent surtout sur les livres qu’ils lisent, en même temps, chacun de leur côté, les aident à supporter la séparation.



J’ai vraiment apprécié de lire un livre « doux » sur l’exil. On est à hauteur de gosse, renouant ainsi avec l’enfance, ses interrogations, ses observations si justes et sensibles. La douceur n’empêche pas l’émotion, ni la complexité. Laura Alcoba le démontre en offrant au lecteur un roman sur l’identité bourré de charme, à l’image de cette petite fille attachante, qui a découvert dans l’amour d’une langue la possibilité de s’accomplir.
Lien : http://manouselivre.com
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Le Bleu des Abeilles

Le récit tout en toucher et en subtilité de l'émigration forcée en France de l'enfant d'un prisonnier politique sous la dictature de Videla. C'est beau. J'aimerai lire d'autres oeuvres de Laura Alcoba.
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