AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Laurent Binet (628)


Il est midi, il a fallu près de huit heures aux huit cents SS pour venir à bout de sept hommes.
Commenter  J’apprécie          10
Capitulation et servilité sont les deux mamelles du pétainisme, un art dans lequel le vieux président Hácha, ni plus ni moins gâteux que son homologue français, est décidément passé maître. En témoignage de sa bonne volonté, il décide, au nom de son gouvernement fantoche dont il a la charge, de doubler la récompense offerte pour la capture des assassins. Les têtes de Gabčík et Kubiš passent donc à dix millions de couronnes chacune.
Commenter  J’apprécie          10
Alors comme ça, les Tchèques n'aiment pas Heydrich ? Eh bien, on va leur trouver pire ! Là, évidemment, un temps de réflexion s'impose, puisque trouver pire qu'Heydrich, c'est difficile.
Commenter  J’apprécie          10
"Nous qui mourrons peut-être un jour, disons l'homme immortel au foyer de l'instant." Je crache sur Saint-John Perse mais je ne crache pas forcément sur sa poésie. C'est ce vers que je choisis maintenant pour rendre hommage à ces combattants bien qu'ils soient au-dessus de tout éloge.
Commenter  J’apprécie          10
A Londres, on s'impatiente. Voilà cinq mois qu'"Anthropoïde" a été parachuté et depuis, quasiment aucune nouvelle. Londres sait pourtant que Gabčík et Kubiš sont encore en vie, et opérationnels. "Libuše", nom de code du seul émetteur clandestin alors en activité, transmet ce genre de renseignements quand il en a. Par son intermédiaire, Londres décide donc d'assigner une nouvelle mission aux deux agents. De tout temps, les employeurs sont obsédés par le rendement de leurs employés. Cette mission n'annule pas la précédente, mais elle se se rajoute à elle. Et de fait, la suspend. Gabčík et Kubiš sont furieux.
Commenter  J’apprécie          10
Saint-John Perse appartient à cette famille d'écrivains-diplomates, tels Claudel ou Giraudoux, qui me dégoûte comme la gale. Dans son cas, cette répugnance instinctive me semble particulièrement justifiée, si l'on considère son comportement pendant septembre 1938.
Alexis Leger (c'est son vrai nom, et léger, il le fut en effet) accompagne Daladier à Munich en tant que secrétaire général du Quai d'Orsay. Pacifiste jusqu'auboutiste, il a œuvré sans relâche pour convaincre le président du Conseil français de céder à toutes les exigences allemandes. Il est présent quand on fait entrer les représentants tchèques afin de les informer de leur sort, douze heures après la signature de l'accord décidé sans eux.
Hitler et Mussolini son déjà partis, Chamberlain bâille ostensiblement et Daladier dissimule mal sa nervosité derrière une hauteur embarrassée. Lorsque les Tchèques anéantis demandent si on attend de leur gouvernement une réponse ou une déclaration quelconque, il est possible que ce soit la honte qui lui ôte la parole (que ne l'a-t-elle étouffé, lui et les autres !). C'est donc son collaborateur qui se charge de répondre, avec une arrogance et une désinvolture que le ministre tchèque des Affaires étrangères, son interlocuteur, a commenté par la suite d'une remarque laconique sur laquelle nous devrions tous méditer : "C'est un Français."
L'accord étant conclu, aucune réponse n'est attendue. En revanche, le gouvernement tchèque doit envoyer son représentant à Berlin aujourd'hui même, à 15 heures au plus tard (il est 3 heures du matin) pour assister à la séance de la commission chargée d'appliquer l'accord. Samedi, un officier tchécoslovaque devra également se rendre à Berlin pour régler les détails de l'évacuation. Le ton du diplomate se durcit au fur et à mesure qu'il profère ses injonctions. En face de lui, l'un des deux représentants tchèques fond en larmes. Impatienté, et comme pour justifier sa brutalité, il ajoute que l'atmosphère commence à devenir dangereuse pour le monde entier. Sans blague !
C'est donc un poète français qui prononce quasi performativement la sentence de mort de la Tchécoslovaquie.
Commenter  J’apprécie          10
Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu'on leur rende hommage. Mais c'est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n'est d'aucune utilité à ceux qu'elle honore, mais elle sert celui qui s'en sert. Avec elle je me construis, et avec elle je me console.
Commenter  J’apprécie          10
Bref, finalement, ils ont sauté.
Commenter  J’apprécie          10
C'est finalement assez peu cher payé pour s'être foutu de la gueule d'Heydrich, son chef, Heydrich, bras droit d'Himmler, numéro deux SS, chef suprême du RSHA, maître du SD et de la Gestapo, Heydrich la bête blonde qui, par sa férocité mais aussi par ses prestations sexuelles, mérite doublement son surnom, ou au contraire ne le mérite guère, doit se dire Naujocks entre deux montées d'angoisse.
Commenter  J’apprécie          10
Troisième hypothèse : Hitler ne sait pas trop lui-même ce qu'il a voulu dire ; il n'a simplement pas résisté à l'envie de placer une citation, et sa mince culture littéraire ne lui a pas permis d'en trouver une plus adéquate. Dans ce cas, il aurait peut-être pu se contenter d'un "Vae victis ! " plus adapté à la situation, simple mais toujours efficace. Ou bien carrément se taire, puisque, comme dit Shakespeare, justement, "le crime, bien que dénué de parole, s'exprime avec une merveilleuse éloquence "...
Commenter  J’apprécie          10
Lorsque était exigée d'eux, exceptionnellement, une certaine modération, les chefs nazis ne craignaient donc pas de contrecarrer les ordres de leur Führer. C'est intéressant si l'on songe que l'obéissance aux ordres, au nom de l'honneur militaire et du serment prêté, fut le seul argument invoqué après guerre pour justifier tous leurs crimes.
Commenter  J’apprécie          10
Et ça ne choque personne, tout le monde trouve ça normal, bidouiller la réalité pour faire mousser un scénario, ou donner une cohérence à la trajectoire d'un personnage dont le parcours réel comportait sans doute trop de cahots hasardeux et pas assez lourdement signifiants. C'est à cause de ces gens-là, qui trichent de toute éternité avec la vérité historique pour vendre leur soupe, qu'un vieux camarade, rompu à tous les genres fictionnels et donc fatalement habitué à ces procédés de falsification tranquille, peut s'étonner innocemment, et me dire : "Ah bon, c'est pas inventé?"
Non, ce n'est pas inventé ! Quel intérêt, d'ailleurs, y aurait-il à "inventer" du nazisme ?
Commenter  J’apprécie          10
« Je crois que je suis coincé dans un putain de roman. » (p. 295)
Commenter  J’apprécie          10
Un homme mérite le nom d'intellectuel quand il se fait la voix des sans-voix.
Commenter  J’apprécie          10
Les Mythologies de Roland étaient de brillantes analyses sémiologiques car la vie quotidienne est soumise à un bombardement continuel de messages qui ne manifestent pas toujours une intentionnalité directe mais qui tendent le plus souvent, en raison de leur finalité idéologique, à se présenter sous une apparente "naturalité" du réel.
Commenter  J’apprécie          10
Approchez, beaux parleurs, fins rhéteurs, orateurs au long souffle !
Commenter  J’apprécie          10
Le texte, dans sa masse, est comparable à un ciel, plat et profond à la fois, lisse, sans bords et sans repères ; tel l'augure y découpant du bout de son bâton un rectangle fictif pour y interroger selon certains principes le vol des oiseaux, le commentateur trace le long du texte des zones de lecture, afin d'y observer la migration des sens, l'affleurement des codes, le passage des citations.
Commenter  J’apprécie          10
Il y a la libido sciendi, la soif de savoir, et avec elle, réactivée, l'orgueilleuse perspective de révolutionner la connaissance humaine et, peut-être, de changer le monde.
Commenter  J’apprécie          10
Débat surréaliste entre Mélenchon et Marine Le Pen qui refuse de répondre à son adversaire et qui lit le journal pendant qu'il parle. Ce non-débat nous vaut quand même la réplique de la campagne :
" Vous m'avez traitée de semi-démente .
_ ça vous laisse quand même une bonne moitié ! "
Commenter  J’apprécie          10
Un pouvoir, quel qu'il soit, a vocation à s'exercer.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laurent Binet Voir plus


{* *}