Citations de Laurent Binet (628)
La Sten, c'est une vraie merde, on peut pas le dire autrement !
Je ne dis pas qu'il ne pense pas ; je n'ai aucun doute sur la qualité des ses névroses obsessionnelles.
"Je n'ai jamais su vivre d'histoires d'amour, je n'ai vécu que des romans."
Simon Herzog, comme le font tous les littéraires du monde quand ils arrivent chez quelqu'un, même s'ils ne sont pas expressément venus pour ça, examine avec curiosité les livres de la bibliothèque (...)
C'est pourquoi, en 1937, il donne des instructions secrètes à la Kripo et à la Gestapo afin que toute condamnation prononcée contre un allemand pour cause de relation avec une Juive entraîne automatiquement l'arrestation de sa partenaire et sa déportation discrète dans un camp de concentration.
Lorsque était exigée d'eux, exceptionnellement, une certaine modération, les chefs nazis ne craignaient donc pas de contrecarrer les ordres de leur Führer. C'est intéressant si l'on songe que l'obéissance aux ordres, au nom de l'honneur militaire et du serment prêté, fut le seul argument invoqué après guerre pour justifier tous leurs crimes.
Tandis qu'il manipule son cube avec une dextérité croissante, il se dit qu'il n'a pas bien compris la différence entre illocutoire et perlocutoire.
Je n'ai jamais utilisé une capote anglaise de ma vie... Pourtant, vous connaissez mon anglophilie... Envelopper ma bite comme un bifteck... Jamais!...
Toute pensée est vivante à condition qu'elle s'échange, elle n'est pas figée ou bien elle est morte.
Même une lettre est inférieure à n'importe quelle conversation : elle est écrite dans un certain contexte, elle est reçue dans un autre. Ailleurs, plus tard, la situation de l'auteur et celle du destinataire ont changé.
Giscard (se remettant à feuilleter l'Express) : " Le shah est mort, les mollahs dansent."
L’Histoire, cette fatalité en marche, ne s’arrête jamais.
Et puis je tombe sur cette phrase de George Sand :"Pauvres laborieux ou infirmes, c'est toujours votre lutte contre ceux qui vous disent encore : "Travaillez beaucoup pour vivre très mal."
Naturellement, la jeunesse tchèque devra alors être prise en charge en un lieu où l'on pourra l'éduquer hors de l'école et l'arracher à cette atmosphère subversive. Je ne vois pas de meilleur endroit pour cela qu'un terrain de sport. Avec l'éducation physique et le sport, nous assurerons tout à la fois un développement, une rééducation et une éducation.
Tout un programme : cette fois, c'est le cas de le dire !
p.276
S'appuyer sur une histoire vraie, en exploiter au maximum les éléments romanesques, mais inventer allégrement quand cela peut servir la narration sans avoir de comptes à rendre à l'Histoire. Un tricheur habile. Un prestigiditateur. Un romancier, quoi.
Ce matin, Heydrich reçoit une lettre d'Himmler indigné, à propos de quelques cinq cent jeunes allemands arrêtés par la police de Hambourg parce qu'ils s’étaient adonnés au swing, cette danse étrangère dégénérée pratiquée en écoutant de la musique de nègre :
" Je m'élève contre toute demi-mesure en la matière. Tous les meneurs sont à expédier en camp de concentration. Cette jeunesse y recevra d'abord une bonne raclée. Le séjour en camp sera assez long, deux ou trois ans. Il doit être clair qu'il n'auront plus le droit d'étudier. C'est seulement par une action brutale que nous pourrons éviter une dangereuse propagation de ces tendances anglophiles."
Heydrich en fera effectivement déporter une cinquantaine. Ce n'est pas parce que le Führer lui a confié la tâche historique de faire disparaître jusqu'au dernier juif d'Europe qu'il doit négliger les petits dossiers.
Et puis je réalise que la campagne est terminée.
Je suis de ceux qui pensent qu'on n'est que ce qu'on fait et qu'il n'y a rien à voir au-delà du miroir des apparences.
Il faut bien reconnaître que, d’un point de vue littéraire, Heydrich est un beau personnage.
J’ai eu vent d’une histoire extraordinaire qui s’est déroulée à Kiev pendant la guerre. Elle a lieu à l’été 42, et ne concerne aucun des acteurs d’ « Anthropoïde » ; elle n’a donc pas sa place, a priori, dans mon roman. Mais c’est un des grands avantages du genre que la liberté presque illimitée qu’il confère au raconteur.
Je pourrais donner des précisions sur l'engagement d'Heydrich dans ces corps francs mais cela ne me semble pas nécessaire.Il suffit de savoir qu'en tant qu'adhérent, il a fait partie des "troupes de secours techniques", dont la vocation était d'empêcher les occupations d'usines et d'assurer le bon fonctionnement des services publics en cas de grève générale. Déjà ce sens de l'Etat si aigu !