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Critiques de Laurent Greilsamer (19)
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Né en 1914 et mort en 1955, Nicolas de Staël aura traversé sa courte vie avec une seule obsession, celle de peindre. Voyageant et travaillant beaucoup, il ne veut pas entreprendre sa carrière avant d’avoir appris des autres et de lui-même. Infatigable, toujours insatisfait et à la recherche de quelque chose de nouveau, c’est vers l’âge de trente-neuf ans que son talent commence à être reconnu par les Américains d’abord. Cette richesse soudaine l’effraie autant qu’elle le stimule car il ne veut surtout pas être emprisonné par une étiquette, celle de l’abstraction. Il se défend d’appartenir à cette catégorie comme à celle de la figuration.

Nicolas de Staël ne peint pas des lieux ou des personnes mais l’espace, la musique, la poésie. Cultivé, passionné par les artistes de son époque, grand ami de René Char, il n’aura de cesse de mettre en couleurs ce qui l’émeut, le touche comme la ferveur d’un stade lors d’un championnat de foot, la musique après un concert de Pierre Boulez, les mots de ses amis poètes...

De la palette aux tons gris et sombres du temps de la seconde guerre mondiale, il accédera à la flamboyance des couleurs ensuite. Des formes géométriques et acérées de ses débuts sortiront des formes beaucoup plus épurées et minimalistes.



J’ai pris grand plaisir à découvrir et suivre la route de cet artiste exalté, toujours en quête de nouveautés, autant du point de vue pictural, qu’amical ou amoureux. Il a mené sa vie tambour battant et sa peinture vibre de toutes ses multiples passions.



Un grand merci à mon club de lecture pour cette riche découverte accompagnée d’un Dvd illustrant les oeuvres de Nicolas de Staël. Je me suis régalée !


Lien : http://mespetitesboites.net
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La vraie vie du capitaine Dreyfus

Alfred est le fils d’une famille comprenant sept enfants dont il est le petit dernier. Sa mère tombe malade après l’accouchement et c’est sa sœur Henriette qui s’occupera de lui.



Le père est patron d’une filature à Mulhouse. Le père force également ses fils Mathieu et Alfred de parler le français. La famille sinon parle l’alsacien, l’allemand ou un dialecte judéo-allemand. La famille est juive. Il fut un temps où les juifs étaient interdits de séjour dans les villes d’Alsace. La révolution a mis un terme à ces iniquités.



Dreyfus est nommé capitaine au 21e régiment d’artillerie et travaille au ministère de l’armée. Il épouse Lucie Hadamard.



Le capitaine Dreyfus est invité à se présenter, en tenue bourgeoise au cabinet de M. le chef d’état-major de l’armée. Il ne reviendra pas de cette convocation. Il sera arrêté et accusé de haute trahison et d’espionnage au profit d’une puissance étrangère. Sa femme ne sera pas prévenue. Il se dit innocent et proteste énergiquement mais peu importe l’ordre d’arrestation a été signé la vieille par le ministre de la Guerre, le général Auguste Mercier. Le ministre donne l’ordre de placer le capitaine Dreyfus « au secret le plus absolu ». Il n’aura pas le droit de communiquer avec l’extérieur, pas le droit d’écrire, pas le droit de recevoir de visite ou de ce courrier. Tout est fait pour le diminuer, le déstabiliser, le préparer physiquement et psychologiquement à entrer dans la voie des aveux. Il passe au conseil de guerre. Le vecteur de l’accusation est une lettre prétendument écrite de sa main que l’on appellera bordereau et qui divulgue certains secrets d’armée. Dreyfus en toute sincérité nie être l’auteur du bordereau.



Qui en est l’auteur ? Personne au ministère de l’armée ne s’en soucie. On sait que l’armée compte des gradés antisémites qui l’ont noté sévèrement au cours de son stage.



Dreyfus est condamné. Le ministre de la Guerre dépose au parlement un projet de loi visant à établir la peine de mort pour le crime de trahison. L’opprobre est total. Pour tous sauf sa famille et son avocat Dreyfus est coupable. Le suicide est une tentation, mais sa femme parvient à l’en dissuader.



Menottes aux poignets, fer aux chevilles, dans une cage, il est envoyé au bagne. Il est conduit sur l’île du Diable.

« Les îles du Salut portent mal leur nom. Les eaux qui les entourent sont infestée de requins, agitées par des courants puissants, hérissées de rochers saillants. On ne s’évade pas de ses prisons naturelles. On y cuit, on y transpire et on y meure en quelques années. La malaria, la dysenterie, les innombrables maladies tropicales guettent les malheureux que le destin a jeté sur ces terres. Deux mille cinq cents forçats y sont morts en une année, sous le second Empire ;

Victor Hugo, évoquant le bagne de Guyane a parlé de « guillotine sèche ». C’est un mouroir où l’on envoie ceux que la loi n’a pas condamnés à mort ― avec l’espoir secret que les mauvais traitements et le climat se substituent à l’exécution. »



Sur cette île, ce qui sauve Dreyfus de la folie, c’est son aptitude à ne pas décrocher intellectuellement, à s’imposer une discipline d’apprentissage : anglais, lectures, mathématiques. Il profite, en fait, des périodes où on l’autorise à recevoir des livres. Pour surmonter les supplices qui lui sont imposés, il possède la certitude d’être aimé et soutenu par les siens à Paris.



Il écrit au président de la République, au président du Conseil, de l’Assemblée nationale, au ministre de la Guerre ou encore aux députés. On ne lui répond pas. Ses courriers sont interceptés, retenus, censurés, égarés. Il est moralement abattu, amaigri, miné par le paludisme.



Un fonctionnaire l’informe qu’il va recevoir une réponse définitive à ses demandes de révision adressées au chef de l’Etat. Un sentiment de renaissance l’envahit. Il reçoit enfin le réquisitoire du procureur de la Cour de cassation et apprend le nom du vrai coupable, le commandant Esterhazy, qu’il ne connait pas.



Finalement la Cour casse et annule le jugement rendu contre Alfred Dreyfus. Après plus de quatre années de séquestration sur l’île du Diable, Dreyfus retourne en France à l’âge de trente-neuf ans. Alfred aura été défendus par son frère Mathieu et le romancier Emile Zola.



Aux chambres de la Cour suprême, le juge affirme que le bordereau n’est pas l’œuvre des Dreyfus.



Dreyfus demande à rentrer en possession de son journal du bagne, de ses cahiers et lettres de sa femme. Il pourra ainsi commencer la rédaction de ses souvenirs.



Après sa première condamnation, Dreyfus affirmait : « Mon seul crime est d’être né juif ! » Dans la vie publique, il veut oublier cet héritage. Il se défini comme français, républicain et laïc.



Depuis longtemps, j’avais trois livres sur l’affaire Dreyfus dans mon pense-bête de bibliothèque virtuelle. Je devais en choisir un. Ce fût chose faite, il y a une semaine. Quel étaient ces trois livres ? Je suis bien incapable de vous le dire car, j’en ai supprimé deux du pense-bête une fois le choix accompli. La tragédie du Capitaine Dreyfus à été édité chez Tallandier où j’ai déjà vu de bonnes biographies.



Il se fait que mes deux dernières lectures sont : « Moi Jeanne d’Arc » et « La tragédie du capitaine Dreyfus ». Jeanne d’Arc et Dreyfus sont des innocents condamnés. En cause un pouvoir religieux à Rouen allié des anglais et s’opposant aux voix du Ciel selon les dire de Jeanne d’Arc et un pouvoir nationaliste antisémite dans la condamnation de Dreyfus.



En lisant Jean Moulin et Hannah Arendt, j’ai définitivement compris les ravages du pouvoir et le totalitarisme à bannir. Malheureusement, le simple citoyen, l’individu est limité en moyens d’actions. Je suis moi-même victime de fausse accusation ….



Retenons que Dreyfus a été soutenu par sa famille et dans cette affaire s’est fait des amis les dreyfusards. Il a cependant connu de grands moments de solitudes.



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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Biographie de Nicolas de Staël. On y découvre la nature profonde et authentique d’un véritable artiste.Cet homme hyper-sensible ne pouvait être autre chose que ce qu’il fut. La grande recherche de la perfection et l’instabilité de ce personnage sont émouvantes.



Depuis son enfance il ne sut s’exprimer parfaitement qu’à travers le dessin ; Il aurait pu s’exprimer par les lettres ou la musique mais c’est la peinture qui le gagna le plus.



Il resta cependant toujours très proche de toute sorte d’artistes, peintre, musiciens, écrivains ; il eu d’ailleurs plusieurs projets communs avec nombre d’entre-eux.

(Georges Braque, Pierre Lecuire, René Char,…)



Il évolura d’abord dans une peinture abstraite puis migrera vers une forme de figuratif limite.

Son tableau « le parc des princes » apparaît comme le manifeste d’une révolte du figuratif, et les partisants de l’abstraction se raidissent.



Être fragile il navigua d’ami en ami, de site en site, de femme en femme ; la dernière lui resista à une periode où il sentait la pression des vendeurs de tableau déviant de ses aspirations artistiques propres.

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La vraie vie du capitaine Dreyfus

Bien que j'aie lu quelques articles ou livres sur l'Affaire et sur Alfred Dreyfus, j'ignorais une bonne partie de sa vie et sa personnalité. Le livre de Laurent Greilsamer a comblé cette lacune tout en rétablissant certaines vérités.



La famille Dreyfus est alsacienne. Elle vit à Mulhouse. Après Sedan, l'occupation et l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, elle s'installe à Carpentras où vivent déjà sa soeur Henriette et son mari. Une autre branche est déjà à Belfort. Un seul Dreyfus restera en Alsace pour gérer les affaires. Alfred, intelligent et discipliner, fait de bonnes études et choisis, une carrière dans l'armée. Il se marie. Il a deux enfants.



Le 13 octobre 1894 sa vie bascule. Accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, il est mis au secret, jugé, condamné sur un dossier truqué (et tenu secret), dégradé, envoyé à l'île du Diable...



13 gardes se relaient toutes les deux heures pour le surveiller. Nul ne lui parle. Il serait intéressant de savoir combien à coûter cette incarcération scandaleuse à l'administration pénitentiaire.



Alors qu'en France, l'Affaire devient nationale, puis internationale, journalistique puis politique, lui est tenu dans l'ignorance de tout, dans les pires conditions possibles afin qu'il meurt. Mais il tient cinq ans. Même les lettres de sa femme lui parviennent recopiées.



En juin 1899, il est ramené en France. Là il découvre l'ampleur de l'Affaire. Il est rejugé dans les mêmes conditions et condamné une nouvelle fois, puis gracié.



Parce qu'il accepte la grâce, une partie de ses soutiens se fâche. Mais le 15 juin 1906, s'ouvre un nouveau procès. le dossier secret est ouvert. Il contient des faux et des documents trafiqués. Dreyfus est réhabilité, réintégré dans l'armée, fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.



Mais l'extrême-droite, les royalistes... continuent leur campagne, anti-dreyfusarde. le jour de l'entrée au Panthéon de Zola, on lui tire dessus deux fois... il est blessé. L'assassin sera acquitté ! Comme celui de Jaurès, huit ans plus tard !



Alfred Dreyfus sera volontaire pendant la guerre de 14, et fera le chemin des Dames ! Il mourra en 1935.



Greilsamer cherche à nous faire connaître l'homme, de sa naissance à sa mort, plutôt que l'Affaire. Alfred aime lire : Shakespeare, Fustel de Coulanges... Il est un excellent cavalier. Sa famille est soudée autour de lui. Lucie son épouse est exceptionnelle.



J'ai beaucoup aimé ce livre et je crois qu'il manquait. Divisé en 5 parties, elles-mêmes en paragraphes numérotés, la lecture en est facile. Tout le long on a l'impression qu'une machination, se monte contre lui : de la note défavorable à un examen, à la longue conversation avec de Boisdeffre, de la façon dont il est arrêté, isolé, puis des conditions d'internement, jusqu'à son retour où il se blesse en changeant de bateau, du refus de le réintégrer dans l'armée avec le grade qu'il mérite, jusqu'à la guerre de 14, où il sera sous les ordres d'un général anti-dreyfusard !!!!



« le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Charles Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale. Maurras commenta sa condamnation par : « C'est la revanche de Dreyfus ! »
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Une très belle biographie où l'on se prend d'amour pour un être romantique que l'acte de peindre faisait respirer...
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La vraie vie du capitaine Dreyfus

Dreyfus fait couler beaucoup d’encre depuis maintenant 120 ans et si nous avons l’impression de bien connaître l’affaire, nous en oublions l’homme, rarement pris en compte. Laurent Greisalmer est clair dans son avant-propos : cet ouvrage est consacré à la vie d’Alfred Dreyfus, l’homme qu’il était et la perception qu’il avait de sa situation.

Le père d’Alfred, Raphaël Dreyfus, a permis l’ascension sociale de la famille grâce en s’intégrant dans le monde industriel alors en pleine expansion. Désormais citadins, ils sont installés à Mulhouse. Cependant, avec l’occupation allemande de 1870, une partie de la famille quitte l’Alsace pour le sud de la France où une sœur d’Alfred s’est établie. Ce dernier intègre Polytechnique puis l’armée. Il est très apprécié de ses supérieurs qui ne tarissent pas d’éloges sur son compte, seul son fort accent alsacien lui est gentiment reproché. Il gravit les échelons et passe de lieutenant à capitaine. Dans le même temps, jeune homme séducteur il apprécie la compagnie des femmes et épouse Lucie Hadamard en avril 1890. Deux enfants naissent de cette union. Alfred Dreyfus continu son ascension professionnelle en intégrant l’Ecole Supérieure de la guerre. Une vie sereine, pleine de promesse s’offre au jeune officier lorsque tout bascule. Soudain, il est accusé de trahison envers son pays, condamné, il est déporté en Guyane. Il n’a de cesse de vouloir prouver son innocence mais, enfermé, il ne saisira l’ampleur de l’affaire Dreyfus que lors de son retour en France. Toute sa vie, Alfred croit en la justice et a confiance en les institutions de son pays, il voue un culte à la République. Pourtant, il n’est plus considéré comme une personne mais comme une cause politique. Deux parties s’opposent et déchirent le pays alors soulevé par une vague antisémite. De grands noms défendent Dreyfus et à travers lui leur vision de la République : Zola, Jean Jaurès, Georges Clémenceau… Mais beaucoup ne voient pas la souffrance de l’homme qui se trouve au cœur de cette affaire, seul le côté politique compte.

Laurent Greisalmer remédie à cela avec son autobiographie La vraie vie du Capitaine Dreyfus. Cet ouvrage nous permet de découvrir un homme pris dans les passions de son temps, un personnage trop longtemps oublié. Ce travail bien documenté, est parsemé de nombreux extraits de la correspondance d’Alfred Dreyfus. Très agréable à lire, il manque cependant des notes renvoyant aux sources ou ouvrages utilisés. Par ailleurs, il aurait été agréable de voir en annexe une ou deux photos du capitaine Dreyfus, notamment de sa jeunesse puisque l’une d’elle est d’ailleurs évoquée dans le texte. C’est un livre qui se lit d’une traite même si les tenants et aboutissants de l’affaire Dreyfus sont connus, ce qui montre l’habilité de l’écrivain.


Lien : http://deslettresauxlivres.b..
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

De Staël , sa vie , ses amours , son œuvre. Chacun de ces éléments est un roman . Trajectoire foudroyante de la Vieille Russie dans les convulsions de la Révolution au pavé de la rue d’Antibes où il vient se fracasser 41 ans plus tard. Amours chaotiques marquées par la tragédie et l’ivresse des sens et de l’esprit jusqu’à l’embrasement final . Rencontres éphémères et amitiés durables qui jalonnent son parcours .Et surtout , la passion de son art , ou plutôt la Passion tant il y a là un oscillation permanente entre exaltation spirituelle , doutes apocalyptiques, angoisses d’impuissance . Laurent Greilsamer rend avec talent les ombres et les lumières de ce destin comme il l’a fait pour cet autre « monstre » , René Char ,qui fut l’ami de De Staël . Il éclaire et donne l’envie de retourner à l’œuvre .
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Bibliographie de Nicolas de Staël

Nous comprenons ses souffrances grâce à une écriture souple et acceptons d'autant mieux la fin de cette vie très tourmentée.
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Une élégante balade de 356 pages auprès d’un peintre à la noblesse et la fidélité du regard, Nicolas de Staël.

Cette biographie de Laurent Greilsamer défile comme une berceuse russe, et brode le portrait d’un homme qui a su déployer son regard avant d’inventer sa peinture.

Les mots de Nicolas de Staël sont bouleversants, sa peinture lumineuse et son dernier envol clôt en symétrie ce Chemin créatif et l’enrobe d’ une ultime et vibrante lumière.
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Fromanger : De toutes les couleurs

L’année 2018 est celle du cinquantenaire de mai 68, qui a donné lieu à des manifestations diverses, de qualité disparate. Or si l’on veut se plonger dans l’atmosphère de cette période et surtout la comprendre, rien de plus simple : il suffit de lire les entretiens que le peintre Gérard Fromanger a accordés à Laurent Greilsamer. Le livre en lui-même est une page d’histoire que le lecteur s’approprie sans même sans apercevoir. À la fois récit, témoignage et panorama de la situation artistique parisienne de l’après-guerre à nos jours, l’ouvrage est l’un des plus inspirés de la collection « Témoins de l’art » des éditions Gallimard. Il est de surcroît d’une lecture particulièrement agréable pour le farniente d’été : le rythme de l’écriture est vif, les répliques incisives, les évocations suggestives... Ce sont presque des tableaux vivants, qui rendent hommage à la finesse d’observation des deux comparses, qui échangent sur la peinture mais aussi sur la littérature, la politique, le cinéma, l’essor de la voiture dans les années 1960, la crise du marché de l’art dans les années 1990...

Pour autant, il ne s’agit pas de conversations décousues : l’ouvrage est divisé en chapitres thématiques illustrés d’un cahier de reproductions, qui correspondent à des moments précis de la création de G. Fromanger. On commence évidemment par l’enfance et la formation, qui n’ont rien de banal. « Héritier » de sept générations d’artistes, le jeune homme ose ce que son père, un des plus grands experts en joaillerie de Paris, ne s’est jamais permis : devenir peintre ! Obsédé par Picasso – qu’il déteste et cherche à comprendre jusque sur son lit de mort –, ce père très aimé est aussi une figure repoussoir, qui symbolise la France d’antan. Pourtant, Fromanger fils décide de se former à l’ancienne : pendant des années il « se refuse au plaisir de peindre », devient une sorte de « moine du dessin » pour gagner ses premiers succès dans les années 1960 avec des nus gris à l’huile sur toile, inspirés de l’art dépouillé de Giacometti. Il fallait en effet être d’avant-garde, mais sans abandonner la figuration. La récente rétrospective de son oeuvre au Centre Pompidou, en 2016, montre que le pari fut réussi pour Fromanger. Les affiches de drapeaux réalisées entre 1968 et 1970, où le rouge dégouline en coulures ascendantes, s’accordent parfaitement avec les idées pacifistes de l’époque. Des séries « Boulevard des Italiens » de 1971 jusqu’à celles intitulées « Bastille dérives » de 2007, l’artiste s’offre comme le traducteur engagé du monde moderne.

L’intérêt de ces entretiens est précisément de comprendre que pour la génération de G. Fromanger, la peinture a une fonction politique, qui lui donne sa profondeur et son sens. Mais c’est aussi le moyen de partir à la découverte d’un passé, qui malgré sa proximité, paraît aujourd’hui bizarrement lointain : celui de la construction de Beaubourg ou encore des nuits de chez Castel, où se retrouvaient rugbymen, banquiers, artistes et philosophes... Les passages sur Jacques Prévert, Michel Foucault, Félix Guattari, Jean-Luc Godard et Gilles Deleuze, tous amis du peintre, complètent cette vie recomposée par petites touches colorées, selon le prisme d’un kaléidoscope toujours mouvant.

Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 547, juillet-août 2018
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

La vie et l'œuvre d'un être tourmenté, extrême, insatisfait, emporté par son art. Une passion destructrice fut au centre de toutes celles et tout ce qu'il a touchés
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La vraie vie du capitaine Dreyfus

La Vraie Vie du capitaine Dreyfus dresse de l'enfermement en Guyane un portrait saisissant, avec comme - rare - échappatoire les lettres à sa femme.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Une histoire romantique où l'auteur interprète les sentiments de Staël. Il donne corps à la vie du peintre en interprétant son passé. Comme quoi, la révolutions russe lui a donné cette instabilité qui le caractérise. Je schématise, mais il y a beaucoup de ça. C'est chiant. Très peu de choses intelligentes sur la peinture!!!
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Le monde selon Picasso

Ouvrage décevant, dont le magazine Beaux-Arts faisait la publicité en décembre. Un livre de plus sur Picasso ? Des phrases inédites du peintre étaient annoncées et vantées .



En fait, simplement du recuit. Pour ceux qui connaissent relativement bien la vie du maestro et ses frasques, ils n'apprendront rien. Ce livre fait figure d'opération commerciale, c'était à prévoir, le "pauvre" Pablo, il en a tellement l'habitude qu'il ne doit même plus se retourner dans sa tombe.
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La vraie vie du capitaine Dreyfus

Un excellent livre pour découvrir facilement la vie brisée d'un homme qui aurait dû être reconnu comme un héros de la France au lieu d'un paria de la République. L'auteur nous fait pénétrer dans la vie intime du capitaine, homme intelligent, discipliné, consciencieux, patient, volontaire pour le chemin des Dames en 1914, inhumé un 14 juillet. C'est aussi la narration de l'acharnement raciste de l'extrême droite et malheureusement d'une trop grande partie des français, capables toujours du meilleur et du pire, mais pour Dreyfus c'était le pire. Une vie à connaître absolument et à ne pas oublier.
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Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

Quand je lis des retours de visites de musée et ai envie de découvrir la vie et les œuvres d'un peintre.

C'est chose faite avec cette biographie de Nicolas de Staël et "le prince foudroyé".

Ce texte est foisonnant et ai aimé découvrir cet homme et sa vie (né en 1914 et mort en 1955), que ce soit son enfance dans la Russie du Star puis la révolution, l'exil puis sa vie.

Cette vie est d'un romanesque.

L'auteur nous raconte très bien l'époque, avec les faits historiques mais aussi la vie artistique. Il nous parle aussi très bien de l'homme, de ses doutes, de ses espoirs, de ses façons d'aborder son travail.

Il y a foison de personnages, eux aussi qui mériteraient que leur vie soit narrée (d'ailleurs, je vais continuer mes lectures sur cette période si foisonnante, en rencontres, en recherches artistiques). J'ai apprécié les portraits des rencontres que Nicolas de Staël a fait pendant sa trop courte vie. Des portraits d'autres peintres, de galeristes ...

Contente de cette lecture et de la découverte de cet homme et de ces œuvres. Un début d'année avec des lectures sur le personnage de peintre, après l'intéressant "Bleu Bacon" sur une nuit au musée entourée des œuvres de Bacon.







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L'Éclair au front : La Vie de René Char

René Char m'a toujours impressionné soit en tant que poète à la parole foudroyante, soit en tant qu'homme , colossal , séducteur, engagé . A ce titre outre ses oeuvres ,je me suis intéressé à cette biographie qui ,s'appuyant sur archives et correspondance (décrit les étapes d'une vie tourmentée et créative ,raconte ses amitiés fusionnelles avec P. Eluard, A. Camus et N. de Staël ou ses moments de fraternité avec G. Braque, Picasso et M. Heidegger. Indispensable pour un amoureux du maître de Sorgue

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Fromanger : De toutes les couleurs

Ce livre retrace la vie et la carrière du peintre Gérard Fromanger dans son déroulement chronologique. Cette biographie est construite sous forme de conversations entre l'artiste et le journaliste Laurent Greilsamer.



Les discussions mêlent confidences personnelles, regard rétrospectif sur son parcours (la fin des illusions révolutionnaires à la fin des années 70 par exemple), anecdotes sur certains évènements historiques (comme mai 68), sur les artistes et les amis qu'a rencontrés et fréquentés Fromanger (notamment le sculpteur César, le galeriste Aimé Maeght, le critique d'art Alain Joufffroy, Prévert, Godard, Foucault, Hocquenghem, Deleuze, Guattari, le roi de la nuit Jean Castel, les collectionneurs Bob Calle ou Marin Karmitz...), et réflexions sur son travail et sur l'art.



Le livre donne somme toute assez peu d'éclairage sur l'histoire de l'art français, notamment celle des années 60 et de la Figuration Narrative, mouvement auquel on associe parfois le peintre. Il est beaucoup plus centré sur la personne même de Fromanger.



Il s'affirme comme un artiste soucieux de se renouveler en permanence, sans concession au marché. Il est intéressant de suivre son évolution artistique : parti de peintures grises influencées par Giacometti, Fromanger passe à la couleur en travaillant à partir de photos en noir et blanc qui représentent la banalité quotidienne et qui sont projetées dans la pénombre sur sa toile nue, technique utilisée jusqu'à la fin des années 70. Il casse le rapport habituel entre les couleurs et le réel, et entre les couleurs et les émotions. Il détourne la signification habituelle des formes. Il veut peindre la réalité mais d'une manière neuve : les images qu'il crée en cassant les codes parlent du réel d'une nouvelle façon. Le dessin est pour lui essentiellement ombre et lumière; la ligne est une abstraction et à ce titre il faut lui inventer de nouvelles fonctions.



Le livre est agrémenté de quelques photos historiques de l'artiste et de 16 pages de reproductions en couleur des oeuvres de Fromanger, qui viennent illustrer utilement ses propos.
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La vraie vie du capitaine Dreyfus

On croit tout savoir de l'affaire Dreyfus. Tant de livres y ont été consacrés, dont certains excellents. Mais la vraie vie du capitaine Dreyfus était passée au second plan. Le petit livre de Laurent Greilsamer vient combler une lacune, ou plutôt réparer une erreur, colportée par les plus beaux esprits (Clemenceau, Péguy...) : Dreyfus, en acceptant sa grâce n'a pas été à la hauteur de son « Affaire » !

Le simple récit de sa vie suffit à le rétablir à sa vraie place, celle d'un martyr de la justice militaire et de l'antisémitisme. Toujours digne, ferme sur ses principes, attaché aux valeurs de la République, loin de toute exploitation médiatique, héros involontaire d'un temps troublé par les démons qui finiront par emporter la démocratie.

Nul pathos dans le récit de cette vie qui devait être celle d'un militaire brillant et patriote. Mais ses origines et ses qualités seront paradoxalement retenues à charge, spécialement le fait qu'il parle parfaitement l'allemand de par ses origines alsaciennes et sa scolarité à Bâle, après la défaite de 1870.

Pétri de valeurs militaires, il ne met nulle véhémence dans l'affirmation de son innocence, voulant ignorer ses origines juives, ce qui le brouille avec son principal soutien, son ami Bernard Lazare. Les intellectuels, dont "l'Affaire" est l'acte de naissance, ont d'autres objectifs.

On tire beaucoup d'enseignements de cette vie d'Alfred Dreyfus.

Lors de son arrestation, le commandant Du Paty du Clam lui propose tout simplement de se suicider et lui présente un revolver d'ordonnance. Le ton est donné. L'armée préfère la justice expéditive.

La détention de Dreyfus à l’île du diable apparaît comme tentative d’assassinat minutieusement organisée. Il est mis aux fers, surveillé jour et nuit par 11 gardiens et 6 chiens. Les surveillants se plaignent, plus que lui, des conditions de sa détention, du climat, des insectes, des fièvres, qui devraient venir à bout de sa résistance. Des instructions sont d'ailleurs envoyées pour la conservation de son cadavre. Sa survie à la « guillotine sèche », comme on désigne la déportation en Guyane, tient du miracle.

Entre le 15 octobre 1894, date de son arrestation et la fin de l'année 1898, au secret, il ignore tout de son dossier et du développement de « l'affaire ». S'il accepte la grâce que lui offre le gouvernement le 19 septembre 1898, pressé par son frère Mathieu, c'est pour retrouver sa famille, ses enfants, sa santé : c'est tout simplement pour revenir à la vie.

Dans l'épreuve du bagne, c'est la lecture qui le sauve. Il apprend par cœur Shakespeare, trouve du réconfort dans la sagesse de Montaigne, dans les auteurs russes (Tolstoï, Dostoïevski). Il lit Fustel de Coulanges, Taine, Michelet. Il collectionne citations et maximes et couvre aussi ses carnets d'exercices mathématiques.



La sinistre comédie de la justice militaire donne dans cette affaire toute sa mesure : bordereau, dossier secret, persistance du Conseil de guerre de Rennes dans l’affirmation de la culpabilité alors même que la trahison d'Esthérazy a été établie. La cour de cassation résume ce parcours chaotique dans une inhabituelle, abrupte et mémorable formulation : "Attendu, en dernière analyse, que de l'accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout " !.

Mais rien n'y fait. Une grande partie de l'opinion (L'action française, La libre parole, Le gaulois) résiste à l'établissement de la vérité. Le publiciste Pierre Gégori, qui s'inscrit dans dans cette mouvance, tente d’assassiner Dreyfus lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon le 5 juin 1908. Nouvel exploit de la justice -qui n'est plus militaire cette fois- : il est acquitté, comme le sera, dix ans plus tard, Raoul Villain, l'assassin de Jaurès !



Alfred Dreyfus a toujours été patriote et même nationaliste. A l'égard de l’Allemagne, ce républicain, laïc, réformiste, prône la fermeté « pour en finir avec ces querelles que l'Allemagne nous suscite constamment ».

Mobilisé à 55 ans, il n'a de cesse de rejoindre le front. En 1917 il est envoyé au Chemin des Dames, au cours de l'offensive Nivelle. Il se bat à Verdun. Lui, pourtant de santé fragile « s’accommode fort bien de ce régime de sauvages » comme il l'écrit à sa famille.

En 1918, il est promu lieutenant-colonel de réserve avant de revenir à l'anonymat auquel il a toujours aspiré.

Comme un signe de son destin, c'est un jour de fête nationale, le 14 juillet 1935, qu'il est enterré au cimetière Montparnasse .
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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