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Critiques de Laurent Maffre (48)
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la population maghrébine fuit son pays et part s'installer en France, terre de toutes les promesses. En pleine reconstruction, le pays a besoin de main d'oeuvre, de bon marché évidemment. Des ouvriers arrivent de toutes parts, d'Algérie ou du Maroc. Des ouvriers du bâtiments, de l'automobile ou de l'industrie. Pour les loger, eux, et parfois leur famille, la France a simplement construit des bidonvilles sur des terrains vagues, en périphérie parisienne. De simples baraquements, sans eau ni électricité, pas de sol en béton et des murs décrépis. Parmi ces bidonvilles, il y a celui de Nanterre. Une seule adresse : 127, rue de la Garenne. Une appellation : La Folie.

Au 1957, il y a la famille de Kader. Lui, déjà installé depuis quelque temps, accueille en ce premier jour d'octobre 1962 toute sa petite famille, sa femme, Soraya, et ses deux enfants, Ali et Samia. Lorsque Soraya arrive dans ce bidonville, elle désespère de pouvoir vivre ici. Elle se désole de l'état de sa "maison", insalubre et précaire. À cela s'ajoute bientôt des problèmes d'obtention de papier. Kader, malheureusement, n'est qu'un cas parmi tant d'autres...





Laurent Jaffre met en avant, dans cet album, un épisode bien mal connu de l'après-guerre : la venue en masse d'ouvriers maghrébins installés dans des bidonvilles. Il installe son récit à La Folie, un bidonville de Nanterre et suit le parcours de Kader et de sa famille, de 1962 à 1966. À partir d'archives et de souvenirs d'époque, il relate une bien sombre période de la France des Trente Glorieuses. Un pays prêt à accueillir tous ces étrangers et leur donner du travail mais visiblement peu soucieuse de leur bien-être. Parqués dans des baraquements insalubres, ces laissés-pour-compte n'auront d'autre choix que de subir ces conditions de vie, dans l'espoir de jours meilleurs. L'auteur nous offre un album très instructif et intéressant, sans être rébarbatif, et poignant. Un travail fort documenté et riche qui rend un bel hommage à tous ces maghrébins venus aider à reconstruire la France. Graphiquement, le noir et blanc est du plus bel effet et le trait élégant.



Merci pour le prêt, Cécile...
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Dans les bidonvilles de Nanterre des années 1960. La dure réalité d’une famille algérienne auprès de ces 2000 personnes qui vivent sans eau ni électricité et dans la poussière. La plupart travaillent à l’usine automobile où il faut toujours plus de rendement. Comment les enfants envisagent leurs avenirs ? En noir et blanc avec un dessin très fourmi. Bien documenté et révoltant. Un passé peu glorieux pour nos politiques et patronat
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Demain, demain, tome 2 : Gennevilliers cité d..

Trente Glorieuses : « période de forte croissance économique et d'amélioration des conditions de vie qu’ont connue la grande majorité des pays développés entre 1946 et 1975. »

Pas si glorieuses que ça, ces années. Pas pour tout le monde, en tout cas.

Qui a reconstruit notre beau pays détruit par la guerre, qui a travaillé dans nos usines pour que tous les Français puissent posséder voiture, télé, machine à laver, etc. ? Qui a construit nos logements, nos routes ?

Beaucoup d'immigrés, arrivés essentiellement du sud de l'Europe et du Maghreb. Toujours bienvenus pour les emplois ingrats (usine, bâtiment ou mine), ils ne sont pas accueillis dignement pour autant.



Après le bidonville de Nanterre décrit dans le premier album de cette série, on découvre ici la 'cité de transit' de Gennevilliers en 1973, dont les conditions sanitaires sont à peine meilleures. Une espèce de bidonville amélioré, éloigné des commerces et coincé entre des travaux d'aménagements routiers et ferroviaires, surveillé par un fonctionnaire zélé et raciste qui abuse de son pouvoir.

On voit les femmes se débrouiller avec les moyens du bord pour faire vivre la famille, et les hommes trimer à l'usine, soumis à des cadences infernales, en proie à la méfiance et à l'hostilité de certains de leurs collègues OS français.

Les parents espèrent que la génération suivante s'en sortira mieux, aura accès aux études, s'intégrera...



Après ces deux premiers albums riches et complets, j'espère que Laurent Maffre va poursuivre cette série instructive. Pourquoi pas jusqu'à l'état actuel des "cités" ou de "l'accueil" des étrangers ?



• Merci à Babelio et à Actes Sud BD.



>> https://www.youtube.com/watch?v=ME-tXNEQf5E
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France avait besoin de main-d'oeuvre BON MARCHÉ pour reconstruire les villes détruites. On "accueillit" ainsi beaucoup d'hommes d'Afrique du Nord et d'Europe du Sud. Ils étaient parfois rejoints par femmes et enfants, d'autant plus surpris d'atterrir dans des bidonvilles qu'ils pensaient arriver dans un logement confortable - fantasme associé aux pays "riches", et images mensongères données par leurs compatriotes émigrés, honteux d'être si mal traités... Non seulement leurs conditions de vie étaient épouvantables (froid, insalubrité, pas d'eau courante ni d'électricité, cabanes branlantes), mais de plus les autorités prétendaient ignorer l'existence de ces quartiers (en 1962, celui de la Garenne à Nanterre comptait pourtant près de 2 000 personnes !), et empêchaient consolidation et réparation des baraques... Le lecteur est invité à suivre quatre années de la vie de Kader et de ses proches, sur fond de guerre d'Algérie.



Honte à moi pour mes lacunes en Histoire. Naïvement, je pensais que les cités HLM avaient été construites au fur et à mesure de l'exode rural et de l'immigration. Cet album remet fort utilement les choses en place. Il est le fruit du témoignage de Monique Hervo - qui partagea le quotidien des bidonvilles à la périphérie de Paris dans les années soixante - scénarisé et mis en image par Laurent Maffre.



Ouvrage instructif mais aussi poignant, bouleversant. Et d'autant plus révoltant lorsque l'on connaît le sort des générations suivantes, pour lesquelles l'intégration est restée souvent bien difficile, ceci plusieurs décennies plus tard. Hypocrisie des "terres d'accueil", y compris lorsqu'elles ont besoin de bras, ségrégation, opposition Occident/pays défavorisés, riche/pauvre, oppresseur/victime, natif/étranger... Les évocations de la guerre d'Algérie soulèvent également le problème de la colonisation et de ses ravages. J'ai particulièrement apprécié les quatre articles de journaux (Paris Jour, L'Humanité, L'Aurore, Libération) qui présentent des visions très contrastées de la manifestation meurtrière du 17/10/1961.



Encore un superbe album, totalement réussi. Le graphisme est fin, net et précis, et riche de détails. Le sujet est captivant, clairement exposé à travers le sort d'une famille algérienne. L'ouvrage est complété par une postface enrichissante sur le rôle de Monique Hervo - postface qui donne envie de se documenter encore davantage sur les bidonvilles mais aussi sur la manifestation d'Algériens à Paris en octobre 1961. A lire : le documentaire 'Nanterre en guerre d'Algérie' de M. Hervo et F. Maspero et le roman de Didier Daeninckx 'Meurtres pour mémoire'.



Très bel "objet-livre" également, couverture souple et pages épaisses, de qualité, très agréables à feuilleter.
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Une bande dessinée qui met en scène la tâche des trente Glorieuses : les bidonvilles où les autorités ont laissé des immigrés portugais, magrébins.. venus travailler pour répondre au besoin de main d'oeuvre ouvrière des années 1960.



On suit donc le périple d'une famille algérienne dans son quotidien sans confort, sans eau courante et sans électricité alors que les foyers français de plus en plus s'équipent en électroménager. On voit les efforts des parents pour que leurs enfants soient propres et travaillent à l'école.



Certaines scènes m'ont rappelées des épisodes que l'on racontait dans ma famille comme les queues interminables pour renouveler les papiers à l'Hôtel de ville qui demandait des réveils très matinaux. Et l’accueil méprisant des fonctionnaires de mairie mais aussi les bakchich pour obtenir un logement descend dans ce qui est aujourd'hui les "cités".

Bien sûr, puisque c'était d'actualité, l'auteur revient sur les violences coloniales en Algérie et surtout en France, avec la brutalité policière, les manifestations pour l'indépendance de l'Algérie et les Algériens jetés dans la Seine...



Demain, demain retrace donc un épisode de l'histoire française où les immigrés "utiles" ont été traités avec bien peu de respect. Si ce aspect était intéressant, j'ai eu plus de mal avec la construction de la narration parfois un peu fouillis , de même que le graphismes au bic sur tant de pages..
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Superbe ouvrage !

Mais quelle claque ! Même si intellectuellement je n'ignore plus ce qui s'est effectivement passé dans ces années où des familles entières de maghrébins sont venus apporter leurs forces de travail à la reconstruction dans l'urgence et ont été systématiquement repoussés, relégués à la frange de la société. Il n'empêche qu'à cette lecture, les souvenirs remontent : les interdictions de jouer avec leurs enfants, les regards soupçonneux etc...Ce n'était pas le temps des 30 glorieuses, mais la misère et la peur de la guerre d'Algérie.



Excellente idée d'avoir adapté le témoignage de Monique Hervo avec autant de précision et d'humanité. Le gris et le noirs s'imposent dans ces années d'après guerre. La ville était aussi grise que les bidonvilles, sous un ciel plus souvent pluvieux que lumineux. Et Laurent Maffre fait bien ressentir cette pesanteur de gris qui contraste tant avec la lumière du Maghreb. Le rêve des enfants devant les cartes postales de Paris, qui imaginent des immeubles en or...



Et l'histoire s'arrête quand, enfin, la famille obtient un logement.



La dernière page, c'est la petite Samia qui s'amuse à éteindre et allumer un plafonnier dans une pièce pas encore meublée...sept cases sombres contre cinq cases claires ! Ils sont toujours entre ombre et lumière, et à cet instant, ce n'est pas encore la lumière qui gagne sur la nuit !

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Demain, demain, tome 2 : Gennevilliers cité d..

Demain, Demain : Genevilliers, cité de transit, 51 route principal du port- 1973. Laurent Maffre à travers les images et les textes de cette bande dessinée rafraîchit notre mémoire. C'était la France d'après..Après la guerre d'Algérie, la France d'avant le premier choc pétrolier. Il fallait produire, produire, faire tourner les usines à plein régime. Il fallait des bras, beaucoup de bras. La France ne voulait pas de cerveaux, mais des corps. Voici l'histoire de nos banlieues ouvrières en ces années 1970. Bidonville, cité de transit. Entre pont autoroutier et chantiers. C'est une histoire dont on doit se souvenir. Elle fait partie de notre histoire commune, à nous toutes et tous, français, et ceci quelque soit notre origine.

Lire "l'établi" de Robert Linhart, ou "Elise ou la Vraie vie" de Claire Etcherelli, regarder "l'amour existe " de Pialat, et se plonger dans les dessins et les mots de Laurent Maffre, c'est aller à la rencontre de notre histoire nationale, se souvenir ou bien apprendre, le principal est de comprendre.



Astrid Shriqui Garain



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L'homme qui s'évada

Eugène Dieudonné n'a rien à perdre. Il est condamné au bagne, à Cayenne. Mourir en s'évadant est toujours mieux que de se faire dévorer par les moustiques à cause d'une injustice.

Et en plus, toute l'administration judiciaire savait.

Alors Dieudonné raconte à Albert Londres comment il s'est échappé pour reconstruire sa vie.

Une BD en noir et blanc, qui ne s'encombre pas de détails. Je n'ai pas toujours réussi à bien distinguer les personnages mais l'ensemble ne manque pas de rythme et le lecteur ne s'y ennuie pas. C'est aussi le récit d'une époque où s'il fallait un coupable, on allait en chercher un dans les sphères qui dérangeaient (ici les anarchistes), peu importe les faits et les actes. Portrait d'une époque aussi où les conséquences des condamnations ne sont pas toutes connues (comme l'interdiction de retourner en métropole même la peine accomplie...)

Et finalement, Albert Londres sait s'effacer au profit de son sujet...



Challenge BD 2020
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

"Kader! on ne va pas vivre là dedans!"...."Ici, même les murs pleurent".

Cette bande dessinée de Laurent Maffre (dont le trait noir et blanc s'accorde parfaitement avec l'insalubrité des lieux décrits), suivie de photos et témoignages de Monique Hervo, relate les conditions de vie précaires, dans le bidonville de La Folie de Nanterre, de familles d'ouvriers algériens durant la guerre d'Algérie. C'est un pan d'histoire qu'il nous est donné de voir.

"Pas d'eau! Pas de lumière! Pas de vue! Rien du tout!"

Quelle déception pour Soraya et ses enfants auxquels Kader avait envoyé une photo de l'opéra nimbé de lumières factices et qui s'étaient, naïvement, imaginés vivre entourés de "meubles en or"!

"Paf" On s'énerve. "Plic ploc" Il pleut. Aaahh! Un rat. "Kof kof" On tousse.

Et puis il y a la police pas commode, les dessous de table pour obtenir une HLM,les incendies fréquents, l'analphabétisme des parents incapables de remplir les formulaires...mais la volonté que leurs enfants étudient car...Demain, demain....sera un autre jour! Une BD enrichissante et touchante car l'espoir survit à tout grâce à la convivialité et au sens de la famille.

Une belle leçon de vie!

A signaler que Laurent Maffre, professeur agrégé d'arts appliqués, a vu sa BD, L'homme qui s'évada, sélectionné en 2007 pour le grand prix de la ville d'Angoulême.
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..



En 1959, Monique Hervo, travaillant au Service civil international, se rend à La Folie, un bidonville de Nanterre. Elle y découvre des centaines de familles de travailleurs immigrés, maintenus à l’écart de la société française. La plupart sont Algériens mais aussi Marocains et Tunisiens. Les conditions de vie sont cauchemardesques. Elle décide de s’installer au sein du bidonville et jusqu’en 1974, date à laquelle il sera rasé, elle aidera ces familles, comme écrivain public, soutien scolaire pour les enfants, assistante sociale à l’occasion… Par la tenue d’un journal quotidien, par ses reportages photographiques, ses interviews enregistrées sur son magnétophone, elle sera le témoin de ce pan de l’Histoire de France, pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli.



Aidé de ces précieux documents, Laurent Maffre a imaginé « Demain, demain. Nanterre bidonville de La Folie. 1962-1966 ». Il retrace, durant quatre ans, la vie de la famille Saïfi, une famille ordinaire. Le père, Kader, ouvrier dans la construction employé à La Défense, travaille aussi après journée dans un garage pour pouvoir faire venir sa famille d’Algérie.

La France, en pleine relance économique liée à la reconstruction, favorise alors l’immigration pour jouir d’une main d’œuvre bon marché. Mais personne n’a pensé au logement !!

La femme de Kader, Soraya, et leurs deux enfants, le rejoignent bientôt, imaginant vivre dans un bel appartement. Quel cauchemar quand Soraya découvre que son quotidien se passera désormais dans un baraquement sans fenêtre, sans eau et sans électricité. Au prix d’immenses sacrifices, ils n’auront de cesse de lutter contre leurs conditions de vie inhumaines pour que leurs enfants puissent s’instruire et se soigner et pouvoir un jour leur offrir un logement décent.



Ce roman graphique est une merveille en tant que témoignage sur le vif d’une époque douloureuse dont personne ne semble vouloir se souvenir aujourd’hui. Les dessins en noir et blanc sont le support visuel idéal pour raconter cette histoire, cette vie où tout est gris et sombre, sale et mal odorant.

Le trait précis et vif de l’auteur suffit à faire passer émotions et sentiments. Pas de dialogues inutiles, les dessins vont déjà à l’essentiel.



Ce récit social et historique est un petit bijou de concision et d’humanité. Pas de pamphlet, pas de critique moralisatrice, pas de pathos mais l’accompagnement d’une famille dans son combat quotidien. Ce récit est touchant, fort et humble à la fois. Engagé aussi, dans ce 21e siècle où la xénophobie revient en force et où les conditions de vie des marginaux sont de plus en plus insoutenables.



Après le récit Laurent Maffre, l'ouvrage propose un dossier constitué de photos et de témoignages recueillis par Monique Hervo, 127 rue de la Garenne
Lien : http://argali.eklablog.fr
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Sous la forme d'une bande dessinée en noir et blanc très agréable à lire, Laurent Maffre nous offre un témoignage historique essentiel sur la vie dans le bidonville de Nanterre entre 1962 et 1966. C'est grâce au journal de Monique Hervo qui a choisi de vivre à La folie (nom évocateur du bidonville) pour accompagner les familles des travailleurs émigrés relégués aux portes de Paris, qu'il a pu reconstituer l'histoire de Soraya et de Kader.



Soraya arrive à Nanterre pour rejoindre son mari Kader en 1962 avec ses deux enfants Ali et Samia. Ils viennent d'Algérie et ce qu'ils trouvent ce n'est pas la maison dorée à laquelle ils s'attendaient mais une cabane où il pleut et il fait froid. Les conditions de vie sont épouvantables. Ce qui est terrible, entre autres, c'est que la police intervient pour empêcher les réparations de ces habitations de fortune afin qu'elles ne s'étendent pas.

Même si Kader travaille sur les chantiers des HLM en construction sa demande de logement à la préfecture de Paris n'avance pas car il ne faut pas trop en demander, il est là comme main-d'oeuvre bon marché !

Heureusement, il y a la solidarité, l'amitié et le dévouement de bénévoles comme Françoise qui aide les enfants à faire leurs devoirs.

Et puis il y a le contexte politique avec la guerre d'Algérie et des rappels historiques comme la participation des français musulmans d'Algérie à la deuxième guerre mondiale ou à la guerre d'Indochine mais aussi la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961 à Paris. Cette marche pacifique pour le droit à l'indépendance s'est terminée par une répression sanglante et l'assassinat de dizaines d'Algériens.



Ce docu-fiction comme l'éditeur le présente à un titre qui sonne comme l'espoir d'un avenir meilleur « Demain, demain - Tome 1, Nanterre, bidonville de la Folie, 1962-1966 ». J'attends le tome 2 avec impatience.





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Demain, demain, tome 2 : Gennevilliers cité d..

Tout d'abord je remercie les éditions Actes Sud BD et Babelio pour cet ouvrage qui m'a été offert dans le cadre d'une opération masse critique.

C'est un nouvel album de la série Demain demain, titre prometteur de Laurent Maffre qui sonne comme l'espoir d'un avenir meilleur pour une famille algérienne émigrée au début des années 60 en région parisienne.

Dans le tome 1 on avait laissé Soraya, Kader et leur deux enfants Samia et Ali le jour de leur emménagement, non pas en HLM, mais dans une cité de transit à Gennevilliers qu'ils ont enfin réussit à avoir grâce à un gros bakchich. La perte de toutes leurs économies était la seule possibilité pour sortir du bidonville insalubre de Nanterre. Même s'ils sont encore mal logés ils ont du chauffage et de la lumière.

Le tome 2 commence par l'enterrement de leur ami garagiste du bidonville qui s'est suicidé quand il a appris qu'il était exproprié. Nous sommes dans les années 70 et c'est la période de grands travaux d'aménagement urbains.

Ce sont les femmes de la cité qui suivent les travaux qui se déroulent sous leurs yeux dans le bruit et la poussière car elles restent à la maison, loin de tout et soucieuses d'avoir une vie plus facile matériellement. Ce qu'elles aimeraient c'est un raccourci pour éviter d'avoir à faire des kilomètres pour faire des courses. Car les familles vivent cloîtrées dans des espaces urbains périphériques, surveillées par un nervi raciste. Il peut faire expulser du jour au lendemain les personnes qui vivent dans ces cités de transit qui devaient être provisoires mais qui durent.

Les enfants ont grandi et on voit Ali jeune garçon avec sa bande de copains turbulents et Kader à l'usine. le travail sur la chaine automobile est dur, avec des cadences qui augmentent tout le temps et des accidents qui se multiplient. Mais quand il veut débrayer avec ses camarades Kader est menacé de perdre son emploi et donc son logement.

Alors que leurs parents subissent sans rien dire, les jeunes n'ont pas l'intention de se laisser faire. Ils veulent trouver leur place, un métier et un minimum de respect faute de reconnaissance.

Alors quand Ali va zoner au quartier des Halles à Paris avec son copain et qu'ils tombent sur le tournage du film "Touche pas à la femme blanche" de Marco Ferreri, une passion nait. Il faut dire que c'est un film passionnant mais on comprend bien que les projets d'Ali ne correspondent pas aux désirs de ses parents qui se sacrifient pour qu'il fasse des études.

Au final, même si je trouve qu'il est moins bien construit que le premier album de cette série, « Demain, demain : Gennevilliers cité de transit 1973 » est un témoignage important sur les conditions subies et la prise de conscience de la jeune génération qui n'a pas dit son dernier mot.





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L'homme qui s'évada

Une belle adaptation du livre d'Albert Londres (d'ailleurs "Au Bagne" est cité dans le recueil). De Paris au Brésil en passant par les iles du Salut, nous suivons les malheurs de Dieudonné, cet homme rustique qui survit à beaucoup de choses et vit mourrir la plupart de ses compagnons. Un travail en noir et blanc avec un style brut qui convient bien au récit.
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Kader, Algérien, habite en France, sa femme et ses deux enfants le rejoignent. Il ne leur a jamais dit qu'il habitait dans un bidonville...



Ils vont découvrir cette vie au bidonville de la folie en même temps que le lecteur : ni eau courante, ni électricité, saleté, insalubrité, incendies.



Les demandes de logement restent en attente, ils rêvent d'un appartement tout simple avec le confort minimum qui sera toujours mieux que cette vie-là.



Tous ces personnages croisés sont très attachants, cette vie est révoltante, ils sont courageux, tenaces et parfois découragés.



J'étais toute jeune à l'époque où se passe cette BD et j'ai l'impression d'avoir été drôlement privilégiée.



Une BD instructive qui est presqu'un documentaire. C'est vraiment très bien fait car bien que ce soit des dessins en noir et blanc, on imagine très bien de vraies personnes vivant de cette façon. L'auteur nous les rend proches.



Une belle découverte.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Un superbe album qui parle forcément aux habitants de banlieue, et qu'il ne faut pas manquer pour tous les autres. La richesse des sujets abordés est un témoignage de l'époque des années 60, mais elle nous parle toujours au 21è siècle : solidarité entre les immigrés, misère délibérément maintenue par l'État, hostilité généralisée de l'administration, guerre d'Algérie, urbanisme d'urgence.

Le dessin, finement crayonné est magnifique sur les grandes planches, voire les doubles pages, mais il lasse un peu dans les plus petites scènes.
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Jusqu'à cette année, j'ignorais qu'un bidonville avait existé à Nanterre. C'est en tombant sur le travail de l'architecte Léopold Lambert que j'ai eu envie d'en découvrir plus. Lambert parle de "géologie politique" lorsqu'il étudie un espace et tout ce qui y a été successivement construit, détruit, remplacé. Aujourd'hui, il ne reste pas de trace du bidonville de la Folie à Nanterre, si ce n'est dans ce genre de travail de mémoire.

Dans Demain, Demain, on suit Kader, un ouvrier algérien qui vient d'être rejoint en France par son épouse Soraya et leurs enfants. Soraya découvre avec effroi les conditions de vie qui vont être les siennes. Malgré la chaleur et la solidarité des familles voisines, qui ont elles aussi quitté leur pays pour la promesse d'une vie meilleure, le quotidien dans le bidonville est éprouvant. Au milieu d'une zone où se construiront bientôt des tours d’immeubles, les baraquements sont considérés comme des habitations provisoires et à ce titre, les forces de l’ordre interdisent toute réparation et toute nouvelle construction. Les fuites d’eaux, les incendies et la dégradation des cabanes sont bien sûr nombreux et les habitants doivent sans cesse s’organiser pour réparer les dégâts sans être repérés. A la préfecture pour appuyer leur demande de relogement, Kader comme ses voisins font face à la violence d’une institution qui les considère comme des citoyens de seconde zone. Malgré tout, ce qui ressort également du récit et qui m’a beaucoup touchée c’est l’entraide réelle et constante entre les familles. Le partage des repas, le soin apporté aux enfants, ou encore la volonté de mentir aux parents restés au pays, en leur faisant croire que tout va bien, en font un récit vraiment émouvant.

C’est une belle bande-dessinée qui souligne le climat profondément raciste de la France des années 60. Suivie d’un dossier de Monique Hervo, militante qui a largement documenté l’histoire du bidonville, c’est une lecture forte et instructive, que je recommande vivement.
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Tout comme de nombreux Algériens de sa génération (1960’s), Kader a rejoint la France en 1962 pour participer à la construction des HLM de la banlieue parisienne. Logé mais surtout parqué au 127 rue de Garenne, autrement dit au Bidonville de la Folie de Nanterre, Kader espère faire des économies pour pouvoir offrir une vie meilleure à sa famille et pourquoi pas, acheter à termes une maison au bled. Malheureusement, ce qui sur le papier ressemble beaucoup à un rêve tangible, ne correspond pas aux espoirs nourris par les travailleurs immigrés qui ont accepté de partir travailler en France : hébergé dans une baraques en ruines dans des conditions de vie insalubre (pas de raccord à l’eau ni à l’électricité), Kader n’a d’autre choix que de s’adapter et de rassurer sa famille restée au bled en lui envoyant des photos de lui en costume avec en fond, de beaux clichés touristiques de Paris. Mais la réalité est autrement cruelle. Lorsque Soraya, la femme de Kader, le rejoint avec leurs enfants, Ali et Samia, ce n’est que désenchantements et désillusions : non, la petite famille ne sera pas logée dans une des belles maisons dorées des cartes postales envoyées par Kader mais dans la baraque 1957 du bidonville gris et boueux de La Folie. Exposée au froid, à l’humidité et vivant dans des conditions de vie déplorables, la petite Samia tombe sérieusement malade. Commence alors pour Kader et Soraya un véritable parcours du combattant pour obtenir l’accès à un logement décent...



Le bien nommé bidonville de la Folie ou l’histoire douloureuse des travailleurs immigrés maghrébins

L’histoire de Kader est celle de nombreux travailleurs immigrés Maghrébins venus en France dans les années 1960 à l’appel du gouvernement pour participer à la (re)construction du pays : construction de routes, d’infrastructures, de logements..., les immigrés ont constitué une main d’oeuvre bon marché que les français n’ont pas hésité à solliciter. Rêvant d’une vie meilleure, beaucoup d’Algériens parmi d’autres communautés, se sont laissés tenter par cet Eldorado où, à en croire certains, il suffisait de se baisser pour ramasser les billets. Pourtant, cet échange de bons procédés qui semblait au départ partir d’un principe louable (accueil en France pour du travail), s’est avéré être un véritable fiasco : en effet, si les premiers travailleurs immigrés des années 1950 étaient logés dans des « garnis » du centre-ville, la rapide saturation de ces logements meublés et l’arrivée des familles ont précipité l’installation de baraques de fortune sur les terrains vagues à proximité des usines et des chantiers. C’est ainsi que le bidonville de La Folie s’est construit sur les terrains de l’Établissement Public pour l’Aménagement de la Défense (EPAD) : « Sur les chantiers à proximité, le chemin de grue et la préfabrication régnaient en maître. L’EPAD, responsable de l’urbanisation de la zone, entraînait une transformation radicale du paysage. Tel un îlot perdu, la Folie subsistait au milieu de ce ballet incessant de camions charriants de la terre. Sa résorption n’était pas encore programmée mais la Brigade Z, constituée de démolisseurs aux ordres des autorités, empêchaient son extension. » (extraits).

Non seulement, les habitants du bidonville y souffraient du froid, de l’humidité et de la saleté (ils avaient honte d’aller en ville avec leurs chaussures inévitablement crottées de boue et enveloppaient leurs chaussures de sacs plastique pour les protéger) mais ils devaient en plus se coltiner la corvée d’eau (une seule fontaine d’eau mise à disposition pour 1500 travailleurs et 300 familles), devaient craindre les risques d’incendie et devaient en plus subir les contrôles incessants et les brimades et humiliations de la Brigade Z (sa mission était de contenir l’expansion du bidonville car le terrain devait être réhabilité pour accueillir les nouveaux quartiers de la Défense). Dans un contexte politique complexe alors marqué par la Guerre d’Algérie (1954-1962) et les conflits entre la France et le FLN, la défiance manifeste de certains citoyens français envers les populations immigrées qui s’est notamment traduit par les ratonnades et le massacre du 17 octobre 1961, envenime les relations entre les immigrés, les autorités publiques et les administrations. Pour être relogés dans les cités de transit ou dans des habitations salubres, les travailleurs immigrés doivent payer des pots de vin et faire face à des casse-têtes administratifs sans fin. La situation devient intenable et force est de constater que le rêve vendu par la France aux travailleurs algériens s’est définitivement vidé de sa substance et n’est devenu qu’un miroir aux alouettes... Heureusement, de nombreuses personnes à l’instar de Véronique Hervo ont milité pour défendre les droits de ces travailleurs immigrés et laissé des archives inestimables pour la reconnaissance de ce douloureux épisode de l’histoire de l’immigration en France...



Histoire, mémoire et bande-dessinée, un trio gagnant

Exploitant les enregistrements sonores et les photos collectés par Véronique Hervo au bidonville de La Folie dans les années 60, Laurent Maffré a travaillé ce projet de bande-dessinée dans le cadre de recherches du programme pluridisciplinaire de l’Agence nationale de la recherche (projet Terriat, Territoires de l’attente). Ce projet qui s’intéresse à la mise en attente des communautés en déplacement et en particulier à la manière dont les populations migrantes s’approprient les lieux et les moments de leur trajectoire interrompue, a permis cet excellent travail mémoriel sur l’histoire de l’immigration en France. Largement inspiré des témoignages des habitants et des documents d’archives hérités de Véronique Hervo, Laurent Maffré qui met intelligemment son talent de dessinateur et de narrateur au service d’un récit mêlant réalité et fiction, prouve une fois de plus que le 9è art sait avec justesse et brio, s’illustrer et se mettre en scène dans des projets scientifiques aux objectifs ambitieux comme des travaux sur l’histoire et la mémoire de l’immigration. Aussi, pour ses sobres dessins aux innombrables et minutieux détails, pour l’alternance de certaines planches aux applats gris marquant des situations tristes, tragiques ou angoissantes avec une majorité de planches en noir et blanc dominées par la clarté, pour la richesse de son contenu (malgré ses quelques 160 pages, cette bande-dessinée propose un contenu très riche), pour la qualité de ses propos (pas de jugements, ni de condamnations), Demain, demain est une lecture à découvrir absolument... Une formidable réflexion sur la thématique de l’exil qui devrait tous nous interpeller à une période maussade par les « crises migratoires »...



Pour compléter cette passionnante lecture, je vous invite à découvrir le web documentaire intitulé 127, rue de la Garenne, le bidonville de la Folie, Nanterre (frise multimédia illustrée et enrichie par les commentaires de Véronique Hervo et par les témoignages des habitants du Bidonville à l’poque) qui accompagne l’ouvrage (co-production de Arte).
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

« Le bidonville Rue de la Garenne, dit la Folie, le plus vaste – 21 hectares – et le plus insalubre des bidonvilles de Nanterre, se situait sur les terrains de l’Etablissement Public pour l’Aménagement de la Défense (l’EPAD). Comme d’autres bidonvilles de Nanterre, le 7 Rue d’Equéant, Les Pâquerettes, le Petit Nanterre, il était relégué aux portes de Paris. En 1962, environ mille cinq cent ouvriers « célibataires » et quelques trois cent familles u habitaient, sans électricité, et sans eau courante. Pour tous, il n’y avait qu’une seule fontaine et qu’une seule adresse administrative : le 127 Rue de la Garenne » (Demain, demain)



Soraya est arrivée à Paris le 1er octobre 1962. Elle a fait le voyage avec Ali et Samia, leurs enfants. A l’aéroport, et parce que Kader n’arrivait pas, elle a fait comme il a dit. Elle a tendu le bout de papier qu’il lui avait donné la dernière fois qu’il était venu au bled et, comme il avait dit, elle a prononcé « Taxi ? ». Le taxi l’a emmenée, elle a traversé Paris, ses monuments. Les maisons se sont espacées, puis ont laissé place aux immenses terrains vagues et aux chantiers de construction. Dans le bidonville, son époux l’a conduite jusqu’à leur maison. Attendre, toujours attendre en espérant pouvoir sortir un jour de cette cabane sans eau courante ni électricité.



D’ici-là, il faut gérer le quotidien, les enfants, la nostalgie du pays… et comprendre ce que Kader a vécu depuis qu’il est en France… En Algérie, on croyait qu’il ramassait l’argent par terre et qu’il avait un bel appartement avec vue sur Paris.



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Depuis quelques mois, j’éprouve de l’intérêt à lire des albums qui relatent la situation en Palestine ; les albums de Joe Sacco et Max Le Roy sont mes principales sources d’approvisionnement. Depuis quelques temps, j’ai également débuté une série de lecture sur l’immigration, essentiellement l’immigration magrébine des années 1950 à 1970. Je crois que le premier titre lu et qui se référait aux événements d’octobre 1961 était Meurtres pour mémoire. Plus récemment, j’avais eu envie d’échanger sur Les Mohamed. C’est cet ouvrage qui a été déclencheur et motivé mes recherches pour en lire (et en apprendre) plus encore sur ce sujet. Maintenant, je vais certainement m’orienter vers Octobre noir à moins que vos suggestions ne m’ouvrent de nouvelles pistes de lecture.



Laurent Maffre a commencé son parcours d’auteur BD en publiant dans la revue Shot. Publié en 2006, son premier album – L’homme qui s’évada – est une adaptation de l’ouvrage éponyme d’Albert Londres. Pour réaliser Demain, demain, il s’est servi des archives de Monique Hervo (que l’on voit d’ailleurs intervenir sur quelques scènes de l’album) ; en seconde partie de l’ouvrage, un texte de Monique Hervo, 127, Rue de la Garenne, qui contient ses photographies et quelques témoignages des immigrés qu’elle a côtoyé de nombreuses années à La Folie.



Par l’intermédiaire d’une famille algérienne, on suit donc l’histoire qui est celle de centaines de familles immigrées. Le prologue est le même : le chef de famille quitte le bled pour la France et son besoin de main-d’œuvre. Il envoie la majeure partie de son salaire à sa famille et passe moins de deux mois par an en leur compagnie. Quelques années plus tard, ils le rejoignent en France et constate avec effroi que leurs conditions de vie sont pires qu’au bled. Puis, c’est l’attente d’un relogement. Et pendant ce long laps de temps : l’humiliation d’être ignorés, la honte, le racisme…



L’histoire commence pour nous le 1er octobre 1962, jour de l’arrivée en France de Soraya et de ses deux enfants. Les 140 pages du récit principal emmèneront le lecteur jusque 1966, date à laquelle la famille est relogée dans un Centre de transit. Le récit contient de nombreux flash-back : souvenirs du personnage principal depuis son arrivée en France jusqu’à celle de sa femme, souvenirs du couple et de leurs amis en Algérie. Pas ou peu de voix-off si ce n’est certains encarts hors contexte, écrits par Laurent Maffre et présentant le contexte socio-politique ou décrivant le paysage de la Rue de la Garenne à l’époque des faits.



Pour illustrer son histoire, un trait fin et très fouillé. Un style graphique que je rapproche de celui de Simon Hureau. Les cases ont affranchies de contours, le blanc est une composante principale de la construction et introduit tantôt ses angoissantes effluves, tantôt la beauté de l’instant présent. Les descriptions visuelles sont détaillées, minutieuses. Elles rendent compte d’une émotion, d’une étendue (ce terrain vague est imposant, au moins autant que les engins de chantier qui creusent, aplanissent, amassent les monticules de terre et les déverse à la limite du bidonville, comme pour l’enterrer et le cacher à la vue du monde pour reprendre le constat formulé par un des protagonistes de l’histoire). Comme Hureau, le dessin a un cachet rare, ceci est certainement dû à la richesse des détails présents (les motifs d’un vêtement, l’étal d’un bouquiniste sur les Quais de Paris…), ce qui aide à recréer l’ambiance d’époque.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Les chambres du cerveau

J'avais été profondément enthousiasmé par le premier bouquin de Laurent Maffre, l'homme qui s'évada, adapté d'Albert Londres. Ce qui frappait d'emblée c'était la justesse du traitement ; scénario, récitatifs, dialogues et dessin, tout cela semblait naturel à l'auteur, labélisé immédiatement dans mon cerveau comme "faisant de la bonne BD". Ca fait presque une semaine maintenant que j'ai lu cette adaptation de Stevenson et de sa nouvelle Markheim et si je n'en parle que maintenant ce n'est pas affaire de digestion, ou alors malgré moi, c'est surtout que je continuais de chercher l'oeuvre originale dans ma bibliothèque sans succés et ensuite en médiathèque où je n'eus pas plus de chance. J'ai lu cette nouvelle il ya quelques années, suffisament pour que je ne m'en souvienne qu'imparfaitement Elle m'avait fortement impressionné et je voulais la relire pour vous parlais raisonnablement de ce qu'en avait fait Laurent Maffre.



Raté. Pas de livre pas de référence, il va me falloir improviser. Ca va chroniquer sans filet, in jazz mood. Cool. Il y a d'abord un premier choc graphique. En tout cas pour moi. Peut-être êtes-vous blasé par tant de bons dessinateurs que vous ne voyez plus l'excellence quand elle se profile et bien pas moi. J'aime ce dessin noir, au fusain, à la craie, à la mîne de plomb ? J'aime quand les coins des pièces sont hachurés d'une main experte, quand les visages se perdent à l'intérieur de ces mêmes ombres portées. Maffre est un sacré dessinateur que j'avais rangé peut-être un peu trop tôy parmi les ersatz de Jacques Tardi, catégorie fort courue où il n'y a pourtant que peu d'élus. Je me trompais un peu, Laurent Maffre est capable d'aller dans d'autres directions qu'un FB à la Tardi, je suis comblé.



Passée cette délicieuse entrée en matière purement esthètique il y a la découverte incontinente de Markheim, voleur menteur pilleur détrousseur et crapule, l'âme noire des Zola, Balzac, Poe et Maupassant réunis, une âme idéale pour la faconde de Stevenson qui lui tisse les atours les plus diaboliques et ténébreux. Il faut que le lecteur s'imagine cet album de très grand format, les dessins incroyables de Laurent Maffre et l'âme de ce personnage noire comme du charbon, le choc esthètique se poursuit.



L'intérêt ici aurait été de pouvoir tirer partie de la lecture de Stevenson, de signifier en quoi Maffre a su s'affranchir de la ligne du maître tout en réussissant à lui rendre un hommage des plus réussis. Malheureusement j'ai mon intégrité et quand je perds un bouquin, j'assume.
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Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonvil..

Demain, Demain raconte la vie d'une famille d'immigrés algériens dans les années 60. Une mère et ses deux enfants viennent rejoindre le père installé en France, employé comme ouvrier du bâtiment. Les espoirs sont grands mais la réalité les noie bien vite.

La famille est installée dans un bidonville, le plus grand de Nanterre, la Folie, plus de 120 hectares de cabanes, d'humidité, de saleté et de misère.

Entre le racisme ambiant et la pauvreté, la famille tente tant bien que mal de s'en sortir...

Une véritable claque, un récit très bien construit et très bien documenté ( l'annexe de la fin, les photos d'époque) et qui donne une véritable idée des problèmes et des enjeux de l'immigration des années 60 en France.
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