Citations de Laurent Mauduit (29)
C'est l'avenir que les géants du numérique préparent pour la presse comme pour le livre : le flux et la rapidité plutôt que la pertinence et la qualité.
dans leur boulimie d'appropriation, les géants du numérique ont saccagé l'univers de l'internet, en ont fait un immense espace marchand, asservissant ses usagers à ses logiques commerciales et publicitaires, les rendant prisonniers de ses algorithmes, façonnant à sa façon les hiérarchies de l'information, réduisant les journalistes à ne plus faire leur métier d'enquête pour vérifier seulement les rumeurs, même les plus folles, les plus délirantes ou les plus dangereuses, qui circulent sur ses réseaux.
Quelle que soit la nature du gouvernement, le pays souffre si les instruments du pouvoir sont hostiles à l'esprit même des institutions publiques. A une monarchie, il faut un personnel monarchiste. Une démocratie tombe en faiblesse, pour le plus grand mal des intérêts communs, si ses hauts fonctionnaires, formés à la mépriser et, par nécessité de fortune, issus des classes mêmes dont elle a prétendu abolir l'empire, ne la servent qu'à contrecoeur.
Marc Bloch, L'étrange défaite - été 1940
Amazon est à la fois le principal concurrent de la Poste et son principal client. La Poste, qui devrait protéger les libraires français, en est donc venue à concéder à Amazon des tarifs avantageux (et secrets), qui ont pour effet d'étrangler davantage... les libraires.
Comme ces gens -là chassent en meute, Alexandre Bompard n'arrive pas seul à la tête du groupe Carrefour.
Il y a aussi la grande voix de Léon Blum qui dans un texte célèbre adressé à son fils en 1919 et intitulé Pour être socialiste, s’emporte à son tour : « Si nous considérons autour de nous la mêlée des hommes, elle paraît dirigée, en effet, par ce mobile unique. Gagner de l’argent, c’est le véritable idéal humain, le seul que proclame et qu’essaie de réaliser une société pervertie. Conquérir pour notre compte la plus large part des privilèges que l’argent représente ou permet d’acquérir, c’est le programme de vie que le spectacle contemporain nous propose. Tout nous rappelle à cette lutte : l’opinion et la morale, qui devraient la flétrir, l’exaltent, et il faut une sorte d’héroïsme pour se soustraire volontairement à la contagion. C’est le sentiment moteur aujourd’hui, ne perdons pas notre peine à le contester. Mais où prend-on le droit de conclure que l’humanité n’en puisse connaître d’autres ? »
En moins de cinq ans, Google a tissé sa toile et y a capturé, avec la complicité des milliardaires, quasiment toute la presse française.
Cette confusion généralisé entre intérêt général et appétit privé et d'autant plus spéculaire qu'au même moment on assiste à qui faut bien appeler par son non: une privatisation de quelqu'un des poste clés de la république.
Les nouveaux abonnés au journal ne le savent pas forcément, s'ils ont profité d'une souscription à prix réduit, c'est parce que leurs données ont été offertes à Google.
Comme un État dans l'État, elle (la haute fonction publique) vit en vase clos, rétive aux grands principes républicains. En vase clos ou en constante consanguinité avec les milieux d'affaires.
Emmanuel Macron est le produit le plus abouti de cette mutation de la haute fonction publique - sa privatisation progressive, si l'on peut dire. [...] C'est le maître parce qu'il a franchi le Rubicon , un sacrilège que n'a osé commettre aucun de ces prédecesseurs : après l'OPA des oligarques de l'Inspection des finances sur la vie des affaires, il a réalisé l'OPA sur l'État. OPA réussie.
C'est à l'université [et non à l'ENA] que devrait revenir la responsabilité de former les élites françaises, tout en garantissant l'égalité d'accès aux carrières publiques. C'est elle, et elle seule, qui peut ouvrir l'esprit critique aux étudiants qui aspirent aux fonctions publiques, et pas seulement l'esprit d'obéissance ou de servilité.
C'est donc la clientèle la plus fortunée qui consomme le plus en ligne.
Devenant assez vite le premier client de la Poste, Amazon obtient d'elle des conditions tarifaires très avantageuses.
Le capitalisme français cultive le goût du secret et de l'opacité ; il manifeste une tolérance constante aux conflits d'intérêts.
En somme, le macronisme, c'est une variété hybride du bonapartisme : c'est l'autoritarisme d'un régime quasi monarchique, mais sans la moindre coloration sociale. Comment pourrait-il en être autrement ? Par définition le social-libéralisme repose sur un troc : les salariés acceptent davantage de flexibilité en contrepartie de nouvelles sécurités. Il exige donc un pacte social, conclu par des partenaires sociaux à qui sont reconnus des pouvoirs de négociation. Or avec Emmanuel Macron, rien de tel : des concertations sont imaginables, mais surtout pas des négociations.
La propriété privée nous a rendus si stupides et bornés qu'un objet n'est nôtre que lorsque nous le possédons.
Karl Marx, Manuscrits de 1884
Car Jean Pierre Jouyet est le premier mentor d 'Emmanuel Maccron, en quI il voit son fils spirituels, celui va gravir les échelons que lui même n'a pas franchis. C'est lui qui recommande à François Hollande de le faire venir dans son équipe de campagne pour la présidentielle de 2012.
La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même […]. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, donc je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. (Emmanuel Macron)
Ce régime est le plus régressif que l'on ait connu depuis les débuts de la Ve République, et le plus désinhibé : il conduit sa politique de déconstruction du modèle social français de la manière la plus violente. Presque avec ostentation. Cette caractéristique renvoie à un trait qui est sans doute celui d'Emmanuel Macron, […] la détestation de la question sociale sinon même le mépris de classe.