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Citations de Laurent Mucchielli (39)


Laurent Mucchielli
Absence d’enquête de terrain, «people-isation», perte de neutralité au profit d’un genre de militantisme, enquêtes à charge, dépendance totale envers la communication des agences gouvernementales et des industries, le journalisme tel que défini il y a 50 ans dans la Déclaration de Munich est en train de disparaître sous nos yeux, éclipsé par un «fact-checking» général aussi superficiel que biaisé.
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Laurent Mucchielli
Les bonnes questions sont : pourquoi le débat contradictoire est-il à ce point interdit en France ? Pourquoi les chercheurs indépendants et désintéressés qui s'interrogent sur la communication des pouvoirs publics, et proposent des contre-analyses, sont-ils traités par les journalistes comme des ennemis plutôt que des alliés ? Comment se fait-il que ces journalistes se soient à ce point et aussi massivement mués en défenseurs (« les nouveaux chiens de garde » titrait déjà Serge Halimi en 2005) de la communication gouvernementale ? Pourquoi tout propos produisant volontairement ou involontairement une dédramatisation de la crise sanitaire est-il jugé par principe insupportable et irrecevable ?

Quoi qu'il en soit, pour notre part, que cela plaise ou non, nous continuons à penser que, comme le disait très justement il y a quelques semaines notre collègue Didier Fassin dans le Journal du CNRS : « le Covid-19 n’est exceptionnel ni par son infectiosité ni par sa létalité. (...) Le caractère unique de la situation actuelle ne tient donc pas tant à la maladie elle-même qu’à la réponse qui lui a été apportée ». Ce qui, évidemment, en dérange plus d'un. A la décharge des journalistes, terminons ce préambule en disant que le conformisme de pensée, la soumission à cette sorte de pensée unique officielle que nous appelons la doxa du Covid, est très répandu dans la haute administration, y compris dans la fonction publique hospitalière et y compris dans des établissements publics comme l'INSERM, l'INSEE ou encore l'INED. Nombre de collègues nous disent en privé qu'ils comprennent et soutiennent notre démarche, mais ont peur de le dire en public car ils redoutent – à juste titre – d'en subir immédiatement des conséquences désagréables.
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Laurent Mucchielli
Certains de mes collègues le redoutaient, je ne voulais pas y croire. Mediapart qui me censure ! C'est un choc. Sachant que je tente depuis des mois d'avoir une vraie discussion avec ses journalistes, qui ne m'ont jamais répondu. Notre travail sera republié ailleurs. Mais quelle tristesse de voir que même Mediapart considère qu'il n'y a qu'une seule façon de penser autorisée, et qu'à la place du débat, on trouve la censure. Pour un journal qui prône la liberté et l'indépendance, cela me semble grave. Et cela fera aussi date. Car nous allons évidemment continuer à publier notre travail critique, n'en déplaise au pouvoir politique, à sa cour et tous les influenceurs type "nofakemed" et cie qui m'attaquent sans relâche et qui ont donc réussi à faire pression sur Mediapart. Quand viendra - plus tard - le temps de la vérité, que les masques seront tombés, je fais (hélas) le pari que la rédaction de Mediapart regrettera d'avoir préféré cette censure hautaine au dialogue que je lui propose depuis le mois de mars 2020.
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Laurent Mucchielli
Après le covid, que devient la démocratie ?
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Laurent Mucchielli
Les émeutes de novembre 2005 témoignent ainsi de la situation de désespérance d'une partie de la jeunesse confrontée à une double crise d'insertion dans la société et la vie adulte.
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Revenons une dernière fois sur les ressorts profonds du ou des types de viols collectifs qui semblent dominer en quantité, du moins dans les grandes agglomérations, à savoir ceux qui mettent en scène des groupes de jeunes hommes habitant les quartiers populaires. Cette forme de violence sexuelle exercée par de jeunes hommes envers de jeunes femmes ne doit rien à la "culture d'origine" de ces personnes, encore moins à une religion dont ils sont au contraire très éloignés. Le contresens constamment opéré dans le débat public, par des commentateurs de l'islam qui ignorent à peu près tout de la réalité des pratiques religieuses, est ici total. En effet, les chercheurs et les professionnels de terrain constatent depuis plusieurs années que la conversion à un islam réellement pratiqué, loin d'être un facteur de violence, est au contraire un moyen efficace pour sortir des pratiques délinquantes : d'une part, cette conversion suppose l'adoption d'un mode de vie structuré et structurant, d'autre part, elle offre un cadre identitaire et revalorisant s'agissant de jeunes hommes qui cachaient derrière leurs attitudes provocatrices et supérieures des fragilités narcissiques importantes liées à leurs multiples échecs depuis l'enfance.
L'idée d'une culture maghrébine et d'une religion musulmane qui prédisposeraient à la violence envers les femmes constitue donc un grossier préjugé ethnocentrique (consistant comme toujours à considérer l'autre comme un barbare) et un argument de lutte politique malhonnête (consistant à prétendre que les hommes d'origine maghrébine ou africaine violentent particulièrement leurs femmes, pensant ainsi promouvoir l'émancipation de ces dernières). Loin de ces idées reçues, nous avons vu que la pratique des viols collectifs dans les quartiers pauvres des grandes agglomérations doit se comprendre à travers l'analyse des groupes de pairs ou des bandes de jeunes et de leurs systèmes de normes propres : c'est parce que le virilisme compensant la marginalisation sociale des jeunes hommes ainsi que les mécanismes de formation des bandes jouent beaucoup plus dans ces quartiers que les viols collectifs y sont plus nombreux. La preuve en est que, à des époques et dans des populations différentes, des mécanismes similaires ont produit des comportements similaires.
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Traitement de type
J'ai constaté une impressionante quantité de commentaires anonymes et reçu également une vingtaine de messages éléctroniques de collègues (CNRS et universités) présentant D.Raoult tantôt comme un charlatan, tantôt comme une personne non crédible du fait de tel ou tel aspect de sa personalité. Chez certains journalistes, certains intellectuels et certains médecins, c'est une véritable haine que suscite la personne de Raoult. Or ceci est doublement condanable. Premièrement, juger de la crédibilité d'un chercheur en fonction de sa personalité apparente est une attitude particulièrement sotte, surtout quand certains des traits de personnalité en question sont d'une triste banalité. (...) En réalité, que la personnalité de D. Raoult soit ou non sympathique aux uns et aux autres n'avait aucune espèce d'interêt et ce genre de discussion relève du café du commerce.
Deuxièmement, je tairai par charité le nom des collègues qui ont accusé Raoult de "charlatanisme" tellement la chose est indécente. En 2 clics sur son ordinateur, chacun peut lire le CV de Raoult et comprendre qu'il a affaire à l'un des microbiologistes, virologues et infectiologues les plus connus en France mais aussi à l'échelle internationale. Que cela plaise ou non, ceci est un fait.
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Les émeutes de novembre 2005 témoignent ainsi de la situation de désespérance d'une partie de la jeunesse confrontée à une double crise d'insertion dans la société et la vie adulte.
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Marc Olivier Fogiel, directeur général de la chaîne d’information continue BFMTV [..] expliquait tranquillement : « j’ai travaillé au tout début avec l’AP-HP et avec les médecins référents du comité scientifique. Nous avons établi une liste de médecins estampillés les meilleurs par spécialité et c’est à chaque fois vers eux qu’on s’est tournés ». Ainsi, donc, le gouvernement a donné aux médias non seulement les « informations » à relayer mais aussi les « experts légitimes » pour les commenter à longueur de journée.
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Le 8 juin 2021, l’assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution par laquelle elle exprimait sa profonde préoccupation face à la stigmatisation, à la discrimination et aux lois et pratiques restrictives et discriminatoires qui visent les personnes contaminées ou exposées au risque d’infection et face aux lois qui restreignent la circulation des personnes ou leur accès aux services.
Cette résolution encourageait à œuvrer à l’élimination totale de la stigmatisation et de la discrimination des personnes contaminées ou exposées au risque d’infection, et à veiller à ce que tous les services soient conçus et fournis sans stigmatiser ni discriminer ces personnes, dans le plein respect des droits à leur vie privée, à la confidentialité de leurs données de santé et à leur consentement éclairé.
Cette résolution ne concernait évidemment pas le désormais célèbre SARS-CoV-2 (responsable de la maladie Covid-19), mais le non moins très connu (et depuis bien plus longtemps) virus dit de l’immunodéficience humaine (VIH, responsable du SIDA).
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La référence constante à l'origine maghrébine ou noire africaine accentue encore ce clivage: c'est l'éducation dans ces sociétés qui est aussi en procès. Et parfois même, c'est la religion musulmane.
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Les ressorts éculés de la propagande de masse.
Pour y parvenir, ces gouvernements (et les nombreux journalistes qui les suivent au garde à vous) utilisent toutes les vieilles ficelles de la propagande. […] Enfin arrive la technique de la grenouille ébouillantée dans la célèbre fable : plongez une grenouille dans de l'eau bouillante et elle bondira pour s'échapper, mais plongez-la dans de l'eau froide et portez progressivement l'eau à ébullition, la grenouille s'engourdira et finira par mourir de cette cuisson sans s'en apercevoir. Les gouvernements usent et abusent de cette technique de contrainte en passant leur temps à jurer que telle obligation n'arrivera jamais ou que telle catégorie de la population ne sera jamais concernée, afin de ne pas alarmer la population. Tout en réalisant la chose petit à petit. Ainsi la vaccination fut-elle d'abord réservée aux personnes les plus âgées et aux professionnels de soins. Ensuite elle a été élargie progressivement aux adultes des tranches d'âge inférieures, avant de passer aux adolescents, puis aux enfants. Aujourd'hui, ce sont les enfants réputés "fragiles" pour continuer à jouer le noble rôle de protecteur. Demain, ce sera en réalité la totalité.
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consiste à surveiller la voie publique ordinaire (la rue), non pas pour y gérer à distance un risque particulier, mais pour lutter de manière générale contre un risque protéiforme et difficilement prévisible appelé « la délinquance », parfois « le terrorisme » ou même « l’insécurité ». C’est à l’évaluation scientifique de cette promesse de sécurité globale des citoyens que ce livre est consacré
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La première défaillance (la socialisation familiale) est la moins facile à repérer et à analyse car elle est moins visible. Le problème principal n'est sans doute pas l'absence physique d'un parent (en l'occurrence le père), la famille en situation monoparentale. C'est là une explication courante que toutes les recherches relativisent fortement. L'essentiel ne tient pas à la forme de la famille mais au contenu réel des relations familiales, à l'existence ou non d'un conflit entre les parents (déterminant "l'ambiance générale" de la famille), à la capacité des parents à représenter des supports d'identification pour leurs enfants. Cela tient aussi à leur "capital social", entendu ici comme leurs capacités de mobilisation dans le voisinage et vis-à-vis des institutions locales. Or les situations de précarité (économique, relationnelle, sociale au sens large) des parents, qui accroissent les conflits internes des familles, sont concentrées évidemment dans les quartiers pauvres ou résident massivement les familles d'origine maghrébine et africaine.
La seconde défaillance (celle de la socialisation scolaire) est beaucoup plus aisément repérable car elle est sanctionnée par des mécanismes d'exclusion institutionnalisés. Or, nous l'avons vu, l'échec et la marginalisation scolaires sont le principal point commun des biographies des auteurs de viols collectifs. Le problème est connu de longue date. La question qui se pose dès lors est également bien connue de tous les éducateurs et plus largement des professionnels qui travaillent auprès de ce public. Comment un adolescent en situation d'échec ou de marginalisation scolaire, a fortiori s'il ne trouve pas en famille les ressources économiques et psychologiques nécessaires pour faire face à cet échec ou à cette marginalisation, peut-il s'affirmer sur le plan personnel et social, et se projeter dans l'avenir en tant qu'adulte, c'est-)-dire ayant un véritable travail (conférant statut et revenu), habitant son propre logement et fondant à son tour une famille ? La réponse est souvent : c'est impossible. Le résultat est une terrible anxiété, de très profonds sentiments de dévalorisation, de colère et d'injustice. Pour survivre psychologiquement, cette situation nécessite une réponse.
Le monde de la bande en constitue une. L'adolescent peut y trouver une place, y exister, s'y affirmer, y être valorisé, à tel point qu'il peut avoir le sentiment de dominer les autres et de prendre en quelque sorte une revanche sociale.
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Globalement, 3,5 millions de personnes nées en France vivent à l'étranger et le solde migratoire se réduit. En fin de compte, l'imaginaire nationaliste du "chacun chez soi (devant rester) dans son pays" apparaît de plus en plus obsolète, rétrograde et totalement inadapté face à un monde moderne "globalisé" ou les circulations humaines ne cessent de s'accélérer, encouragées par un système capitaliste de moins en moins foncier, de plus en plus immobilier et financier.
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L’immigration est fondamentalement un phénomène qui a été voulu et même organisé par les industriels et par l’Etat, d’abord pour des raisons économiques
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Les mots ont ce pouvoir hypnotique de transférer des représentations d'un groupe sur une autre et de dire l'indicible.
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On réduit la question des quartiers et, partant, les émeutes à des considérations touchant aux modes de vie des populations qui y résident.
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Faiblesses scolaires et discriminations constituent deux handicaps majeurs sur un marché de l'emploi très concurrentiel.
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Le phénomène de ghettoïsation a deux faces, trop rarement étudiées de concert: l'une objective, relative aux conditions de vie des habitants et aux difficultés d'insertion socio-économique qui se posent massivement pour la jeunesse; l'autre subjective, relative aux représentations que les habitants se forgent d'eux-mêmes, des différents groupes sociaux qui composent la sociétés et de leurs relations.
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