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Citations de Laurent Sagalovitsch (57)


Mes maux de tête s'entêtent à me tenir tête.
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Laurent Sagalovitsch
Comme si nous avions trop abusé des plaisirs de ce monde, de cette Terre et que désormais, sous peine de disparaître tout à fait, il nous fallait rebâtir de nouvelles espérances, un nouvel art de vivre où il nous faudrait rechercher à l'intérieur de nous-mêmes, au plus proche de notre cœur, les vraies valeurs de nos existences terrestres. Non plus la fuite en avant, les voyages au long cours et les expéditions lointaines –toute notre folie consumériste– mais quelque chose de plus doux, de plus tendre, de plus modeste qui nous verrait prendre soin de notre environnement le plus immédiat, nos aînés comme nos voisins, nos jardins autant que nos forêts.
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Laurent Sagalovitsch
Plus le confinement dure et plus nous vacillons sur nous-mêmes comme si nous avions perdu le mode d'emploi de nos vies.
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À l'évidence, nous n'allions pas mourir à la guerre, nous n'avions pas eu cette aubaine-là : tôt ou tard, dans une semaine ou dans un mois, nous allions rentrer au pays, retrouver nos familles, reprendre une activité professionnelle, renouer tant bien que mal avec le fil de l'existence au quotidien, mais tout cela serait simulacres, poses, subterfuges destinés à donner le change : au plus profond de nos êtres, là où s'efface le bal des apparences, nous serions morts, aussi morts que Roosevelt et tous les autres. Aussi longtemps que nos cœurs continueraient de battre, nous porterions, solitaires, le poids de notre propre catafalque, de cette infinie douleur, de cette impuissance, et pendant que les jours s'écouleraient dans la normalité d'une vie douce et tranquille, dans le parfait scintillement d'un foyer baigné de lumière et de chaleur, traversé de cris d'enfants et de miaulements de chats, d'aboiements de chiens, à chaque heure de la journée, à chaque seconde même, comme des automates aveugles destinés à ne jamais revoir la lumière, nous retournerions nous abreuver au puits de ce chagrin.
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"Elle a voulu vivre.
Vivre malgré tout.
Vivre dans l'ombre de la mort de ses amis.

Vivre en trahissant la confiance de ceux dont le seul crime était de lui ressembler."
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Laurent Sagalovitsch
Avec un livre, le confinement n'existe plus, c'est juste un leurre, le plus grand des mensonges. Nous ne sommes prisonniers de rien puisqu'il suffit d'ouvrir les pages d'un roman pour nous évader de tout. Que peut donc un virus face à la puissance d'évocation d'un livre? Quel est son pouvoir de nuisance face à un tel ennemi qui en l'espace d'une page est capable de vous transporter dans les royaumes enchantés de l'imaginaire, là où se nouent les intrigues les plus colossales ou les plus intimes, au plus proche de la vérité de l'homme?
Aucun virus n'est jamais venu à bout de la littérature.
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À cette heure-ci, dans cette traversée de la ville, où, malgré les odeurs et les trains bondés, tout le monde prétendrait, à n'en pas douter, n'avoir rien su des crimes perpétrés à Buchewald, des tortures infligées aux prisonniers ni du traitement réservé aux Juifs, nous n'étions plus ni rabbin ni capitaine de la Troisième Armée mais deux hommes, deux simples individus bien trop ébranlés dans leurs certitudes existentielles pour ne pas céder aux appels d'un cœur saturé de vengeance. Oui, cette nuit-là, pour la seule et unique fois de mon existence, dans la quiétude de cette ville historique mais apparemment sans histoires, je connus la haine et l'envie d'ôter la vie à de parfaits inconnus. Je les voulais morts, comme je l'étais moi-même, comme tout le monde ici-bas, comme les morts de cet après-midi, comme ce dieu qui, à force d'indifférence, avait cessé de m'intéresser. Probablement n'étais-je plus moi-même.
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Tu as de quoi le payer Monika ? Je te rembourserai demain. J'ai pas le droit d'avoir de l'argent sur moi.
Tu as des problèmes avec la police ?
Mais non.
Avec ta banque ?
Non plus.
Je peux te prêter de l'argent si tu veux.
Juste pour aujourd'hui alors.
Pourquoi donc ?
Kippour, Monika, Kippour.
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Journal de V.

L. m'a dit hier soir qu'il était plus attaché à moi que moi à lui. Nous discutions pour savoir lequel des deux serait le plus affecté par la mort de l'autre. Il m'expliqua que lui accordait davantage d'importance à notre vie commune que moi. Il cita en exemple le jardin. Selon lui, j'évolue beaucoup plus dans un univers à moi. Je fais de longues promenades seule. Enfin nous nous sommes chamaillés. Cela m'a remplie de bonheur de penser que j'était à ce point indispensable.
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Elle avait tourné le dos à ce destin qui l'attendait. Elle avait choisi sa mort et je ne lui en voulais pas. Je ne pouvais lui en vouloir. Je ne lui en ai jamais voulu.
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Que pouvait-il y avoir de si détestable chez nous autres Juifs pour être haïs de la sorte, au point qu'on veuille exterminer jusqu'au dernier de nos enfants ?
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J'avais appris à ne jamais haïr les hommes. À toujours les considérer comme les victimes innocentes d'un monde bien trop violent. À toujours les excuser de leurs méfaits, à chercher un moyen de les sauver des ténèbres. À leur indiquer, sans relâche, le chemin de la lumière et de l'espérance. À les conjurer de se montrer à la hauteur de ce dieu qui les avait créés. Mais ce soir-là, alors que je quittais un camp pour en rejoindre un autre, dans la solitude de cette nuit de printemps encore chargée des soupirs glacés de l'hiver, je me demandai peut-être pour la première fois si je n'avais pas fait fausse route, s'il n'existait pas un mal qui rongeait le cœur des hommes et les amenait à se conduire comme des êtres dépourvus d'humanité, monstres dont la conduite ne pourrait jamais être rachetée, ni dans ce monde ni dans le suivant.
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De nouveau, comme une évidence, je sentis que je ne pourrais pas. Que ce qui m'attendait derrière cette porte exigerait de moi des forces que je ne possédais pas. Qu'il me fallait renoncer et avouer à Fontana, à l'état-major, à Ethel, à notre bébé, au capitaine Reuben, au fantôme de mon père, aux anciens prisonniers, au monde entier, à Dieu lui-même, que c'était une tâche impossible à accomplir tant j'étais faible, lâche, pleutre, incapable d'embrasser le poids de toute cette souffrance. Qu'on me fusille sur-le-champ pour désertion, je ne m'y opposerais pas.
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Laurent Sagalovitsch
Face à cet ennui, à cette lente agonie où l'âme se morfond et s'apitoie sur elle-même, je ne connais pas de meilleur remède que la lecture. La lecture qui est comme un oubli et une renaissance, le plus puissant des narcotiques capables de transcender la réalité au point de l'oublier tout à fait. Une porte ouverte vers l'infini des mondes où chaque page est un voyage, chaque chapitre un songe, chaque paragraphe un enchantement.

Rien ne résiste à la lecture.
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« Lorsque nous nous sommes connus, ce chimpanzé d’Hitler n’était même pas au pouvoir, tu te rends compte ? Tout juste si nous savions qui c’était. Nous étions si jeunes. Et si naïfs. J’ai parfois l’impression que ce temps n’a jamais existé et que la guerre a tout englouti.»
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Lorsque, des années plus tard, ils se souviendraient de cette guerre, ce ne serait ni les plages ensanglantées de Normandie, ni la lente et interminable avancée dans les Ardennes, ni la libération de Paris auxquels ils songeraient mais à ce camp, à cette matinée d’avril où leurs vies avaient basculé.
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Pour la première fois depuis mon arrivée à Vancouver, je me sentais seul.
Atrocement seul.
Comme jamais.
Pourtant la France ne me manquait pas. Si je n'arrivais pas à être heureux ici, alors où ?
Sans même m'en rendre compte, j'avais attrapé la malédiction du juif errant, jamais bien nulle part, toujours à la recherche d'un paradis qui n'existait que dans les livres d'enfants.
Repartir mais pour aller où ? Loin. Loin de quoi ?
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Aucun mot ne saurait traduire l'extrême dénuement des survivants, la misère des corps et des visages, le vide des regards, la flétrissure des peaux, la tonsure des crânes, la raideur des os, l'abandon de la faune, l'absence de toute chose qui, de près ou de loin, pouvait laisser penser que la vie avait étendu un jour son ombre par ici.
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Personne, je vous le dis en face, personne, absolument personne, tant il est vrai que c'est seulement une fois que nous nous retrouvons confrontés de plain-pied à une situation à laquelle nous n'avons jamais été préparés que nous pouvons juger de la qualité de notre nature profonde, oui, c'est seulement à cet instant où le sang rouge et noir de l'Histoire charrie son fleuve putride et pestilentiel que nous savons enfin qui nous sommes vraiment, un lâche ou un héros, un oisillon ou un aigle, un traître ou un homme de bien, mais, puisque c'est ma charge et mon devoir de dire en cette enceinte où se situe le bien et où se loge le mal, je ne peux que répéter qu'il est du devoir sacré de l'homme par-delà toute éternité de s'effacer de la surface de la terre quand sa propre survie passe par le massacre collectif de malheureux innocents. Vera Kaplan n'a pas su, n'a pas pu, n'a pas voulu emprunter cette voie. Elle a voulu vivre. Vivre malgré tout. Vivre dans l'ombre de la mort de ses amis [...]
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J'étais abîmée, j'étais fatiguée, je tenais à peine sur mes jambes tant mon séjour en prison avait été rude, mais je ne me résignais toujours pas à renoncer à la vie, je voulais leur prouver que malgré leur acharnement à me détruire, à m'annihiler, à me précipiter dans l'abîme, j'étais encore là, détruite mais vaillante, démunie mais résolue, défaite mais déterminée, prête à repartir au combat.
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