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Citations de Leonardo Padura (897)


Mario Conde est une métaphore, pas un policier, et sa vie se déroule, tout simplement, dans l'espace possible de la littérature.
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Mais un jour viendra où on voudra vous utiliser, on voudra acheter vos vers et votre intelligence, car les despotes, qui méprisent toujours la poésie, savent qu'un poète
servile est plus utile qu'un poète mort et que les poèmes peuvent donner de l'éclat aux pires facettes de la tyrannie. N'oubliez jamais cela. Le reste, vous allez l'apprendre seul parce que vous débordez de talent et du désir d'être poète.
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- Avec le café, je commande un peu d'optimisme ?
- Ça, on n'en fabrique plus nulle part.
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Au bout du compte, seule la petite place miteuse et désolée de Cojimar, avec ce buste de bronze disait quelque chose de vrai; c'était le premier hommage posthume au monde rendu à l’écrivain, c'était celui toujours oublié par ses biographes, mais le seul sincère, car les pêcheurs pauvres de Cojimar l’avaient édifié avec leurs propre argent après avoir ramassé dans toute La Havane le bronze nécessaire au travail du sculpteur, lequel n’avait rien touché pour son œuvre...[ils]ressentaient ce que personne au monde ne pouvait ressentir: pour eux c'était un camarade qui était mort, ce qu’Hemingway n'avait jamais été ni pour les écrivains, ni pour les journalistes, ni pour les toreros ou pour les chasseurs blancs d’Afrique, ni même pour les miliciens républicains ou pour les maquisards français...face à ce morceau de bronze s’amoncelait toute la spectaculaire escroquerie qu’avait été là vie d’Hemingway, mais elle était rachetée par l’une des rares vérités que contenait le mythe...
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Aujourd'hui, je vois comment le temps et les événements t'ont donné raison, mon amour; si seulement, nous avions eu le temps et les moyens nécessaires pour changer cette histoire avec la simple mort de quelqu'un qui, en vérité, méritait de mourir, car si je vois un coupable dans tout cela, c'est cet imbécile en grand uniforme couvert de décorations, ivre d'ambitions, qui n'a pas su s'en aller quand il le fallait et que nous avons si souvent désiré voir le plus loin possible : le mieux aurait été en enfer, car c'était sa place, du fait de ses crimes et de ses péchés.
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Dix minutes après, c'est Fleur de lotus qui a fait son apparition avec un monsieur d'une cinquantaine d'années, puis un autre homme est arrivé, dans une voiture avec chauffeur également, et celui-là je l'ai reconnu : alors que presque personne ne pouvait l'identifier à La Havane parce qu'il ne se laissait pas prendre en photo et n'apparaissait presque jamais dans les journaux, je savais que ce type c'était Meyer Lanski, l'associé de Lucky Luciano, qui était devenu le maître du jeu et de la prostitution à La Havane et avait mis beaucoup de fric dans la construction de nouveaux hôtels, avec l'accord de Batista qui profitait de ces investissements pour évidemment se remplir les poches au passage.
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Je l'ai donc vue et entendue un de ces soirs où on s'obstine à ne pas vouloir rentrer dormir, comme ça, par plaisir, et soudain la nuit est devenue magique, parce que dès que j'ai entendu cette voix dans l'obscurité du cabaret j'en suis resté hébété, convaincu en deux minutes que l'entendre chanter c'était une expérience unique et le plus dingue, c'est que j'ai tout de suite su que cette expérience était malsaine, car cette voix se glissait sous ta peau et te laissait un frisson de fièvre comme si quelque chose en toi avait été chamboulé. Bien sûr, cette nuit-là, elle a chanté plusieurs morceaux , mais c'est Quitte-moi qui m'a le plus touché, c'était son chant de guerre et elle le chantait toujours comme si sa vie en dépendait...
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Quand je l'ai connue, elle aussi, elle avait ce qu'il fallait : un corps qu'on aurait dit fait au moule, un visage qui lui donnait du pouvoir sur les hommes, une voix un peu rauque qui vous séduisait du premier coup et les ergots d'un vrai coq de combat pour se battre dans n'importe quelle arène où la vie pourrait la propulser.
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Je vais être franc avec toi, moi j'ai été un peu étonné parce que je dirais que Violeta vivait pour chanter plus que pour gagner quelques pesos. Un tel sentiment, une telle envie de chanter à n'importe quelle heure de la nuit, payée ou pas, la rendaient différente de Kathy Barqué et de toutes les autres, alors j'ai trouvé bizarre qu' elle accepte cette condition de cesser de chanter, bien que des fois, les femmes - les hommes aussi, bordel - s'amourachent et font ce qu'elles doivent faire et surtout ce qu'elles ne devraient pas faire.
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Elle était cuivrée, comme ça, un peu bronzée mais pas mulâtre, avec des cheveux très très noirs, ondulés, et une grande bouche, jolie, pulpeuse, avec des dents un peu en avant mais bien régulières, avec beaucoup de charme. Mais ce qu'elle avait de mieux, c'étaient ses yeux : des yeux noirs qui te glaçaient quand ils te fixaient et ils te transperçaient comme s'ils te passaient aux rayons X. Elle était de ces femmes à te faire fondre au premier regard...On m'a dit que très souvent elle se mettait à chanter pour chanter, pour le plaisir, toujours des boléros bien doux, mais elle les chantait avec un air de mépris, comme ça, presque agressive, comme si elle te racontait des choses de sa propre vie. Elle avait un timbre un peu rauque, de femme mûre qui a beaucoup bu dans sa vie, elle n'élevait jamais trop la voix, elle disait presque les boléros plus qu'elle ne les chantait et dès qu'elle se lançait les gens se taisaient, ils en oubliaient leurs verres, parce qu'elle avait quelque chose d'une sorcière qui hypnotisait tout le monde, les hommes et les femmes, les souteneurs et les putains, les ivrognes et les drogués, car ces boléros elle en faisait un drame et pas n'importe quelle chanson, je te l'ai déjà dit, comme si c'étaient des choses de sa propre vie qu'elle racontait là, devant tout le monde.
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Depuis les années 20, La Havane était la ville de la musique, de la jouissance à n'importe quelle heure, de l'alcool à tous les coins de rue et ça faisait vivre beaucoup de gens, non seulement des maestros comme moi, car tel que vous me voyez, j'ai passé sept ans au conservatoire et j'ai joué dans l'orchestre philharmonique de La Havane, mais aussi tous ceux qui voulaient gagner leur vie en faisant de la musique et avaient les couilles pour s'accrocher. ..Après dans les années 30 et 40, c'est devenu l'époque des salles de bal, des clubs sociaux et des premiers grands cabarets avec casino de jeux, le Tropicana, le Sans Souci, le Montmartre, le Nacional, le Parisién et tous les petits cabarets de la plage où mon copain El Chori était le roi. Mais dans les années 50, ça s'est multiplié par dix, parce que de nombreux hôtels ont ouvert, tous avec des cabarets, et les night-clubs sont devenus à la mode; je ne sais pas combien il y en avait dans le Vedado, à Miramar, à Marianao et là il n'y avait pas de place pour les grands orchestres, seulement pour un piano ou une guitare et une voix. C'était l'époque des gens du feeling et des chanteuses de boléros sentimentaux, comme je les appelais. C'étaient vraiment des femmes singulières, elles chantaient avec l'envie de chanter et elles le faisaient avec leurs tripes, elles vivaient les paroles de leurs chansons et cela donnait de l'émotion pure, oui, de l'émotion pure. Violeta del Río était l'une d'elles..
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Et ils tirent l'argent de n'importe où, presque toujours en le volant, en se prostituant ou en vendant de la drogue. Ou alors, il leur prend l'envie de rentrer dans une maison pour voler n'importe quoi, quitte à laisser deux ou trois morts sur le carreau. De sang froid, c 'est le titre du bouquin que tu m'avais offert un jour, non ? Eh bien, j'ai vu la même affaire la semaine dernière. Cinq morts dans une maison, torturés, mutilés..Et pourquoi ? Pour faucher deux mille pesos et un poste de télé.
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Je ne sais pas, il doit y avoir trop de gens qui en ont marre d'en baver, alors ils cherchent la voie de la facilité. Il y en a beaucoup trop qui ont grandi en voyant presque tout le monde se débrouiller pour voler, falsifier, trafiquer, ça leur semble tout ce qu'il y a de plus normal et ils le font comme s'ils n'y voyaient rien de mal. Mais le plus terrible, c'est la violence : ils ne respectent rien et quand ils veulent quelque chose, ils l'obtiennent par n'importe quel moyen..
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Avant, c'était un jeu d'enfant, maintenant c'est un jeu dangereux, sans masque. Les vols avec violence sont monnaie courante, on nage dans la drogue, les agressions sont une vraie plaie, la corruption c'est comme la mauvaise herbe, on n'en vient jamais â bout même en l'arrachant.. et ne parlons pas du proxénétisme et de la pornographie.
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Ce qui l'avait peut-être le plus aidé à conjurer le passé dans ce processus de rejet, c'était sa conviction de n'avoir jamais été injuste et, surtout, la certitude de n'avoir jamais abusé de son pouvoir comme tant de ses collègues passés, présents ou futurs. Son allergie à la violence ou à l'usage de la force, son rejet de la tendance policière â faire plier les consciences et les dignités, l'avaient toujours tenu à l'abri de ces excès habituels dans le métier et l'avaient éloigné, au passage, des effets secondaires nocifs comme la corruption qui avait entaché la vie de plusieurs de ses collègues, brisant la plupart de ses illusions en lui faisant comprendre clairement les invincibles faiblesses de l'âme humaine - même des âmes qui disaient avoir de leur côté le poids du pouvoir et la responsabilité de la justice.
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Aussi, quand une occasion particulière l'obligeait à se souvenir du représentant de l'ordre qu'il avait été pendant douze ans, il éprouvait un sentiment d'altérité envers lui-même, qui l'incitait à voir cet ancien Mario Conde comme un étranger, parfois même un inconnu qui avait trop longtemps vécu parmi les gens supposés forts et puissants, alors que sa nature le poussait à militer dans le club des contestataires.
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Seul le passage du temps avait réussi le miracle d'éloigner de son esprit le fardeau que le métier de policier, inévitablement sale, avait fait peser sur les replis de son âme.
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La première bouteille débouchée en était déjà au troisième acte quand Conde commença à abaisser le bras du tourne-disque et plaça l'aiguille pour que le haut-parleur crachotant émette quelques gémissements annonciateurs. Puis,comme les grosses gouttes qui précèdent la lourde averse d'été, les accords d'un piano parvinrent à leurs oreilles, un seul piano, presque violent, sans fioritures ni ornements superflus, auquel vinrent se joindre la percussion du bongo, le son profond de la contrebasse, et finalement cette voix plus parlée que chantée, chargée d'une intensité presque virile, d'abord empreinte d'une supplication puis d'un dépit à la fois douloureux et exigeant, capable de provoquer la sensation qu'il n'était pas nécessaire de voir la femme pour savoir qu'il y avait quelque chose de différent dans cette voix épaisse, chaude, obstinée à parler à l'oreille plus qu'à chanter...
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(..) et ils étaient entrés dans le monde de Blood, Sweat and Tears, de Chicago et, surtout, de Creedence Clearwater Revival, et ils avaient fait de Proud Mary et de la voix épaisse de Tom Fogerty une des icônes de cette amitié qu'ils avaient scellée comme un pacte de sang depuis les jours d'un passé sévère, aussi rempli de limitations et de pénuries matérielles que de mots d'ordre à exécuter sur-le-champ, d'émulations socialistes et de meetings de réaffirmation politique, un temps passé qui continuait pourtant à leur sembler presque parfait, peut-être à cause de leur obstination romantique à le conserver intact, comme en hibernation dans la brume complice des plus belles années de leur vie.
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Peintre mais aussi inventeur, ami proche du roi de France François Ier, je suis célèbre pour des tableaux tels que « Sainte Anne, la Vierge et l'enfant » ou bien sur « La Joconde » :

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