Son point faible : les femmes. Les petites, les grandes, les vieilles, les jeunes, il les aime toutes. Sauf les grosses, car elles lui rappellent sa femme.
L’ennui et la solitude eurent tôt fait de miner le moral de la jeune femme. Sur son île, jamais elle ne s’ennuyait. Ici, elle s’agitait toute la semaine, mais débordait d’ennui à chaque instant. Elle s’était fait quelques connaissances depuis son arrivée, pas vraiment des amis.
Pour Héra, rien n’était plus humiliant que ce vouvoiement, cette mise à distance – une étrangère au sein de sa propre famille. Aucune méchanceté n’irriguait les paroles de sa tante. Jamais un mot plus haut que l’autre. Tout était impeccablement lisse. Tout était impeccablement mort.
On y voyait une famille unie, comme dans les publicités. Agathe maîtrisait parfaitement le sourire de la femme comblée, celui qu’on affiche pour la postérité et devant les amis. Les mains de son mari lui enserraient amoureusement la taille. Hugo devait avoir un an ou deux, et tétait le doigt de sa mère d’un air satisfait. C’était un tableau d’une extrême harmonie : une famille idéale.