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Citations de Linda Lê (324)


[…] le poème n’est pas une réponse à une interrogation de l’homme ou du monde, mais ne fait qu’aggraver le questionnement

(p. 75)
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Le mort est dans cette chambre, mais il n’est pas là pour me tourmenter. Il panse les plaies, il adoucit l’amertume. Les mots de ses lettres sont comme des notes célestes qui jouent une douce mélodie. J’entends venir la vie. Ses ailes se posent doucement sur moi. Je vais quitter cet appartement, il n’a vu que la destruction, entendu que des cris de détresse. Je dois m’en aller. Ainsi, l’ombre de Morgue ne pèsera plus sur moi. Adieu, Morgue, gué de la mort, amer amour, amour tu, amertume, tumeur de l’amour… Le jour se lève, Sirius. Ouvre donc cette fenêtre. Laisse pénétrer la fraîcheur de l’aube.
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[…] nous avançons degré par degré vers ces sommets où l’esprit se décrasse de ce qui l’appesantit.

(p. 64)
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Dans l’humour la colère n’est pas annulée ou allégée mais transfigurée ; il donne à la colère une forme souveraine, ce n’est plus une passion.

(Arno Bertina, p. 46)
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Les poubelles de l’Histoire sont aussi intéressantes que ses vitrines.

(Arno Bertina, p. 40)
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La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l’oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. Sans cette fascination d'un retour constant à une forme inédite d’origine, le jeu du lecteur serait différent.

(p. 11, extrait de l'introduction de Sylvie Gouttebaron, directrice de la Maison des écrivains et de la littérature)
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Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d’espoir ou des invitations à ne pas désespérer. Ils puisent dans la bibliothèque, cet « antre aux livres », dit Linda Lê, des sujets vastes et minuscules, en explorent les marges, les résistances, les constellations, les processus profonds qui œuvrent à son enrichissement ou au contraire la pousse à mettre fin à la vie des livres. Ils portent la trace de la volonté obstinée de traverser les périls, sans déni, mais en quête d'un avenir désirable. Ils semblent convoquer une communauté de lectrices et de lecteurs à venir, comme l'a fait la bibliothèque, qui, la crise durant, a continué à rassembler des œuvres et des documents du passé ou du présent pour les rendre accessibles aux étudiants et aux chercheurs d’aujourd’hui et de demain ; et qui, de nouveau, bruit joyeusement des silences de celles et ceux qui ont retrouvé le chemin de ces salles et de ses livres.

(pp. 8-9, extrait de la préface de Laurence Bobis, directrice de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne)
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Un livre qu'on vient de lire entre aussitôt dans un compartiment de la mémoire que l'on peut assimiler à une sorte de salle d'attente. Pas encore vraiment rangé, pas encore installé dans le lent processus d'oubli qui va malgré tout le gagner, soit il s'éclipse très vite, soit il prolonge et densifie le réseau d'associations que sa lecture a fait surgir.

(Jean-Christophe Bailly, p. 101)
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Lire, c'est aussi dessiner une constellation, établir des liens entre les différentes œuvres.

(Linda Lê, p. 19)
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Doué d'une sorte de puissance occulte, aussi irrésistible que troublante, le livre, dans nos rêveries, est ce qui envoûte, nous jette hors de nous-mêmes. Il y a ainsi deux catégories de lecteurs : ceux qui se laissent charmer, au sens fort, par le livre, et ceux qui lui oppose un regard ironique, de manière à se ranger du côté des défiants, pour ne jamais se prosterner, comme Bruno Schultz, devant le « livre idolâtre ».

(Linda Lê, p. 16)
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Écrire a pour [Roger Laporte] quelque chose d'effrayant, c'est un embrasement de l'être tout entier, qui se laisse entraîner vers ce qui l'égare, brouille ses repères et rend malaisée la conquête d'une patrie intérieure.

(p. 139)
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C'est parce qu'elle met au grand jour la part insondable en chacun que la poésie de Lorand Gaspar possède la densité de ce qui est dissonant et pourtant éblouissant de clarté. Écrire un poème est chaque fois réapprendre à parler, dit-il. C'est peut-être là la seule appartenance que se reconnaisse celui qui s'invite sans cesse à un nouveau départ pour ne pas oublier de n'être, en tous lieux, qu'un passant et un passeur.

(p. 76)
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Les œuvres d'Imre Kertész sont celles d'un esprit qui prend toujours le contre-pied et pousse à l'extrême son combat contre le monde, sans forligner en tombant dans le pathos. Elles rappelles que les grands créations naissent d'une dissidence envers la vie.

(p. 49)
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Ma vie ne vaut que par mon entêtement.
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L'étranger est-il, ainsi que le prétendent certains, un rêveur tiraillé entre le regret de son pays d'origine et l'avidité de découvrir de nouvelles contrées, entre la nécessité de ne faire partie d'aucune communauté et le désir de vivre en symbiose avec la tribu à laquelle il s'est incorporé ? Ou est-il, comme l'écrit Baudelaire, cet homme énigmatique qui n'a ni père, ni mère, ni sœur, ni frère, ni amis, qui ignore sous quelle latitude est situé sa patrie, qui hait l'or et n'aime que les nuages, « les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages » ? Représente-t-il un danger, car il vient de ces rivages que nous ne connaissons pas et apporte avec lui son lot de misères ? Nous nous disons que nous en avons assez des nôtres et nous voyons d'un mauvais œil l'irruption de celui-là que nous ne comprenons pas et ne ferons jamais l'effort de comprendre. Il ne peut être notre alter ego, il peut au contraire être notre cauchemar, tant nous le tenons pour un envahisseur. Nous sommes fiers de nos œillères, parce que sans elles nous ne serions plus ni qui nous sommes, parce que nous nous définissions en nous opposant à ce quidam qui ne nous ressemble pas : nous ne voulons pas nous projeter sur lui, nous ne voulons pas de cette « autrement » qu'il nous propose.

(p. 24)
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Créer, pour ces outsiders, implique de cultiver sa sauvagerie intérieure, qui favorise la démystification du rationnel, la manifestation de phénomènes occultes, l'apparition de trajectoires dévoyées, l'exploitation du talent d'extravaguer, la fréquentation des régions suprasensibles, vraie patrie des voyants, l'accentuation des prédispositions à être le transcripteur de l'autre réalité, à penser l'errance de sorte que ce soit, note Édouard Glissant une pensée des ralliements, de la migration « des absolus de l'Être aux variations de la Relation où se révèle l'être-comme-étant, l'indistinction de l'essence et de la substance, de la demeure et du mouvement », à injecter un nouveau principe vital dans cet organisme sclérosé qu'est la littérature lorsqu'elle se nourrit uniquement de vérités rassurantes, sans faire d'elle une littérature universelle dans ce qu'elle aurait de plus abstrait, à force, prévient encore Édouard Glissant, de vouloir « récuser la présence des fructueuses intimités et des terribles assauts et antagonismes des lieux et des espèces entre eux et dans la totalité » (« Philosophie de la relation »), ou une littérature qui se serait proclamée recevable par tous, car possédant une dimension généralisante par quoi elle scellerait sa suprématie sur les autres formes d'expression des civilisations et des cultures.

(pp. 55-56)
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Dans une nouvelle du « Passeur », Ingeborg Bachmann raconte l'histoire d'un soudeur qui un jour, dans un café, met par hasard la main sur un livre abandonné là. Il commence à lire, une page, deux pages, puis le livre en entier. Les jours suivants, il emprunte d'autres livres à la bibliothèque, ne va plus travailler, reste des journées entières enfermés à lire, pendant que sa femme, malade, gît dans son lit. Le médecin de sa femme a beau le mettre en garde, le soudeur tient les yeux rivés sur la page imprimée : « Tout ce qui peut jaillir de ces livres reste accroché là comme un nuage, et moi, je lève les yeux sur ce nuage tandis que je répare pour vous les rails du tramway, couché dans la boue, et que je me demande comment nous pourrions nous rencontrer, le nuage et moi. » Sa femme meurt, il est renvoyé de son travail, mais il continue à lire, les yeux tournés vers le nuage qui passe au-dessus de sa tête.

(p. 7)
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J'erre dans les rues du pays de mon enfance.

(p. 48)
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[...] qu’après avoir fui ton pays avec l’intention de trouver une terre d’accueil où tu ferais connaître à tous les indifférents le sort des tiens, restés chez eux au risque d’être emprisonnés, torturés, envoyés à la guerre, exposés à une mort certaine, tu avais renoncé, par fatigue, aquoibonisme – la demandeuse d’asile avait trouvé refuge dans un monde de résignation.
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Étais-tu l’étrangère devenue folle parce que la réalité qu’elle devait affronter était plus que perturbante, parce qu’elle protestait de cette manière contre ce qui la ravageait intérieurement, la guerre qu’elle avait dû fuir, les séquelles d’une guerre mutilatrice, blessant le corps des uns, dévastant l’esprit des autres ?
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