AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Lino Aldani (16)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
37° centigrades

Le nom de Lino Aldani (1926-2009) est cité dans le science-fictionnaire de Stan Barets.



« Ce Romain, ancien professeur de mathématiques, est certainement l'écrivain de S.-F. transalpin le plus connu dans notre pays. Déployant une grande activité critique et de nouvelliste, il fut, avec Massimo Lo Jacono, le fondateur de la revue Futuro entièrement consacrée à la S.-F. italienne, ... »



Je n'avais jamais entendu parler de lui mais il m'a donné envie de lire le Livre d'or de la science-fiction italienne (cette nouvelle figure d'ailleurs au sommaire) et de découvrir d'autres auteurs italiens.



37 degrés centigrades (Trentasette centigradi, 1963) est une nouvelle qui décrit une société régie par un système de soins de santé coercitif qui pèse de plus en plus à Nico.



Les cotisations ruinent et des inspecteurs s'assurent que vous restiez en bonne santé avec une liste plus longue que le bras de règles à respecter.



Un jour, Nico craque… basta! La chute est prévisible mais la réflexion est intéressante.







Challenge mauvais genres 2021

Challenge duo d'auteurs SFFF 2021
Commenter  J’apprécie          371
37° centigrades

Je ne connais pas grand-chose de la SFFF italienne ; quelques aventures d’Eymerich de Valerio Evangelisti, c’est tout. Voilà une occasion qui se présente peu souvent. Merci à Aelinel et à Fifrildi d’avoir attiré mon attention dessus.



En 1963, Lino Aldani imagine que l’Italie a développé une couverture médicale générale – c’est encore de la SF dans ce pays à l’époque – mais pilotée par le privé et qui coûte un bras. Le pire, c’est que cette innovation a priori positive s’est transformée en dystopie car elle a conçu un règlement surréaliste de contrôle de la population. Impossible de sortir sans tricot de peau si la température est inférieure à gnagna degrés ; impossible de sortir sans son thermomètre et ses cachets d’aspirine, etc. Au moindre manquement, c’est l’amende. Et le système emploie un tas de contrôleurs invasifs aussi insupportables que les commissaires politiques du Parti en URSS.

Mais on a le droit de ne pas adhérer. Dans ce cas, on n’a pas le droit d’être soigné. Un médecin qui soignerait un non-adhérent risquerait la prison. Autant pour le serment d’Hippocrate.

L’auteur nous présente l’histoire de Nico, que ce système énerve et qui hésite à sortir.



Finalement, cela n’est qu’un système tyrannique de plus, mais pris sous l’angle médical ce qui est plutôt imaginatif et non dénué d’humour (assez noir quand même). J’ai apprécié le décor de cette Rome munie de transports futuristes mais que je ne suis pas arrivé à visualiser autrement qu’en noir et blanc dans ma tête lol, comme si je regardais un vieux film de Visconti sur la télé familiale des années 1970. Une exception pour la chouette voiture rouge de Nico (effet Ferrari re-lol). Une caractéristique de l’époque : les gens fument comme des pompiers. On se croirait dans Mad Men.

Je me suis également bien amusé à retrouver les marques célèbres se cachant derrière les anagrammes : Troëncin, Lichemin, Giulia-Gamma (ça c’est pour Alfa Roméo, re-re-lol) ou Demerces.



Il m’est difficile de saisir une morale à cette histoire au final. Le système médical est ici intolérable mais il fait le job. En sortir, c’est véritablement raccourcir sa vie.

Une novella assez grise en fait (comme les films en noir et blanc, lol-final).

Commenter  J’apprécie          295
37° centigrades

Une nouvelle fois, la collection « Dyschroniques » du Passager Clandestin exhume un texte très intéressant. Si la plupart des œuvres, nouvelles et romans, de Lino Aldani ont bénéficié d’une traduction française, cet auteur reste méconnu. Ce « 37° centigrades » ne peut que le faire regretter.



L’accroche de la 4ème de couverture dit ceci : « En 1963, Lino Aldani imagine une société obsédée par le risque sanitaire ». Ce résumé est juste mais très limitatif. Ce thème est en effet abordé dans la nouvelle mais il ne faudrait pas la réduire à cela. « 37° centigrades » est un texte riche qui, en quelques pages, aborde plusieurs sujets. Le thème de l’obsession du contrôle sanitaire, s’il est abordé, n’est que secondaire selon moi. Le texte aborde en 1er lieu le sujet de la protection sociale et comment ce qui part d’une bonne intention peut être dévoyé par le système capitaliste.

Le récit prend place dans une société où la couverture médicale est conditionnée par le fait d’adhérer à la CMG en payant chaque mois. Dès lors, le citoyen affilié doit subir de nombreux contrôles visant à vérifier que son mode de vie correspond aux préconisations sanitaires de la toute puissante CMG. Le héros, Nico, ne supporte plus ce système qui le prive de son libre choix et lui coûte trop cher selon lui. Il faut dire qu’il veut acheter une voiture et n’étant jamais malade il trouve injuste de devoir payer pour les autres. L’individualisme, l’égoïsme et la superficialité de Nico seront punis. Aldani, homme de gauche, dénonce donc clairement l’individualisme forcené et rappelle le bien-fondé du principe de solidarité. Mais, il montre aussi comment ce principe salutaire peut être pourri par le système basé sur la toute-puissance de l’argent. Le personnage le plus passionnant, et sans doute alter-ego de l’auteur, est le Professeur Crescenzo. Celui-ci, dans un passage saisissant fait la démonstration de la façon dont la cupidité des plus nantis pervertit une bonne idée. Finalement, l’obsession sanitaire et les privations de liberté qui en résultent, découle de cet appât du gain. Je trouve ce propos infiniment plus riche que celui annoncé sur la 4ème de couverture. Le Passager Clandestin ayant publié ce texte en 2020, j’ai l’impression qu’ils ont voulu surfer sur le contexte de la pandémie de covid avec cette accroche réductrice, pensant que ce serait vendeur. C’est bien dommage de limiter ainsi la portée de ce texte.



Le petit dossier qui suit la nouvelle n’est pas vraiment une réussite. A vrai dire, il m’a même semblée un peu bâclé. Ceci dit, l’essentiel reste la nouvelle en elle-même et celle-ci vaut vraiment le détour.

Commenter  J’apprécie          260
37° centigrades

Il arrive parfois qu’un texte prenne une signification tout à fait différente selon l’époque dans lequel on le lit.

La publication par les éditions du Passager Clandestin de la nouvelle 37° centigrades de l’auteur italien Lino Aldani n’a d’ailleurs rein d’innocente en pleine période d’épidémie Covidesque et de mesures sanitaires à n’en plus finir.

Écrit en 1963, 37° centigrades imagine une Italie du futur où le citoyen doit se conformer aux règles sanitaires établies par la CMG, une société privée qui gère la santé et qui impose ses lois aux gens cotisant chez eux. Les conventionnés, comme on les appelle, doivent suivre des normes très strictes (et souvent absurdes) comme porter en permanence un thermomètre sur eux pour vérifier leur température et prévenir tout signe précoce d’infection. Interdit également de trop fumer ou de trop boire, d’ouvrir la fenêtre d’un hélibus en plein vol pour aérer ou d’oublier son gilet de corps avant de sortir.

Nico, l’un de ces conventionnés, en a ras-le-bol de ces obligations et de la cotisation qu’il paye à la CMG l’empêchant tout simplement d’acheter ce qu’il désire, notamment l’un des magnifiques levacars qui sillonnent Rome.

Par esprit de révolte ou pour prouver qu’il peut se passer des normes sanitaires, Nico se déconventionne. Mais que se passe-t-il si l’on tombe malade dans ce monde où l’utopie sanitaire a viré à la dystopie ?



Critique du système en 1963…

Lino Aldani offre une réflexion sur le système de couverture médicale dans une Italie qui, à l’époque, se repose principalement sur des systèmes d’assurances privées pour assurer la prise en charge des frais médicaux.

La CMG devient ici une proto-sécurité sociale mais sur un plan strictement privé, semblant avoir pris le pas sur toute autre initiative d’état au point que ni le gouvernement ni le citoyen n’arrive plus à s’en dépêtrer.

Pourtant, l’idée n’était pas mauvaise et semble, au contraire, avoir mutée en cours de route à cause des abus engendrés par une utilisation excessive et inconsidérée par l’usager de santé mais aussi du fait de la vénalité/corruption du système.

Dans un univers qui rappelle Le meilleur des mondes ou encore 1984, Nico se rebelle contre un système totalement asphyxiant…mais qui est aussi devenu indispensable !

La question philosophique et éthique derrière ce récit, c’est bien le « tout ou rien » souvent rapporté dans l’histoire des systèmes capitalistes une fois confronté à la problématique du soin. En bref, si vous ne payez pas, vous n’êtes pas soignés. Logique de prime abord mais, lorsque l’investigation et les normes vont trop loin, que faire ?

Lino Aldani plaide ici pour un juste milieu et un contrôle de ce genre de couverture qui ne soit pas assuré par des organismes privés à but lucratifs.

La mésaventure de Nico démontre à la fois le caractère indispensable d’un système de prévention efficace et de soins raisonnés mais également la nocivité d’un mode de vie capitaliste où l’on ne distingue plus les campagnes de prévention des pubs commerciales.

Entre les lignes, Lino Aldani décrit la folie automobile qui s’empare de l’Italie à l’époque et de la fascination de l’homme moderne pour la possession d’un tel engin. Délicieusement désuet en somme.



… échos des années 2020

Pourtant, cette nouvelle interroge aussi sur les limites de la coercition autour d’un sujet sanitaire qui effraie à juste titre. Bien que le sujet de Lino Aldani n’ait pas du tout été celui du Covid à l’époque, 37° centigrades entre en résonnance avec notre époque ultra-sanitaire par nécessité.

L’obsession du citoyen pour la santé peut vite devenir un prétexte pour n’importe quoi et le récit de Nico oscille entre le complotisme et la méfiance anti-gouvernementale actuelle du fait des restrictions sociales, de la nécessité d’une prévention au moins minimale et d’un système robuste pour éviter de se retrouver soigner par un médecin aux moyens ostentatoirement insuffisants.

Drôle d’écho donc pour cette aventure qui convoque dystopie sanitaire et réflexion sur notre propre définition de la bonne santé.

Peut-on éthiquement priver de soins une personne qui s’est fourvoyée ? Peut-on imposer des contraintes tellement gigantesques qu’elles empêchent la vie ordinaire de tout un chacun ?

Autant d’interrogations qui méritent une nouvelle lecture de ce texte franchement perturbant…



Une dystopie sanitaire et une véritable réflexion sur l’importance d’une prévention détachée des intérêts financiers, 37° centigrades passionne et interpelle le lecteur jusqu’à son épilogue glaçant.
Lien : https://justaword.fr/37-cent..
Commenter  J’apprécie          230
37° centigrades

Cette nouvelle paraît pour la 1ère fois en 1963 dans la revue Futuro en Italie. Elle est publiée l'année suivante en Francedans Anthologie de la science fiction italienne .

Cette nouvelle a plus près de 60 ans et elle est terriblement d'actualité.



Lino Aldani nous livre une vision d'une société sous surveillance.

Nous sommes à Rome et Nico se rend à son travail comme chaque matin. Il se fait contrôler par un agent de la CMG qui vérifie s’il a bien sur lui son tricot de corps, quelques médicaments jugés indispensables et son thermomètre. Nico est excédé par cette surveillance et cette pression omniprésente.

La CMG, société privée qui gère la couverture maladie impose des règles très strictes de vie pour éviter un maximum les problèmes de santé. Les conventionnés (ceux qui cotisent) sont couverts en cas de problème de santé mais doivent se conformer à toutes les règles imposées : toujours avoir un tricot de corps, avoir sur soi en permanence un thermomètre pour vérifier sa température, ne pas ouvrir les fenêtres à certaines heures de la journée, ne pas rester trop longtemps dehors, ne pas fumer plus de 4 cigarettes par jour.... Bref une vie aseptisée et sous contrôle.

La cotisation est hors de prix et des agents de la CMG sont habilités à vous contrôler en permanence. Et bien entendu, en cas de non respect des règles l'amende est exorbitante.

L’adhésion est fortement conseillée et la non adhésion à la CMG constitue quasiment un acte de désobéissance civile.



Nico n'en peut plus de cette vie et envisage de rompre son contrat avec la CMG. Mais cette décision est très risquée : s'il renonce à cotiser, il ne sera alors plus soigné : aucun médecin ne lui viendra en aide et il n'aura plus accès aux médicaments.



Ce récit pose la question des conséquences d’un système de couverture maladie géré par des intérêts privés qui en viennent à dicter les comportements des citoyens. Jusqu’ou peut-on aller dans la privation des libertés pour des raisons sanitaires ?



Cette dystopie est très intéressante et l’écriture est fluide. Je me suis laissée happée par l’histoire de Nico et son ras le bol d’une société dans laquelle tous ses gestes sont contrôlés.



Un questionnement d’actualité !

Commenter  J’apprécie          152
37° centigrades

En conclusion, j’ai beaucoup apprécié cette nouvelle qui permet au lecteur de réfléchir non seulement sur les conséquences à long terme du désengagement de l’Etat dans les secteurs de la santé mais aussi de son appropriation de plus en plus progressive par des entreprises privées. Bien qu’elle date de 1963, ne trouve-t’elle pas une résonance étrange dans le contexte sanitaire actuel? En effet, bien avant l’émergence de la pandémie, le personnel hospitalier français s’était déjà mobilisé pour dénoncer leur manque de moyens financiers et de personnels dans les Hôpitaux publics. Or, dans le contexte actuel avec l’augmentation de nombre de malades hospitalisés et de personnels de santé qui s’épuisent depuis plus d’un an, n’est-il pas urgent pour le gouvernement de réagir et d’en faire une priorité?



Pour une chronique plus développée, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          120
37° centigrades

Publiée dans la collection Dyschroniques aux éditions Le Passager Clandestin, rééditant des textes « interrogeant la marche du monde, l'état des sociétés et l'avenir de l'homme », cette nouvelle italienne, signée d'un auteur qui m'était jusqu'alors totalement inconnu, prend place dans un monde dans lequel les mutuelles sont devenues de véritables multinationales obligeant les gens à consommer leurs médicaments via des textes de lois et autres annonces et publicités criardes, règles dûment contrôlées par des patrouilles de la Commission Supérieure de Vigilance n'hésitant pas à verbaliser sévèrement.



Nico se révolte et entreprend de se passer de sa mutuelle, en particulier afin de s'offrir une voiture, symbolisant ici la liberté, l’émancipation et la réussite sociale, mais également le début du consumérisme de masse, dans cette nouvelle rédigée en plein « miracle économique italien ».



Si la nouvelle en elle même reste très (trop?) classique dans son déroulement, 37° Centigrade nous plonge en pleine dystopie, avec ses multinationales privées devenant plus puissantes que les gouvernements, et nous propose également une belle critique du consumérisme de masse et du marketing à outrance.
Commenter  J’apprécie          70
Quand les racines

Les amateurs de science-fiction le savent bien, les sociétés et les évènements que décrivent les romans du genre ne font souvent que précéder de quelques décennies la réalité. Pourtant, il est remarquable de constater à quel point Lino Aldani avait anticipé l'urbanisation galopante de nos pays et l'industrialisation de l'agriculture. Certes l'Italie qu'il nous donne à découvrir n'existe pas encore. Milan, Rome ou Turin ne s'étendent pas sur des centaines de kilomètres et les espaces naturels occupent toujours de belles surfaces. Mais la transformation est en marche. Jours après jours, les campagnes sont grignotées. Les zones commerciales et les lotissements fleurissent un peu partout, les sols sont plus pollués que jamais et la faune et la flore sauvages disparaissent peu à peu. En dépit de quelques résistances éparses, les populations continuent de s'entasser dans les mégapoles où elles se prosternent devant le dieu Capitalisme et sa sainte trinité libérale : "Métro Boulot Dodo.

Le monde dans lequel vit Arno, personnage central de cette fable dystopique et écologique, est donc fort peu éloigné de notre réalité. Juste un peu plus liberticide, un peu plus bétonné, un peu moins vivable.

suite de la chronique sur on blog :


Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          60
37° centigrades

Bien qu’il fût un grand nom du genre, Lino Aldani n’a été que rarement traduit chez nous. Cette nouvelle d’une quarantaine de pages figura, jadis, dans le recueil consacré à la Science-fiction italienne dans la collection du « livre d’or ». La voici republiée seule assortie d’intéressants bonus.

L’univers imaginé, en 1963, porte à son paroxysme l’Etat doudou, chargé de veiller sur les citoyens et leur bonne santé : mieux vaut donc ne pas sortir sans avoir pris ses vitamines et tous les médicaments prescrits sous peine de risquer une amende de la Convention Générale Médicale. Et attention, s’il fait froid, prière de porter un vêtement adapté pour ne pas risquer le rhume.

Nicola, protagoniste du récit, s’inscrit dans la tradition des « héros » en butte à l’absurdité bureaucratique et au tout répressif de sociétés dystopiques ne voulant que le bonheur des masses. Bref, plutôt que 1984, nous sommes dans un univers proche du MEILLEUR DES MONDES ou d’UN BONHEUR INSOUTENABLE revisité toutefois avec une bonne dose d’humour absurde qui annonce « Brazil ». Ainsi, l’auteur choisit des anagrammes assez transparentes pour éviter de citer les véritables marques dans son collimateur mais le lecteur n'est pas dupe.

Dans cette anticipation, les soins de santé sont remplacés par des injonctions à ne jamais tomber malade et donc mettent tout l’accent sur la prévention. Mais tout cela coûte cher. Si cher que certains s’excluent, volontairement ou non, de ce système pesant. A leurs risques et périls bien sûr puisque s’ils tombent malades ce sera tant pis pour eux…Evidemment, un jour, notre bon Nicola décide de se rebeller. Pas en sortant les armes ou en allant manifester. Plus égoïstement, il préfère se payer la voiture de ses rêves au lieu de continuer à cotiser…

L’auteur utilise l’humour mais reste crédible, peut-être davantage que les dystopies plus totalitaires à la Orwell : le système est un carcan mais un carcan utile, presque bienveillant. En sortir est possible mais entraine de gros risques. Tout est ainsi calculé en termes de risques acceptables : on peut fumer mais pas plus de quatre cigarettes par jour, etc. L’auteur y ajoute une autre critique envers le mode de vie italien avec cette fascination du héros pour la voiture : pour lui une vie réussie passe obligatoirement par la possession d’un bolide transparent symbole de puissance sexuelle.

Un texte fluide, aux idées intéressantes et à la réflexion toujours actuelle, notamment sur le débat concernant l'accès au soin des fumeurs invétérés, des drogués, etc. Doit-on continuer à faire porter le poids de leur obstination sur l'ensemble de la société? Un récit court mais pertinent, à (re)découvrir.


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          50
Quand les racines

Quand les racines est un roman d'anticipation écrit à la fin des années 70 par Lino Aldani. Ce dernier alors qu'il venait de quitter la ville afin de s'installer non loin des rives du Pô avec pour objectif de devenir cultivateur et non plus professeur, se remit alors à écrire.

Quand les racines est le fruit d'un long travail de l'auteur, qui abandonna et reprit le projet à plusieurs occasions, dont la toute première publication date de 1976.



Ce livre raconte la vie d'Arno, un jeune homme dégouté par la société Italienne moderne, celle qu'imaginait l'auteur pour la fin des années 90 et le début 2000. Les campagnes s'y meurent, tout est fait pour les citadins : les humains s'amoncellent dans les mégalopoles, la pollution fait rage, la nourriture est industrielle, les métiers sont vides de sens, les drogues légalisées afin d'offrir une soupape de sécurité aux individus, la morale s'effondre, l'État surveille et organise tout, l'énergie est rationnée pour la plèbe, les clubs de rencontres anonymisés fleurissent, et plus les problèmes grandissent plus la modernité s'étale pour mieux vider les campagnes de leur substance. La vie à l'ancienne est en voie d'extinction, tout comme les animaux sauvages et les sols non pollués.

Arno ne supporte plus la vie qu'il mène, il rêve de partir vivre sa vie dans une des rares localités rurales ayant survécu où il avait passé une partie de son enfance. Là-bas une douzaine d'anciens continuent d'exister, sans électricité, sans eau courante. La première pharmacie est à 40 kilomètres du patelin. Ici on cultive, on élève, on répare, on bâtit, on partage.

Arno espère donc revenir sur ses pas, si possible avec une compagne, et s'installer non loin du Pô : adieu monde moderne, bonjour la Vie.



Cependant celle qui l'accompagne ne reste pas, ne revient pas : les bouseux la mettent mal à l'aise, la nourriture non traitée ou pasteurisée lui fait peur, et que dire de ces masures où l'on s'éclaire encore à la bougie ou au coin du feu ?



Arno, en dépit des pressions du système moderne qui fait tout pour le dissuader de partir définitivement, choisit quant à lui de rester.



Quand les racines nous raconte cette belle histoire.





Lino Aldini écrit avec style : ses descriptions sont sobres mais claires et cohérentes, il sait insuffler du rythme à son histoire, et les émotions des différents protagonistes sont intensément retranscrites. Les personnages sont détaillés, cohérents, crédibles, assez profonds. L'écrivain italien joue également avec les atmosphères et les styles. L'environnement urbain et le monde campagnard sont décrits de manières radicalement différentes, tout à fait représentatives des valeurs qu'Aldani désire leur attribuer.



Le schisme qu'il a imaginé entre modernité et tradition est finalement très représentatif de ce que nous vivons aujourd'hui, la civilisation moderne et ses travers (industrialisation de masse, coupure avec le vivant, complexification de tout, abrutissement des masses, perversion, nihilisme, marketing, pollution, etc) y est imaginée de manière extrême mais pourtant fort crédible. D'autant plus crédible que le spectacle qui nous est donné en 2023 tend à s'en rapprocher de plus en plus.



La vie dans les vieilles maisons familiales, avec petite cour intérieure, cage à poules ou à lapins, ustensiles en tous genres, bacs à eau, puits , où les habitants restent solidaires et unis nonobstant leurs désaccords, où le quotidien est rythmé par le cycle naturel de la vie (une vie rude certes, mais une vie concrète et simple), se meurt tant au cœur de Quand les racines que dans notre entourage actuel.



Lino Aldini nous a offert un chouette roman d'anticipation, pour son époque, qui devient aujourd'hui une sorte de dernière piqûre de rappel : si nous ne nous réveillons pas nous risquons de passer à côté de quelque chose de magnifique, et de laisser la modernité détruire ce qui fait l'homme dans son environnement naturel pour on ne sait quel prétexte (bénéfices, profits, sécurité ?).



Par ailleurs les nomades, ici les Gitans, ont un rôle non négligeable dans ce livre, mais je n'en dis pas plus, à vous de le découvrir si le cœur vous en dit.









Commenter  J’apprécie          50
Sexe & sexualité dans le futur & ailleurs, to..

Les éditions Arkuiris viennent de publier deux volumes d'une anthologie de SF sur le thème. Sexe et sexualité dans le futur et ailleurs. Deux constatations:

- l'incroyable diversité d'inspiration des auteurs. Dans le N°1, une courte nouvelle donne la parole aux touches du clavier de l'ordinateur d'un écrivain et raconte le plaisir érotique qu'elles éprouvent au contact des doigts de l'homme .

-ces textes, si différents, mais tous d'une excellente qualité d'écriture prouvent que la SF n'est pas une sous littérature (préjugé encore fortement ancré en France).
Commenter  J’apprécie          50
37° centigrades

Je suis tombée sur cette petite novella un peu par hasard, en faisant l'inventaire de ce qui ne sortait pas dans mon rayonnage de science-fiction. En lisant quelques critiques, j'ai cru percevoir que c'était brulant d'actualité, et que mes usagers passaient sans doute à côté d'une jolie petite trouvaille (mais les gens lisent n'importe quoi, tous les bibliothécaires vous le diront)



Lecture extrêmement rapide, puisque Le Passager Clandestin propose des nouvelles ou des novellas, dans un format très compact. Et pourtant, quelle puissance dans ce récit ! Nous sommes dans une société obsédé par la (bonne) santé, où des agents de la C.G.M très envahissants viennent vérifier, selon la date, si les citoyens portent bien leur petit pull en laine, s'ils ont pris leur vitamine, ou viennent contrôler leur température.



Nico, personnage principal de cette histoire, se débat dans cette société qui lui semble absurde, et où ses revenus sont largement impactés par ce qu'il doit donner à cette fameuse Convention Générale Médicale. Cela lui est d'autant plus intolérable qu'il est submergé par une publicité agressive (autre obsession de cette société), qui lui vante notamment l'achat de véhicule, avec des formules à peine pire que ce qu'on peut voir dans la pub aujourd'hui : si tu n'as pas une voiture, tu es un looser.



Nico est très sensible à ça (et il n'a pas envie d'être un looser)



La nouvelle date de 1963, mais elle n'a pas pris une ride - mieux : elle est sans doute encore plus intéressante aujourd'hui qu'elle ne l'était à sa sortie ! Aujourd'hui où, peut-être, il faudra justifier publiquement de ses vaccins, ses tests, sa température peut-être... Je vais prendre un très grand plaisir à mettre en avant cette lecture dans ma bibliothèque !
Commenter  J’apprécie          42
Le livre d'or de la science-fiction : Scien..

Dans ce Livre d'or de la science-fiction spécial Italie on retrouve donc, tout logiquement, des histoires écrites par des auteurs Italiens de la seconde partie du 20e siècle. de petites histoires par la taille, mais grandes par leurs qualités, qui sont nombreuses et varient d'un récit à l'autre. Il y est parfois question de politique, du futur de l'humanité, de religion (principalement catholique, ça va de soit, on est en Italie tout de même) , d'amour, voir carrément de sexe et de bien d'autres choses ; et les genres si côtoient et si mélangent allégrement, Science-fiction (évidemment), fantastique, humour, érotisme et autres...



Bref, une bonne petit anthologie bien pensée et bien fichue, qui permet de se faire une bonne idée de ce qui s'écrivait alors en SF dans ce charmant pays latin qu'est l'Italie. Et donc, un livre que je vous recommande chaudement à vous amoureux de la SF et surtout à ceux qui aiment tout particulièrement les histoires qui sortent, ne serait-ce qu'un peu, des sentiers battus.
Commenter  J’apprécie          40
37° centigrades

Une toute petite nouvelle agréable à lire. Je regrette que l'on devine la fin un peu trop facilement.

Commenter  J’apprécie          30
La maison-femme

J’ai trouvé « La maison-femme » dans une boîte à livres. Ce recueil présente 10 nouvelles représentatives de 25 ans de carrière de Lino Aldani (elles s’étalent de 1963 à 1988), l’auteur étant lui-même présenté comme un pionnier de la S.-F. italienne. Je ne connaissais pas du tout l’auteur, et ce descriptif me laissait espérer une pépite.

C’est très bien écrit, le vocabulaire est recherché, parfois soutenu, les termes sont précis.

En revanche, je n’ai pas trouvé la pépite attendue. Les nouvelles sont de facture inégale, quant à leur intérêt et à leur « degré de science-fiction » : légèrement teintées de fantastique pour certaines, d’autres se déroulant sur d’autres planètes (comme « La maison-femme », la nouvelle éponyme de ce recueil). On peut rencontrer des extra-terrestres (Quo vadis, Francisco ?) sur leur planète, ou ce sont eux (un spécimen en tout cas) qui viennent à nous (« S » comme serpent).

Une mention particulière à « Une virée à la plage », qui date de 1967, qui mérite pour moi 5 étoiles : entre anticipation et fantastique, elle étonne par son caractère actuel et pourrait amener à réfléchir sur les thématiques abordées (surpopulation, consommation). Je suis contente de ne pas avoir abandonné la lecture de ce livre, cette nouvelle étant l’avant-dernière du recueil.

N’ayant pas apprécié totalement cet ouvrage, je ne le recommande pas.
Commenter  J’apprécie          20
37° centigrades

Voici un texte d'anticipation écrit en 1963 qui gagne à être connu, encore plus par les temps qui courent... Dans une société obsédée par le contrôle sanitaire Nico est un jeune homme qui rêve de voiture et de liberté. Chargé de régler les litiges musicaux au ministère de la chanson son emploi ne le satisfait guère. Nico est révolté face à cette société qui le contraint à se ruiner pour une assurance santé qu'il estime superflue. Les transports en commun, qu'il est contraint d'utiliser, sont devenus des espaces publicitaires saturés de messages de prévention ou de réclames automobiles qui ajoutent encore à cette pression sociale et sanitaire constante. Le jeune homme souhaite quitter la toute puissante CMG, Convention Médicale Générale, qui délivre certificats et consignes alambiquées et dont les cotisations ponctionnent son salaire avec voracité.
Commenter  J’apprécie          20


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Lino Aldani (101)Voir plus

Quiz Voir plus

Victor HUGO ❤️

Dans sa jeunesse, Victor Hugo voulait devenir ...

le 'Shakespeare' français
le 'Saint-Simon' du peuple
'Voltaire' et même plus
'Chateaubriand' ou rien

16 questions
6 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , écrivainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}