AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE177042_422
Denoël (30/11/-1)
3.75/5   2 notes
Résumé :
L'Italie en 1998. Une industrialisation galopante a rayé de la carte villes et villages pour leur substituer des mégapoles démesurées et inhumaines. Les gens s'y ennuient, voués à des travaux et des plaisirs mécaniques. Ils ont oublié le goût du pain, le parfum d'une fleur. Les suicides se multiplient. Au milieu de cet enfer, un jeune homme, Arno, décide de retourner dans son village natal, oasis miraculeusement épargnée, mais pour peu de temps. Il le trouve peupl... >Voir plus
Que lire après Quand les racinesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand les racines est un roman d'anticipation écrit à la fin des années 70 par Lino Aldani. Ce dernier alors qu'il venait de quitter la ville afin de s'installer non loin des rives du Pô avec pour objectif de devenir cultivateur et non plus professeur, se remit alors à écrire.
Quand les racines est le fruit d'un long travail de l'auteur, qui abandonna et reprit le projet à plusieurs occasions, dont la toute première publication date de 1976.

Ce livre raconte la vie d'Arno, un jeune homme dégouté par la société Italienne moderne, celle qu'imaginait l'auteur pour la fin des années 90 et le début 2000. Les campagnes s'y meurent, tout est fait pour les citadins : les humains s'amoncellent dans les mégalopoles, la pollution fait rage, la nourriture est industrielle, les métiers sont vides de sens, les drogues légalisées afin d'offrir une soupape de sécurité aux individus, la morale s'effondre, l'État surveille et organise tout, l'énergie est rationnée pour la plèbe, les clubs de rencontres anonymisés fleurissent, et plus les problèmes grandissent plus la modernité s'étale pour mieux vider les campagnes de leur substance. La vie à l'ancienne est en voie d'extinction, tout comme les animaux sauvages et les sols non pollués.
Arno ne supporte plus la vie qu'il mène, il rêve de partir vivre sa vie dans une des rares localités rurales ayant survécu où il avait passé une partie de son enfance. Là-bas une douzaine d'anciens continuent d'exister, sans électricité, sans eau courante. La première pharmacie est à 40 kilomètres du patelin. Ici on cultive, on élève, on répare, on bâtit, on partage.
Arno espère donc revenir sur ses pas, si possible avec une compagne, et s'installer non loin du Pô : adieu monde moderne, bonjour la Vie.

Cependant celle qui l'accompagne ne reste pas, ne revient pas : les bouseux la mettent mal à l'aise, la nourriture non traitée ou pasteurisée lui fait peur, et que dire de ces masures où l'on s'éclaire encore à la bougie ou au coin du feu ?

Arno, en dépit des pressions du système moderne qui fait tout pour le dissuader de partir définitivement, choisit quant à lui de rester.

Quand les racines nous raconte cette belle histoire.


Lino Aldini écrit avec style : ses descriptions sont sobres mais claires et cohérentes, il sait insuffler du rythme à son histoire, et les émotions des différents protagonistes sont intensément retranscrites. Les personnages sont détaillés, cohérents, crédibles, assez profonds. L'écrivain italien joue également avec les atmosphères et les styles. L'environnement urbain et le monde campagnard sont décrits de manières radicalement différentes, tout à fait représentatives des valeurs qu'Aldani désire leur attribuer.

Le schisme qu'il a imaginé entre modernité et tradition est finalement très représentatif de ce que nous vivons aujourd'hui, la civilisation moderne et ses travers (industrialisation de masse, coupure avec le vivant, complexification de tout, abrutissement des masses, perversion, nihilisme, marketing, pollution, etc) y est imaginée de manière extrême mais pourtant fort crédible. D'autant plus crédible que le spectacle qui nous est donné en 2023 tend à s'en rapprocher de plus en plus.

La vie dans les vieilles maisons familiales, avec petite cour intérieure, cage à poules ou à lapins, ustensiles en tous genres, bacs à eau, puits , où les habitants restent solidaires et unis nonobstant leurs désaccords, où le quotidien est rythmé par le cycle naturel de la vie (une vie rude certes, mais une vie concrète et simple), se meurt tant au coeur de Quand les racines que dans notre entourage actuel.

Lino Aldini nous a offert un chouette roman d'anticipation, pour son époque, qui devient aujourd'hui une sorte de dernière piqûre de rappel : si nous ne nous réveillons pas nous risquons de passer à côté de quelque chose de magnifique, et de laisser la modernité détruire ce qui fait l'homme dans son environnement naturel pour on ne sait quel prétexte (bénéfices, profits, sécurité ?).

Par ailleurs les nomades, ici les Gitans, ont un rôle non négligeable dans ce livre, mais je n'en dis pas plus, à vous de le découvrir si le coeur vous en dit.




Commenter  J’apprécie          50
Les amateurs de science-fiction le savent bien, les sociétés et les évènements que décrivent les romans du genre ne font souvent que précéder de quelques décennies la réalité. Pourtant, il est remarquable de constater à quel point Lino Aldani avait anticipé l'urbanisation galopante de nos pays et l'industrialisation de l'agriculture. Certes l'Italie qu'il nous donne à découvrir n'existe pas encore. Milan, Rome ou Turin ne s'étendent pas sur des centaines de kilomètres et les espaces naturels occupent toujours de belles surfaces. Mais la transformation est en marche. Jours après jours, les campagnes sont grignotées. Les zones commerciales et les lotissements fleurissent un peu partout, les sols sont plus pollués que jamais et la faune et la flore sauvages disparaissent peu à peu. En dépit de quelques résistances éparses, les populations continuent de s'entasser dans les mégapoles où elles se prosternent devant le dieu Capitalisme et sa sainte trinité libérale : "Métro Boulot Dodo.
Le monde dans lequel vit Arno, personnage central de cette fable dystopique et écologique, est donc fort peu éloigné de notre réalité. Juste un peu plus liberticide, un peu plus bétonné, un peu moins vivable.
suite de la chronique sur on blog :

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'antenne de télévision sur le toit d'une maison est comme une croix plantée sur une tombe, le signe qu'au-dessous il n'y a que des cadavres.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4900 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}