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Citations de Lionel Naccache (29)


(p.99)

Cette coexistence de nos cinémas intérieurs respectifs est également une voie de tolérance : prendre conscience de la manière dont nous nous percevons et dont nous percevons le monde conduit à comprendre plus facilement que les autres le perçoivent autrement que nous, et se perçoivent autrement que nous les percevons. Nécessairement autrement. Coexister autrement que par l’exercice de la violence, de la duperie ou de la manipulation exige de prendre acte de cette indépassable différence de perception.

Enfin, se familiariser avec le cinéma intérieur devrait aider un certain nombre de nos contemporains à ne plus se conduire comme des gougnafiers. Chacun d’entre nous est, avons-nous posé, le personnage principal de son propre film, mais, pour si précieux que ce film subjectif puisse être, il ne doit pas conduire à oublier que chacun de nos semblables est à son tour le premier rôle de son propre film. Lui, et non pas moi ! Le héros que chacun de nous est dans son propre film peut emprunter à une multitude de registres : héros magnifié et célébré versus antihéros ou héros autodéprécié, héros automéprisé ou ignoré de soi, voire héros qui considère comme un héros la représentation qu’il se fait d’un autre que lui… mais, chaque fois, il s’agit bien du personnage principal du film en question. Chacun est le héros de son cinéma intérieur, et nous ne sommes jamais le héros du film de nos congénères. L’oubli, l’ignorance ou la non-prise en compte agressive et méprisante de ce principe portent plusieurs noms : stupidité, bêtise, égoïsme, arrogance, méchanceté, logique de surhomme et de sous-homme ou d’Untermensch…

Sans même exclure qu’une certaine ontologie du mal puisse en être dérivée.
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(p.86)

J’ai consacré un essai intitulé Le Chant du signe à cette psychopathologie de nos interprétations quotidiennes. Je n’en livrerai ici qu’un seul exemple, raconté par Nancy Huston dans L’Espèce fabulatrice, lorsque, ouvrant la porte d’un ascenseur, elle y découvre une femme accroupie qu’elle commence par interpréter comme étant une enfant, puis une femme en train de déféquer ou de sortir d’un trou, avant de converger sur l’interprétation correcte : cette femme accroupie fouille dans son sac à main, certainement à la recherche de son trousseau de clés. L’ensemble de cette séquence mentale dure moins de deux secondes. Cette microscène de son cinéma intérieur illustre le jaillissement d’une première interprétation qui va s’avérer erronée (une enfant), et qui n’est rien d’autre que le fruit de la mécanique interprétative inconsciente, irrépressible et immédiate que nous évoquions plus haut. Ce n’est qu’une fois consciente de cette interprétation que Nancy Huston peut rapidement prendre en compte d’autres informations qui n’ont pas été intégrées à la première analyse inconsciente de la scène. Ces informations supplémentaires, telles que les traits précis d’un visage de femme adulte ou son aspect vestimentaire détaillé incompatible avec celui d’une enfant, la conduisent ainsi à récuser cet élément du scénario de son film intérieur, et à exiger dans l’instant une version corrigée plus satisfaisante. Une seconde interprétation surgit alors sur son écran subjectif (une femme accroupie qui défèque), pour être à son tour discréditée – toujours consciemment – par l’auteure qui mobilise très probablement cette fois en quelques dixièmes de seconde d’autres connaissances sémantiques et sociales qui n’ont pas été prises en considération par l’équipe de scénaristes inconscients fulgurants dont le périmètre de connaissances est fort limité : la plausibilité de découvrir une femme adulte, éduquée et apparemment bien portante en train de déféquer durant le court trajet d’une descente d’ascenseur d’un immeuble de quatre étages semble infime, sinon impossible. Une troisième et dernière tentative, enfin, est couronnée de succès (une femme accroupie qui fouille dans son sac) et emporte la conviction de Nancy Huston qui repart avec cette interprétation subjective de la scène vécue, et qui ne cherche plus à la comprendre différemment.
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Etre totalement libre des contraintes inhérentes à notre système de récompense est illusoire. Par contre, PRENDRE CONSCIENCE de sa présence nous autorise à limiter son emprise, et à viser la seule forme de liberté qui est à notre portée. Et qui sait si, à cette idée, vous n'êtes pas déjà en train de devenir un peu plus libre ?
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Plutôt que de lancer un "Dis donc, tu dissones à plein tube, toi !" qui ne serait pas forcément très apprécié, rappelez vous qu'on ne dissone pas pour des prunes ; il en va du maintien de notre cohérence subjective, mais aussi de l'exploration d'une gamme de possibles qui ne s'offrent qu'en prenant le risque de faire quelques fausses notes.
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Ce cortex-écorce superficiel qui s'offre à notre premier regard, cette sorte de papier crépon tout chiffonné, ce papier cadeau tout fripé que nous sommes pressés de déplier afin de chercher le trésor qu'il renferme, cet emballage grisâtre, c'est lui le véritable trésor !
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Et pour conclure sur une dernière homophonie : sans corps calleux, il y a du jeu entre les deux hémisphères, et le "cale-cerveau" intervient ici pour restaurer l'unité de notre Je !
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Dans la première partie, une menace vieille comme le monde, Nous retrouvons ici la mythologie comme le véhicule de nos représentations culturelles, telle que nous avons amplement présentée au chapitre 1 dans l'avant-propos. Le risque intrinsèque à l'activité de connaissance traverse notre culture occidentale depuis ses origines et ceci sous des formes très variées qui produisent ensemble une formidable cohérence. Mais sommes-nous aujourd'hui capables d'attribuer une signification pertinente à ces menaces et que reste-il de ces mythes? Des ruines vestigiales, dernières traces d'un danger aujourd'hui disparu? Ou d'une sagesse antique qui ne demanderait qu'à nous parler et nous atteindre là où nous nous trouvons ici et maintenant. Cette première partie du livre rappelle le portrait de la connaissance brossé par les grandes traditions de pansée qui ont construit notre culture. Pour rechercher une signification intelligible de ce discours qui puisse résonner aux oreilles des citoyens occidentaux du XXIème siècle que nous sommes, Lionel Naccache a choisi trois sources, trois pôles et trois moments de la civilisation occidentale, sources que nous avons évoquées dans l'avant-propos: l'éternelle Athènes de la mythologie antique, Jérusalem avec certains récits bibliques de la Torah et plusieurs pages de de littérature talmudique qui fut en réalité rédigée au sein des académies d'Israêl et de Babylonie au cours des premiers siècles de l'ère chrétienne et enfin le mythe Faustien qui plonge ses racines dans le haut Moyen-Àge allemand. Commençons par Athènes:
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Les signes symboliques qui nous entourent ont été conçus pour éveiller en nous une signification absolument claire, univoque, indiscutable : un feu rouge, le sigle W.-C., la croix verte de la pharmacie, les petits rectangles de batterie de nos téléphones portables…

Une grande partie de nos collisions avec ces signes répondent aux attentes de la signalétique : le signe nous indique avec fermeté le sens qu’il nous faut suivre, celui de la direction comme celui de la signification. Et nous nous conformons, docilement et sans même y penser, à son injonction. Parfois, pourtant, un « accident de signalisation » se produit… Nous interprétons le signe de manière erronée !
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Longtemps, l'absence de transparence dans nos vies affectives, sociales, politiques ou économiques a servi la protection d'intérêts corrompus, d'inégalités masquées ou de forfaiture indignes. L'opacité, fidèle partenaire de la censure. Mais, aujourd'hui, l'opacité est morte, vive la transparence !
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