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Critiques de Lise Charles (27)
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La demoiselle à coeur ouvert

Oscar Milton, écrivain célibataire d'une quarantaine d'années, est pensionnaire à la Villa Médicis. Un lieu que connaît bien son auteur pour y avoir séjourné. Mais faut-il néanmoins croire tout ce qui est écrit ? Lise Charles joue en effet en permanence entre la vérité et le mensonge, et comme son personnage emblématique, s'amuse à manipuler son lecteur.



Reprenant la trame des Liaisons Dangereuses, nous en lisons en effet une version modernisée où les lettres sont remplacées par des e-mails. Lise Charles crée des relations basées sur le désir, l'amour, la haine et la jalousie. Elle nous entraîne sur les chemins de la création, et plus particulièrement ceux inspirés par la copie. le texte est habilement construit, mêlant différents types de textes. L'auteur intègre également le journal intime d'une jeune ado avec brio, la jeune Demoiselle à Coeur Ouvert.



Elle s'amuse de nous en égratignant au passage le plagiat, l'art moderne, la musique classique contemporaine, le monde universitaire, les articles pseudo-intellectuels, les critiques de livres cherchant à trouver une signification là où il n'en existe guère, le statut d'écrivain.



Lise Charles nous offre un texte érudit. le tout est subtil, caustique, parfois même humoristique.

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La demoiselle à coeur ouvert

Coup de coeur ! ● Un écrivain à succès, Octave Milton, passe une année comme pensionnaire à la Villa Médicis à Rome (ce qui est aussi arrivé à Lise Charles, séjour dont le présent roman est le fruit). de là, faute de faire ce pour quoi il a été sélectionné – écrire un roman sur son ancêtre l'architecte Borromini –, il entretient une correspondance électronique nourrie avec plusieurs correspondants : une vieille amie qui fut sa maîtresse, Livia Colangeli, une admiratrice, Prune, et une universitaire, Marianne Renoir (qui est le pseudonyme qu'utilise Lise Charles pour ses publications pour la jeunesse). ● Je ne sais quel adjectif choisir pour qualifier ce roman épistolaire : riche, fin, subtil, élégant, cultivé, érudit, sophistiqué, délicieux… : c'est dire s'il m'a plu ! Il est aussi très original et se démarque au sein des parutions de cette rentrée littéraire. Créé par une grammairienne spécialiste des siècles classiques, ce roman est une magnifique réécriture des Liaisons dangereuses, avec une intrigue qui ne se centre plus sur le sexe mais sur l'écriture elle-même, dans un jeu vertigineux entre la réalité et la fiction, et qui se termine magistralement en revenant à la phrase en exergue au début. ● Les autres pensionnaires de la Villa sont campés avec beaucoup de drôlerie. Au passage, l'art contemporain est critiqué de façon pertinente et drôle – le livre étant d'un bout à l'autre plein d'un humour qui s'exerce au premier, au deuxième (et non second) et même au troisième degré (il sera question de ce degré dans plusieurs passages du livre). ● Lorsque les mails font place au journal d'une enfant qui devient adolescente, on craint le pire tant l'exercice est périlleux, mais les aphorismes enfantins font merveille (voir mes citations) et on ne s'ennuie pas une seconde à leur lecture. L'autrice (qui ne doit pas tellement aimer ce mot) a bien su trouver ce qu'il fallait pour en « dramatiser la lecture » comme le conseille l'éditeur Frédéric Boyer à Octave Milton (page 339) : « on attend que quelque chose se noue », et quelque chose se noue ! ● La réflexion sur le langage qui s'exerce à plusieurs endroits du livre est passionnante et je trouve que Lise Charles sait particulièrement bien vulgariser sa discipline universitaire (elle est maître de conférences en langue française) que d'aucuns croient (à tort) austère. ● La réflexion sur la littérature n'est pas moins passionnante, par exemple lorsque l'on voit comment l'écrivain Octave Milton opère deux traitements littérairement différents d'un même événement. On est subjugué par la petite cuisine de la littérature qui se donne à voir dans ce roman. ● On sait gré à Lise Charles d'avoir évité aux mails l'habillage habituel des romans contemporains qui usent de force @ et autres abréviations (pour « faire vrai » ? pour faire « moderne » ?). ● Un petit regret : de ne pas avoir plus développé le personnage de la mère d'Octave. ● Un autre : le titre. ● Une éclatante réussite qui, je l'espère, aura le prix Médicis (Lise Charles y est sélectionnée et ce serait une belle coïncidence pour ce roman qui se passe à la Villa du même nom !).
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La Cattiva

En couple depuis six ans, Marianne et Pierre sont en vacances dans la propriété de Pierre en Italie : c'est l'occasion pour Marianne de remettre en question leur histoire d'amour. ● J'ai pris l'oeuvre de Lise Charles dans l'ordre chronologique inverse, et je vais de déception en déception. ● Complètement conquis par La Demoiselle à coeur ouvert, son troisième opus et dernier en date, j'ai ensuite été déçu par Comme Ulysse, et le suis de nouveau, mais encore bien davantage, par La Cattiva (entendez non "la captive", mais "la vilaine"), bavardage fort ennuyeux et interminable sur le thème du désamour, malgré les multiples références littéraires dont est truffé le texte, que ce soit à La Fontaine, à Marivaux, à Stendhal ou à bien d'autres. ● le roman pourrait être un amusant jeu de piste littéraire s'il était charpenté par une vraie histoire. Comme d'intrigue, il n'y en a pas, il reste le jeu de piste, assez pédant et vain, ou plutôt pédant parce que vain, et les ratiocinations de Marianne qui se demande comment se libérer de son couple et de l'homme qu'elle n'aime plus.
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Comme Ulysse

Lou ou Loo, une jeune fille dont nous ne connaîtrons pas l'âge réel, est aux Etats-Unis avec sa soeur dans le cadre d'un séjour d'abord linguistique puis se prolongeant plusieurs années. Les deux soeurs se séparent et Lou loge à Manhattan dans une chambre immonde d'abord, puis à Brooklyn chez son petit ami Wolfgang, avant de suivre un peintre, Peter, dans le Massachussetts afin de servir à la fois de modèle et de nounou pour ses enfants. ● J'ai commencé à lire le travail de Lise Charles par La Demoiselle à coeur ouvert (2020), son troisième roman, que j'ai adoré, et je dois dire que j'ai été bien déçu par son deuxième ouvrage. Certes, elle parvient bien à rendre le langage relâché d'une jeune fille qui se dit elle-même écervelée et trop peu cultivée, ce qui est un exercice moins facile qu'il n'y paraît. On s'amuse de cette narratrice qui mélange un peu tout, qui ne semble pas avoir le souci de la cohérence ni de la chronologie de son récit, qui commet des erreurs syntaxiques et lexicales, qui interpelle le lecteur en lui disant « tu » et qui n'est pas sans points communs ironiques avec le Rousseau des Confessions. Les dessins qui illustrent le récit ne sont pas sans charme et l'irruption à tout moment de la langue anglaise pas toujours maîtrisée a aussi un côté divertissant. Mais sur 400 pages cela finit par lasser, surtout que ce qui est raconté ne m'a pas paru palpitant. ● D'après la quatrième de couverture, il s'agirait pour la jeune narratrice inexpérimentée de ramener l'inconnu au connu, et il faudrait se poser la question si ce n'est pas l'inverse qui en définitive se produit : fabriquer de l'inconnu avec du connu, dans un jeu de mise en abyme de l'écriture qui donnerait avant tout à voir le métier d'écrivain. J'ignore si c'est cela que Lise Charles a vendu à son éditeur, mais pour ma part je trouve que c'est tiré par les cheveux et surtout je ne lis pas cela dans ce roman décevant. ● Quant au titre, c'est un peu la même chose : même si Lou tarde à rentrer en France comme Ulysse à Ithaque, on est quand même très loin de l'Odyssée. Mais sans doute était-ce à Du Bellay que pensait l'auteure, au Du Bellay romain nostalgique de sa province angevine, comme Lou l'est de la France dont elle craint même de perdre la langue ?
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La demoiselle à coeur ouvert

Je vais faire comme Octave Milton, à savoir plagier un autre auteur, ici infiniment plus brillant que moi, pour cette critique. Mais, n'étant pas écrivain, je vais citer directement ma source et, même, vous adresser à cette dernière. L'avantage principal, au prix d'une blessure narcissique mineure, est de vous offrir la possibilité de découvrir un critique très agréable et instructif à lire.



http://www.babelio.com/livres/Charles-La-Demoiselle-a-coeur-ouvert/1242060/critiques/2368956

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Que puis-je ajouter ici à part un peu d'anecdotique ? Je remercie grandement « ma » « Little-Big-Woman », Torpedo , de m'avoir fait découvrir ce livre. Il est en effet fascinant. Il ne pouvait par ailleurs que susciter l'intérêt de qui, comme moi, vit avec une grammairienne dotée de très nombreux traits caractériels communs avec Marianne Renoir (Vocation et/ou déformation professionnelle ?). Un grand rire et un quelques craintes ?

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Je vais conclure en insistant sur la multiplicité des mises en abyme, parfois vertigineuses. le brio de l'ensemble est impressionnant et il est extraordinairement rare de découvrir tant de facettes dans un ouvrage concis. Ce livre est en apparence léger mais chaque mot fait sens. Et je termine en précisant que, à certains moments, il est aussi possible de relever, dans le regard critique porté sur un certain milieu, une touche de Houellebecq, sans aucun doute volontaire et assumée. La comparaison d'époques avec « Les liaisons dangereuses » est, elle aussi, cruelle sur plusieurs plans.

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Je conseille sans hésiter cette lecture à toute personne recherchant une production contemporaine de qualité. Avoir une certaine culture littéraire peut aider pour profiter pleinement de « La demoiselle à coeur ouvert » mais n'est en rien une condition nécessaire.

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La demoiselle à coeur ouvert

♥♥ NE PASSEZ SURTOUT PAS À CÔTÉ DE CE ROMAN DÉLECTABLE, DRÔLE, PLEIN D'ESPRIT, DE FANTAISIE ET DE SUSPENSE… C'est mon COUP DE COEUR du moment (et ce sera bientôt LE VÔTRE !) ♥♥

Voilà, au moins l'essentiel est dit !

Continuons maintenant tranquillement...

« Allons allons, Livia, reprends-toi, ça commence »… Non, vous n'êtes ni chez Marivaux ni chez Musset, quoique… Livia échange par mail avec un écrivain quadragénaire à succès : Octave Milton dit Ottavio, son ancien ami, un garçon peu inspiré et un brin velléitaire. Celui-ci lui explique qu'il va tenter de devenir pensionnaire à la villa Médicis (où a résidé l'autrice pour écrire ce roman…) En attendant, Ottavio doit écrire une lettre de candidature mais il a peu d'imagination et encore moins de motivation, il faut bien le dire. Livia lui suggère l'idée d'un roman épistolaire par mails qui mettrait en scène un narrateur, Pedro M. qui ferait des recherches sur son ancêtre l'architecte Borromini (la légende familiale raconte qu'en effet notre Ottavio descendrait de Borromini)… C'est nouveau, ça devrait plaire, l'encourage Livia. Il suffirait au lecteur d'acheter un mot de passe, il pourrait suivre l'échange épistolaire en se connectant…

Ottavio séduit le jury… Ah, les jolies balades dans Rome qui se profilent… Il lui reste à avertir son éditeur Paul Otchakovsky-Laurens qui trouve l'idée intéressante. L'aventure commence donc : découverte du petit monde des pensionnaires et de leur art - qui semble n'en avoir que le nom ! - (c'est piquant, mordant à souhait et si drôle!), du fonctionnement de la villa Médicis, des règles qui régissent toute cette faune étrange et des cris stridents des paons « léon » « léon » « léon » qui se pavanent près de l'allée des Orangers où la directrice a planté des artichauts… Quel microcosme insolite et rocambolesque!

Livia, restée à Paris, veut des détails, Ottavio les lui envoie. Mais l'écriture de son propre roman n'avance pas : inspiration et enthousiasme s'étiolent rapidement. Pourtant, de singulières rencontres ont lieu qui pourraient donner des idées à Ottavio : par exemple, une certaine Prune Mordillac, jeune fille naïve et pleine d'admiration, sagement accompagnée de « son père âgé de soixante-quatorze ans, professeur agrégé honoraire au lycée Henri IV et sa mère, âgée de soixante-neuf ans, sans profession», qui a adoré le dernier roman d'Ottavio, aimerait le rencontrer (en présence de père et mère of course). Pourquoi refuser cette drôle d'invitation ? Tiens, s'il racontait cette rencontre et l'intitulait « Mon coeur, bref », ce serait un beau titre pour P.O.L, non ?

Il lui faut aussi écrire quelques chroniques pour les Inrocks, un mail pour maman, un autre pour le frérot. Paul Otchakovsky-Laurens doit aussi lui rendre visite…

Tout ça est bien sympathique mais le satané roman n'avance toujours pas et Ottavio résume ainsi sa situation : « C'est l'histoire d'un écrivain en mal d'inspiration, qui décide, en suivant le conseil d'une ancienne amante, d'écrire sur ses ancêtres illustres, et qui se rend compte que ce sont de gros ploucs. End of the story, je laisse tomber mon livre, et j'attends que la vie me propose de nouvelles aventures» qui vont se présenter sous la forme d'une certaine Marianne (Octave, Marianne… quand je vous parlais de Musset!) Marianne Renoir (pseudonyme de l'autrice lorsqu'elle écrit pour les jeunes), linguiste, maître de conférences à l'Université de Nantes (tiens, c'est aussi la profession de Lise Charles) qui travaille sur « les pratiques ponctuantes des écrivains contemporains en matière de discours rapporté» (sujet à coup sûr étudié par l'écrivaine!) et aimerait interroger notre Ottavio sur « l'absence de marqueur du discours rapporté dans son dernier roman». Ottavio n'en sait rien, il a écrit « instinctivement », sans trop se poser de questions. Il lui faudrait peut-être interroger Livia, elle aura bien des idées, Livia ! Elle en a toujours !

Quel plaisir de lire ce roman malicieux, érudit, passionnant, plein d'esprit et d'humour et tellement, oui, tellement original : au-delà de son petit côté protéiforme (mails, chronique de presse, article universitaire, journal intime…) et de sa réflexion centrée sur la création, le langage et le rapport étroit entre l'écriture et la vie, il joue subtilement, délicieusement, avec les mises en abyme, les effets d'écho, les registres de langue, les figures de style (ah, la métalepse!)… Jeux de masques, de rôles, de mots et de miroir, de vérité et de mensonge qui nourrissent un dispositif narratif hors pair… Tout est faux : les statues du parc de la villa Médicis, le discours que l'on produit et que l'on adapte hypocritement au destinataire que l'on cherche à séduire et à tromper. Jeu dangereux lorsqu'il s'empare du vrai… « Un drame se joue et nous n'en voyons rien » commente P.O.L au sujet d'un article d'Ottavio. Il faut toujours être prudent avec les mots, on ne sait jamais où ils mènent...

Un texte brillant qui, somme toute, à travers ruses et manipulations, intrigues et manigances, leurres, fausses pistes, s'apparente à une réécriture moderne des Liaisons dangereuses et n'est peut-être pas sans rappeler l'univers rohmérien...

Croyez-moi, il mérite VRAIMENT d'être lu...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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La demoiselle à coeur ouvert

« Nous aurions préféré ne pas avoir à publier cette correspondance. Nous avons jugé que c'était notre devoir. » (p. 2) C'est sur cet avertissement que s'ouvre la correspondance entre Octave Milton, auteur en manque d'inspiration, et Livia Colangeli, son ancienne compagne, mais proche amie. Octave passe une année à la Villa Médicis pour écrire un texte sur son ancêtre, sous forme de correspondance électronique. Mais il passe l'essentiel de son temps à se moquer de ses co-pensionnaires et à dépeindre son quotidien romain. Observateur blasé et détaché, vite ennuyé, il est aussi méchant, inconstant dans ses relations amoureuses et très opportuniste, n'hésitant pas à reprendre à son compte les idées et écrits des autres.



Ce roman de Lise Charles, c'est une réécriture très nette des Liaisons dangereuses. Le texte lui-même ne s'en cache pas puisqu'Octave surnomme souvent Livia « marquise ». « Tu inventes donc les réponses que tu aurais voulu qu'elle te fît ? Ah, Octave, tu es plus avancé sur le chemin de l'amour que je ne le pensais. / Ne te moque pas. Tu sais bien qu'après avoir renoncé à t'aimer, je ne pourrai aimer personne. » (p. 88) Mais si l'ancienne amante et désormais conseillère rouée fait montre d'une cruauté froide et manipulatrice, Octave manifeste une cruauté bête et incarne un piètre Valmont, sans panache ni sentiment véritable. Il suit aveuglément les directives de Livia, sans sembler y prendre grand plaisir. « Toutes les prunes sont bonnes à cueillir et toutes les flatteries sont bonnes à prendre. Vois-là, ça fera plaisir à tout le monde, et surtout ça me distraira : je n'ai rien à lire en ce moment. » (p. 17)



Que je le dise franchement : Octave Milton m'a été antipathique de la première à la dernière page. Ce personnage est tout simplement odieux. Dans les courriels qu'il adresse à sa mère, il se fait léger et attentionné pour mieux se montrer infect avec d'autres correspondants et se moquer de ce qui l'entoure. Le texte se compose des différents échanges de lettres entre Octave et divers épistoliers, mais aussi d'autres formes littéraires : nouvelle de l'auteur, article universitaire, publication de presse ou encore journal d'une enfant. Toutes ces productions parallèles ne soulignent que davantage la production absente d'Octave et l'échec du projet qui lui a ouvert les portes de la Villa Médicis.



L'autrice a donné ses initiales à l'une de ses protagonistes et son nom de plume à une autre. La créatrice se fait matériau de sa création et ce n'est jamais inintéressant. Peut-être le journal intime qu'elle rédige était le sien, mais peu importe. Elle se dédouble dans le texte, étant à la fois la bourrelle et la victime, mais surtout en portant toutes les voix à la fois. La déclaration liminaire est à mon sens la meilleure partie du livre : elle m'a donné de grandes attentes. La suite m'a ennuyée et agacée, notamment la dévotion quasi fanatique que l'autrice, via son personnage Octave, manifeste pour l'éditeur qui publie son livre.
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La demoiselle à coeur ouvert

La demoiselle au cœur ouvert ou le pillage littéraire.

Pierre Matton, de son nom de plume Octave Milton, obtient le privilège accordé par l’Académie de France de séjourner à Rome dans la prestigieuse Villa Médicis afin d’y écrire son prochain roman. Durant cette année de résidence, il correspond avec son amie et ex-amante Livia, à laquelle il confie sans vergogne rancoeurs, inimitiés, doutes, prétentions, ragots et confidences récoltés auprès de ses co-pensionnaires, de sa mère, de son frère et de son éditeur. Mais lorsqu’il se met à dévoiler à Livia les pans intimes d’une correspondance échangée avec une grammairienne portant le nom du personnage principal de son précédent roman, le ton, jusque là badin, prend une tournure doucement cruelle.

Lise Charles m’a étonnée avec ce roman épistolaire qu’on croirait d’une autre époque mais qui se déroule à l’ère des courriels. Outre le cadre romain distillant charme et beauté à chaque page, la consistance des personnages et surtout, l’écriture vive et piquante à souhait, ce roman contient aussi nombre de retournements de situation étonnants.

Le propos me rappelle celui du film Laissez-les parler (Let them all talk) de Steven Soderbergh, dans lequel Meryl Streep, interprétant une écrivaine célèbre, était accusée par ses proches de vampirisation dans ses écrits.

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La Femme sans bouche

Tenir un journal dessiné, ce n'est pas donné à tout le monde. Le publier chez POL encore moins. Bon, c'est une fiction ! Mais c'est très réussi. le texte très moderne fait un peu penser à du Fabcaro. On suit les pensées et les doutes d'un jeune homme de 17 ans, très doué en dessin.
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La demoiselle à coeur ouvert

Ce roman de Lise Charles semble être totalement passé inaperçu dans la prolifique rentrée littéraire 2020. Et pourtant, quelle construction ! Certes, me direz-vous, le roman épistolaire version 2.0, c’est du connu maintenant, mais lorsque celle-ci arbore le ton badin et délicieusement irrévérencieux des Liaisons dangereuses, avouez que c’est d’autant plus tentant que c’était casse-gueule à la base ! Manipulation, vengeance, orgueil mal placé et relation toxique… moi je dis banco !



Mais attention, lecteur, rien ne sera facile, tu vas devoir ramer un peu avant d’en arriver là et il te faudra en passer par de drôles de détours linguistiques et artistiques. J’avoue m’être perdue plusieurs fois dans les circonvolutions stylistiques, mais j’ai adoré l’ironie acerbe des protagonistes, leur regard condescendant sur l’art moderne et leur mauvaise foi manifeste.



Si tu es sage et patient, tu croiseras, en vrac, des articles universitaires érudits, le journal passionnant d’une adolescente surdouée et une nouvelle un peu dégueu. Tu déambuleras, perplexe, dans les dessous de la Villa Médicis (que tu ne verras plus jamais comme avant), et tu te perdras dans une mise en abîme dont tu ne sauras plus démêler le vrai du faux… succulent et inattendu !

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Pour plus d'échanges épistolaires, version 2.0, n'hésite pas et rejoins-moi aussi sur Bookstagram !
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La demoiselle à coeur ouvert

Lise CHARLES. La Demoiselle à cœur ouvert.



J’ai choisi ce livre grâce à son titre. Je me suis trompée et je ne parviens pas à lire ces diverses correspondances. IL y a trop de destinataires, trop d’expéditeurs. Je ne réussi pas à faire la part de vrai faux et du faux vrai. Un véritable imbroglio . Je ne me glisse dans aucun des personnages. Entre les pensionnaires de la villa Médicis à Rome, les visiteurs, la mère de Octave Milton, heureux élu pour accéder à cette villa, les amies, les visiteuses , la maîtresse, l’ amante, etc... Je ne retrouve pas le fil à dérouler. . J’abandonne donc à la page190. Non je ne pense pas y revenir. Tant pis, cette histoire ne m’intéresse pas du tout. Je transmets mes impressions puis je vais me pencher sur les critiques envoyées par d’autres babelionautes. Bonne journée. (15/10/2021).
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Comme Ulysse

Coup de cœur pour cette jeune lou, partie à NYC avec sa sœur pour quelques semaines de vacances et qu'elle plante là soudainement.

Elle se laisse vivre selon ses rencontres et les circonstances, parce que sa plus grande angoisse, c'est bien celle-ci ; Crever d'Ennui.

C'est ainsi qu'elle rencontre Peter, un artiste peintre qui l'accueille dans sa famille en échange d'heures de pose comme modèle et de cours de français pour ses enfants.

Elle va y rester un certain temps, qu'elle ne veut déterminer elle-même et va décrire avec désinvolture pourtant, cet univers plus ou moins cruel qui évolue pratiquemment en vase clos.



J'ai adoré ce livre inattendu, son style délicieux, jeune, frais, vif, qui interpelle parfois le lecteur. Beaucoup de petites phrases en anglais s'insèrent très bien dans le récit sans nuire à sa compréhension.

Jamais dupe, Lou n'est pas politiquement correcte, c'est une effrontée, il ne faut pas lui en raconter malgré son jeune âge.



J'ai trouvé dans ce roman une très grande analyse des personnages, des situations, et une réflexion très intelligente.



Lise Charles a réussi à incarner son personnage comme si cette

histoire avait vraiment été vécue. Oui ? Non ? En tout cas, moi j'y ai cru.



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La Cattiva

"Moi je t'aime, et j'ai vraiment chaud, déclara Pierre en s'épongeant le front, qu'il avait collant. Tu dis que tu as chaud simplement parce que j'ai dit que j'avais faim, tu ne supportes pas l'idée que je puisse avoir quelque chose de plus que toi, répondit tristement Marianne."



La Cattiva, c'est elle, Marianne, captive d'une relation qu'elle ne veut pas, qu'elle ne veut plus, mais qu'elle ne parvient pas à quitter, une relation qu'elle apprécie parfois, mais pas toujours, pas tout le temps. Ces vacances en Italie la rendent folle, elle s'ennuie, il l'ennuie. Pierre, cet homme manifestement difforme avec qui elle a pourtant vécu pendant cinq ans. Cette homme étrange qui débite plus de vers que de paroles, qui a plus de travers que de qualités selon elle. Mais elle ne parvient pas à le quitter, elle s'interroge, change d'avis, couche dans la chambre d'à côté, mais revient toujours.



Marianne est captive, non pas de lui mais d'elle même. C'est un très beau roman sur les sentiments, contradictoires et pourtant inévitables. Un roman sur l'imagination, sur de grands enfants et sur la vie à deux. Magnifiquement bien écrit, il nous transporte dans cette campagne italienne en un instant, dans le coeur de Marianne, dans celui de Pierre et dans leur esprit tourmenté.

Je crois qu'on pourrait le qualifier en un mot: vrai.
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La demoiselle à coeur ouvert

La pépite !!! La demoiselle à coeur ouvert est un roman épistolaire étonnamment construit : des mails (sans les @ les noms et l'heure, ce qui est un plaisir de les lire comme des lettres) des mails donc entrecoupés d'une nouvelle, d'articles universitaires puis du journal intime d'une jeune fille fragile et brillante de 7 à 14 ans.

Octave Milton, écrivain, passe un an à la Villa Médicis pour écrire son prochain roman. Sauf qu'Octave manque cruellement d'enthousiasme et d'imagination. Nous sommes au cœur de la création littéraire voire de ses affres. La langue ici est tout !

A travers les mails qu'Octave envoie à Livia, son ex compagne mais néanmoins amie et confidente (un duo infernal, diaboliquement intelligent et sarcastique à souhait !) Octave dépeint les résidents de la villa, j'ai tellement ri ! Il lui raconte également sa rencontre avec Marianne, grammerienne, maman de Louise (la fille du journal intime) et de Jeanne. Marianne, sa métalepse et leurs échanges par mail commencent d'abord par une dispute et finit en histoire d'amour. Enfin d'amour... soyons vigilantes ! Aimer un écrivain c'est prendre un risque inconsidéré et Marianne va en payer le prix !

C'est une version ultra moderne des liaisons dangereuses, c'est un roman érudit sans jamais être plombant, c'est un véritable délice de lecture et même si la fin est tragique, elle est (j'ai honte de le dire) splendide !!!

En conclusion, le roman dans son ensemble est excellentissime !

Je regrette que ce livre (il me semble) n'ait pas plus de visibilité !
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La demoiselle à coeur ouvert

’avais suivi les recommandations de la blogueuse de « Lire au lit » qui avec un grand enthousiasme a défendu ce roman. À la lecture de son billet , j’avais déjà quelque réticences car le sujet était pour moi très risqué de faire ce que j’appelle de « l’entre-soi » . Tout est convenu dans ce roman, il a été fabriqué pour des universitaires qui passent leur temps à décortiquer la création littéraire. Cela veut être drôle mais c’est un rire convenu entre gens qui savent de quoi et comment rire.

J’explique le sujet, un écrivain a obtenu une place à la Villa Médicis, il va y rester un an et écrira un roman dans ce lieu historique. Ce séjour est réservé à de jeunes artistes (architectes, sculpteur, peintre, photographe, musicien, écrivain …) qui sont reçus dans ce palais qui appartient à la France pour favoriser la création de leur œuvre. Ils sont donc logés et nourris, reçoivent une bourse et n’ont qu’une obligation morale de créer quelque chose. C’est l’occasion pour le narrateur de se moquer des artistes qui cherchent plus à choquer qu’à créer, mais on sait tout cela maintenant et le musicien qui veut faire la musique sans son et la peintre qui ne veut utiliser que le sang de ses règles pour recouvrir des fresques du XVI° siècle ne m’ont pas amusée du tout. Il reste le roman en cours de fabrication de l’écrivain, puisque celui-ci a décidé que publier sa correspondance d’une année à la villa Médicis constituerait son roman, se met alors en place une gymnastique intellectuelle qui se joue des noms propres et des spécialités littéraires de chacun, des clins d’œil à la culture des gens comme il faut, pour arriver à la mort de Louise « la Demoiselle à coeur ouvert ». J’ai en vain cherché l’humour et la légereté que promettait « lire au lit », bref une énorme déception !
Lien : https://luocine.fr/?p=13399
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La demoiselle à coeur ouvert

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce roman est un véritable OLNI, objet littéraire non-identifié ! Je ne sais d’ailleurs pas trop quoi en penser… Je suis restée dubitative tout au long de ma lecture en oscillant entre interrogations, méta-lecture et surprises. Il déconcerte tout d’abord par sa forme épistolaire, devenue rare aujourd’hui, qui est remise au goût du jour à travers cette succession de mails entre les personnages. Le roman commence par ces échanges entre Octave Milton, pseudo d’un écrivain en mal d’inspiration qui s’isole à la Villa Médicis à Rome, et ses proches : son éditeur, sa mère son frère, son ex et une mystérieuse universitaire. Se mêlent ensuite à ces conversations, les nouvelles écrites par l’écrivain, un article scientifique entier de linguistique ou encore des extraits de journal intime. Je vous avoue que j’ai passé l’article et que j’ai survolé le journal intime. Alors que j’avais plutôt bien aimé le début, la relation entre l’écrivain et Livia ou Marianne ainsi que la manière dont l’autrice imprègne le roman de sa propre histoire, je me suis lassée au fil des pages et j’ai trouvé que la fin tombait à plat. Je m’attendais à autre chose, les prémices du roman laissaient présager une tout autre ambition, j’ai été déçue. Je suis allée au bout mais sans conviction.



Plus que le fond du roman, c’est la forme qui est difficile à appréhender tant par son style que par sa construction originale mais déroutante. J’ai eu l’impression que l’autrice se prêtait à un exercice de style. Entre les parenthèses sur des débats de grammairiens ou les nombreuses références littéraires, il faut s’accrocher pour suivre. Pour ce prix qui veut promouvoir « un roman de qualité accessible à tous », je ne donnerai pas la palme à celui-ci, trop intellectuel bien que la qualité de l’écriture soit évidente. Certes, le personnage écrivain critique justement ce milieu parisien suite à certains propos de Marianne, la professeure d’Université (tout comme l’autrice d’ailleurs), mais ce n’est définitivement pas un roman accessible à tous et de nombreux lecteurs devront voir celui-ci leur tomber rapidement des mains…
Lien : https://thetwinbooks.wordpre..
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La demoiselle à coeur ouvert

Lorsqu'Octave Milton, 44 ans, auteur de profession, apprend qu'il va séjourner comme pensionnaire à la prestigieuse Villa Médicis, il voit tout de suite dans la faune singulière qu'abrite la Villa matière à son prochain roman. Entre jeux de séduction, confidences et faux-semblants, l'écrivain puise sans vergogne dans les confessions de son entourage pour alimenter ses récits, convaincu que tout est permis au nom de la littérature. L'occasion d'entamer une correspondance tumultueuse avec son éditrice, sur le modèle actualisé des Liaisons Dangereuses.



Dans ce roman épistolaire du XXIe siècle, les mails ont remplacé les lettres mais la verve des personnages et les intrigues qu'ils tissent n'ont rien à envier aux saillies d'un Vicomte de Valmont ou d'une Marquise de Merteuil. Ici ce n'est plus tant de libertinage dont il est question que de l'écriture elle-même, qui est presque le personnage central du livre. Inspiré du propre séjour de l'autrice à la Villa Médicis, La Demoiselle à cœur ouvert se présente comme une plongée dans le monde secret et impitoyable de la création littéraire contemporaine. Mêlant correspondance imaginaire et véritables mails, article universitaire et journal d'une adolescente, Lise Charles souligne la voracité de la création lorsqu’elle se nourrit du réel.
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La demoiselle à coeur ouvert

Je m'étonne que ce livre ne soit pas passé sous les radars des jurés des prix littéraires, sans doute n'est-il pas assez ancré dans les problèmes de notre temps ou peut-être est-il trop brillant (l'auteur, issue de l'école normale supérieure, grammairienne, spécialiste de littérature, ayant raflé plusieurs premiers prix du concours général) ou encore son aspect formel, l'essentiel du roman est constitué d'un échange de mails, agace-t-il. Bâti, suivant la trame des "liaisons dangereuses", c'est un roman pourtant passionnant, par ses multiples facettes, qui peut être lu sous plusieurs angles, à plusieurs entrées, qui tient à la fois d'une démarche oulipienne, d'une réflexion sur la littérature, d'un jeu de rôle, ou plus simplement de l'histoire de personnages en quête d'amour et d'un écrivain dépassé par son propre statut et son absence d'inspiration, mais ce n'est pas que cela il y a aussi un témoignage de la vie à Rome à la villa Médicis et plein d'incises culturelles et toutes sortes de choses, comme la relation d'un journal enfantin ou des notations sur les turpitudes des artistes en résidence à la villa Médicis. Nous pouvons y voir sans doute beaucoup encore et avoir plusieurs niveaux de lecture: fiction-auto-fiction, sincérité-tromperie..... Ce roman habile, plein d'imagination, d'humour et facile à lire est un sujet inépuisable d'analyse. Nous sommes au coeur de la création littéraire au risque de s'y noyer mais pas de s'y ennuyer.
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La demoiselle à coeur ouvert

Quatrième de couverture : "Nous aurions préféré ne pas avoir à publier cette correspondance. Nous avons jugé que c'était notre devoir." L.C.



La présentation proposée par ma médiathèque en disait beaucoup plus, trop peut-être, en tout cas impossible de résister.



Bien m'en a pris, je sors de cette lecture épatée, tourneboulée, effarée, je vais voir si les autres romans de l'auteur sont disponibles en médiathèque (non, hélas).



Correspondance par mails, avec pièces attachées parfois : une nouvelle d'Octave Milton, auteur nouveau pensionnaire à la villa Medicis (comme Lisa Charles en 2017-2018), un article sur le discours rapporté, par Marianne Lenoir, maîtresse de conférences à l'Université de Nantes (comme Lisa Charles), Marianne Lenoir étant le pseudo de Lisa Charles pour des romans jeunesse, et un journal d'adolescente (Louise, fille de Marianne... mais finalement, qu'en est-il?). Apparaissent divers correspondants, y compris Paul Otchakovsky-Laurens, l'éditeur décédé accidentellement, j'allais dire au cours du roman, Livia Colangeli, une ex d'Octave (initiales LC aussi). Les artistes séjournant à la villa Medicis sont croqués sans pitié. Même Octave Milton, censé écrire une biographie de Borromini, n'est guère actif.



Cela paraît compliqué, mais c'est fluide et jubilatoire, on sombre dans un 'jeu de miroirs', des 'mises en abyme', les Liaisons dangereuses sont convoquées par certains lecteurs.
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Comme Ulysse

Holden Caulfield avec de petits seins. L’adolescence dont personne n’avait rêvé et que tout le monde a eue.
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