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Citations de Loana Hoarau (82)


Après tout, tu étais celui qui était lumineux, merveilleux, celui dont les mots fondaient en bouche, celui que l’on abreuvait et comblait de compliments, celui qui incitait à la consommation, celui qui apportait du rêve, celui qui invitait à découvrir le Concerto no 2 pour piano de Frédéric Chopin, le cubisme de Juan Gris, le travail du réalisateur Ramin Bahrani, celui qui faisait courber la tête et tenir la langue, mon attitude était honteuse.
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Et là, deux sentiments me sont parvenus. La joie, et l’appréhension. La joie parce que j’existais dans ta vie et tes conversations, c’était une belle chose, et l’appréhension, car j’étais terrorisé qu’il sache que tu me payais pour ça. Mon Dieu. Et s’il savait que tu me payais pour ça ? J’ai eu la faiblesse de croire que tu cachais cette partie de l’histoire ou qu’au pire des cas lui vive exactement la même situation. Et mon cheminement continuait.
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Pour lui, je n’avais que du mépris, c’était d’une évidence sans nom. Je suis sûr qu’il te souriait, en te prévenant de mon coup de fil, symbole pur de l’insolence envers moi. Cela aurait été différent s’il ne savait pas que nous nous fréquentions. Cependant, il le savait – ah, le fameux Marsault – que tu étais mon idéal, mon ravissement, je sentais le deuil prendre possession de nos deux corps, je ne supportais pas votre promiscuité.
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J’avais l’angoisse qu’un jour tu puisses désirer connaître davantage mon univers. Je supposais à l’époque que tu te moquais royalement de découvrir une autre facette de ma vie ; or, il était possible que tu me demandes de te montrer là où je vivais, là où je rêvais de toi, bac à douche et lit confortable quand même, là où je souffrais de me savoir si pauvre, une miniature au sein de ton monde, moi l’amant clandestin que l’on ne présentait pas parce qu’il n’arrivait pas à joindre les deux bouts.
Oui, j’avais honte en sachant ton métier qu’un jour je devrais te montrer cette précarité.
L’argent fait le bonheur.
L’argent fait le bonheur.
 
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Je cherchais le meilleur endroit où les cacher, en attendant. Pour ne pas les voir, alibi de ton impudeur certaine. Je les ai glissés sous ma boîte à pharmacie. Je voulais pleurer, tu avais écorné mes espoirs. Tu avais eu l’impolitesse de m’atteindre ainsi et me garantir un mal inadmissible. Pour toi, la notion de couple n’existait pas. Pas question de nous adopter, de nous fabriquer l’idée même de l’avenir.
Il n’était pas question non plus de venir vivre chez toi, moi qui m’étais fait tant de films. J’aurais eu le plaisir et la fantaisie de mettre des couleurs chaudes sur tes murs et tes sols, et ils seraient devenus nos murs et nos sols. J’y aurais installé des photos de nous deux lors de soirées romantiques, de barbecues entre amis, de voyages merveilleux. J’aurais gardé le meilleur de nous deux, nos avenirs éclatants, notre amour viscéral et mon dévouement total.
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J’appréciais de me savoir contemplé ainsi et que le lit qui nous attendait serait chaud de tes caresses, de tes désirs entiers, de tes mots en pointillé et de ton étonnante vivacité à me faire tout oublier, jusqu’à mon nom. Tu me consommais, et je me consumais. Les premiers instants, les premières secondes sont toujours sans lassitude, dépouillés d’habitude et colorent les joues jusqu’alors livides d’un rouge incendiaire. Il n’y a rien de plus beau que de se savoir enfin à sa place, avec celle ou celui qu’on aime.
C’était inattendu, cette emprise qui grossissait, qui prenait tout l’espace. Ce n’était pas malveillant, ni déplacé, ni somptueux, c’était plus que cela. Un cocktail dépourvu de conscience. Je me serais jeté au feu pour toi. J’aurais léché tes semelles, je me serais écorché la peau pour toi. Consacrant ma vie à te satisfaire.
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C’était inespéré, cette bonté de ta part. Ton regard dominateur, qui maîtrise parfaitement la chose. Cette phase charnelle qui tuait toute brimade psychologique. C’était d’une splendeur à réveiller les morts.
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C’était un besoin viscéral de me magnifier pour toi, oui, j’étais beau, irrésistible et disponible, aliéné à ta cause, je voulais produire un carnage de ces années à m’être laissé aller, je ne serais plus cet homme neutre et humain, je voulais devenir une divinité à tes yeux, et mon absence te remémorerait l’impact que nous avions eu ensemble, tu te rappellerais ma peau subtile, ma parfaite éloquence, mon regard énigmatique, mes mouvements poétiques, je voulais m’offrir comme le plus beau des cadeaux. D’ailleurs, en parlant de cadeaux, fallait-il t’en offrir un en remerciement ? J’ai réfléchi. Longtemps. Longuement. Qu’aimais-tu ? Je ne m’étais jamais vraiment posé la question. C’était honteux. L’importance que j’affichais envers toi n’était donc que sexuelle ? Je me serais lynché pour la peine. J’ai réfléchi, j’ai divagué, tu avais déjà tout, que t’aurait-il fallu de plus ? Était-ce seulement moi qui comptais ? Moi, une contrefaçon, un homme en guenilles, dans ton monde si parfait ?
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Peut-on aimer les comédies lorsqu’on est cultivé et qu’on fréquente ton milieu ? Ou alors pensais-tu que j’aimais les films populaires et tu voulais m’ouvrir à autre chose ? Détrompe-toi, malgré mon apparence et mon style de vie, j’aimais les films d’auteur et de genre. Ce n’était pas commun pour toi, je suppose. Non, tu n’allais pas me faire découvrir un monde nouveau, me faire comprendre à quoi sert un plan séquence ou la règle des tiers.
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Le malaise m’avait gagné. Je ne comprenais toujours pas ton engouement pour moi, et cela me faisait extrêmement peur. Qu’est-ce qui t’attirait en moi, pourquoi méritais-je autant d’attention ? Le gosier plein de questionnements. Ma cervelle en ébullition.
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Ton seul prétexte a été de me dire que tu devais aller travailler. Peut-être était-ce le cas. Je voulais te suivre et affronter la réalité. Savoir avec qui tu avais rendez-vous m’aurait aidé à me faire une vraie opinion sur toi, j’aurais déjoué mes angoisses. Même si ça devait me détruire. Il n’y aurait plus à me tracasser. Je voulais savoir pourquoi tu préférais le fais quoi, était-il la quintessence du jeu, de l’exotisme ? N’y a-t-il pas plus exotique qu’une personne que tu paies après l’acte d’amour ?
C’est là que j’ai décidé de retourner sur mes pas, tant pis pour le dernier métro, je marchais sur ma colère, néanmoins, il fallait que j’en aie le cœur net, quelles qu’en soient les conséquences. Imaginer les choses était pire. Je voulais reproduire ton parcours et ne pas m’inventer des situations agaçantes, accablantes. Je ne souhaitais pas de fossé entre nous.
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Je ne voulais pas ressembler au coup d’un soir, déchu de ton ciel. Je ne voulais pas me sentir une denrée inconsommable une fois sorti de ta bouche. Je ne voulais pas être payé une fois l’acte passé, mon métier me permettait cette aventure.
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Tu déclenchais chez la gent masculine des yeux qui roucoulaient, des spasmes qui s’amourachaient, et que tu faisais souffrir, sans trop le vouloir. Tes derniers mots m’avaient discriminé en raison de mon choix professionnel.
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J’étouffais, terrorisé. J’ai suffoqué et je me suis évanoui. Cela m’a valu deux jours à l’hôpital, j’étais en pleine déshydratation. Pour lui, piètre copie de son père psychologue, les gens normaux se résumaient seulement à avoir peur des araignées et découvrir l’amour à l’adolescence bien éclose, pas avant, et avec des personnes de sexe opposé. Pour lui, je n’étais pas normal.
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J’examinais chaque centimètre de ta peau, en contournais du bout des doigts chaque grain de beauté. Sous son épaule charmante, il y avait une grande cicatrice. Comment te l’étais-tu faite ? Un accident de travail ? Une chute à vélo dans ta tendre enfance ? Une bagarre ? Toi victime ou coupable ? Je te croyais ange et, en découvrant ces blessures, tu devenais humain. Ça me rassurait de te savoir fait d’os et de chair. J’avais peur de devoir panser ma tristesse et charcuter un si beau rêve. Tu existais, et tu étais là, avec moi.
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Tu m’as retourné et tu t’introduisais avec vigueur, à m’en faire mal. Ton poing sous moi frappait ma hanche droite à chaque coup de boutoir. J’ai émis quelques grognements de protestation, pour la forme. Mais cela m’excitait au plus haut point. Excité par ton coude vicieusement glissé autour de ma gorge, excité par l’enserrement sensuel. Excité au moment crucial de ta jouissance. Moi étouffé par l’odeur délicieuse de ton épiderme. Tu restais allongé sur ma peau brûlée par l’alcool et piétinée de tes crocs.
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Je regardais autour de moi, je devais avoir l’air d’un petit oiseau qui inspecte ton nid. Salon, salle à manger et cuisine configurés tel un loft. Table basse, canapé de cuir. Murs parsemés ici et là de toiles. Grandes fenêtres. Parquet parfait. Endroit épuré. Ça me changeait de mon petit appart d’étudiant sous les toits, bondé de choses inutiles. Je me suis assis sur le canapé, en pleine contemplation.
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C’est moi qui dérivais, qui me faisais des films agaçants et déprimants. Je me créais des histoires cruelles envers toi. Je suis comme ça. C’est peut-être aussi pour rendre moins difficile la perspective de la déception, qui sait. Je me rassurais, pour ne pas tomber de haut, sur l’idée que tu étais peut-être même autant en attente que moi.
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Putain. C’est le seul mot qui m’est venu en tête et que je me hurlais en silence. Une putain de joie, flamme effervescente m’électrisant les organes, un putain de soulagement, des putains de larmes heureuses qui se forcent à rester cachées au coin des paupières. Tu ne m’avais pas oublié ou catalogué de coup d’un soir, ceux qu’on oublie tellement vite. Tu ne m’avais pas relégué au rebut tel un fruit avarié. Tu avais pensé à moi, au moins un temps, même si ce temps a été court. Peu importait le fait que tu penses à moi sur mon estrade ou à l’arrière de ta voiture, peu importait si tu y pensais tous les jours ou seulement en coup de vent. J’ai cheminé à travers ton esprit, j’ai eu droit à une petite place attendrissante. J’ai fait celui qui est flatté, sans toutefois trop le montrer, mais si tu savais comme ça bouillait à l’intérieur !
— Moi aussi, j’ai pensé à toi.
— J’abuse sans doute, mais je me disais… Ça te dirait qu’on se voit ce soir ? Chez moi pour de vrai, cette fois-ci.
Tu as rajouté cette dernière phrase sur le ton de l’ironie complice.
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Je ne cherchais qu’à t’oublier, mon trésor, à laisser coaguler et disparaître mes blessures pleines d’orgueil. Je savais que si j’étais retourné en boîte, je n’aurais pas pu résister à l’envie de te chercher du regard. Je n’aurais pas profité de la fête. Et puis imaginons que tu sois là, que tu m’aies vu. J’aurais sublimé mes premiers mots envers toi, et toi, j’en suis sûr, n’aurais pas pu résister à m’honorer d’une bonne partie de jambes en l’air avant de fuir encore.
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