Carnets de manifs est le portrait d'une France en marche. Il faut dire que les marcheurs ont plutôt déçu une bonne frange de la population deux années après avoir occupé le pouvoir.
En même temps, beaucoup de gens espéraient un changement salutaire au-delà de la gauche et de la droite (sortez les sortants). Il y a eu la déception qui a amené la tension et le mouvement des gilets jaunes.
Les auteurs Cyril Pedrosa et Loïc Sécheresse ont voulu accompagner et surtout comprendre, avec leurs outils, cette mobilisation contestataire, inattendue et sans précédent dans notre pays d'où cette démarche d'un carnet de manifs.
Ces dessins qui ont été réalisé lors des manifestations témoignent d'une époque. Certes, il y a du parti pris mais c'est cela également avoir certaines convictions. Les artistes ont simplement dessinés les gens qu'ils avaient rencontrés afin de laisser une trace.
Inutile d'indiquer que ce fut parfois d'une grande violence dans la répression policière. Poutine a d'ailleurs fustigé le pouvoir en place pour justifier ce qu'il faisait à ses propres opposants. N'a t'on rien à envier à un Etat tyrannique ? Où se situe la juste mesure des choses ?
Je ne vais pas juger la démarche mais le plaisir de lecture que j'ai ressenti. Et là, je dois dire que j'ai plutôt été déçu tant sur le fond que sur la forme. Cela aurait pu être mieux, c'est incontestable.
Les dessins sont presque du gribouillage sans vouloir être méchant. Il manque également de la structure pour raconter une histoire ou expliquer un mouvement à la manière d'un documentaire.
Bref, j'ai vu et lu beaucoup mieux en matière de BD documentaire sur le format strip d'une case.
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Ys est une ville légendaire de Bretagne, qui aurait été engloutie par l'océan. La légende d'Ys est un des plus beaux récits de mythologie bretonne. Elle en est devenue au fil du temps un récit populaire. Certains voudraient situer cette ville au large de la magnifique baie de Douarnenez, voire carrément dans cette baie. C'est un récit qui est à la croisée des chemins, entre dimension celtique et christianisme, croisée des chemins qui s'est vécue par l'évangélisation de la Bretagne dès le Vème siècle. Un christianisme celtique a perduré pendant quelques siècles, sorte « d'en même temps » improbable et d'apparence harmonieuse, on en trouve aujourd'hui quelques traces qui ont traversé les temps, sur les édifices religieux (églises, fontaines, calvaires, enclos...).
Quand je dis « d'apparence harmonieuse », vous allez vite comprendre mon propos...
C'est une BD que j'ai trouvée emplie d'enchantements, comme la légende. Au scénario, il y a Annaïg Plassard et au dessin Loïc Sécheresse. Une merveilleuse alliance !
Écoutez cette histoire que je vais vous raconter...
Le récit commence par l'épopée du roi Gradlon, parti à la conquête des terres du Nord pour agrandir son royaume de Cornouailles. La religion est alors quelque chose qui s'assimile au polythéisme. Les Dieux sont multiples et tous en accord avec la nature.
Lors d'un de ses épisodes guerriers, le roi Gradlon tombe amoureux d'une reine magicienne, avec laquelle il prend la fuite. Lorsque celle-ci meurt en couche, le souverain de Cornouailles s'enfonce dans une mélancolie profonde. L'enfant né de cette union est une fille, Dahud. Il la recueille, en assure l'éducation tout en demeurant cloîtré dans cette mélancolie, jusqu'à la rencontre avec un certain Corentin, porteur du christianisme au Dieu unique et qui va élever une cathédrale en Quimper, en devenant plus tard le premier évêque.
Corentin parvient à raviver la flamme chez le roi vieillissant, mais une flamme qui n'est pas du goût de Dahud, devenue jeune femme et éprise d'idées progressistes… Pour ne pas perdre sa fille, le roi Gradlon édifie pour elle une cité, Ys, au bord de la mer.
Étrangement, Dahud continue de revendiquer une appartenance au monde qui précède le christianisme, c'est-à-dire revendiquant pleinement l'âme celte.
Sur une terre qui devient chrétienne, Ys est une transgression. Terre où la religion catholique va peu à peu effacer la place des femmes, les soumettre à la loi divine, instaurer la notion du péché, de la culpabilité, du pardon forcément qui va avec,
Vis-à-vis de la religion catholique, Ys devient une transgression pour la place des femmes. Ys continue d'être une terre celtique, c'est-à-dire un lieu où la vie est permise dans tous ses sens, un monde de plaisir qui ignore le péché, où les désirs et les plaisirs de la chair sont permis.
Corentin ne peut accepter ce vent de liberté qui est pour lui un vent de débauche et de folie. Il va tout faire pour empêcher cela.
J'ai adoré le texte et les images qui animent ce récit graphique. Le dessin est à l'image de cette vague qui va engloutir la cité mythique. Nous voyons les personnages ondoyer dans quelque chose qui ressemble aux vagues ou au vent venu du large. Il y a quelque chose de sensuel dans ces formes qui ondulent, il y a aussi quelque chose d'envoûtant. Les personnages ressemble à une écriture qui se délie dans le récit qui les emporte. C'est beau, c'est enivrant.
Alors, parfois le trait est fortement soutenu, la référence à nos questions sociétales aussi, à la place de la religion dans la société, l'histoire du voile, tra la la, s'invite... On en parlait visiblement au Vème siècle, ou du moins les auteurs de cette BD trouvent une manière originale de nous en parler.
En effet, s'agissant de la question de la femme dont le statut était très fort dans la société celtique, cette BD montre comment le christianisme va rapidement mettre celle-ci au banc des renégats.
J'y a lu une fable. Une fable forcément féminine. J'y ai vu une vague.
Tout d'un coup, Ys cité engloutie, devient un fragment de révolte, une sorte de pamphlet moderne. Et c'est génial.
Il y a forcément des messages, on prend ou on ne prend pas, moi j'ai pris. J'y ai puisé une relecture intelligente qui nous invite à poser un regard sur notre société, sur la manière dont les religions, toutes les religions, peuvent être d'insidieux outils de manipulation des caractères et des foules. La servitude volontaire derrière le voile en est aujourd'hui l'un des exemples les plus frappants...
Une façon intelligente de s'appuyer sur un thème mythique pour rebondir sur une question sociétale. Et ceci par la BD. Bravo !
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En revisitant le mythe de la ville d’Ys, Annaïg Plassard prend quelques libertés.
Mais c’est pour la bonne cause.
En effet, elle fait du roi Gradlon un homme tourmenté, dans une quête spirituelle qui le conduit dans les bras des intégristes religieux.
Sa fille Dahut, par contre, est un personnage libre et lumineux, organisant autour d’elle la résistance contre cette police des mœurs, contre l’assignation des filles au foyer, contre la surveillance même de leurs vêtements…
Une petite résonance avec l’actualité, n’est-ce pas.
Et face à la rébellion de Dahut, les autorités ecclésiastiques utilisent une arme qui reste d’actualité : les rumeurs… (Aujourd’hui, c’est ce qu’on appellerait du cyberharcèlement.)
J’ai beaucoup aimé ce scénario, même s’il s’éloigne de la légende : son but est clairement autre.
J’ai beaucoup aimé aussi les dessins de Loïc Sécheresse, qui m’ont rappelé (ah, nostalgie…) la série des "Hypocrite" du regretté Jean-Claude Forest.
(Par contre, une petite déception : quitte à illustrer la construction de la cathédrale de Quimper, il est dommage d’avoir passé sous silence la particularité qui la rend unique…!)
Challenge Bande dessinée 2023
LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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Après un dixième tome en demie teinte, la série des "Doggybags" revient avec ce onzième tome qui suit le même chemin que le dixième.
Même si ce n'est vraiment pas mauvais pour autant. Je lui ai accordé quatre étoiles car je suis un inconditionnel fan de ce format de Comics indépendant à la française et j'ai beaucoup de respect pour les divers artistes qui paraissent dans tous les numéros de Doggybags.
La première histoire nous fait prendre la direction de l'Afrique du Sud où ce qui devait être une simple observation de Grand Requin Blanc ne va pas se passer comme prévu.
La seconde histoire nous plonge dans la peau de Lucho, petit malfrat californien qui se retrouve sous le feu des balles et s'exile dans un patelin paumé du Mexique où un étrange trafic à l'air d'avoir lieu.
La troisième histoire, direction Haïti dans une prison haïtienne où se mélange vengeance et magie vaudou.
Pour résumer, malgré les quatre étoiles que j'ai accordé à ce tome, il y a une petite baisse de forme sur le fond.
En espérant que les prochains tomes de Doggybags me feront retrouver toute la magie et l'adrénaline que j'ai découvert à l'époque des premiers numéros. Ce n'est vraiment pas mauvais sur les deux derniers tomes, loin de là, mais on sent un petit essoufflement. Rien de bien grave en soi, car ça reste kiffant tout de même.
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Le graphisme de Loïc Sècheresse s’accorde à cette légende. Il est assez brut, fait de courbes souples, de couleurs intenses, l’élément liquide est tout le temps présent, comme si l’engloutissement par les eaux était présent du début à la fin. Le récit est celui de la légende, il reste assez fidèle au récit classique, efficace et lyrique.
Cependant, je ne suis pas tout à fait convaincu par le personnage de Dahut, un peu trop inspiré par le stéréotype de la jeune ado rebelle d’aujourd’hui, elle manque d’aura magique, et dans cette histoire, aucun personnage n’accroche la sympathie. Autre point qui ne m’a pas vraiment emballé, c’est l’aspect “guerre de religion”. La théorie comme quoi, le christianisme nous aurait fait perdre la magie et le merveilleux me fait automatiquement enlever une étoile à ma note.
Alors j’ai aimé le traitement graphique, le lyrisme de cette histoire, j’ai bien moins accroché à l’utilisation de la légende, le thème religieux prend trop le dessus au point de tomber dans un militantisme douteux.
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La Guerre de Cent Ans vue de manière iconoclaste et totalement irrévérencieuse. Jeanne d'Arc et ses compagnons, on savait déjà que ce n'était pas les chevaliers purs et immaculés que les cours d'Histoire veulent nous faire gober. Mais Loïc Sécheresse en remet une bonne couche de déconnade et de dérapages débridés.
Les compagnons de Jeanne d'Arc, un ramassis de brigands, hors-la-loi, reprise de justice à qui on ne prêterait même pas un cheval boiteux... Il y a Etienne de Vignolles, dit La Hire. Pilleur et violeur, c'est un physique de rugbyman avec un cerveau de tueur. Cruel, il dirige une bande surnommée les Ecorcheurs... c'est tout un programme, dont va s'inspirer Sécheresse, justement, qui le présente comme opportuniste (ce qu'il était visiblement) et amoureux de Jeanne. Il a comme bras droit Jean Poton de Xaintrailles qui fera aussi partie des Ecorcheurs. Sécheresse le dépeint comme un peu bas de front. L'Histoire semble lui donner tort. Xaintrailles était un sacré maître d'armes.
Mais on s'en fout un peu... La BD de Loïc Sécheresse est un petit îlot de rigolade dans un monde de brutes. Et que dire des Anglais... ils ressemblent aux soldats français du film des Monty Pythons sur le Sacré Graal... Grossiers, vulgaires, insultants...
J'ai longuement pensé à la série Donjon en lisant les aventures de Jeanne d'Arc à travers la France. Sécheresse a la bonne idée de suivre le parcours de Jeanne d'Arc à travers les dérapages de la Hire et de Xaintrailles. Il élucubre sur base de faits avérés, de prises de villes, de rançons... ce qui est la marque d'un réel talent. Quand je regarde la production de Loïc Sécheresse, je me dis que la BD a peut-être manqué le coche en n'accordant pas une place à Loïc Sécheresse à la mesure de son talent.
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Je connaissais un peu les grandes lignes de la légende de la cité d'Ys et, avec cette BD, je me suis réjouie d'en savoir plus.
L'histoire est tragique et belle et met en présence la liberté de l'ancien monde celte et la rigueur du nouvel ordre chrétien.
La confrontation des personnages et des pouvoirs de chacun est intéressante et plutôt bien construite mais j'ai trouvé que le tout manquait tout de même de rythme et de tension. Je ne connais pas assez la légende originelle pour juger des apports et modernisations des auteurs mais l'ensemble était assez cohérent même si les personnages sont parfois peu identifiables (surtout les personnages secondaires).
Côté dessin, c'est vif et spontané avec un trait dansant mais c'est trop spontané à mon goût. Ca manque de finesse et les personnages ont souvent des proportions bizarres.
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L'enfer est pavé de bonnes intentions. (et vice versa)
Satanisme et écoresponsabilité nous raconte comment on se dirige vers “la perversion écoresponsable de l’humanité”, on nage en plein paradoxes, mais on se noie dans le rire, les quiproquos, le loufoque, pour décrire avec un dessin simple, rapide et quasi brouillon, les incohérences de nos combats. Cette bande dessinée se moque de l’écologie, de la façon de la revendiquer, de l’adopter, elle fustige le green washing et autres hypocrisies, elle se moque aussi de ses détracteurs, du capitalisme en particulier, mais elle tire dans absolument tous les sens, tout le monde en prend plein la gueule, pas de quartier, c'est diabolique. Toutes les inepties de notre monde sont passées au cribles, comme par exemple les chasseurs qui se disent écologistes, toujours avec un humour pétillant à la manière du grand méchant renard de Benjamin Renner. Bref, c’est à pleurer de rire, mais un peu glaçant aussi, tellement les arguments débiles de cette histoire collent à notre réalité.
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Heavy Metal, ça aurait aussi pu s’appeler Trash Metal, c’est plutôt des termes de rock agressif, électrique, de décibels, quelque chose qui fait saigner les tympans. J’ai pris cette bande dessinée à la médiathèque parce que la couverture et le titre m’avaient plu, péchue, violente, agressive, je me suis dit que là dedans, il devait y avoir de l’énergie, mais jamais je ne me serai attendu à y trouver une bande dessinée historique sur Jeanne d’Arc. C’était donc la surprise, et elle est excellente.
J’aime le parti pris d’un dessin un peu crade, il colle parfaitement au récit. Le titre, ce heavy metal, c’est évidemment celui des armures, mais le parallèle avec l’univers musical est plutôt judicieux. Ici, Jeanne d’Arc n’est pas le personnage principal. C’est son compagnon, d’armes, Etienne de Vignolles dit La Hire qui est au centre de l’intrigue. Ce personnage est écartelé entre sa vertu chrétienne et son penchant pour la grivoiserie et la violence, un écorché vif, un vrai métaleux de la Guerre de cent ans. Certains passages sont franchement drôles, le mélange d’un langage rustique avec un parler plus actuel rend ce récit dynamique, on passe du subtil au grossier, puis du sordide au lyrique d’une réplique à l’autre, d’une illustration à l’autre, pour jouer sur les contradictions du personnage de La Hire. La page historique se transforme en une quête, burlesque mais grave, celle que poursuit La Hire et qu’il trouvera d’une certaine manière. Le traitement graphique loin d’être aussi crade qu’il n’y paraît, beaucoup plus subtil et juste qu’il voudrait nous faire croire, il participe directement au récit, à ce que l’auteur développe, il a autant d’importance que les mots pour la compréhension, ce trait qui manque d’assurance raconte l’incohérence de cette guerre, de cette quête, de son aspect bancal. Cette vision de ce guerrier du XVe siècle me rappelle un peu ce qu’Alexandre Astier a réalisé avec Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde, un iconoclasme qui ne trahit pas la légende, une dimension spirituelle derrière la trivialité. Une vraiment bonne surprise.
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Ai-je déjà écrit tout le bien que je pense de la collection Mirages des éditions Delcourt ? Non ? Alors je vais commencer aujourd'hui ! Depuis que je l'ai découverte il y a quelques années, j'ai quasiment lu tous les titres sortis et certains ont été de vrais coups de cœur (le merveilleux Morgane, Love-story à l'iranienne, La différence invisible pour les plus récents). Quand j'ai vu passer Ys, la belle couverture et le fait que la BD soit la nouveauté Mirages m'ont donné envie de l'ouvrir...
Je ne connaissais pas le mythe autour d'Ys, la ville engloutie et tant mieux car la surprise a été très agréable. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, mais ce fut une intéressante lecture. Le style graphique est particulier, je ne dirais pas forcément beau, mais colle parfaitement à l'ambiance.
Ce récit parle de l'émancipation d'une fille face à son père et globalement, de l'émancipation des esprits libres et des femmes face à l’extrémisme religieux. Pas de façon subtile, avec d'assez gros sabots. Toutefois, l'ancrage dans la civilisation celte où les mœurs étaient plus libres donne une résonance moderne au récit. J'ai apprécié le voyage, malgré une fin prévisible (même si je ne connaissais pas la légende) qui a cependant le mérite d'aller au bout du propos.
Mention spéciale pour le "tentateur" ou diable (??) envoyé à la princesse qui est doté d'un costume copié-collé sur celui du prince Philippe du Disney La belle au bois dormant !
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une critique acerbe des nouveaux et anciens écologistes, drôle, acerbe, satyrique pour ne pas dire satanique.
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Loïc Pedrosa et Loïc Sécheresse sont deux dessinateurs qui allaient dans des manif et qui, sur celle là (les Gilets jaunes) ont décidé de comprendre cette population qui n’était pas là leur: celui des périphéries urbaines.
Ils ont décidé d’être acteurs par le dessin.
« Le dessin servait à quelquechose, il nous donnait une place juste : on ne vit pas dans la France des ronds-points, ce n’était pas une évidence de marcher à leurs côtés, et pourtant on avait envie de savoir qui ils étaient, et on sentait qu’on pouvait ainsi se rapprocher d’eux ».
Loïc Secheresse dessine au stylo plume, ce qui donne une expressivité et une spontanéité très fortes.
Cyril Pedrosa dessine au stylo bille et traits rapides de couleurs.
Loic Secheresse pose les couleurs quand il revient à son atelier.
« La question de la vérité de l’instant nous renvoie à notre responsabilité de l’instant, ça rejoint cette question de notre place dans le mouvement, comme acteur politique comme n’importe qui allant dans la rue ».
Les faits relatés sont parfois très violents, les dessins eux sont presque voluptueux, doux.
On voit ici l’Intérêt du dessin dans une manif : aller à l’essentiel, trouver LE truc parlant au milieu d’une foule bruyante et qui peut bouger et changer très vite.
Les dessins sont sur le vif, authentiques et très touchants.
J’ai aimé le trait rapide, efficace, qui va à l’essentiel et fait ressortir l’essentiel. J’ai bien aimé l’interview détaillée des auteurs par Henri Landré.
J’ai bien aimé les « interview portraits » de manifestants.
Enfin, j’ai aimé l’ouvrage »Carnets de Manifs » dans son ensemble pour son aspect esthétique, historique, sociologique même.
J’ai découvert une jolie maison d’édition, Éditions du sous-sol (Seuil).
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Ys, c’est l’histoire d’une ville bretonne qui a été jadis engloutie par la mer dans les légendes celtiques. On a jamais su si elle avait réellement existé. Il faut dire que les mythes liés à l’engloutissement de brillantes civilisations ont eu la cote par le passé si on se réfère à l’Atlantide ou encore à Mû.
J’ai bien aimé ce récit rythmé même s’il a pris une tournure pour le moins inattendue où le père veuf laisse le flambeau à sa fille. L’originalité est d’avoir introduit la religion chrétienne qui combat l’ensemble des divinités celtiques à une époque barbare où les vikings font des ravages. Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’une telle thématique s’impose dans les mythes arthuriens mais c’est plutôt bien pensé avec une construction logique.
A la fin, je n’ai pas vraiment tout à fait compris l’histoire de cette clé mystérieuse, ni l’identité de l’homme faussement amoureux qui conduit tout ce monde à sa perte à moins que cela ne soit le diable lui-même.
Comme dit, j’ai beaucoup aimé. Je retiens surtout une véritable légende bretonne avec une réelle patte de modernité qui fait du bien car cela dépoussière un peu. Vivement la nouvelle bd loin de ses vieux schnocks !
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Le mouvement des gilets jaunes a pris de cours aussi bien le pouvoir en place que les sociologues. Comment expliquer l'inexplicable? Les politiques en place essaient de donner une mauvaise image de ces quidams qui crient leur mécontentement. On les traitent de casseur gratuit, de nuire aux braves citoyens qui veulent travailler honnêtement et d'autres encore. Pour maîtriser ces individus aussi bien chômeur, chercheur, maîtresse, étudiant, vendeur, conducteur... on met en face la police armé de LBD 40, de matraques, de tenues de combat. Est-ce cela le traitement de la liberté d'expression? Les médias au service du président, ministre de l'intérieur et portes paroles gouvernementaux donne une information spécifique et souvent loin d'une réalité sociale plus complexe. Cyril Pedrosa à Paris et Loïc Sécheresse ont décidé de donner leur vision en allant non pas derrière la frontière créé par les forces de l'ordre mais sur le terrain en contact avec les français. Un crayon à la main, ils suivent le mouvement, écoutent, discutent avec l'ensemble des parties prenantes. Même si le covid est passé par là, on apprécie ce changement de perspective. Dans un évènement, il n'y a aucune vérité absolue. Seule les historiens écrivent une trace selon qui dirige. Des images qui remettent en question des certitudes pour apprendre à développer notre esprit critique.
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De mai 2019 à juillet 2020, dès l'acte 27 des gilets jaunes, deux dessinateurs descendent dans la rue pour croquer et comprendre cette mobilisation.
Cyril Pedrosa à Paris et Loïc Sécheresse à Nantes recueillent,les portraits et les paroles des manifestants. Qui sont ils?Pourquoi sont ils là?
Les deux dessinateurs alternent leurs témoignages.leurs illustrations sont en noir et blanc ou bien en couleurs.
C'est beau c'est touchant,ça va à l'essentiel. Ce sont des témoignages riches de leur diversité. Pour ne pas les oublier !
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Une BD qui brille par son originalité.
Lorsque j'ai reçu la BD, j'ai vraiment été étonné par son aspect. Le format n'est pas habituel, elle est plus petit en taille mais plus épaisse que les BD's classiques. Sur ce point j'ai été agréablement surpris.
Que dire de "Haevy metal" ? Une histoire de preux chevalier sur fond de guerre historique avec un titre pareil on peut s'attendre à tout.
Ce n'est donc pas uniquement par son format que cette BD ce démarque. Le style du dessin qui ressemble à une sorte de brouillon organisé, rend parfois difficile la reconnaissance de certains des personnages. Je ne suis pas adepte de ce genre d'illustration. peut-être suis-je trop formaté par les BDs conventionnelles qui pour certaines sont de vrais oeuvres d'arts et où la caractéristique essentielle est justement la beauté du dessin.
Une description sur l'auteur à la fin du livre résume très bien son travail. "il livre une version surréaliste et électrisée de la guerre de Cents Ans. Un récit chevaleresque mis en scène avec virtuosité, entre ferveur mystique et explosion de violence médiévale.
Certains des dialogues de personnage sont parfois légèrement difficile à lire, mais cela reste limité.
Après quelques recherches, j'ai été étonné de voir que l'auteur à utiliser des noms de personnage ayant réellement combattus dans la guerre de Cent Ans. L’histoire est donc sur de nombreux points assez fidèle.
Sur le fond, l'humour est omniprésent et c'est sous cet angle que cette guerre est abordée. Mais avec un titre pareil, cela ne pouvait en être autrement.
J'ai tout de même agréablement suivi les aventures de ce brave chevalier La Hire, qui envois du lourd dans son armure.
Merci à Gallimard et Babelio pour cette BD.
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