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Critiques de Lorenzo Lunar (30)
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La vie est un tango

C’est dimanche matin et il fait déjà chaud. Un putain de soleil qui te dessèche le gosier et les couilles. Le genre de matin où tu te dis que tu ferais mieux de rester au lit la main sur la croupe de ta femme plutôt que d’enfiler ton uniforme de la Police. Mais voilà, tu as une conscience professionnelle. Alors tu te lèves et tu te bouscules. Et tu sors dehors, la vie est un tango. A peine installé dans ta caisse que tu entends qu’un type est mort dans le quartier d’à-côté. Un truc louche, genre une magouille à la cubaine, même si Santa Clara n’est pas La Havane.



C’est dimanche midi, et tu sens ces odeurs de cuisine de grand-mère. Putain que ça sent bon, mais tu n’as pas fini ton service. Tu crèves toujours de chaud. Et de soif maintenant. Tu patrouilles dans la rue, à la recherche d’indices et d’indics, on t’invite à boire une bière, mais sur le coup tu refuses, maudite conscience professionnelle. D’autant plus que tu te dis que ce soir, les fûts seront vides et qu’à Cuba, et tout particulièrement à Santa Clara, tu n’es réapprovisionné qu’une ou deux fois par semaine, entre les coupures de courant et les pénuries d’essence…



On te lance sur la piste d’un trafic de lunettes noires. Au moins c’est pas de la drogue. D’ailleurs, il n’y a pas de drogue à Cuba, juste du rhum, et celui-là il est pur, non trafiqué. Alors tu continues à déambuler dans les rues sous ce putain de soleil entre les putains et les bars. La vie est un tango, et tu résoudras bien cette affaire, le mystère des lunettes noires à Santa Clara. Mais tu te dis, en ce dimanche après-midi que la vie d’un flic, c’est pas simple et tu regrettes de t’être levé de ton lit ce matin alors que tu avais sous la main le cul de Mayita, que tu respirais le parfum jasmin de son sexe brun. Les fesses fermes et rondes, les seins gorgés de souvenirs. Putain de journée, putain de chaleur, la vie est un tango, y’a même plus de bière…
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La vie est un tango

Si la vie était un conte de fées, Léo Martin aurait épousé Mayita, plus belle que jamais dans sa longue robe blanche. Lui flic, elle psychologue, ils auraient travaillé ensemble à éradiquer tous les fléaux du quartier. Au bureau, derrière un ordinateur, la petite Tania, fière et heureuse, aurait affiché sur les murs les tableaux de leurs fabuleux résultats : 0% de vols, 0% d'agressions, 0% de bagarres, 0% d'assassinats...Tous leurs amis auraient vécu heureux dans un quartier paisible et chaleureux.

Mais la vie est un tango qui vous emporte dans son tumulte. Alors on improvise, sans connaitre à l'avance le pas suivant et le faux pas guette même le meilleur des danseurs. Et c'est encore plus vrai à Santa Clara qu'ailleurs...

Mayita est une pute vieillissante et Tania une jeune pute qui vieillira un jour. Léo est commissaire du quartier qui l'a vu grandir mais il préfère fermer les yeux sur les combines, les magouilles, les trafics et sa vie sentimentale est un fiasco. Parmi ses amis, certains sont morts, d'autres en exil, et ceux qui restent survivent comme ils le peuvent à la misère d'un quartier qui vivote entre coupures de courant, pugilats et rationnements alimentaires. Mais quand deux hommes se font assassinés pour un sordide trafic de lunettes de soleil, Léo est sceptique et soupçonne qu'un autre type de marchandises circule dans le coin. Mais le sujet est tabou. Il n'y a pas de drogue à Cuba. C'est le Parti qui le dit et quand le Parti parle...Alors il enquête et découvre d'autres facettes d'un quartier qu'il croyait si bien connaitre mais que peut-être il idéalisait, aveuglé par les souvenirs de son enfance insouciante et de ses amours défuntes.





Flamboyant, exubérant, terriblement vivant, le roman de Lorenzo LUNAR est certes noir, mais sait aussi se parer des couleurs de la vie Caraïbe. Des femmes plantureuses qui vendent leurs corps pour gagner quelques dollars, des travestis qui s'assument, des hommes qui se battent ou se torchent au Calambuco, des mères indignes ou trop inquiètes, et au milieu de tout ça, Léo martin, flic désabusé, empêtré dans ses histoires de coeur, tellement attaché à ce quartier pauvre où les gens s'aiment, s'entraident, se haïssent parfois, bref, vivent tout simplement, malgré la misère. C'est la réalité de Cuba, sans fards, sans belles américaines et plages de sable blanc. A lire sans modération!



Je remercie Babelio et les éditions Asphalte pour cet excellent moment de lecture.
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La vie est un tango

Léo Martin, commissaire de quartier, vit à Santa Clara, à Cuba, où il a passé son enfance. Désabusé et empêtré dans ses propres problèmes, il doit résoudre une affaire de trafic de lunettes de soleil qui en cache une autre, plus grave. Cette description de la société cubaine s'attarde sur ce quartier populaire, ses personnages truculents et malmenés par la vie, et leurs petits trafics... Les nombreux flash-back nous font connaître par petites touches le passé un peu chaotique de Léo, intimement lié aux histoires du quartier.

Je ne connaissais pas trop la littérature latino-américaine et ses romans policiers, mais j'ai trouvé là un roman intéressant, avec les descriptions du quartier, le caractère de ce commissaire qui en rappelle d'autres dans la littérature, et ces intrigues qui ne se terminent jamais bien. J'avoue qu'au début j'avais un peu de mal avec le style de l'auteur, mais au fil de ma lecture j'ai apprécié cette belle découverte.

L'auteur nous propose une playlist pour accompagner la lecture.



Livre reçu grâce à l'opération masse critique, merci à l'éditeur Asphalte.
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La vie est un tango

Alors là, le moins que je puisse dire est que je n’ai pas réussi à entrer dans la danse.

« La vie est un tango », oui sûrement, parfois, souvent, mais avec Lorenzo Lunar, je n’ai pas réussi à trouver le tempo. Nos pas ne se sont pas accordés.

Je le regrette d’autant plus, que l’auteur m’a emmené à Cuba que j’ai eu le bonheur de visiter il y a une vingtaine d’années. J’ai refait une balade à Santa Clara où plane l’ombre du Che.

J’ai apprécié les détails de la vie quotidienne des cubains, magnifiquement décrits par l’auteur mais concernant l’enquête je ne suis pas parvenue à m’y intéresser.

J’ai trouvé que l’histoire manquait de souffle, que l’action ne décollait pas.

Certains personnages sont drôles, émouvants et attachants, mais cela ne m’a pas suffi.







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La vie est un tango

Santa Clara, à Cuba, dans le quartier d’El Condado, nous faisons la connaissance de Léo Martin, le commissaire du quartier qui a grandi dans ce quartier et qui y est revenu après un séjour dans l’armée, à la capitale.



Il s’occupe souvent de petits faits de rien du tout, de querelles de voisinage. N’oublions pas que nous sommes à Cuba et qu’à Cuba, la drogue n’existe pas ! Non, ne dites rien, il en va de votre vie. Il n’y a pas de drogue à Cuba, ni à Santa Clara, point barre.



Pourtant, nous allons avoir un meurtre, un trafic de lunettes de soleil, un autre meurtre… Hé oh, pas moyen de boire son p’tit café du matin tranquille, ici !



Léo va commencer son enquête, mais puisqu’il est du côté des flics, les gens ont moins tendance à lui causer. La solution ? Écouter Radio Ragots et tendre l’oreille à toutes les rumeurs qui bruissent dans le quartier, dans la ville, et on en entend, des rumeurs !



Dans ce petit roman noir, le quartier tient une place importante et l’auteur en parle avec poésie, le comparant à un monstre tentaculaire qui fait bouger les têtes des gens, les éloigne, les ramène… Et j’aime comment l’auteur parle de ce quartier, car il est tout sauf ennuyeux comme d’autres romans lu juste avant…



Le Cuba que nous trouvons dans ces pages n’est pas celui du Routard et encore moins celui de l’agence de voyage du coin ! Les touristes qui visitent le pays ne vont sans doute jamais voir la misère de certains quartiers où règnent la pauvreté, le chômage et les coupures d’électricité !



L’auteur a une technique bien à lui lorsqu’un nouveau personnage apparaît dans son récit : hop, il fait une petite digression et nous livre le C.V de cette personne, avec ses hauts faits de vie, tout en profitant aussi pour décrire la vie à Cuba.



J’avais déjà découvert sa technique dans un autre de ses romans. Ça surprend au début et puis, on entre dans ce nouveau récit facilement et c’est quand il faut en sortir que l’on fait "oh, déjà fini".



Sans être un page-turner, ce roman noir se lit assez vite, hélas, et c’est avec regret que l’on quitte le quartier et ses habitants hauts-en-couleurs.



C’est un roman noir qui parle de la vie réelle, avec lyrisme, poésie, même si c’est de la poésie cynique bourré de sarcasmes à l’encontre du pouvoir régnant. C’est sordide, mais on en redemande.


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Coupable vous êtes

Nous voilà de retour dans El Condado, le quartier de Santa Clara sur lequel veille le commissaire Leo Martín. Et Leo Martín a du pain sur la planche. Non seulement il doit mettre un peu d’ordre dans une vie sentimentale et sexuelle pour le moins agitée mais il vient en plus d’hériter d’une sale affaire, le meurtre d’un maquereau de Varadero assassiné avec un marteau de cordonnier. Ça pourrait bien tomber : Chago le Bœuf, le caïd du quartier, l’anguille qui échappe régulièrement à Leo, est justement cordonnier et l’un de ses marteaux a disparu. Sauf, que rien ne se passe jamais comme on le voudrait et que les soupçons pourraient bien s’orienter vers l’une ou l’autre des femmes de la vie de Leo Martín.

« Le quartier est un monstre et on ne sait jamais jusqu’où il peut étendre sa tête. » rappelle le policier qui doit à la fois veiller à se protéger et faire parler ce quartier qui sait tout, bien entendu, mais qui n’a pas forcément envie de lui dire quoi que ce soit.

Si les femmes tiennent toujours une place importante dans les romans de Lorenzo Lunar, elles sont ici au cœur de l’histoire et ces nouvelles tranches de vies d’El Condado sont autant de portraits de femmes dont beaucoup, issues des quartiers les plus pauvres ou de familles de fonctionnaires bien installés, sont amenées à se prostituer. Car, comme toujours, Lorenzo Lunar se plaît à lever le voile sur le quotidien des Cubains en pleine période spéciale – cette période d’après la chute du bloc soviétique qui a vu les importations de produits d’Europe de l’Est chuter et a bouleversé l’économie locale, créé la pénurie et donc fait augmenter l’économie parallèle et le système D. Femmes fortes, femmes exploitées, ni Leo Martín ni Lorenzo Lunar ne les jugent, se contentant de décrire un quotidien rude, âpre mais aussi souvent haut en couleurs dans lequel les petits jouent leur survie et les grands, ceux qui ont une once de pouvoir, les membres du Parti et les hauts-fonctionnaires, s’accrochent à leurs places, se pavanent et, bien souvent, se ridiculisent.

Et puis il y aussi Fela, la mère de Martín, toujours là, sorte de conscience de son fils et d’incarnation d’un peuple encore optimiste et qui a porté la débrouille au rang d’art majeur :

« Depuis que la période spéciale a commencé, ma mère ne pense qu’aux stratagèmes auxquels elle doit recourir pour mettre quelque chose sur la table. Elle a déjà expérimenté un tas de recettes alternatives – du hachis de peaux de bananes, des écorces de pomelo panées aux allures d’escalopes. Tous les deux jours, avec un stoïcisme olympien, elle fait la queue devant la rudimentaire presse à hamburger pour pouvoir, carte d’identité en main, acheter des steaks hachés à base de soja, de sang de taureau et de viande maigre. Elle raccommode de vieux vêtements – ceux de mon défunt père, les siens et les miens – pour les échanger contre des tubercules ou du saindoux auprès de paysans qui apportent dans le quartier leur marchandise de contrebande. »

Sans fard mais avec toujours beaucoup d’humour, Lorenzo Lunar continue sa chronique de quartier tour à tour drôle, émouvante ou violente ; il donne à découvrir un Cuba à hauteur d’homme – et de femmes – toujours loin des clichés. Une description minutieuse, rarement flatteuse, portée par un œil et une plume acérés qui en dit plus que bien des manifestes.


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La vie est un tango

De retour de La Havane, Léo Martin a rejoint la petite ville de province de Santa Clara et le quartier dont il est originaire et dont il vient de devenir le commissaire. Préoccupé par une vie sentimentale chaotique et par la routine quotidienne faite de petits arrangements avec les règlements rigides du régime, de contrebande, de prostitution à peine dissimulée et de petits règlements de comptes, Léo voit tout sans vraiment rien voir. Mais lorsqu’il doit enquêter sur un trafic de lunettes de soleil et que des meurtres sont commis, il commence à regarder son quartier d’un autre œil et à se demander ce que l’on a bien pu lui cacher ou ce qu’il n’a pas su deviner.



On avait entendu parler, sur feu le blog Moisson Noire, de Lorenzo Lunar dont un roman mettant déjà en scène Léo Martin avait été publié il y a quelques années par L’Atinoir, s’en pourtant pousser la curiosité jusqu’à le lire. Aujourd’hui publié par les éditions Asphalte dont le bon goût n’est plus à démontrer (rappelons qu’elles ont notamment publié Shangrila, de Malcolm Knox), voilà l’occasion pour nous de faire enfin connaissance avec Lorenzo Lunar.



On peut dire que Lunar a mis dans La vie est un tango l’essence du roman noir en y ajoutant un volume de calambuco, cet alcool de canne de mauvaise qualité que se partagent les ivrognes. Suivre les pérégrinations de Léo Martin, ça n’est pas tant entrer dans un roman à énigme, même si cette histoire de trafic de lunettes de soleil titille notre curiosité, que dans un roman social à travers la vie quotidienne d’un quartier pauvre d’une ville cubaine. C’est le portrait d’une Cuba loin des vitrines du régime communiste comme de celles des tour-opérateurs. Une Cuba rationnée, exsangue, où les coupures d’électricités sont quotidiennes, où la vie s’organise autour de la débrouille, des petits trafics, mais où, aussi, la violence peut faire rage et où tous les malfaiteurs ne sont pas dans des centres de rééducation. Le quartier de Léo Martin est un condensé de tout cela, avec une police qui ferme les yeux pour permettre simplement aux habitants de vivre mais aussi parce que mettre à jour trop d’actes contre-révolutionnaires reviendrait à remettre en cause l’efficacité du régime en place. Une schizophrénie dont Léo Martin et ses collègues s’accommodent, mais jusqu’à quel point ? C’est bien là tout le propos de La vie est un tango et de la réflexion d’un Léo dont la frustration le pousserait presque à jalouser les oiseaux : « Je sens quelque chose sur mon épaule, suivi d’une sensation d’humidité. Une tache, jaune brun, confirme ce que je craignais : une chiure de volatile sur mon uniforme. Les oiseaux du parc Vidal peuvent se payer le luxe de ne respecter ni les uniformes, ni les grades militaires, ni les positions sociales, ni les principes, ni les idéologies, ni même leurs mères. Ils chient placidement, où bon leur chante. »



Si Lunar aime évidemment son personnage principal et ceux qui évoluent autour de lui, s’il montre une évidente empathie pour ces gens qui, malgré les difficultés du quotidien continuent à s’aimer, à se haïr et à partager quelques verres comme si de rien n’était, il adopte une toutefois assez de recul pour s’exempter de tout sentimentalisme malvenu, ainsi que le souligne Yann Le Tumelin à propos de Boléro noir à Santa Clara sur le blog Moisson Noire.



On découvre là un auteur à la plume élégante et piquante, des personnages rendus attachant par leurs contradictions, leurs espoirs déçus ou leurs actes décevants, et derrière tout ça cette musique de la vie qui vous met en joie tout en vous serrant le cœur.



Lorenzo Lunar, La vie est un tango (La vida es un tango, 2005), Asphalte, 2013. Traduit par Morgane Le Roy



Parution le 6 juin 2013.


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Coupable vous êtes

Cuba comme vous ne le verrez jamais sur les guides touristiques, ceux qui vous vantent les charmes des cigares cubains ou des plages de sable fin…



El Condado, le quartier pauvre de Santa Clara, ne fait sans doute pas partie des cartes postales proposées par les Tour-Opérateurs. Ça vous ferait foutre le camp fissa !



Pourtant, le commissaire Leo Martín aime son quartier, ses putes… Leo est fort critique envers son pays, surtout que nous sommes en pleine période « spéciale » (période qui eut lieu après la chute du bloc soviétique et qui a vu les importations de produits d’Europe de l’Est chuter et cela a bouleversé l’économie locale, créé des pénuries en tout et de ce fait, fait augmenter l’économie parallèle et le système D) et on ne peut lui donner tort.



Entre les femmes qui doivent se prostituer, les files de malade pour obtenir un peu de viande hachée, les listes jaune ou rouge sur lesquelles il faut être inscrit pour avoir le droit d’aller à l’hosto et la pénurie dans toutes les choses importantes, l’amertume est grande, mais tout le monde – dans les petites gens – doit faire avec.



La description de la vie à Cuba est sans fard, sans artifices, sans colifichets, elle est brute de décoffrage, donnant à certains cubains le moral à hauteur du cul, c’est à dire : bas ! (« Cuba », si vous n’aviez pas compris le jeu de mot).



Une chose est sûre, on ne doit pas choisir une enquête de Leo Martín pour son rythme trépidant parce que notre Leo, il trépide pas fort…



Pour résoudre le cas du maquereau en provenance de Varadero, assassiné à coups de marteau de cordonnier (ça s’invente pas), monsieur le commissaire va à une allure de sénateur (mais sans son salaire), emberlificoté qu’il est dans ses histoires de cœur, de cul, de sexe…



Notre homme prend le temps, à chaque interrogatoire, de nous dévoiler des morceaux entiers de la vie du suspect, nous donnant ainsi un portrait peu flatteur de l’ile de Castro.



Roman court, véritable concentré de renseignement sur les prostituées et les hommes du parti qui se pavanent (ou qui chutent), le tout servi par une plume sans fard et acérée qui donne lieu à une critique acerbe du pays, mais sans jugement aucun sur celles qui font le trottoir, le tout emballé dans de belles feuilles de tabac et arrosé d’alcool pas net.



C’est tout ça dans ce petit roman qui, contrairement au guide touristiques, ne vous donne pas envie d’aller folâtrer dans le quartier de Leo Martín, mais juste de lire ses autres aventures !



(3,5/5)
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Coupable vous êtes

Bienvenue à Santa Clara, je vous accueille avec plaisir moi, Leo Martin, consultant en sociologie, historien du quartier, nounou, garde du corps, tonton, etc.

Nous allons chercher avec Leo le meurtrier d’un « type qui vend son corps pour offrir son cul. Qui exploite des femmes pour se faire enfiler ».

Nous sommes immergés dans un quartier pas plus pauvre qu’un autre,

Où, il n’y a pas un seul enfant de dirigeant qui n’obtient pas ce qu’il veut …

Où il faut trouver une solution, expression indispensable avec la période spéciale en cours, « trouver une solution pour bouffer, pour se saper, pour se chausser », pour trouver des tickets, pour avoir des rendez vous médicaux … pour tout, pour résumer !

La réalité cubaine éclate au grand jour … alors un mort de plus !

Mais Leo, ne s’arrêtera pas avant d’avoir compris ce qui s’est passé et trouver qui est impliqué dans ce meurtre.

Une vraie enquête policière pour nous faire transpirer sous la chaleur cubaine.

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La vie est un tango

Par ce temps de grande chaleur, un petit détour par Cuba me rafraichira !!

Léo Martin est un flic un peu désabusé, fermant les yeux sur les petits trafics, les putes vieillissantes ou tout juste sur le trottoir…. Enfin, tout ce qui fait la vie de ce quartier de Santa Clara à Cuba. Mais, là, il s’agit d’un trafic…. De lunettes de soleil. Cela pourrait prêter à rire dans ce pays ensoleillé, mais il y a des morts et là, Léo Martin ouvre les deux yeux pour découvrir la vérité. L’intrigue est mince et ne pensez pas trouver un thriller genre américain avec gros calibres, cadavres dans les placards, politiciens véreux….. Quoique pour les véreux, il y en a une grande collection dans ce livre.

Lorenzo Lunar nous offre une promenade dans sa ville natale. Plus qu’un polar, c’est un roman noir car la vie n’est pas facile à Santa Clara. C’est le système de la débrouille, un système D poussé. Le calambuco coule à flot continu dès le matin. La vie s’organise entre coupures de courant, petits trafics en tout genre, petits accommodements…. Il faut bien vivre car à Santa Clara, la vie n’y est pas facile. La capitale, les vitrines ouvertes sur les touristes sont loin.

Comme un tango, ce livre est sensuel. Comme le tango, Léo Martin a toujours l’air d’improviser, mais à la fin c’est toujours lui qui mène la danse. Il marche avec ses partenaires le temps d’une danse, d’une valse hésitation. Les autres le suivent sans savoir où il va et, des fois, lui non plus ne sait pas quelle direction prendre.

L’intrigue mince permet à Lorenzo Lunar de nous parler de son pays où il est bien connu, surtout très officiellement connu, que la drogue ne circule pas, que le pays est propre sur lui. Alors il nous fait visiter les dessous du pays, beaucoup moins blancs, plus corrompus, avec drogue et mauvais rhum. Le pays du désespoir, de la résignation (apparente ?) même si, comme l’a chanté Aznavour, la misère est moins pénible au soleil. Entre coupures journalières du courant, violence larvée, débrouille…



Les personnages sont hauts en couleur. Ainsi Moro qui fait la queue et vend ses places ; Olga, fille de pute, devenue pute elle-même ; Mayita, la pute qu’il a dans le corps et dans le cœur (quelles lignes enflammées sur Elle !) ; Luisa la compagne quasi officielle ; Gordillo l’indic….. sans oubier « Radio-trottoir ».



Oui, je sais, il y a dans ce texte beaucoup de fois le mot pute, mais c’est le mot que l’auteur emploie.



Un bon livre que j’ai pris grand plaisir à lire. Merci Nanette de l’avoir fait voyager jusque vers moi.

Dernières phrases de la postface de Lorenzo Lunar : « C’est à Santa Clara que se déroulent la plupart de mes romans, au même titre que ma propre vie. Je ferme les yeux et je vois mes personnages déambuler dans es rues. J’écoute les voisins me raconter leurs histoires. Ensuite j’écris. Avec l’assurance de ne jamais tomber en panne d’inspiration » Alors à bientôt de vous lire.


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Boléro noir à Santa Clara

Séduit par La vie est un tango, récemment paru chez Asphalte, on a finalement mis la main sur le premier roman de Lorenzo Lunar traduit en français, chez L’atinoir, Boléro noir à Santa Clara.



Leo Martin, est policier à El Condado, quartier pauvre de Santa Clara. C’est aussi un enfant de ce barrio et, lorsqu’il est chargé d’enquêter sur la mort du vieux Cundo, pour lequel il avait une tendresse particulière, et qu’une partie de ses amis d’enfance compte parmi les protagonistes de l’affaire, il se trouve pris entre sa fidélité au quartier et sa volonté de mettre la main sur l’assassin.



Dans ce premier volume de la chronique d’El Condado, Lorenzo Lunar met en place en prenant prétexte d’un classique roman à énigme, son décor et ses personnages. La recherche du coupable et l’audition des témoins par Leo est l’occasion de mettre en scène une tranche de vie de ce quartier défavorisé ou de l’histoire de ses habitants. Souvenirs de la guerre en Angola, petits trafics et arrangements quotidiens, prostitution, drogue et marché noir sont les véritables sujets de ce roman. On verra ainsi comment les oiseaux du parc finissent en fricassée, comment dépecer un cheval dans une maison sans laisser de traces ou encore la façon dont on honore les morts dans ce barrio bien loin du communisme utopique vendu par le gouvernement ainsi que l’explique Leo dès les premières lignes :



« Vivre dans ce quartier, ça te fout les boules.

Tu y nais, tu y grandis, tu y fais ta vie, et puis finalement tu te dis que vivre ici, ça te les brises. Sérieux.

Le quartier est un monstre, comme dit mon pote el Puchy.

Le quartier, il te réduit en purée, il te brinqueballe, t’éduque, te pousse, te traîne, te relève, te jette à terre et te piétine.

Il fait de toi un homme ou un débris. »



Tendrement ironique, sans affèterie, Lorenzo Lunar décrit ainsi en moins de cent pages un quotidien ordinaire fait de sales coups, de misère et de décadence, mais aussi d’amitiés fidèles et de solidarité. Dépaysant.




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Boléro noir à Santa Clara

Ce très court polar cubain nous immerge dans un quartier pauvre de Santa Clara à Cuba. Il met en scène le policier Leo, lui-même enfant de ce quartier, qui, du coup, se retrouve pris entre sa fidélité au quartier et la recherche de l’assassin. Il n’hésite pas tant que ça vu que la victime est le vieux Cundo qu’il appréciait tout particulièrement. Toute cette enquête n’est qu’un prétexte pour nous immerger dans ce quartier défavorisé avec ses petits trafics (marché noir, prostitution, drogue). C’est plutôt dépaysant. L’écriture est elle aussi assez dépaysante, pas tant par le nombre, assez élevé, de personnages que par la structure narrative. Le narrateur suit les pensées de Leo, qui part de digression en digression, dès le début de l’histoire. En moins de dix pages j’étais un peu perdu, heureusement Leo ne perd pas le nord et chaque digression finit assez vite par avoir sa conclusion. Ces digressions permettent au lecteur de découvrir des tranches de vie, voire des tranches d’histoire (la guerre en Angola, différentes périodes du castrisme) et de faire mieux connaissance avec les protagonistes, hauts en couleur. C’est très vivant, et le quartier n’est pas que misère et coups tordus, il y a aussi de vrais amitiés indéfectibles et une certaine solidarité.
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Coupable vous êtes

Une brève de Cuba.



"Coupable vous êtes" est le troisième volet des chroniques de Santa Clara, un petit coin de Cuba, écrit par Lorenzo Lunar.



Le commissaire Léo Martin doit enquêter sur un meurtre, celui d'un caïd tué à coups de marteau près de la gare routière de Santa Clara. A sa grande surprise, le lendemain de l'assassinat, Léo Martin voit débarquer au commissariat Chago Le Bœuf. Ce dernier, un voyou fini du quartier, est venu déclarer un vol... de marteau ! D'après lui, il fait l'objet d'une machination : on voudrait lui faire porter le chapeau du meurtre. De ce fait, il souhaite venir en aide au policier pour découvrir le véritable meurtrier de la gare routière. Méfiant, le commissaire va tout de même écouter le truand et suivre ses dires qui vont le mener vers les prostitués du quartier.



Ce roman est une fable sociale. Lorenzo Lunar nous plonge au cœur d'un quartier délaissé, abandonné à son propre sort où pauvreté, souffrance et débrouille sont les maîtres mots qui expriment au mieux l'état des lieux. Les portraits dressés par l'auteur sont touchants, vivants, alarmants. Ce sont essentiellement des femmes, des prostitués, qui vivent leur condition telle une fatalité devenue normalité. Il est aussi question de relations entre les hommes, d'amitié flouée, de tromperie et d'égoïsme. Vous l'aurez compris, plus qu'un roman policier, ce livre est un constat sur la société cubaine. Dès les premières lignes nous sommes captivés par l'histoire et de tout ce qui en découle.

YB.
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La vie est un tango

Avec ce récit, entre le polar et le roman de société, Lorenzo Lunar nous emmène à Cuba, précisément dans la ville de Santa Clara, au coeur d'un quartier défavorisé.

Léo Martin est flic, il a grandi dans ce quartier et il en connaît les habitants, sait déchiffrer leurs attitudes, lire entre les lignes. Les petits trafics du coin n'ont aucun secret pour lui, mais c'est peut-être là que le bât blesse. Quand on croit tout savoir, on passe parfois à côté de choses importantes.

Tout commence avec un fait anodin, un trafic de lunettes de soleil, rien de plus banal en ces temps de crise. Cependant les choses, vous vous en doutez, ne vont pas en rester là. Au cours de son enquête, Léo nous entraîne à la découverte du quartier et de ses règles tacites, des gens qu'il côtoie au quotidien et de la société dans laquelle il évolue.

Si vous lisez ce livre pour son aspect polar, vous serez sans doute un peu déçus car l'enquête en elle-même est assez rapide et linéaire, le roman ne fait après tout que dans les 160 pages. Par contre, si vous êtes intéressés par l'aspect social de cette histoire, vous en aurez pour votre argent. Léo est un gars un peu désabusé, qui dépeint sans fard le monde qui est le sien, l'hypocrisie de sa société et la misère qui l'entoure.

Il peut se révéler un personnage aussi sympathique qu'agaçant. Son problème majeur, c'est qu'il semble résigné et même s'il essaie parfois de lutter à sa manière, il donne toujours l'impression d'avoir perdu d'avance. À force, cela devient exaspérant. Il geint beaucoup, se perd dans le fil de ses souvenirs, mais ne fait rien pour changer les choses. Il vit son métier comme un sacerdoce, mais ça lui sert aussi d'excuse pour ne pas reprendre sa vie en main. Néanmoins, il a aussi ses bons côtés.

Le style, quant à lui, s'adapte bien au propos. Il est sec, un peu tranchant, il ressemble à Léo. En lisant ce livre on ressent la chaleur, la brûlure du rhum et le rythme, entre le présent et les souvenirs du narrateur, s'accorde parfaitement au tango. le phraser peut sembler un peu répétitif pour les français qui ont, ou sont censés avoir, la hantise de la répétition, mais on sent derrière cela la musicalité de l'espagnol qui permet plus facilement ces effets de style et en fait quelque chose de poétique et de lancinant. Ceci dit, c'est peut-être parce que je le parle que je le ressens ainsi, derrière la traduction, mais je pense que l'auteur a vraiment voulu imprégner son histoire d'une mélodie.

Je crois par contre n'avoir jamais lu autant de fois le mot pute en si peu de pages, sans parler du reste. Je ne suis pas particulièrement choquée par ce langage, mais autant de vulgarité devient très vite lassante.

Ce que je retiendrai de cet roman, c'est en priorité son aspect social. Il m'a été un peu difficile d'entrer dans l'histoire au début, Léo m'a parfois exaspérée, mais j'ai aussi appris des choses sur la société cubaine.

À noter qu'il y a à la fin de l'ouvrage, sur le rabat de la couverture, une playlist composée par l'auteur pour l'édition française ainsi que le lien qui permet d'écouter celle-ci en ligne. C'est une initiative des éditions Asphalte que j'apprécie toujours autant.
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La vie est un tango

Se retrouver dans les rues de Santa Clara, voir Mayita onduler du cul quand elle passe … « son corps de femelle appétissante … de fruit appétissant… de pute … de fruit … de fille de pute… »

Léo est bien l’exemple type du macho cubain !

Mais ça c’est Cuba… ça passe ou ça casse !

Car à Cuba comme nous l’explique Lorenzo Lunar,

Il n’y a pas de chômeur (ça c’était avant la révolution) … il n’y a que des demandeurs d’emploi,

Il n’y a pas de putes (ça c’était avant la révolution) … il n’y a que des filles de joie,

Il n’y a pas de pédé (ça c’était avant la révolution) … il n’y a que des gens qui ont un petit problème,

Personne ne vole (ça c’était avant la révolution) … il n’y a que des gens qui empruntent des choses,

Une autre façon de voir la vie.

L’écriture est vive, vivante, on sue et on respire la sueur, on est envahi par les odeurs de la vie Caraïbe. Nous sommes plongés dans la vraie vie des Cubains qui s’arrangent avec les pénuries, les coupures d’électricité dans ces quartiers populaires où tout le monde se connaît, où tout le monde est habitué à vivre envers et contre tout, ensemble !

Nous sommes bien loins des belles américaines, des plages de sable blanc et des cocotiers, de tout ce qui est recherché par des cohortes de touristes.

Lorenzo Lunar nous propose une autre approche de Cuba, une autre vision que celle de Leonardo Padura, moins intellectuelle mais tout aussi intéressante !
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Coupable vous êtes

La Kronik d'Eppy

Ce roman nous entraîne à Santa Clara, une ville de province cubaine. C’est chaud, moite, violent. Ça sent le rhum et le sexe, car ce roman fait la part belle aux prostituées, qui n’ont pas toutes choisi leur sort. Certaines sont jeunes, très jeunes, et leur part d’innocence a disparu depuis longtemps.

L’histoire :

Le cadavre d’un caïd, d’un mac, est retrouvé du côté de la gare routière, le crâne défoncé par un marteau de cordonnier. Le commissaire du quartier, Leo Martin, pense immédiatement à son ennemi juré, Chago Le Bœuf, dont c’est le métier.

Oui mais voilà que Chago le prend de court puisqu’il se présente au commissariat pour déclarer le vol de son marteau. Il refuse d’être accusé d’un acte qu’il n’a pas commis. Et il aiguille habillement Léo vers les prostituées. Et Leo, sans le savoir, va bosser pour lui.

Leo, les putes, il les connaît toutes. Enfin c’est ce qu’il croit. Il est même amoureux de l’une d’elles.

Le commissaire connaît le quartier. Il y a grandi avec une bande d’amis. Certains se sont élevés. Écrivain, membre du parti, ce n’est pas rien. Puis il y a ceux qui sont restés sur le bas-côté. Et lui au milieu. Lui qui vit avec sa mère malade. Cette femme pour qui cuisiner chaque repas est un défi avec le rationnement en place. Car pour les choses les plus simples il faut trouver « des solutions » pour tout.

Leo va débuter son enquête et remonter la piste qui le touche de près. De trop près.

Nous allons découvrir une galerie de femmes de tous âges, qui ont vendu et vendent encore leurs charmes aux hauts fonctionnaires cubains et aux touristes. Puis les magouilles de certains responsables de la police, de membre du parti. La corruption est partout. Du plus haut au plus bas, Cuba est gangrenée.

Extrait P.103 : « Le lien entre ces deux hommes, c’est un ami commun. Un type au-delà de tout soupçon, pour la simple et bonne raison qu’il portait un uniforme de police qui avait une certaine réputation. Pas n’importe quel flic, donc. A sa vue, les putes se pissaient dessus et les délinquants chiaient dans leur froc. »



Et au final la vérité éclatera, dans la tristesse.

Un très beau livre. Une immersion totale dans un pays, une époque. Qui donne envie de découvrir les autres romans de cet auteur.


Lien : https://collectifpolar.com/2..
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La vie est un tango

Après une ou deux rencontres ratées entre les éditions Asphalte et moi sans lien avec la qualité des livres qu'elles proposent, mais juste parce qu'ils ne me convenaient pas, en voici une belle, réussie. Je suis entré tout de suite dans ce roman noir et ne l'ai plus lâché jusqu'au bout : tout me va : le thème, le contexte géographique, l'écriture et le format condensé, 158 pages. Le thème : roman noir, policier sans violence, sans hémoglobine ou cadavre décrit avec minutie. Léo n'intervient que sur des petits trafics, ne voit pas tout ce qui se passe autour de lui, parce qu'il idéalise son quartier et qu'il vit sur ses souvenirs d'enfance. Il a été placé à ce poste de commissaire par un des cadres du parti, a été formé à La Havane puis est revenu travailler à Santa Clara. Son emploi n'est pas de tout repos, seul dans son quartier à en assurer la sécurité, qui lui a déjà valu la séparation d'avec Mariana et de ne plus beaucoup voir leur fille Yanet. Il est en train également de mettre en péril sa relation avec Luisa qui lui reproche ses absences et ne sait pas prendre de décisions quant à sa malsaine relation avec Mayita, la prostituée. Outre ces questionnements, Léo doit faire face à l'enquête demandée par son chef et va découvrir une facette de son quartier qu'il ne connaissait pas ou qu'il ne voulait pas voir. Cette enquête et la vie de Léo tiennent le lecteur jusqu'à la fin sans jamais d'ennui, d'envie de passer des pages, et lui permettent d'améliorer sa connaissance de Cuba. Le contexte géographique est finement décrit, on comprend aisément la difficulté de vivre dans un pays en crise dans lequel on ne peut pas toujours tout dire, dans lequel certains ne peuvent vivre que grâce aux trafics, au travail au noir, où la prostitution est quasiment le seul moyen pour certaines femmes de s'en sortir et de faire vivre leur famille. Fela, la mère de Léo est celle qui fait le lien entre l'avant 1959 et la vie actuelle sous Castro : les idéaux oubliés, la misère pour beaucoup, celle qui tente d'ouvrir les yeux de son fils sur l'état du pays, sur sa vie.

L'écriture est directe, va droit au but et s'attarde peu sur les descriptions des paysages et des personnages, tout juste sait-on qu'untel est dégingandé ou bien au contraire gras ou qu'unetelle a un beau cul et de grandes jambes (les prostituées qui traversent le livre sont les plus décrites). Les tourments de Léo sont écrits également franchement.

Pas de chichi dans le discours, le langage peut être cru, la violence est décrite, présente, quotidienne, celle des hommes frappant les femmes, celle des gens ne trouvant pas de quoi manger, celle des envieux de ceux ou celles qui "réussissent" fut-ce en vendant leurs charmes, ...

C'est un roman noir social duquel sort peu d'espoir, les personnages semblent résignés, désabusés, englués dans des vies difficiles, dans un pays qui ne bouge pas. On ne peut pas dire que Cuba soit à la pointe de la démocratie et que les Cubains vivent dans l'aisance, ce qui ressort très bien de ce livre. Un très bon roman noir dans la lignée de ce que j'ai pu lire de Leonardo Padura, avec un côté plus actuel notamment dans le langage ; vous auriez tort de passer à côté.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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La vie est un tango

A Cuba la routine de Léo Martin, nouveau chef d'un commissariat de quartier de Santa Clara, est bouleversée par un assassinat, sur fond de contrebande. Tous ont leur explication des faits, mais César, l'ami fidèle de Léo, semble décontenancé.





Un récit évoquant les moeurs d'une ville située à 300 kilomètres de La Havane, Santa Clara. Un monde peuplé de personnages attachants et inquiétants révélant la dure réalité d'une ville de province. Entre douceurs et horreurs de la condition humaine.

Ici s'accumulent des années de souvenirs et d'anecdotes de la vie à El Condado un barrio de Santa Clara, une ville de province à Cuba.  Lorenzo Lunar  s'attarde sur le processus de banalisation de la marginalité dans la société cubaine et les codes, les comportements et les souffrances qu'il impose.

Il nous propose  un roman noir et lumineux. Je m'explique, ce roman social noir nous transporte à Cuba, sa pauvreté, les difficultés de la vie quotidienne, la violence, la corruption, mais aussi ses odeurs , ses parfums, ses bruits, sa musique, une certaine joie de vivre. C'est un peuple qui souffre mais qui chante et qui danse. Et tout ceci est magnifiquement retranscrit sous une plume raffinée mais aussi parfois acerbe. Une superbe découverte.



Ah oui, je voulais auss souligner le magnifique travail de traduction, merci donc aussi à Morgane Le Roy.



Je vous conseille aussi son autre roman "Coupable vous êtes".  Je l'ai adoré aussi. je vous en ferais sans doute une petite chronique bientôt


Lien : https://collectifpolar.com/
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Coupable vous êtes

Pas de quartiers !

Seconde enquête du commissaire de quartier Leo Martin à Santa Clara, province cubaine un peu corrompue où la mort violente semble être monnaie courante.

Lorsque Pedruco, cireur de chaussures de métier et alcoolique de son état, se réveille ; il trouve un cadavre. Leo vient de passer une nuit plutôt chaude avec Raquelita, étudiante en sociologie, fille de l’un de ses amis d’enfance, qui fait un stage au commissariat.

Il s’agit d’un dénommé Francisco Cordié Montero qui a un casier judiciaire long comme un jour sans pain. En particulier un palmarès de proxénète notoire ! Cherchez la putain ! L’arme du crime est pour le moins insolite : un marteau de cordonnier ! Plusieurs coups de cet outil lui ont été assénés sur le crâne qui a bien évidement cédé.

Leo Martin pense enfin avoir un motif pour aller chatouiller son pire ennemi, l’adipeux Chago le Bœuf dont c’est la profession. Mais celui-ci se présente spontanément, on lui a en effet volé son outil de travail, alors comme tout bon citoyen, il vient déclarer ce vol à la police.

Il reste à Leo d’aller voir dans le monde des prostituées ce qui se passe et qui pourrait en vouloir à Montero pour en arriver à cette funeste extrémité. Après une soirée passée avec sa mère qui lui fait remarquer qu’elle n’est pas éternelle et que sa fiancée de longue date, Luisa, ferait une bonne épouse, il plonge dans le monde cosmopolite, bigarré, peuplé de belles femmes des prostituées quasi d’état !

Direction Varadero, haut-lieu du sexe tarifé de l’île, pouponnière de chairs fraiches, jolies et peu regardantes pour bénéficier d’un minimum de bien-être et de promotion sociale. Que ne ferait-on pas pour une bonne place de secrétaire dans l’administration et un frigidaire russe !

Leo rencontre certaines de ces femmes toutes plus pittoresques les unes que les autres : la belle Cuqui, qui d’employeurs et amants en amants-employeurs en a pris pour son grade, mais en a gagné aussi. Faut lui reconnaitre qu’elle s’est dévoué corps et âme à son pays. En visitant Moscou, Prague, Berlin. Son conseil à Leo : « Cherches tu trouveras ».

Alors il repart sur le sentier de la guerre, cherchant et fouinant dans un monde en décomposition où le sexe et la corruption sont les deux mamelles du pouvoir.

Leo Martin, flic intègre, mais victime de ses vieux démons, se débat dans un monde où plus aucuns repères ne semblent exister ! La ville autour de lui n’est qu’un vaste chaos où l’univers qui l’entoure semble sans foi ni loi.

Des femmes en nombre : La Cuqui, Cleopatra, La China, etc… ; certaines se prostituent et le revendiquent. Mais d’autres, Tina ou Raquel, le sont-elles à l’insu de leur plein gré ? Leo l’apprendra, parfois à ses dépens.

Les hommes ne sont guère mieux pour ne pas dire pire…

Le quartier, personnage central de ce roman, est un ogre dévorant ses habitants !

Un Cuba décadent, en proie à tous les excès du monde capitaliste, mais où les fonctionnaires ont pris la place de notre argent roi. Dans le même but et pour le même résultat, la richesse et le pouvoir.

Un livre sombre et violent que l’on pourrait résumer par cette phrase extraite de ce livre :

- La vérité est au bout du tunnel. Ironique et cruelle comme elle seule peut l’être.
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La vie est un tango

Pas de quartiers!

Je commence vraiment à prendre goût à la littérature hispanique d'Amérique Centrale et du Sud. Après l'Argentine, le Pérou, le Mexique, direction Cuba pour un tango endiablé, mais sûrement rouge sang!

La vie et la mort à Santa Clara, quartier d'une ville de province à Cuba, beaucoup plus qu'un quartier, un microcosme de la société cubaine loin de La Havane.

Léo Martin y est flic, pas réellement un foudre de guerre, il a ses faiblesses, les femmes et surtout Mayiata, au parcours chaotique qui débarque dans sa vie dix ans après! Et aussi Luisa, l'amie du moment, pas non plus un long fleuve tranquille, leur relation.

En plus pour lui la vie est dure, regardez ses dimanches c'est l'enfer...et le reste de la semaine pas mieux! Et le boulot, vous pensez peut-être que c'est glorifiant de travailler sur un trafic de lunettes de contrefaçons! Heureusement un jeune homme relativement bien sous tous rapports se fait assassiner! Pour quelques paires de lunettes?

Alors quand une des figures les plus connues du quartier, dernier rejeton dégénéré de parents déjà fortement atteints et répondant au doux nom de Pedro Pechemulo Fils, descendant de Pedro Pechemulo Père, est découvert assassiné le visage couvert de coups de griffes sûrement féminines, des mesures de salut public s'imposent! Mais lesquelles?

De nombreux personnages et de nombreux morts, alors parlons des vivants, enfin ceux qui le restent un petit moment!

Commençons par le pivot de cette histoire, Léo Martin, flic de son état, sauf quand il est en état d'ivresse ou dans un état amoureux où il perd tout discernement!

Il faut reconnaître que la dame de ses pensées ferait damner un saint, alors un Cubain, broutille!

Des femmes , à part sa mère, Fela, les autres sont jeunes, belles, faisant tout pour que cela se remarque et pas très regardante sur leurs vertus passées ou a venir! Pauvre Léo, le choix est dur! Un mot sur Tania, pauvre gosse, amie d'enfance de Léo, pour qui le malheur a le visage de sa mère et de certains de ses nombreux jules, une institutrice surnommée Woody Woodpicker complète le tableau d'une éducation on ne peut plus marginale. Un homo et ses consœurs, nombreuses paraît-il, bref la faune d'un quartier vivant et bigarré! Puchy, l'ami d'enfance taiseux mais encore en vie! Un "Club des cocus", et quelques collègues policiers un peu laxistes ou ripoux peut-être ? Mais comment ne pas l'être! À l'impossible nul n'est tenu!

C'est animé, luxuriant, coloré, exubérant et excessif parfois, bref c'est vivant, malgré la situation et parfaitement illustré par la photo de couverture!

Par contre il y a un côté déroutant qui s'explique par la situation politique et économique de l'île ! Le "Parti" est présent pour ne pas dire omniprésent, il existe des "Comités de défense révolutionnaires", mais comme beaucoup de choses manquent, tout est prétexte à divers trafics ou autres contrebandes! Lesquelles vont des lunettes de soleil à la viande, et pourquoi pas d'autres marchandises prohibées!

Il faut aussi vivre avec les très nombreuses coupures d'électricité, les pénuries en tout genre, mais les fêtes sont nombreuses et sous des prétextes qui semblent futiles! On boit sec pour faire passer les petits désagréments de la vie, mais officiellement, il n'y a pas de drogue à Cuba! On copule aussi, mais pas toujours joyeusement!

Un polar plutôt classique, mais ensoleillé et par certains côtés jubilatoire malgré la misère qui règne.

Pour clore ce livre, avant la playlist musicale une excellente postface de l'auteur à lire et relire!
Lien : http://eireann561.canalblog...
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