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Citations de Louise Erdrich (880)


Ensuite nous ne parlons plus pendant longtemps. Mais je lui réponds en pensée, en me balançant dans le noir, alors que mon cœur palpite d'un amour brûlant, d'un amour de toi, d'un amour de tout, toujours plus généreux et passionné à chaque cellule sanguine toute neuve, à chaque éclair glacé de neurone. Sauvage, implacable, collant à la réalité tel du goudron en fusion, cet amour grandit. Et je pense : Bien sûr que tu seras heureuse lorsque tu verras mon bébé, oui, tu seras ravie. Cet enfant est la lumière du monde !
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T. S. Eliot avait peut-être raison. Notre monde ne se finit pas sur un boum mais sur un gémissement hésitant. Je mets mon travail de côté.
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Phil a emporté un des fusils, ce qui ne nous empêche pas de rester sur le qui-vive. Mais être dehors et marcher tous les deux librement me procure un plaisir si fort que je ressens tout trop violemment - le passage délicat de l'air sur mon visage, la souplesse du sol sous les arbres, le relief de l'écorce sous mes mains, la caresse des feuilles sur mes vêtements et sur ma peau. Une conscience enchantée m'envahit. Je glisse une feuille noire entre mes doigts, remonte le long de la nervure centrale rigide. J'avale l'obscurité d'un trait, le riche bouillonnement de la terre.
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[...] me voici, peut-être une contradiction ambulante, peut-être deux espèces dans un seul corps. Personne ne le sait. Une femme, une pauvre fille, un boulet, une dilettante enceinte et sans diplôme, pas seulement à cheval sur les millénaires mais sur les époques. Je suis aussi une Indienne Ojibwé mal dans sa peau, une catholique novice, un cerveau qui s'escrime et invente des drames inconciliables. C'est plus fort que moi, j'amasse des tonnes d'idées sans intérêt et je suis incapable de les distinguer de celles qui sont importantes - pourtant l'Incarnation, ça, c'est important. Ça, c'est pertinent, selon moi.
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Si l'évolution régresse, nous ne saurons jamais pourquoi, pas davantage que nous ne savons pourquoi elle a démarré. C'est comme la conscience. Nous sommes capables de dresser la carte du cerveau et de décrypter l'origine des pensées, et même des sentiments. Nous pouvons tout dire sur le cerveau, sauf pourquoi il existe. Ni pourquoi il réfléchit à ce qu'il est.
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Lorsque survient la fin du monde, la première chose qui se passe c'est qu'on ignore précisément ce qui se passe.
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Alors que leurs critères moraux appliqués au reste du monde étaient stricts, ils savaient toujours trouver des excuses à leurs défauts personnels. Ce sont ces gens-là, en réalité, a dit mon père, des hypocrites à la petite semaine, qui dans des circonstances particulières, si l'occasion se présente, peuvent se montrer capables d'actes monstrueux.
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Qu’il s’agisse d’amour, de mort ou de chaos, des choses infimes déclenchent des chaînes d’événements tellement délirants qu’un détail absurde finit toujours par s’immiscer et ramener le cours des choses dans notre champ de réflexion.
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On connait jamais vraiment un homme tant qu'on ne lui a pas dit qu'on ne l'aime pas - c'est seulement alors que sa vraie laideur, restée masquée le temps de la séduction, peut faire surface.
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Pour finir, dussiez-vous douter un jour qu'une suite de mots secs dans un texte officiel soit capable de tuer l'espoir et de briser des vies, puisse ce livre vous ôter ce doute. Inversement, dussiez-vous croire un jour que nous sommes impuissants à changer ces mots secs, puisse ce livre vous donner du courage.
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… je m’étais aperçue que je ne pouvais plus lire n’importe quels livres, car je voyais clair en eux : les petites ruses, les accroches, le décor diligemment planté au début, la menace d’une fin tragique et puis la façon dont, à la toute dernière page, l’auteur tirait le tapis de tristesse sous les pieds du lecteur en sauvant un personnage chéri.

(Albin Michel, p.188)
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Dans les chuchotis de la nuit, j’ai pensé au peuple d’Asema, aux Dakotas du côté de son père. Ils avaient fui la région en 1862 : l’État du Minnesota proposait une prime de vingt-cinq dollars pour chaque scalp indien.

(Albin Michel, p.71)
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De là, il aperçoit le pied de la colline et plonge son regard dans l'essence même de cette ville de réserve. Défoncé et mentalement anéanti comme il l'est, il voit dans chaque cœur. La douleur, éparpillée partout, monte en flamboyant des puits profonds que sont les poitrines de son peuple. A l'ouest les cœurs des morts battent encore, ils brûlent et jettent de douces lueurs vertes dans leurs cercueils. Ils font jaillir de la terre une lumière pâle. Et au sud il y a les bisons que la tribu a achetés dans un but touristique.
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Elle apprit à dormir sur des planchers froids, à supporter l'odeur des Blancs et à dresser le couvert. Elle apprit à regarder ses amis mourir de la rougeole en un rien de temps, de pneumonie en suffoquant, ou en hurlant, tourmentés par les douleurs atroces de la méningo-encéphalite.
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Dans la presse, l'auteur de la proposition de loi avait construit autour de son texte un nuage de grands mots - émancipation, liberté, égalité, succès - qui maquillaient sa vérité : la termination. Ne manquait que le préfixe. Le "ex".
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Assisse sur mon lit , je la regarde dormir .C'est drôle , regarder les gens dormir-ce que cela vous apprend sur eux que vous ne devineriez jamais lorsqu'ils sont réveillés .
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Alors je l'ai senti : la terre a retenu son souffle, une lente expiration, puis un doux silence tamisé. J'ai éteint ma lampe et mes pensées se sont estompées. Il venait de se mettre à neiger. Pure et fragile, la neige tombait enfin, séparant l'air et la terre, les vivants et les morts, la lectrice et le livre.
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Dans ce silence, je levai la tête et regardai autour de moi.
Et je vis le temps qui passait, chaque minute s'accumulant dans mon dos avant que je n'en aie extrait la moindre goutte de vie. Il allait si vite, voilà ce que je dis, que j'étais assis immobile au beau milieu. Le temps filait de part et d'autre comme l'eau qui passe de chaque côté d'un gros rocher mouillé. A la seule différence que je n'étais pas aussi durable que les pierres. Très vite, je serais érodé. C'était déjà ce qui se passait.
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Pour commencer, ils vous donnaient des terres qui ne valaient rien et puis ils vous les retiraient de sous les pieds. Ils vous prenaient vos gosses et leur fourraient la langue anglaise dans la bouche. Ils envoyaient votre frère en enfer, et vous le réexpédiaient totalement frit. Ils vous vendaient de la gnôle en échange de fourrures, et puis vous disaient de ne pas picoler. Il était temps, il était plus que grand temps que les Indiens se dégourdissent et commencent à utiliser la seule force qu'ils avaient à leur disposition - la loi fédérale. Lyman sourit dans son for intérieur, les sourcils haussés, les yeux rivés sur le sol. Il vit plus loin, bâtit plus grand, jusqu'à ce que la vision s'élève, solide, dans l'air sombre.
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Si cette soirée autour de la table, avec King dans un état de normalité rare, était la plus fraternelle qu'on passerait jamais, j'ai décidé que c'était suffisant. Un truc que vous remarquerez. Je suis pas allé raconter que nos origines à tous les deux jaillissaient de la même source. Et j'avais pas encore posé de questions sur Gerry. Je préférais garder ça pour moi.
Pour le moment, je me souciais même pas d'étaler que j'étais de la famille. Pour être de la famille, il suffisait de le décider. A travers bien des épreuves je m'étais rendu compte que c'était vrai. J'ai décidé que j'en étais de la famille, que King le croie ou non. J'étais un vrai enfant maintenant, ou à moitié vrai. J'ai donné un coup d'ongle sur un as.
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