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Critiques de Loulou Dédola (43)
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Le Sarde

Nous voilà dans un monde de mafieux où les gangs combattent à mort pour le contrôle du marché de la drogue et des paris clandestins entre siciliens, calabrais et sardes dans notre bonne ville de Lyon et accessoirement de Grenoble. Il est vrai que je n'apprécie pas vraiment ce milieu et du coup les BD qui leur sont consacrés et qui les mettent à l'honneur.



Evidemment, il est question de pouvoir et d'argent, de rééquilibrer les forces en présence en jouant à l'élimination après des accords passés. Notre héros est un sarde plutôt sympathique qui s'intéresse au football en repérant de jeunes talents et à la musique en produisant des artistes de rap.



Cependant, il s'adonne également à la drogue afin d'oublier de mauvais souvenirs d'enfance. Il se dit importateur de produits alimentaires italiens pour assurer une bonne couverture de ses activités. Au final, il est surtout question de vengeance. Je n'ai pas trop aimé certains raccourcis au niveau du développement du récit mais bon, ce n'est pas le plus important.



J'ai bien aimé le dessin qui fait dans le réalisme et l'efficacité. En effet, les personnages sont facilement reconnaissables grâce à un trait fin et précis. Par ailleurs, la mise en scène est également assez bien faite ce qui rend la lecture de ce récit plutôt agréable.
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Il était une fois la Jamaïque

Un peu déçue par cette BD. Je pensais qu'elle parlerai plus de Bob Marley. Les enchaînements me semblent confus et je n'y ai pas appris grand chose de plus après avoir vu de nombreux reportages sur Bob. L'atout principal est le One Love Peace Concert. Ce concert de reggae qui s'est déroulé le 22 avril 1978 en Jamaïque.



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Il était une fois la Jamaïque

Trop de mères ont versé des larmes pour un fils. Trop de femmes ont pleuré un mari.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2023. Il a été réalisé par Loulou Dedola pour le récit, Luca Ferrera pour les dessins et les couleurs, avec Gloria Martinelli pour les couleurs. Il comprend cent-deux pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de six pages dans lequel le scénariste présente les personnes dont il a recueilli les témoignages, car pour écrire cette histoire il lui a paru indispensable d’aller à la rencontre de celles et ceux qui en ont été les artisans. C’est sa manière de remercier Trinity alias Keith Gardner, Edward Seaga, Sidoney Massop, Sly Dunbar, Stephen Stewart, Tommy Cowan, Tyrone Downie, Judy Mowatt, Ezric Brown, Donovan Wright. La dernière page liste une douzaine de chansons citées dans la BD, de Bob Marley bien sûr, mais aussi de Peter Tosh, Dennis Brown, Buddy Wailer, Toots and the Maytalls. Les deux créateurs avaient déjà réalisé ensemble Fela back to Lagos (2019) et Le combat du siècle (2021).



1952. Grand soleil et beau ciel bleu sans un nuage à l’horizon sur l’île de la Jamaïque. Robert Nesta et son copain Bunny Wailer sont en train de pédaler à toute allure. Ils s’arrêtent le long d’une voie ferrée, le passage étant bloqué par Claudius Massop, tout juste quatre ans de plus qu’eux. Ils expliquent que c’est un blanc qui leur a acheté leurs bicyclettes. Ils sont rejoints par Bucky Marshall (Aston Thomson) qui est en train de se faire courser par deux adultes. Claudius prend le vélo de Bob et va tirer son pote de sa situation, en le faisant monter derrière lui. Bob et Bunny les rejoignent plus tard dans le quartier pauvre de la ville. Quatre ans plus tard, la Jamaïque fête son indépendance en 1962, devenant un État souverain indépendant, membre du Commonwealth, et faisant partie des Antilles. Bunny présente Peter Tosh, chanteur et guitariste, ainsi que Joe Higgs, Beverley, Joe et Bob à des amis, dont Keith Gardner. Une fois assis tout le monde participe pour chanter un gospel. Février 1964 : c’est la formation du groupe The Wailers, avec Nesta Robert Marley, Neville Livingston et Winston Hubert McIntosh.



Dix ans plus tard, sort l’album Catch a fire, de The Wailers. Keith Michael Douglas Gardner intègre la police de Kingston. Le commissaire lui explique la situation. Pour gagner les élections, les politiciens ont investi les ghettos. Les socialistes du PNP du premier ministre Michael Manley tiennent Rema, Mathews Lane, Jungle et East Kingston. Mais Edward Seaga, le leader de l’opposition, tient toujours West Kingston et son fief de Tivoli Gardens. La politique et les gangs sont liés. À Tivoli Gardens, c’est Claude Massop le don. Il roule pour le JLP. À la tête des gun men du PNP, il y a Tony Welch, et l’étoile montante qui a la gâchette rapide et affectionne le fusil à canon scié : Bucky Marshall. Il y a des affrontements avec arme à feu en pleine rue. Le trois décembre 1976, des individus tirent sur Bob Marley, son épouse Rita et son manager Don Taylor dans leur maison, deux jours avant le concert gratuit Smile Jamaïca, organisé par le premier ministre Michael Manley.



Le dossier en fin de tome commence par un court texte posant la question suivante : Fallait-il être fan de reggae pour écrire ce scénario ? La réponse explique que le scénariste, dès son adolescence, apprit la musique en reprenant à la basse, les hits de Bob Marley, avant de devenir lui-même auteur-compositeur-interprète au sein de son groupe, et de réaliser des albums et des tournées. Le lecteur néophyte en la matière découvre l’environnement de Kingston en 1978, et voit passer des noms connus comme Bob Marley et Peter Tosh, et d’autres plus confidentiels. Il lui suffit de prendre connaissance de la liste des participants au concert One Love Peace pour pouvoir estimer son niveau de connaissance : The Meditations, Althea & Donna, Dillinger, The mighty Diamonds, Junior Tucker, Culture, Dennis Brown, Trinity, Leroy Smart, Jacob Miller & Inner Circle, Big Youth, Beres Hammond, Peter Tosh, Bunny Wailer, Ras Michael & The sons of Negus, U-Toy, Judy Moratt, Bob Marley & The Wailers. La date du 22 avril fut choisie car elle correspond au douzième anniversaire de la visite officielle de Haïlé Sélassié Ier en Jamaïque. À l’époque le concert fut surnommé le Woodstock du tiers monde. De fait, cette lecture s’apprécie mieux en ayant connaissance de quelques événements, ou allant se renseigner dessus, comme la tentative d’assassinat de Bob Marley en 1976, le contexte politique de l’époque en Jamaïque, la culture et la consommation de cannabis, et quelques notions sur le mouvement rastafari, et l’importance du séjour de Haïlé Sélassié (1892-1972) en Jamaïque en 1966.



Le scénariste a fait le choix de raconter les événements dans l’ordre chronologique : depuis la rencontre entre Bob Marley (1945-1981), Claudius Massop (1949-1979) et Bunny Wailer (1947-2021), jusqu’aux mains jointes entre Michael Manley (PNP, People National’s Party) et Edward Seaga (JLP, Jamaica Labour Party), sur scène lors du festival pendant que Bob Marley et son groupe jouent leur morceau Jamming, extrait de l’album Exodus (1977). Le fil conducteur du récit réside dans l’organisation du concert, depuis l’idée de Massop jusqu’à sa tenue, en passant par la discussion pour convaincre le propriétaire du stade, et le choix des artistes. De fait, il s’agit de suivre plusieurs personnes ayant existé : Massop bien sûr, dans une moindre mesure Buckie Marshall (?-1980, de son vrai nom Aston Thomson) et le policier Keith Michael Douglas Gardner. Ils se rencontrent, les deux premiers en prison pour décider de l’instauration d’un cessez-le-feu entre les gangs, puis avec le troisième qui participe au maintien de l’ordre dans les quartiers défavorisés de Kingston. L’un ou l’autre peuvent se déplacer à Londres pour rencontrer Bob Marley, alors en couple avec Cindy Breakspeare (Miss Monde 1976). L’organisation du concert se fait sur fond de guerre des gangs pas tout à fait apaisée, de trafic d’armes à feu, et d’une virée inattendue auprès des producteurs de cannabis. Le lecteur finit par relever qu’il s’agit surtout d’une affaire d’hommes.



L’artiste effectue cette reconstitution en images, dans un registre naturaliste et descriptif. Il travaille d’après des photographies, des documents d’époque, des vidéos pour recréer les quartiers de Kingston, le séjour londonien de Bob Marley, les tenues vestimentaires et les habitations. Il commence avec cette couverture mettant en avant l’artiste reggae le plus connu, lors de sa prestation au One Love Peace Concert, et bien sûr les couleurs associées au mouvement rastafari vert, jaune et rouge. En quatrième de couverture, le lecteur découvre les deux personnages principaux, Massop & Marshall, conscient qu’ils auraient dû figurer en couverture, mais que les chances de l’album auraient été obérées d’autant. Le dessin en pleine page d’ouverture repose plus sur l’impression que produit l’île de la Jamaïque, que sur une description de qualité photographique. Le lecteur remarque rapidement que l’artiste développe une narration visuelle dans laquelle les têtes en train de parler occupent moins de cinquante pourcents des cases. Cela amène plus de variété dans la bande dessinée, et le conduit à représenter plus d’éléments, que ce soient les décors, les tenues vestimentaires ou les activités



L’artiste se montre aussi à l’aise pour des scènes de la vie quotidienne, que pour des moments sortant de l’ordinaire. Dans la première catégorie, le lecteur ressent le plaisir de Bob et Bunny à pédaler fièrement, les garçons écoutant le père de l’un d’eux expliquant le temps qui s’écoule entre l’éclair et le tonnerre, Bob Marley en train de jammer avec ses musiciens dans son appartement de Londres, le commissaire et son lieutenant en train d’échanger des informations dans son bureau, Marley tapant le ballon avec des potes, trois rastas assis sur la plage les pieds dans l’eau, etc. Sans oublier, la consommation de la ganja pour se détendre. Dans le second registre, le dessinateur à fort à faire : échanges de coups de feu en pleine rue, une bagarre entre deux détenus dans une cellule de prison avec lame de rasoir, la découverte d’une cache d’armes à feu, une visite aux plantations de cannabis en pleine zone sauvage, et bien sûr le concert annoncé. Il ne s’agit pas d’une narration visuelle spectaculaire qui en met plein la vue, mais d’une narration visuelle solide et variée qui se tient à l’écart de toute glorification, que ce soit de la violence, ou d’une forme de culte de la personnalité de l’un ou l’autre.



La quatrième de couverture indique que le 22 avril 1978, Bob Marley, entouré des plus grands artistes reggae, chante au One Love Peace Concert à Kingston, pour mettre fin à la guerre civile qui déchire la Jamaïque. La bande dessinée raconte les circonstances dans lesquelles ce concert a vu le jour, et les efforts qu’il a fallu déployer pour créer les conditions nécessaires. La narration visuelle s’avère très solide, l’artiste s’étant investi pour les éléments composant la reconstitution historique, et pour donner du rythme à chaque scène. Le scénariste se focalise sur le rôle de deux dons régnant chacun sur un territoire défavorisé de Kingston, et sur les rencontres pour convaincre tout le monde et créer les conditions d’une trêve des gangs. Le lecteur en ressort avec une image de la Jamaïque à cette époque, l’incitant à se renseigner plus avant.
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Le père turc

Afife, une femme brillante atteinte d'un cancer en phase terminale sent qu'elle n'a plus rien à perdre quand après 15 ans de relation "dans l'ombre", celui dont elle est la maîtresse lui fait comprendre qu'il ne tiendra pas ses promesses.



Lors d'un voyage elle se rend compte que son neveu est manipulé par des islamises qui veulent l'emmener faire le djihad contre les mécréants en Syrie.



Pour détourner son intention et lui ouvrir l'esprit, Afife appâte Mehmet (son neveu) sous prétexte d'un travail universitaire sur la vie de Mustafa Kemal pour lui parler de l'histoire du fondateur de la Turquie moderne.



Entre épisodes historiques dans les Dardanelles, notamment, puis dans la jeune république, et de nos jours avec les manifestations contre les restrictions des libertés en Turquie, cette bande dessinée est intéressante pour les novices en termes d'histoire de la Turquie. Sans être une experte (très loin de là!) j'avais suffisamment de repères pour me dire que j'aurais aimé quelque chose de plus approfondi dans un dossier en fin d'ouvrage par exemple.

Mais j'ai apprécié l'histoire et la colorisation.



A présent il me faudrait sans doute un essai de géopolitique pour comprendre ceux qui critiquent aujourd'hui Atatürk (au profit d'Ergdogan ou non d'ailleurs).
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419 African Mafia

Le dessin de Lelio Bonaccorso est dans le même registre : d’un côté, un découpage et une mise en couleurs efficaces et agréables, de l’autre, un manque de charisme des personnages lié à une insuffisance de précision des visages et des expressions.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Jeu d'ombres, tome 1 : Gazi !

LA BD lyonnaise n'en finit pas de nous dévoiler ses secrets, comme cette BD illustrée par Loulou DEDOLA, enfant de la banlieue lyonnaise dans laquelle se situte ce Jeu D'ombres, saga en deux parties dont le premier tome a été publié chez Glenat en septembre 2016.

Un brillant étudiant d'origine turque monte une mouvance politique au sein de son quartier sensible, tel est le point de départ de ce Jeu d'Ombres, captivant thriller urbain qui livre une peinture réaliste et tout en nuance des quartiers populaires dans laquelle engagement social militantisme et délinquance semblent étroitement liés.







Thriller captivant sur fond de réalité sociale, parfaitement ancré dans le monde actuel,et en même temps faisant penser à des enquêtes qu'on voyait beaucoup dans les années 70, le scénario de Merwan décrit avec acuité et justesse les rouages du réel et une vision non manichéenne de la société, avec une approche documentaire qui évite toute schématisation, à la manière séries TV comme The Wire ou Engrenages sur des sujets aussi complexes que la géopolitique et notamment l'actualité du Proche-Orient...



Résultat de recherche d'images pour "jeux d'ombre Gazi"



En deux tomes haletants et fins, et autour d'un héros franco turc charismatique et attachant, Jeu d'Ombres dresse un portrait plus que convaincant des banlieues françaises dans leur ensemble.

A noter que le Tome 2 : Ni ange, ni maudit est sorti en janvier dernier ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Fela back to Lagos

Un Nigéria sans foi ni loi, où s'en prendre aux plus fragiles devient un sport national. Que cela vienne de la police ou de la mafia locale, on s'y attend pour différentes raisons. Mais quand des hommes de "Dieu" s'engouffrent dans la brèche, à quel saint se vouer ?

Aux esprits précisément mais même parmi eux ça bataille fort. le début de cette BD était très prometteur mais l'histoire s'embrouille, notamment autour de la filiation entre l'immense Fela et le jeune Ade. Aussi, le graphisme par endroits confus n'aide pas à comprendre le peu, voire l'absence de dialogue.

Fela back to Lagos nous fait néanmoins redécouvrir ce grand chanteur qui souvent a eu maille à partir avec les autorités de son pays.
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Il était une fois la Jamaïque

Cette BD commence par l’enfance de Bob Marley, sa rencontre avec les futurs membres de son groupe, les Wailers comme Peter Tosh ou Bunny Wailer. Ensuite on se retrouve plongé dans la violence de Kingston en 1976. En décembre de cette année-là, Bob Marley est victime d’une tentative d’assassinat et s’exile en Angleterre. Kingston est aux mains de chefs de gangs, chacun régnant sur un quartier de la ville et liés aux leaders politiques comme Michael Manley, le premier ministre ou son opposant Edward Seaga. C’est alors qu’en 1978, deux chefs de gangs décident d’une trêve et ont l’idée de faire revenir Bob Marley au pays afin d’organiser un concert. D’autres chefs de gangs se rallieront à leur cause et c’est le 22 avril 1978 qu’aura lieu le One Love Peace concert dans le stade de Kingston. Mais cela ne change hélas rien et les deux chefs de gangs à la base du concert sont assassinés peu de temps après.



L’année suivante, la campagne électorale fait 500 homicides de plus que l’année précédente.



De la Jamaïque on retient bien sûr le reggae et Bob Marley son chef de file, Usain Bolt, le roi du sprint mais c’est avant tout un pays avec ses inégalités, sa violence, sa corruption.



La BD se lit facilement, très colorée avec un découpage des cases assez standard. On s’y perd un peu au début dans les chefs de gangs et les politiciens en place mais la seconde partie se focalise plus sur l’organisation du concert.



Instructif pour un éclairage sur la situation de la Jamaïque à ce moment-là et le rôle joué par Bob Marley comme héros national.


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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419 African Mafia

C'est un polar qui part d'un bon sentiment à savoir sauver une nigériane qui tombe dans la prostitution et le trafic de drogue.



La mise en scène et la narration ne créent pas les conditions d'un suivi de récit parfait. On a l'impression que cela part dans tous les sens avec une nette accélération à la fin. Je n'ai pas aimé non plus les dialogues en langue étrangère avec les traductions en miniature sur les bas des cases. Un peu, cela passe encore ! En l'occurrence, c'est l'overdose.



La conclusion est certes réussie mais beaucoup trop classique et sans surprise. On a droit à tous les poncifs, voir les caricatures du genre.



Il y a certes de l'ambition mais mal employée. Ce titre peine à convaincre. Il faudra sans doute persévérer...
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419 African Mafia

Le scénario n’est pas très fluide, le découpage m’a paru approximatif, de fait j’ai parfois eu du mal à suivre. Le dessin n’est pas toujours des plus juste et les dialogues dans certains cas un peu maladroits (« t’es mort ! »).

Mais l’histoire, malgré ses défauts, tient la route, elle a des tripes.

Elle a été écrite par un touche-à-tout : musicien, enquêteur sur les réseaux criminels africains et auteur d’un roman qui a inspiré cette BD. Bref il connaît son sujet et ça se sent bien. A lire.
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Le père turc

Le talent des auteurs est de nous montrer une histoire moderne à travers un jeune homme à la dérive et en mal de repères qui commence à tomber dans le radicalisme religieux et une vieille femme atteinte d'un cancer qui tente de tout faire pour l'aider. Le miracle est celui de l'histoire du père turc pour faire prendre conscience du mauvais virage de la Turquie islamique.



En effet, Mustafa Kémal a dessiné la carte d'une Turquie moderne et progressiste en accordant le droit de vote aux femmes bien avant certains grands pays occidentaux à commencer par la France. C'est sur les ruines de l'Empire ottoman que s'est construit un régime laïc qui rejetait à la fois le bolchevisme et le fascisme.



On pourra regretter certaines absences comme le génocide arménien à peine évoqué ou la terrible répression qui a suivi le putsch manqué contre l'actuel président Erdogan. On verra tout de même que ce père turc était prêt à tout pour imposer sa vision notamment lorsqu'il a exigé du parlement les plein pouvoirs en ne laissant guère le choix.



J'avoue ne pas avoir été convaincu par l'homme politique mais il a laissé incontestablement une grande trace dans l'histoire de la Turquie. Ataturk vivant, la seconde guerre mondiale n'aurait pas eu lieu avait déclaré Winston Churchill qui s'était jadis frotté à lui pendant la guerre des Dardanelles. Je retiens surtout qu'une grande nation peut également faire à certains moments de grands bonds en arrière. Il ne faudrait pas que cela nous arrive également.
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Le père turc

Cette BD est une rencontre, un héritage et une transmission



Pour qu'il puisse découvrir l'histoire de son pays d'origine, la Turquie, Afife emmène Mehmet, ado séduit par le radicalisme religieux, sur les traces de Mustafa Kemal Atatürk, le premier Président de la République de Turquie



Au fil des lieux visités, des échanges et partages, faits de confiance, Mehmet s'intéresse et s'attache à Afife. Intellectuelle vivant à Izmir, elle est une héritière de la politique progressiste d'Atatürk, qui incarne une figure paternelle de substitution pour Mehmet. Quand ce dernier, pétri de sentiments contraires, est comme une métaphore de la Turquie en ce mois de juillet 2016, où un putsch vient d'échouer



Cet album est très riche!

Il y a beaucoup à lire et à voir. J'aime les cadrages choisis par Lelio Bonaccorso comme son trait fin et très expressif. Lorsqu'Afife remonte le temps, les cases prennent une teinte sépia qui nous transporte. Complémentaires et prolongements, les dessins comme le texte sont à la fois denses et subtils pour aborder de nombreux thèmes : Histoire et traditions; immigrations turque et syrienne; la religion, la laïcité, les dérives ; la famille; l'éducation et la condition féminine



Un album que je ne peux que vous encourager à découvrir.
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Le combat du siècle

Boxe et BD, une association toujours intéressante !



"8 mars 1971."Smokin' Joe" Frazier affronte Mohamed Ali au Madison Square Garden de New York "

Le combat du siècle !



Visuellement, c'est superbe. Un vrai régal. Le travail de Luca Ferrera est l'un des plus beaux que j'ai vu ces derniers mois.

Les mouvements, les corps, les ambiances : c'est un sans faute. Y compris pour le dessin des visages de toutes les célébrités que l'on croise dans ces pages, de Malcolm X à Nixon, en passant par James Brown.



Je suis moins convaincu par le scénario de Loulou Dedola. L'album est en fait une biographie de Joe Frazier, de sa naissance jusqu'à ce fameux "combat du siècle".

Et le problème c'est que sa vie, surtout sa jeunesse, passe à une vitesse beaucoup trop grande. Cela manque de fluidité dans les transitions. Au final, on a plus l'impression d'une compilation d'anecdotes sur ces premières pages - mais qu'elles sont belles !



Une fois à l'âge adulte, l'histoire devient plus dense. Et ce dès la pleine page de frappe de carcasse.

Frazier débute alors un entraînement, de plus en plus intensif et l'on suit en parallèle l'émergence de Mohamed Ali - encore alors Cassius Clay - par journaux, TV et radio interposées.

Le chemin est long jusqu'au Madison Square Garden, et les embûches et difficultés de Smokin' Joe sont décrites.



Le problème de cette BD est son manichéisme. D'autant plus problématique que quand on lit la quatrième de couv, on comprend qu'au-delà du combat de deux hommes, on va nous présenter le combat de deux visions du monde. Et de fait l'intransigeance (et parfois l'outrance) d'Ali est ici mise au pilori.

Sauf que jusqu'aux dernières pages, peu de nuances pour Ali et l'impression d'un récit à charge.

Joe Frazier est un chic type, Mohamed Ali est une crapule (et pourquoi pas un tricheur). N'est-ce pas une mise en abîme involontaire du scénariste de ce qu'il voulait dénoncer chez Ali ?



Une déception donc sur le traitement de cette histoire, tant pour une raison de rythme au début, que pour le "sens unique" de la suite.

Par contre les planches sont superbes. Toutes. Un pur régal.
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Le combat du siècle

New York, 8 mars 1971. Joe Frazier, à l'apogée de sa carrière, affronte Mohamed Ali au Madison square Garden, pour le titre du champion du monde WBA&WBC; des poids lourds. Adepte de Martin Luther King, tout l'oppose à Cassius Clay, rebaptisé Mohamed Ali par Elijah Muhammad, le gourou de l'organisation nationaliste noire Nation Of Islam.



La rencontre entre les deux hommes cristallise toutes les tensions et les luttes pour les droits civiques qui secouent le pays. Leur match devient le combat du siècle. Cette biographie réhabilite le parcours de Frazier, immense champion aux valeurs humanistes.



Le 8 mars 1971, Joe Frazier affronte Mohamed Ali pour le titre de champion du monde poids lourds. Par son caractère social et politique, ce combat devient celui du siècle.



Un grand roman graphique signé Luca Ferrera et Loulou Dedola, qui sorti pour les 50 ans de ce match de boxe.Par son caractère social et politique, ce mythique combat passera à la postérité et atteindra l'universalité. Pour l'auteur lyonnais Loulou Dedola, Frazier incarne la pureté et livre une vision moderne du combat pour l'égalité des droits



Porté par le dessin réaliste et émouvant de l'italien Luca Ferrara, cette histoire sportive est aussi pétrie d'humanité et de valeurs morales !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il était une fois la Jamaïque

(LX971) - Un peu déçu par cet album qui hésite entre peinture sociale de la Jamaïque et biographie de la star du reggae, Bob Marley. La couverture est un peu trompeuse, même si elle se fait l'écho de ce qui, finalement, constitue le sujet central de la BD : le contexte qui conduira à l'organisation du grand concert One Love Peace, événement musical majeur qui parviendra à réunir sur scène les deux ennemis politiques qui déchirent le pays, Edward Seaga (JLP) et le Premier Ministre Michael Manley (PNP). Ce qui manque peut-être le plus à cet album est l'absence de véritable parti-pris. le récit aurait sans doute gagné en intensité s'il nous avait été donné de partager la vision et la sensibilité d'un des protagonistes, quel qu'il soit. Ici, on a plutôt affaire à une chronique sociale qui nous relate les règlements de compte, les tractations et les dessous de la période. Pas sûr non plus qu'un jeune lecteur s'y retrouve, s'il ne connait rien ou pas grand-chose à l'histoire de la Jamaïque, au reggae et au rastafarisme. Non pour la sélection du Prix BDz'îles.

(EL971) J'ai eu beaucoup de mal à lire cette BD, j'ai trouvé cela long et lent avec beaucoup trop de texte, de personnages, de détails. Non pour BD Z'Iles.

(SCO971) J'avais déjà entendu parler du fameux concert One love peace, des circonstances politiques qui y ont conduit mais jamais avec ce luxe de détails. Et c'est peut être ce qui nuit à cet album, un peu confus en effet. De plus la première de couverture laisse à penser qu'il s'agit d'une bio de Bob Marley et dessert un peu l'album. Donc je dirais non pour le Prix, même si je suis personnellement contente de l'avoir lu, et oui en recommandation.
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Fela back to Lagos

Repérée lors de la superbe exposition à la cité de la Musique (Paris) consacrée au chanteur nigérian Fela Kuti, cette BD suit un jeune de Lagos qui vit de débrouille et petits larcins. Pour fuir la police, il se réfugie chez son grand-père, qui l'a initié au saxophone, et qui lui raconte l'histoire de Fela Kuti, son engagement contre le pouvoir corrompu, et ses déboires avec la police, qui qui se soldent souvent par un séjour en prison, sans jamais briser la volonté du musicien de dénoncer les injustices.

Un BD entre thriller sombre et rêves mystiques servis par des pages psychédéliques pleines de couleurs. A découvrir.
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Le père turc

(LX971) Un ton trop édifiant sur la vie d'Atatürk et une intrigue trop artificielle sur le parcours d'un jeune aspirant au jihad empêchent cet album de sonner juste. La fin émouvante ne suffit pas à mon goût. Cela ressemble trop à un ouvrage de propagande. Non pour le prix.

(NG971) C'est le côté trop didactique, trop bien pensant qui me fait renoncer à la sélection... même si j'ai complété mes connaissances sur Atatürk. Non pour le prix.
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Jeu d'ombres, tome 2 : Ni Ange ni maudit

« Ni ange ni maudit » propose la suite et fin de ce diptyque signé Loulou Dedola et Merwan (« L’Or et le sang » et « Pour l’Empire »), qui plonge le lecteur dans la réalité des banlieues françaises.



Si le tome précédent se concentrait principalement sur Viviane et Cengiz, le retour dans la banlieue Lyon du grand-frère de ce dernier change totalement la donne. Sayar, ex-caïd de la cité, est en effet parvenu à s’évader de sa geôle turque et a visiblement quelques comptes à régler avec ceux qui ont pris sa place durant son incarcération. Cengiz, qui avait brillamment réussi sa licence de droit et était devenu la vedette locale après avoir joué les médiateurs entre des jeunes qui voulaient mettre le feu au quartier et des flics prêts à réagir au quart de tour, doit dorénavant composer avec la présence de son frère. Entre ses études, une histoire d’amour compliquée, son frère, les enjeux politiques locaux et les tensions qui règnent dans ce quartier où le trafic de drogue constitue l’un des principaux débouchés, le fils d’immigré turc aura de plus en plus de mal à faire les bons choix…



Ce thriller social parvient non seulement à planter un décor particulièrement réaliste, mais propose également de suivre deux personnages engagés, qui semblent vouloir faire bouger les choses dans cette cité gangrenée par la délinquance. À travers le personnage de Cengiz, l’auteur invite à découvrir la communauté turque de France, tout en dressant le portrait réaliste d’un quartier aux tensions politiques, religieuses et sociales. Pourtant, malgré le réalisme du scénario, cette suite ne parvient pas à convaincre et a même tendance à perdre le lecteur, principalement à cause d’une narration un peu trop confuse et difficile à suivre. Visuellement, le trait nerveux et réaliste de Merwan, rehaussé par une colorisation au lavis d’aquarelles de toute beauté, continue de faire mouche, mais même lui a du mal à sauver les meubles, peinant à clarifier le scénario et proposant même des personnages aux traits parfois trop similaires, ce qui n’est pas pour arranger les choses.



Bref, une bonne mise en place, une excellente tentative de restituer la complexe réalité des banlieues françaises, mais une conclusion à la narration trop confuse qui n’a pas réussi à exploiter tout le potentiel de la saga. Dommage.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Vendetta : La vengeance des Oulianov

A la lumière de la haine



Loulou Dedola nous propose une biographie sans concession d’un des personnages politiques éminents du XXe siècle Lénine…



Retraçant son engagement et son parcours politique tortueux de son adolescence tourmentée à sa prise de pouvoir après la chute retentissante du régime tsariste, le scénariste se propose de démontrer que le charismatique leader de la Révolution d’Octobre 1917 était mu par une haine farouche des Romanov qui ont condamné à mort Alexandre Oulianov, son grand frère, après qu’il eut tenté d’attenter à la vie du Tsar…



L’élégant dessin de Lelio Bonnaccorso, subtilement rehaussé par la couleur du papier utilisé et des ombres savamment posées, sert remarquablement ce récit historique aussi édifiant que solidement documenté…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Fela back to Lagos

Une suite d’événements qui s’enchaînent trop rapidement, et des thématiques finalement à peine effleurées. Heureusement que le graphisme énergique et très typé comics du dessinateur italien Luca Ferrara arrive, lui, à suivre le rythme. C’est d’ailleurs cet aspect que l’on retiendra de l’album.
Lien : http://www.bodoi.info/fela-b..
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