Boxe et BD, une association toujours intéressante !
"8 mars 1971."Smokin' Joe" Frazier affronte Mohamed Ali au Madison Square Garden de New York "
Le combat du siècle !
Visuellement, c'est superbe. Un vrai régal. le travail de Luca Ferrera est l'un des plus beaux que j'ai vu ces derniers mois.
Les mouvements, les corps, les ambiances : c'est un sans faute. Y compris pour le dessin des visages de toutes les célébrités que l'on croise dans ces pages, de
Malcolm X à Nixon, en passant par
James Brown.
Je suis moins convaincu par le scénario de
Loulou Dedola. L'album est en fait une biographie de Joe Frazier, de sa naissance jusqu'à ce fameux "combat du siècle".
Et le problème c'est que sa vie, surtout sa jeunesse, passe à une vitesse beaucoup trop grande. Cela manque de fluidité dans les transitions. Au final, on a plus l'impression d'une compilation d'anecdotes sur ces premières pages - mais qu'elles sont belles !
Une fois à l'âge adulte, l'histoire devient plus dense. Et ce dès la pleine page de frappe de carcasse.
Frazier débute alors un entraînement, de plus en plus intensif et l'on suit en parallèle l'émergence de Mohamed Ali - encore alors Cassius Clay - par journaux, TV et radio interposées.
Le chemin est long jusqu'au Madison Square Garden, et les embûches et difficultés de Smokin' Joe sont décrites.
Le problème de cette BD est son manichéisme. D'autant plus problématique que quand on lit la quatrième de couv, on comprend qu'au-delà du combat de deux hommes, on va nous présenter le combat de deux visions du monde. Et de fait l'intransigeance (et parfois l'outrance) d'Ali est ici mise au pilori.
Sauf que jusqu'aux dernières pages, peu de nuances pour Ali et l'impression d'un récit à charge.
Joe Frazier est un chic type, Mohamed Ali est une crapule (et pourquoi pas un tricheur). N'est-ce pas une mise en abîme involontaire du scénariste de ce qu'il voulait dénoncer chez Ali ?
Une déception donc sur le traitement de cette histoire, tant pour une raison de rythme au début, que pour le "sens unique" de la suite.
Par contre les planches sont superbes. Toutes. Un pur régal.