Citations de Lucas Leverger (59)
Ma belle, ces mecs ne sont pas tes petits copains. Pas de sentiments. Ils viennent pour tirer un coup rapide. C’est juste physiologique. Parfois certains veulent parler après, mais c’est toujours dans le but de s’entendre dire qu’ils sont les meilleurs, que ce moment était inoubliable. Si tu sais les écouter, il allonge un peu plus. Ah, à propos du fric, le client paie avant, s'il crève sur toi, tu n’es même pas sûr qu’il a l’argent sur lui !
Il faut dire que c’est tellement facile d’obtenir tout ce que l’on veut avec vous, les garçons ! Une épaule, une hanche, un bout de sein et hop !
- Inutile de me regarder comme cela, je sais bien que je ressemble à une baleine échouée sur la terre ferme !
- Mais non, mon amour, tu es magnifique. Tu ressembles à… À une baleine échouée sur la terre ferme !
Honneur à la police, dans la bouche d’un escroc, ça sonne faux !
En cet après-midi d’été, la chaleur faisait son office plombant les animaux et les hommes sous une gangue de chaleur insupportable. Les médias parlaient de canicule et conseillaient aux personnes âgées qui ne voulaient pas finir sous terre de se mettre à l’abri sur terre. Les conseils les plus prodigués étaient de rester à l’ombre, boire beaucoup, bouger peu.
La plongée, c'était sa raison de vivre, sa passion, presque une folie. Il avait déjà plongée dans plein d'endroit au monde. Chaque année, depuis l'âge de douze ans, il partait avec les membres du club dans un endroit quelconque du monde pour plonger dans des océans, des mers, des lacs et même des grottes sous-marines.
Il avait fini par se convaincre que cet or était maudit et qu'il était à l'origine de la mort de ses amis. Il était riche, mais seul. Il prenait conscience de la valeur de ces soirées après le travail, autour d'une bière avec ses amis et que l'or ne remplacerait pas. Ils avaient toujours fait le projet de voyager ensemble, parcourant le monde, riches. A présent seul, Étienne ne trouvait même plus l'envie de sortir de chez lui. Il vivait une retraite recluse.
Rompu par les années à une solidarité sans faille, une amitié sans borne, les deux autres l'avaient confortés dans la validité à vie du pacte et que tout ce que eux rapporteraient encore, serait toujours partagés en trois parts.
Mais c'était sans compter sur la vie et ses écueils, ses aléas, ses bonheurs et ses saloperies. Un samedi après-midi de juillet, alors qu'il était en vacances chez son frère en Bretagne, Louis, fortement alcoolisé au chouchen, avait raté un virage au retour et percuté de plein fouet un tracteur. Il était mort sur le coup avec sa femme, tandis que le pékinois avait survécu encore quelques minutes après l'arrivée des secours. Louis avait noblement atteint l'âge de soixante-deux ans et il ne lui restait plus que trois ans avant de pouvoir profiter pleinement d'une retraite dorée.
Ils avaient usés leurs fonds de culottes sur les mêmes bancs d'écoles, vécus les mêmes périodes d'énurésies nocturnes, partagés verbalement des expériences de frénésies sexuelles solitaires et ils avaient même couru après et parfois partagés les mêmes gueuzes. Comme aimait à le rappeler assez souvent, Étienne à propos d'une certaine Éloïse - On a tous servi dans le même corps, cela fait de nous des amis pour la vie ! –
Cette année serait les premières qu’ils allaient passer sans les enfants. Il hésitait entre soulagement et déception. Soulagement de ne pas avoir à s'en occuper et pouvoir se consacrer à eux seuls, mais également déception de passer des vacances peut–être moins dynamiques. Presque des vacances comme un couple de vieux. Des vieux c… comme disait son fils lorsqu'ils croisaient d'autres vacanciers, en couple, d'un certain âge et pas très souriant. L’ingratitude de la jeunesse ! Faites des gosses !
Les femmes des amis, c'est sacré. Et surtout quand l'ami est armé et qu’il est votre supérieur.
Dans le jargon touristique on employait des termes comme l'or vert pour désigner la verdure et les forêts, l'or bleu pour les lacs et les mers et l'or blanc pour la neige.
Plus loin sur le lac, des grèbes huppées à la recherche de nourriture, plongeaient à un rythme régulier et ressurgissaient à plusieurs mètres de leur point de plongée. C'était toujours amusant de les regarder s'enfoncer dans l'eau, en ne troublant pratiquement pas la surface et de deviner à quel endroit elles allaient ressurgir.
Elles pouvaient rester assez longtemps en immersion et donnaient parfois à croire qu'elles ne remonteraient jamais.
Mais elles finissaient toujours par émerger avec une telle rapidité, qu'elles semblaient apparaître comme par magie.
Il est toujours bon d’avoir un plan d’avenir lorsque l’on est responsable d’une production. Le client est si versatile.
Comme une meute de hyènes qui se regroupait pour chasser, ils s’unissaient pour travailler. Mais si l’un des membres du groupe était blessé, il était immédiatement abandonné et remplacé.
Si, dans certains films, on voyait des voleurs de voitures, rouler à vive allure pour rejoindre le lieu dans lequel les voitures seront cachées, c’était dans la réalité, le meilleur moyen de se faire repérer. Chaque chauffeur suivait à la lettre, un plan de consignes strictes. Respecter la vitesse, être discret et suivre un itinéraire presque entièrement défini à l’avance. Cet itinéraire exploitait les rues sans caméras de surveillance, et permettait de sortir rapidement de la ville, pour rejoindre le quartier du squat.
Julie Kerwaelen faisait partie de ces femmes, que rien ne peut renverser ni le vent ni la vie et qui pourtant semblent si fragiles. Un mélange réussit d’Ava Gardner et d’Amélia Earhart, qui ne laissait aucun homme indifférent, même pas les aveugles.
Il avait aussi rencontré une fille. Une fille qui lui correspondait, une fille qui le comprenait, une fille qu’il aimait, son âme sœur. Ils avaient fait ensemble pour leur premier voyage, un road movie en Écosse. Ils avaient visité des distilleries de Whisky, l’île d’Islay. Traversant le pays du sud au nord, vers les Highlands. Puis, ils étaient revenus. Ils avaient trouvé un nid à eux dans la ville de Morlaix, en Bretagne et le petit garçon de dix ans avait quitté son quartier. Ses amis l’avaient encouragé, les habitants l’avaient félicité. Il vivait à présent sa vie. Ils avaient donné le prénom de sa mère à leur fille qu’il adorait, se promettant chaque jour d’être le père idéal.
Certes, on n’était pas dans les Highlands Écossais, mais dans sa Bretagne natale. Et ici, on faisait le meilleur whisky au monde et celui qui prétendait le contraire aurait affaire à lui. Il avait vécu le début de son enfance avec un père alcoolique qui buvait de tout et surtout du whisky, du mauvais whisky, des spiritueux au whisky, qui le conduisait souvent à la violence. Il refusait de croire le médecin ou les autres gens qui disaient que c’était le whisky, le responsable. Son père était piégé par cet alcool. C’était une excuse trop facile.