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Citations de Lucie Rico (39)


Antoine voudrait l'appeler César. Vous en avez déjà parlé. Ce ne sera pas une fille. Maintenant quand tu touches ton ventre en demandant à César, Antoine ne sourit plus. Le sujet le rend mal à l'aise depuis que tu ne travailles pas. Si l'on ne travaille pas, on peut éventuellement avoir un nouveau lave-vaisselle d'occasion, pas un enfant.
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Ça pourrait être une bête, un prédateur naturel. On a vu dans la région, des belettes décimer des élevages entiers en bonne santé. Les morsures de belettes ressemblent à celles des vampires. Les bêtes qui ne succombent pas aux morsures meurent de crise cardiaque.
Mais il n'y a qu'un être humain pour égorger des poulets de cette façon.
Elle aimerait appeler Louis, lui demander : "Est-ce que c'est toi ? Est-ce que tu es venu ici pour tuer mes poulets ?"
Sa jalousie aurait pu faire ça de lui : un meurtrier.
Louis est le seul à ne pas fréquenter d'animaux.
Quand les animaux sont pour quelqu'un seulement une viande, le rapport au vivant est modifié.
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Dans le GPS, le soleil ne se couche jamais, il ne pleut pas et ne vente pas. La lumière se répand uniformément sur les pelouses et les ruisseaux, les mares aux nénuphars sont charmantes et tous les espaces nommés clairement. Les nuages impriment sur les sols des animaux fascinants...Tu apprécies ce monde, sans météo, sans contrainte, sans choix.
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Si un enfant meurt, c'est une tragédie. A partir de vingt ans, on parle de drame. A trente, c'est triste, et à partir de quarante, regrettable. La mort des octogénaires est dans l'ordre des choses.
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Elle le trouve beau avec son air timide et ses longues jambes. Dans le bar de leur rencontre, Louis avait volé pour elle une bouteille de Get 27. Il lui avait dit : "ne dis rien", et il avait serré sa main.

Il n'avait que quatre doigts. Le majeur manquait. Elle avait pensé : il a des pattes de poulet.
Elle avait ressenti une décharge dans la totalité du corps, une envie infinie de faire l'amour avec ses doigts immédiatement, que ses mains se posent sur elle, la pénètrent.
En vérité, ses mains ressemblent davantage à celles d'un canard aux extrémités palmées qu'à des pattes de gallinacé.
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Elle écrit pour s'entraîner. Et quand il y a assez de matière, elle tue.
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La hache est pratique, mais elle doit être bien affûtée. Demain, c'est jour de marché et elle veut être prête. Elle se courbe sur son bureau, écrit des brouillons sur la vie de Sushi. Elle peine à trouver les mots. Sushi était le plus petit des poulets, celui qui faisait le plus de dégâts aussi. Son bec était acéré, son plumage rare en certains endroits. Mais "petit poulet au plumage rare" sonne mal. La réalité n'est pas très appétissante. Le dictionnaire n'est d'aucun secours, les synonymes sont à vomir : humble, chétif, infime, minuscule, réduit.
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Au téléphone Sandrine a dit : « Ne t’inquiète pas, je vais t’accompagner. »
Elle a raccroché.
Tu étais rassurée sur ton importance : Sandrine allait sécher les préparatifs de ses propres fiançailles pour venir te chercher. Tu as sorti une bouteille de muscat puis t’es assise sur ton canapé, les bras croisés en attendant son arrivée. C’est dans cette posture que tu passes le plus clair de ton temps. Si tu tapais dans Google Images « Attente et désœuvrement », tu retrouverais ta position fétiche représentée dans toutes sortes de situations.
Le téléphone a vibré. Un lien Google Maps – que tu appelles toujours GPS par abus de langage, comme si toutes les cartes, toutes les représentations du monde et les technologies étaient les mêmes, de simples outils pour te conduire à bon port – s’est affiché :
Sandrine souhaite partager sa localisation avec vous.
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Sac, si fragile et aventureux à la fois, la peau tendre. C’est ce qu’elle écrit sur l’étiquette avant de le porter au marché, emballé sous vide. Elle le vendra, même si c’est contre ses convictions de donner à manger un corps mort de mort naturelle. Ca porte la poisse.
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Les friches industrielles sont des endroits suspects. Personne n'a rien à faire d'honnête dans une friche. Tu pourrais aussi te méfier des lieux plus anodins, comme les hypermarchés. Leur présence même dans les marges de la ville est louche.
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Son corps n'est pas qu'utile, il est beau. Elle pense : avec Louis, je n'ai pas besoin de mots; il entre en elle, et pour la première fois depuis des mois, elle ne pense plus du tout.
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L'intérieur est toujours plus puissant que l'extérieur. Il n'y a qu'à voir les tremblements de terre : on a beau construire avec application des immeubles et des usines, quand les profondeurs se rebiffent, rien n'est assez solide.
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Autrement, il faudrait que tu rejoignes toi aussi la carte. Intégrer son paysage de synthèse et devenir un point rouge. Le problème du chômage ne se pose pas dans un GPS. Celui du réchauffement climatique non plus. Les incendies pas davantage: dans le GPS la nature se tient à carreau. Antoine n'aurait pas de travail si le monde était aussi docile que sur le GPS. Les gens qui y habitent sont des gens stables. Ils sont pétrifiés dans une position qui les occupe, à jamais accessibles aux curieux, même si certains d'entre eux ont depuis fait une dépression, ou se sont suicidés.
C'est peut-être ça le purgatoire. Un espace où tout le monde est figé pour l'éternité en train de descendre sa poubelle ou de faire ses lacets.
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C'est peut-être ça le purgatoire. Un espace où tout le monde est figé pour l'éternité en train de descendre sa poubelle ou de faire ses lacets.
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Le suspense demeurerait entier et serait le lieu de toutes les conjectures. Mais le monde n'est pas un livre, et l'on accepte l'inachevé.
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Tu défais le paysage à chaque fois que tu le traverses, contre toi toute la carte du monde, d’un seul tenant, et sa mort. 
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Les explications sont des impasses. On peut se suicider à cause d un drame, ou d un accroc tout à fait anodin. Parce qu' on en a marre de perdre aux jeux à gratter, parce qu' une chanson de Céline Dion a envahi notre cerveau, ou qu' on a la flemme d imaginer une autre vie.
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Théodore sous le bras, Paule revient à l’intérieur de la ferme. Si elle ne sait plus faire, la mort peut être lente et douloureuse. Elle doit préserver les yeux des autres. Sa main tremble. Théodore n’est pas effrayé. Quand elle le lâche sur le sol du salon, il reste près d’elle pour venir picorer ses chaussures avec tendresse. Il n’est pas coutumier de la violence. Elle aimerait l’implorer de se tenir tranquille, de ne pas être si doux. Elle se figure des scènes : la mère riant avec lui, l’embrassant, sur le bec peut-être, lui racontant une histoire sentimentale à voix basse, d’une voix tendre que Paule ne lui connaît pas, et lui qui s’endort, heureux, fermant son œil valide, s’abandonnant. Leurs repas partagés, peut-être. La mère courant à ses côtés dans le champ, ses vieilles jambes pleines d’arthrite tentant de suivre le rythme des pattes de l’animal.
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Lucie Rico
La sonnette retentit.

Les mains de Paule s'immobilisent. Elle n'attend personne. Devant elle, du sang sur une bâche et un bout de corps sans tête qui gît dans du plastique. Ca ressemble à une scène de meurtre. La police pourrait avoir été prévenue. La police sait quand le sang coule.
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Si tu devais faire la cartographie du chomage, tu dessinerais un unique point perdu au milieu d'une carte que tu ne sais pas lire.
Tu t'accroches au point. Il te donne une destination. A la fin de son voyage, il viendra à toi, et tu sauras comment réorienter ta vie.
Le problème du chomage ne se pose pas dans un GPS. Les gens qui y habitent sont des gens stables.
Il ignore que pour toi l'extérieur n'existe pas, que tu investis un nouveau territoire chaque jour.
A chaque fois que tu écris, c'est pour le monde intermédiaire qui est le vôtre. Tu l'appelles 33 ème région. 33 parce que c'est votre âge et que tu aimes ce chiffre. C'est comme cela que tu penses au GPS à présent....A défaut de te permettre de respirer l'air dehors, Sandrine t'a ouvert les portes d'un double du monde.
Il faut que tu enterres ce point. C'est ta mère qui te le dit, Antoine aussi.
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