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Citations de Lydia Tchoukovskaïa (32)


On ne l'avait emmené nulle part il n'avait eu à subir ni le wagon à bestiaux ni les chiens.Tout s'était terminé bien avant. D'après Nicolaï Alexandrovitch,"dix ans sans droit de correspondance " n'était qu'une formule convenue pour désigner le peloton d'exécution. Pour éviter de prononcer trop souvent,aux guichets le mot "exécuté ","exécuté ",et pour qu'il n'y ai pas de crise et de sanglots dans la queue."
( p.106 / Le Bruit du Temps,2015)
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Lydia Tchoukovskaïa
Avant-propos de Sophie Benech à " Plongée " ( éditions Le Bruit du Temps 2015)

A partir des années 60,elle s'engagea dans le combat pour les droits de l'homme,prenant publiquement la défense de Pasternak,puis de Soljenitsyne, de Siniavski et de Daniel,de Brodsky,de Sakharov et d'autres intellectuels en butte aux persécutions du pouvoir. Ce qui lui valut d'être exclue de l'Union des Écrivains en 1974 et interdite de publication. Son nom ne fût plus cité nulle part jusqu'en 1987.(...)
Elle vécut assez longtemps pour voir ses mérites et son oeuvre récompensée par plusieurs prix,dont le prix Sakharov en 1990....
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Sans doute parce qu'on ne peut rêver de ce qu'on ne connaît pas: les transits sous escorte,le camp.Je n'avais encore rencontré personne qui fût revenu de là-bas.D'un camp. C'était pour moi une épouvante sans couleur ni odeur.
(Le Bruit du Temps,2015 p.35)
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Natacha était de tout coeur avec le pouvoir soviétique, mais quand elle avait voulu s'inscrire aux komosols (** Union des Jeunesses Communistes),on ne l'avait pas acceptée. "Mon père était un colonel et un propriétaire, alors vous comprenez, ils ne croient pas que je puisse sincèrement être de leur côté, disait Natacha en fronçant les yeux.Du point de vue marxiste,c'est peut-être juste..."(p.20)
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Je n'aurais rien pu lui répondre. Cette nuit,et toutes les nuits et tous les jours précédents, j'avais été tourmentée non par mon chagrin,mais par quelque chose de pire: l'impossibilité de comprendre et de nommer ce qui est en train de se passer.Le chagrin ? Le chagrin était-il vraiment ainsi ? Le chagrin a un nom et si vous avez du courage,vous trouvez la force de le prononcer. Mais ce qui nous était arrivé n'avait pas de nom, parce que cela n'avait pas de sens.
(p.151 / Le Bruit du Temps, 2015)
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Avant-propos de Sophie Benech

Lydia Tchoukovskaïa a écrit ce texte,de même que son roman- Sophia Pétrovna-,comme on jette une bouteille à la mer-sans aucun espoir d'être publiée de son vivant.Et si elle descend ainsi au plus profond d'elle-même, de son passé et de celui de son peuple,c'est pour "trouver des frères, si ce (n'est) maintenant, du moins dans l'avenir".
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Mars 1949

Ainsi ils l'avaient tué purement et simplement. Et toutes les longues heures que j'avais passées à faire la queue à Leningrad et à Moscou avaient été inutiles. Toutes les démarches. Les lettres.Les demandes de révision du procès. Tout était venu trop tard. Pendant que je courais encore d'un guichet à l'autre,Aliocha était déjà couché depuis longtemps sous terre.
Où l'avaient-ils enterré ?
Après l'avoir tué, ils avaient continué à me mentir pendant de longues années. (p.109/ Éditions Le Bruit du Temps, 2015)
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Tout allait bien,on vendait même des fleurs.Mais parce que Kolia était en prison ou qu'il était emmené on ne sait où dans le fracas des roues,le monde entier était devenu incompréhensible, dénué de sens.(p.110)
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"Partie intégrante de la culture socialiste, les échecs sont devenus un moyen d'élever le niveau culturel des masses paysannes."
J'essayai de me représenter des petits garçons et des vieillards devant des échiquiers dans des isbas mais je n'y parvint pas.
(p.41 / Le Bruit du Temps, 2015)
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Avant-propos de Sophie Benech

(Lydia Tchoukovskaïa) Personnalité d'une intégrité hors du commun, elle à marqué la vie littéraire de son pays tout au long du XXe siècle, tant par ses talents de rédactrice-Elle fut une gardienne vigilante de la pureté de la langue russe-,que par ses courageuses prises de position en faveur d'écrivains persécutés.
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Saluons le travail des petits éditeurs (souvent petits par la taille mais grands pour la littérature) qui nous font (re)découvrir des auteurs importants malencontreusement oubliés car enfouis sous la masse de publications contemporaines (masse qui contient aussi son lot de bons livres et d'auteurs de valeur, soit dit en passant). Ainsi, c'est avec un certain bonheur, une grande jubilation même, que j'ai redécouvert celle que Joseph Brodsky nommait "la conscience de la littérature russe" : Lydia Tchoukovskaïa, que je connaissais à peine de nom pour avoir vu passer un livre d'elle aux éditions Interférences, mais dont j'ai enfin pu savourer la prose intelligente et littéraire par le biais de cette réédition bienvenue aux éditions du Bruit du Temps, ainsi qu'une critique très positive (et là bien méritée) lors de l'émission La Dispute sur France Culture. S'il y a des auteurs qui n'écrivent que pour la notoriété, par le passé comme aujourd'hui (beaucoup de nos jours à vrai dire), ça peut paraître incroyable de se dire que Lydia Tchoukovskaïa n'ignorait pas que son livre ne paraîtrait pas de son vivant. C'est donc une plongée littéraire qu'elle nous propose, une plongée dans les souvenirs, une plongée dans les ombres de l'histoire. En quelque 200 pages d'une narration efficace, subtile et concise, l'auteure met en jeu le rôle ambivalent de l'écrivain sous la dictature soviétique ainsi que presque tous les destins et les attitudes qui doivent faire face, tant bien que mal, parfois en s'en accommodant, à ce qui se passe dans le pays et que seules les longues promenades dans la nature hivernale, une nature d'ailleurs magnifiquement décrite, que seules ces promenades permettent d'oublier, pour un bref moment, comme un temps figé, pour revenir ensuite à la sordide réalité d'un système où la vérité n'existe plus. La plongée est un magnifique livre, un cas d'école, de ce que peut être l'écriture au service de la parole et du souvenir, de l'absence de celui-ci aussi, et ce n'est pas pour rien que Lydia Tchoukovskaïa mêle avec grand habilité ses promenades, ses dialogues et mêmes son monologue intérieur aux poésies et aux textes de Pasternak, Blok, Essenine et tant d'autres grandes plumes russes, car, comme le disait Nietzsche : "Ce qu'il y a de grand dans l'homme, c'est qu'il est un pont et non un but : ce que l'on peut aimer en l'homme, c'est qu'il est un passage et un déclin. J'aime ceux qui ne savent vivre autrement que pour disparaître, car ils passent au delà" - oui, Tchoukovskaïa est un pont entre l'avant et l'après, elle a su disparaître et passer au delà, en laissant une œuvre, petite certes, mais ô combien essentielle.
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Eh bien,un bureau de dactylographie,c'était encore mieux,cela avait quelque chose de plus sérieux. A présent, il lui arrivait souvent d'être la première à lire,à l'état de manuscrit,une nouvelle œuvre de la littérature soviétique, un récit où un roman, et même si elle trouvait les récits et les romans soviétiques ennuyeux car il y était beaucoup question de batailles, de tracteurs, d'ateliers d'usine,et très peu d'amour, elle était quand même flattée. (p.13)
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"Visitons ",d'ordinaire on visite des amis,pourtant Pouchkine s'est exprimé ainsi en parlant des champs et des forêts. Les arbres et la rivière étaient pour lui des êtres aimés.
(p.54/ Le Bruit du Temps,2015)
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Je me plains d'être absolument incapable de juger la qualité de ce que je fais.
A. Akhmatova : " Personne n'en est capable... On navigue sans gouvernail et sans voiles... C'est seulement après qu'on remarque que tout le monde réagit de la même manière aux mêmes passages et alors on commence soi-même à comprendre."
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Chacune de mes paroles me paraissait sonner faux.De quoi pourrait-on parler,que pouvait-on demander à un père, à un mari, après qu'on lui eut brûlé femmes et enfants ? Bien sûr, je savais depuis longtemps que les Allemands avaient brûlé des Juifs.Mais c'était la première fois que je voyais quelqu'un qui avait subi cela.(p.124 / editions Le Bruit du Temps,2015)
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Le lendemain elle ne se leva pas.Elle n'avait plus de raison de se lever.elle n'avait pas envie de s'habiller,d'enfiler ses bas de poser les pieds par terre. Le désordre et la poussière ne la dérangeaient pas. Quelle importance ? Elle ne ressentait pas la faim.Elle resta allongée sur son lit sans penser à rien, sans lire. Les romans ne l'intéressaient plus depuis longtemps.: elle était incapable de cesser de penser une seule seconde à sa propre vie et de se concentrer sur celle de quelqu'un d'autre. Les journaux lui inspiraient une vague épouvante (...)(p.115)
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Dans sa jeunesse, lorsqu’il lui arrivait de s’ennuyer, les jours où Fiodor Ivanovitch s’absentait longtemps pour ses visites, elle s’imaginait qu’elle avait un atelier de couture à elle. Dans une grande pièce claire, de charmantes jeunes filles se penchaient sur des cascades de soie, elle leur montrait des modèles et, pendant les essayages, distrayait les dames élégantes en leur faisant la conversation. Eh bien, un bureau de dactylographie, c’était même encore mieux, cela avait quelque chose de plus sérieux. A présent, il lui arrivait souvent d’être la première à lire, à l’état de manuscrit, une nouvelle œuvre de la littérature soviétique, un récit ou un roman, et même si elle trouvait les récits et les romans soviétiques ennuyeux car il y était beaucoup question de batailles, de tracteurs, d’ateliers d’usine, et très peu d’amour, elle était quand même flattée.
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La Terreur et la Muse. La clé de la vie de nos poètes se trouve dans ces deux mots. Le plus souvent ce n'est pas "tour à tour" qu'elles veillent, mais ensemble. La Muse et la Terreur. La Muse qui triomphe de la Terreur.
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Aujourd'hui j'ai vu dans le bois un sapin extraordinaire. Comment ne l'avais-je pas remarqué plus tôt ! Il se dressait, majestueux et puissant dans un cercle étroit de bouleaux. Prisonnier. Prisonnier heureux. J'ai ri tout haut en le voyant. Pareils à des fillettes en habits de fête, les bouleaux faisaient la ronde autour du sapin de Noël. Toute leur vie, ils fêtaient la veille de Noël.
Aujourd'hui, il faisait gris, gris et bourbeux dans le bois. On marchait dans une boue liquide bleuâtre. Mais ici, au grand air, même la boue paraissait belle, argentée, c'était dommage de la piétiner. Après avoir jeté un coup d'oeil autour de moi et constaté que j'étais tout à fait seule, je commençai à réciter des vers. A chercher les sons qui s'harmoniseraient avec ces bouleaux, cette neige précaire.
J'essayais Pouchkine, Pasternak, Nekrassov, Akhmatova. Oui, tous étaient originaires de ce lieu. Tous convenaient à ce lieu. "Tout est correct" comme on l'écrit avoir avoir vérifié un télégramme. Tous les mots avaient poussé sur cette terre, et, imprégnés de l'air d'ici, s'étiraient vers le ciel, comme ces bouleaux. En les récitant, je sentais non seulement la beauté de la poésie, mais aussi sa lassitude et la joie qu'elle se donnait à elle-même. Mes lèvres étaient heureuses de rencontrer les mots et les mots de rencontrer mes lèvres.

La tempête, hurlant avec rage,
Lançait la neige contre les carreaux
Le soleil se levait sans joie.
Il était ce matin-là
Témoin d'un triste tableau*.

*Nouvelle citation du poème de Nekrassov, "Le gel au nez rouge".
(page 86)
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Et le trait d'union si affreusement familier dans l'adjectif "idéologiquement-pernicieux", même ce trait d'union datait de cette époque...C'étaient des expressions toutes faites qui pirouettaient dans le vide.(p.111 / editions Le Bruit du Temps,2015 )
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