Lydie Lefèvre

Et tout à coup, je tombe sur celui qui devait être en file d'attente depuis cinq minutes, et m'agresse
— Vous êtes fermé ou quoi ? ça fait vingt minutes que je fais votre numéro !

Moi, qui suis dans un état de surmenage extrême, je serre les dents pour lui répondre, à peu près aimablement :
- Nous sommes ouverts monsieur sinon je ne vous aurais pas répondu.
- Ah oui, alors comment ça se fait ti que je fasse le poireau depuis tout ce temps ?
- Tout simplement parce que je reçois beaucoup d'appels.
- Ouais, ben c'est pas normal, j'en parlerai à mon toubib.

Affolant ces patients qui croient qu'un simple coup de fil suffit pour justifier leur absence au travail

Avec l’expérience, nous arrivons à déchiffrer quelques mots, mais j’avoue que c’est un vrai casse-tête.Alors s’il vous plaît, messieurs les médecins, essayez d’arrondir vos lettres, de donner une forme à vos chiffres.
Ce sera du temps de gagné, car moins au téléphone pour déchiffrer les mots, et plus de temps pour s’occuper de vous et de vos patients

Y'a parfois des gens qui se prennent pour le nombril du monde !

La secrétaire médicale doit être souriante, agréable. Elle doit soigner un minimum son apparence. Exit les cheveux mal coiffés, le tee-shirt arborant une tête de mort, la jupe à ras le …, le rouge à lèvres rose bonbon, les talons à la Lady gaga !

La secrétaire n’est pas OBLIGEE de porter des lunettes. Lors de la cérémonie de remise de diplôme de BTS Secrétariat et Bureautique, on ne remet pas, à titre symbolique, « la paire de lunettes de la Confrérie des Assistantes de Direction » et les secrétaires, quand elles démissionnent, ne remettent pas à leur patron, « leurs lunettes et leurs insignes » en disant « J’ai merdé avec l’imprimante, je ne suis plus digne d’être secrétaire…"

Une collègue doit être en quelque sorte le miroir de l'autre. Mais bon, ça c'est en principe, la réalité est tout autre ! Les collègues, j'en ai eu et croyez-moi, pas facile tous les jours.

Parmi les malades, il y a ceux qui sourient malgré leur lourde pathologie, et ceux qui donnent l'impression que le ciel leur est tombé sur la tête pour un simple nez qui coule.

L’incontournable ordonnance illisible ! Eh oui, rares sont les médecins qui écrivent lisiblement

Les médecins sont comme vous et moi, ils peuvent tomber malade. Eh oui, ils ne sont pas invincibles !

Il la traine jusqu’en bas des marches. Elle est si frêle, lui si imposant, qu’elle ne peut lutter contre cette force bestiale. Elle se plaint, le supplie.

La saint Valentin, tu connais ? C’est une fois par an ! C’est le jour des amoureux, ceux qui s’aiment ! Bien sûr j’ai allumé les bougies pour faire des économies d’électricité, je me suis déguisée en poupée Barbie pour mater la télé et comme je ne savais pas quoi faire, j’ai eu l’idée saugrenue de décorer la table de petits cœurs.

Je suis plutôt souriante, aimable, joyeuse. C’est d’un naturel on ne peut plus normal que j’accueille mes patients habituels avec cette petite phrase :
— Bonjour madame. Vous allez bien ?
Et là, une fois sur trois, je me ramasse un de ces vents !
— Si je suis ici, c’est que ça ne va pas !

Le meilleur, nous partons aux Maldives. Le pire, tu es enceinte.

Ne jamais rencontrer un homme, qui plus est un inconnu, chez lui.

À les écouter, je vais finir vieille fille, manger seule devant ma télé en pyjama et charentaises avec un animal de compagnie sur les genoux.

Chercher mon propre numéro que je connais par coeur.

Trois jours se sont passés depuis mon appel à Rose. Je suis d'humeur gaie et me fiche complètement de ce qui habituellement me pourrit la vie. Je prépare ma fugue vers le monde de la nuit et plus précisément à Mykonos.
Tout doit être nickel. Ils n'y verront que du feu, c'est certain. Rose va avoir un petit travail d'élocution à faire et apprendre quelques règles de savoir-vivre chez les culs serrés, mais ça devrait le faire ! Je suis convaincue qu'elle va s'en sortir comme une pro.

Adieu les amies, les soirées branchées, le shopping en ville, la 4G, les cours à la fac, les plans de dernière minute, et les mecs. Je n’avais pas de petit ami, mais j’aimais fricoter avec un certain Charles. Malheureusement, je n’ai pas eu l’opportunité de conclure avec lui.

Ça fait bientôt quatre ans que je bosse comme une dingue, du matin au soir, et je n’en peux plus. Je dois trouver une solution pour changer d’air, ne serait-ce que quelques semaines.

C’est quasi irréalisable. Ils ont besoin de moi H24, ou bien il faut que je cherche une personne capable de me remplacer, digne de confiance et qui ne rechigne pas au travail.

En voilà une idée qu’elle est bonne ! Ok, mais qui en serait capable ?

Et comment vont-ils prendre cette nouvelle ? Oh, la, la. Je décide de taire ce projet, tant que je n’ai pas de solution pour combler mon absence, mais aussi, tant que je n’ai pas de projet tout court.

M’évader, c’est bien mignon, mais pour aller où ? Pour faire quoi ?


Décidément, je ne suis pas sortie de l’auberge. J’allume la télévision. Je tombe sur l’émission de télé-réalité « Les Marseillais ». Du soleil, de belles filles, de beaux mecs, le tout dans une ambiance olé olé, et parfois merdique. Ça me saoule, je zappe.


De « Un dîner presque parfait » à « 4 mariages pour une Lune de Miel », en passant par « Secret story », je n’arrive pas à me concentrer sur un programme. J’éteins. La pluie ne cesse de tomber. Je profite de ces intempéries pour me reposer. Je m’allonge sur le canapé, et commence à somnoler.

Pour quelle raison, je n’en sais rien, mais je n’arrête pas de penser à ces émissions. Et soudain, la lumière fuse...

Tout le monde se regarde, l’air de dire « elle en a un grain cette fille ! ». Je me suis assez fait remarquer comme ça, gardons-en pour le bouquet final. Il ne reste presque plus de champagne, ni de quoi manger. Il est vingt-deux heures trente. Les effets de l’alcool augmentent les capacités verbales de certains. Les langues se délient et les mains baladeuses aussi… Charles glisse discrètement sa main sur le genou d’Arielle. Cette dernière ne refuse pas cette attention. Ces deux-là sont en couple, c’est clair. Érika, la belle métisse, semble être tombée sous le charme d’Étienne. Elle le regarde droit dans les yeux comme si elle voulait le bouffer tout cru.

Telle une lionne attendant le moment propice pour se jeter sur sa proie. Elle doit être en mode chaud bouillant pour se frétiller à ce point sur son derrière. Étienne reste stoïque, trop occupé à me reluquer. Je crois que je tiens le célibat de la soirée. Il va falloir que je pose des barrières car je ne suis pas prête pour ce genre d’aventure. Bien que cet homme me séduise, je dois résister à la fougue qui pourrait s’emparer de moi et me laisser succomber aux charmes de ce Roméo. Je sens mon cœur battre, les chatouillis de la première fois envahir mon corps.

Six mois que je n’ai pas senti l’odeur d’un homme, que je n’ai pas touché ni caressé sa peau. C’est dur ! Résiste Eléna, résiste ! Quoi qu’il en soit, cela fait du bien de voir l’effet que je fais à la gent masculine.