Citations de Madoka Mayuzumi (56)
Elle se fait belle
la montagne
dans le miroir du lac
La montagne à gravir
je la fais attendre
pour cueillir des églantines
Je voudrais passer ma vie à musarder, non à avancer vers un but précis. Ainsi, les activités de traverse, comme cueillir des églantines au lieu de m'attaquer tout de suite à la pente, ne seraient plus du " temps perdu ", mais des activités à part entière, dans une vie pleinement vécue.
La marée s'est retirée
oubliant le ciel étoilé
dans le creux d'une roche
(" Haïkus du temps présent")
Arborant sa dernière teinte
l'hortensia
ne cesse de trembler
La " dernière teinte " est celle que les pétales garderont jusqu'au bout, tout en continuant de trembler, de plus en plus fragiles, sous le vent, la pluie et le soleil.
La marée s'est retirée
oubliant le ciel étoilé
dans le creux d'une roche
Étoile filante -
un amour
à destination inconnue
Il caresse à regret
sa planche de surf éraflée -
l'été s'achève
Rose d'hiver -
à la serrer de trop près
on disperse ses pétales
Nuits de fleurs de cerisier
Un petit peu de mensonge
dans la réponse
Extrait de "Anthologie Du rouge aux lèvres - Haijins japonaises" - traduit et présenté par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku - Editions Points Seuil, 2008
Dans une flaque de soleil
puis sous un rayon de lune
la violette!
L'invité raccompagné
le parfum des daphnés
s'attarde dans les ténèbres
(miokutte jinchô no yami nokori keri)
Ensuite elles s'en iront
où bon leur semble
les bulles de savon
"Ne pars pas loin de moi !"
chantait la flûte
taillée dans un brin d'herbe
Les almanachs poétiques (saijiki) déclinent chaque saison, avec les mots qui s'y rattachent, suivant des catégories bien précises : passage de la saison, phénomènes atmosphériques, paysages, plantes, animaux, activités humaines.
Sous mon balai
rampant hors des débris
une abeille d'hiver
La conception japonaise du monde, qui plonge ses racines dans l'animisme shintô, ne voit aucune séparation fondamentale entre l'homme et les différents éléments de la nature, animaux ou plantes. L'ambiguïté de la langue, qui ne nécessite pas de sujet clairement défini, permet d'exprimer de façon palpable cette connexion entre tous les éléments du vivant, de même que l'identification du poète à la nature.
J'allais le toucher quand
je me suis réveillée -
rêve de printemps
Je me suis réveillée de ce rêve juste au moment où j'allais atteindre un but, voir un désir satisfait. C'est peut-être le printemps de tout rêve, quel qu'il soit.
pierre papier ciseaux
encore à égalité!
la montagne rit
"Ne pars pas loin de moi!"
chantait la flûte
taillée dans un brin de d'herbe
Je veux le voir
Je vais à sa rencontre
la glace craque sous mes pas