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Citations de Maggie O’Farrell (499)


Le cri, encore! Ce n'était pas le rugissement auquel elle s'attendait, non: il y avait dedans quelque chose d'écorché, de plaintif. Ce bruit, pensa-t-elle, vient d'une créature capturée contre sa volonté, une créature dont tous les désirs ont été bafoués.
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Mais elle sait qu’il y aurait eu un autre homme si ce n’avait été Alfonso – un prince, un autre duc, un noble allemand ou français, un lointain cousin espagnol. Son père lui aurait de toute façon trouvé un mariage avantageux, car c’est bien, après tout, le but en vue duquel elle a été conçue : être mariée, servir de maillon dans les chaînes du pouvoir, donner des héritiers à des hommes comme Alfonso.
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Lucrèce s'installe à la longue table de dîner, une table au plateau lisse et miroitant comme de l'eau, recouverte de plats, de coupes retournées, d'une couronne de sapin tressée.
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Il est, assurément, un homme différent de celui qui a commandité la mort de Contrari. Il ne peut être le même. Cet homme là est son époux, qui l'aime, ou du mois semble l'aimer; l'autre homme était le dirigeant de Ferrare. Ils ne font qu'un; ils sont distincts. Ils sont les mêmes, et pourtant différents.
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Resplendissante dans sa robe de mariée, Lucrèce demeure ainsi, la main dans celle de son époux. Elle se sent si transpercée de bonheur qu'elle croirait rayonner comme une lanterne dans le noir. Quelqu'un l'aime_ un homme, un homme puissant et érudit. Elle a déclenché l'amour d'un duc, a inspiré de l'amour à son coeur: elle, Lucrèce.
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Puis Cosme signa de son nom et tint devant une flamme un bâtonnet de cire qu'il laissa saigner sur le document avant de presser sa chevalière sur la petite flaque rouge et brûlante, officialisant par ce geste le mariage entre son cinquième enfant et le descendant d'une ancienne famille impériale.
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La tigresse était orange, couleur de vieil or, feu fait chair ; elle était puissance et colère, elle était exquise et féroce. Elle portait sur son corps les barres verticales d’une geôle, comme marquée pour ce sort précisément, comme destinée à la captivité depuis le départ.
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La mort est une chose violente, une lutte. Le corps s'accroche à la vie comme du lierre sur un mur, refuse de lâcher, de se rendre sans combattre.
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Elle voulait lui donner un nom nouveau, qui lui appartiendrait en propre. Celui d'un lieu, se dit-elle, le relierait au monde et non aux gens, et le libérerait à jamais de toute emprise familizle étouffante.
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Ses beaux appartements sont nus. Lucrèce arpente la chambre d'un mur à l'autre, depuis le lit jusqu'à la fenêtre donnant sur la place. Elle refuse de regarder le tableau de la Madone ou de la coupe de fruits, ces citrons enflés, ces figues sur le point d'exploser. Sa tête ne se tourne pas vers eux. S'ils ne lui laissent pas ses propres tableaux, alors son regard ne se posera jamais sur ceux-là. Cette rébellion minuscule lui procure un certain réconfort.
(p.376)
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Le prêtre lui retire ses lys, unit leurs mains et les invite à se tourner l'un vers l'autre. D'autres paroles sont maintenant prononcées, Lucrèce comprend les mots « époux », « épouse » et « vie », et sait alors que le sort en est jeté, qu’elle est mariée, que jamais ce lien ne pourra être défait. Elle n'est plus la personne qu'elle était depuis toujours, mais une autre qu'elle ne connaît pas encore, avec un autre nom, une autre maison. Elle appartient désormais à cet homme qui se tient devant elle et lève les yeux vers lui, s'attendant à le trouver grave et solennel.
(p.136)
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Il part à grandes enjambées vers la porte, chemise bouffante, puis soudain se retourne et revient sur ses pas, comme s'il avait oublié quelque chose. Arrivé devant elle, il se penche en avant, plié en deux, et, glissant une main autour de son cou, se courbe encore un peu pour poser ses lèvres sur les siennes -une pression brève, insistante. Ce geste lui rappelle son père, apposant son sceau sur un document, marquant par là son appartenance.
(p.174)
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Il s'agit, je vous l'assure, d'un état assez commun chez la gent féminine. Votre épouse, je me permets de le dire, porte en elle trop de chaleur. Son sang est trop chaud, ce qui excite l'esprit femelle. Il s'agit, bien entendu, d'un problème qu'il m'est possible de traiter. Je préconiserais une série de saignées avec ventouses, et des décoctions à base de plantes et de minéraux. Je veillerai moi-même à les préparer. Elle ne devra plus manger que des aliments froids, un peu de volaille, des légumes verts, de la viande rouge, fromage et lait chaque jour. Plus d'épices, de bouillon, de poivre ou de tomates. Elle devra par ailleurs être entourée d'images douces et fruitées. Ces bêtes sauvages sur ces murs devront être retirées. Ces ossements, ces plumes et ses curieux artefacts également. Des activités précises devront lui être proposées, chaque jour, suivies d'une période de repos après chaque repas, au lit, et après le réveil. Pas d'excitation, de danse, de musique, de loisirs créatifs, de lecture, en dehors des textes religieux.
-Fort bien.
-J'ai la certitude que l'événement que vous attendez arrivera prochainement.
(p.369-370)
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Elle tendit la main et promena un doigt hésitant le long du dos de la bête, sentant sous sa peau les bosses et les rugosités de l'huile et des pigments - série de messages secrets laissés par l'anonyme auteur du tableau. Un échantillon de forêt au lieu du portrait morne d'un futur époux. […]
« La faina », murmura-t-elle pour goûter au son de ce mot, à l’incarnation de ces voyelles, ces deux a à la friction du f. Son premier mot dans le dialecte de Ferrare. La fouine - lutin des bois, habitante des arbres, esprit de la forêt - de ses yeux espiègles lui rendit son regard.
Elle toucha les poils drus de la queue, les griffes aux pointes perlées. L’épaisseur de la peinture l'étonnant profondément, ses couches luxuriantes, granitées, cette fierté avec laquelle les huiles ressortaient sur la tavola. Que quelqu'un ait ainsi pu connaître ou deviner le chemin qui menait à son cœur la touchait et la dérangeait à la fois. Comment avait-il pu la percer à ce à jour à ce point alors que leur rencontre, qui remontait à des années, avait été si brève ? (p.110-111)
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Si Lucrèce veut survivre à ce mariage, ou s'y épanouir un tant soit peu, elle doit préserver cette part d'elle, la tenir éloignée de lui, séparée, sacrée. Elle l'entourera d'un buisson de ronces, d'une clôture haute, tel un château de conte; elle plantera devant des bêtes griffues, montrant les crocs. Cette part d'elle, Alfonso ne la connaîtra, ne la verra, ne l'atteindra jamais.
Jamais il ne la pénétrera.
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Quelle liberté s'est-elle octroyée en se déguisant ainsi, en prenant les habits de sa bonne, quelle brillante idée ! Elle peut aller partout, s'infiltrer où elle veut. Tous ces gens ne voient pas les serviteurs, ne les reconnaissent pas comme abritant, eux aussi, une raison, des émotions. Une bonne en robe de bure ne vaut pas mieux qu'une table ou qu'un chandelier sur un mur. Lucrèce a soudainement accès à la vie privée, cachée du château, à l'envers de la broderie, là où se trouvent tous les nœuds, toutes les trames et tous les secrets.
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Elle n’avait depuis le départ cessé de clamer à quiconque qu’elle ne voulait pas épouser le fils du duc, qu’elle ne remplacerait pas sa sœur, tout en sachant pertinemment que la machine de ses fiançailles était inexorablement lancée. Ses parents ainsi que l’ensemble de leur maison semblaient obéir à un accord tacite consistant à ignorer ses protestations, à poursuivre les préparatifs du mariage, à discuter des plats que l’on servirait aux différents festins, à débattre de la nécessité de couvrir la grande salle de réception de tentures neuves…
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Et quelle forêt ! Dense, verdoyante, sauvagement obstruée par le lierre et les ronces, ses arbres si serrés que des portions entières, disait-on, ne voyaient jamais la lumière. Pas un endroit où l'on voudrait se perdre, assurément. Cette forêt était sillonnée de sentiers vrillés, des sentiers capables de faire oublier aux promeneurs leur chemin, leurs intentions; cette forêt était parcourue par une brise dont personne ne connaissait l'origine. Et dans certaines clairières, l'on pouvait aussi entendre de la musique, des murmures ou des voix qui soufflaient votre nom en disant : Par ici, par ici, viens.
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Les mots existent, pour qui sait écouter.
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Il serait possible, pour qui se rapprocherait suffisamment, de voir que ses lèvres bougent, murmurent des sons et émettent de petits claquements à destination des insectes qui l'entourent, se posent sur sa manche, se cognent contre son visage.
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