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Citations de Magyd Cherfi (165)


J'ai pris ses mains comme une mère console son fils, elle s'est laissé faire. C'était étrange, me suis senti adulte, protecteur, pour une fois, maman redevenait petite fille, lâchait les rênes et s'en remettait totalement à moi, agrippée comme à la proue!
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« Les filles sont restées sans voix, sidérées que cette Hafida puisse prendre les trois frères d’une main et de l’autre leur donner la fessée, oui, sidérées qu’on puisse avoir l’apparence d’une dévergondée et les tripes d’un cascadeur. » p 240
« Nous les garçons, on s’est sentis si riquiquis qu’on pouvait rentrer dans nos poches sans se plier. » p 240
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« J’oubliais que maman attendait ça, l’impair, pour lancer son attaque , se sentir vivre, parce que l’adversité provoque cette sensation. » p 137
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« Chez Soraya aussi, c’était la traque, tous ces appels, une meute à ses trousses qui essoufflait son cœur, ça m’a laissé muet » p 136
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« Sur le retour, me suis maudit d’être né, j’ai pensé à tous ces frères et ces sœurs morts en couche et me suis dit - veinards ! » p 98
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« J’ai écouté en me demandant si quoi que ce soit qui vous lie par le sang valait d’être vécu. » p 98
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Il était artisan mais n’avait jamais déclaré l’ombre d’une charge sociale, pudeur sans doute envers une administration surbookée.  
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De la peine, je savais que j'en avais aussi pour moi, parce qu'arrive un âge on rêvede trêve,, de frères et soeurs, de vrais parents qui bien qu'âgés, nous traiteraient encore en enfants, nous époussetant un peu de poussière sur un revers de manche. Arrive un âge où on réclame des prolongations pour rattraper le retard, un rab pour le goût trop vite passer du sucre et de la margarine. Si nous n'avions pas été aimés, nous nous serions endurcis comme les autres de la cité et je ne serai pas là à exiger d'une mère une caresse ou qu'elle me traite "d'égal à égal". Pas aimés, aurions-nous fait allegeance à la terreur ? Pas aimés, on se serait laissé pousser une barbichette afin d'être haï, c'est ça : être haï pour ce sentir exister, être haï, plaisir de pauvre.
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- Comment dit-on Freud en hébreu ?
- Et Œdipe, ça se dit comment en Kabyle ?
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Faut que j'aille voir si je suis le frère de mes frères et celui de mes sœurs, j'étais quand même pas né fils unique !
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- Ouvre ta bouche, Driss? Hummm (air écœuré), ça embrasse les filles, ça? Y a plus d'ivoire dis donc, il faut que tu rentres en France.
Samir a fait :
- Mais il est en France !
- Tu veux dire en ce moment ?
- Oui !
- Impossible, on peut pas vivre en France et avoir une dentition pareille?
- Ah? Tu me mets le doute.
- Y a pas de doute, regarde!
- Ouvre ta bouche indigène et fais allégeance à l'érudit ou je te rudoie.
- Que vois-je, un cimetière, oh mince ! Tout est sans vie dans la cavité buccale.
- Tu sais, manant, qu'ici la chirurgie a fait d'énormes progrès?
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Les filles étaient en haut pour laver les tricots et les garçons en bas mélangeaient l’herbe et le tabac.
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Tout chavire, la scène, la fosse, Momo, et derrière Bija,ils entraînent le tout et la tribu en tête. Sûrs de mourir on défèque, on se pisse dessus, on étouffe, on crie, on se tord le buste, on implore des pitiés catholiques aux maîtres païens, rien... juste un... "Merci" lancé au beau milieu de la réplique, le coupant net pour que l'humiliation aussitôt subie soit proscrite sur-le-champ, et c'est un atterrissage dans le corail profond où jamais la lumière ne fera de fleurs.
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Toutes ces années de Lycée, je les avais nappés de souplesse et de retenue conjuguées. La peur sans doute de montrer mes élans de rancœur, des embardées vengeresses à propos de telle ou telle discrimination raciale. Je ne voulais pas les embarrasser de mes schizophrénies de fils d'immigré, encore moins alourdir cette ambiance douce heureuse qu'ils me proposaient. Tout le temps j'avais masqué mes colères de pauvre. J'effaçais mon arabité pour faire bloc et me glissais dans des habits d'humeur légère.
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Je venais de fuir comme un vulgaire délinquant laissant l'image auprès des caissières de trois pitoyables voleurs de bonbecs, arabes de surcroît. idéal pour une courbe ascendante du Front national...
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Plus tard, une agréable sensation. Me suis étonné d'avoir si longtemps résisté à ce frisson unique, partir. Plus on avalait de kilomètres et plus se décrochaient de ma peau tous les stigmates de la cité, mes nerfs se détendaient. Je me désarabisais, ma schizophrénie identitaire s'amenuisait, je redevenais blanc, presque moi, mû à nouveau par les envolées de Zola, l'élan épique d'Hugo, les lames électriques des Inmates, les Skanks ébouriffants des Specials, les mots crus de Renaud et les mélopées clashiennes, je redevenais le Madge que j'avais tenté d'être, un rockeur épicé, un pourfendeur de foules, un fruit gorgé de toutes les envies d'extraire le meilleur de lui-même. L'avenir ouvrait ses rideaux de velours rouge et m'aveuglait de projos multicolores.
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J'ai lu un passage qu'elle ne cesserait plus tard de me réclamer, celui où le héros revenu des pires vicissitudes monte à la tribune des Lords et vient leur annoncer que c'en est fini des privilèges, que l'heure de la sentence a sonné pour les nantis.

"Je suis celui qui vient des profondeurs. Milords, vous êtes les grands et les riches. C'est périlleux. Vous profitez de la nuit. Mais prenez garde, il y a une grande puissance, l'aurore. L'aube ne peut être vaincue. Elle arrivera, elle arrive."

Je l'ai sentie reprendre vie, elle se redressait peu à peu, puis je me suis levé pour jouer ma lecture à la façon Cyrano, genre emphatique.

"Elle a en elle le jet du jour irrésistible. Et qui empêchera cette fronde de jeter le soleil dans le ciel ? Le soleil, c'est le droit. Vous, vous êtes le privilège. Ayez peur. Le vrai maître de la maison va frapper à la porte."

Là elle se tenait tout à fait droite, écoutait, m'écoutait. D'un coup, je suis monté sur le banc et me suis adressé à l'eau dormante du canal en allongeant un bras accusateur.

"Quel est le père du privilège ? Le hasard. Et quel est son fils ? L'abus. Ni le hasard ni l'abus ne sont solides. Ils ont l'un et l'autre un mauvais lendemain. Je viens vous avertir, je viens vous dénoncer votre bonheur. Il est fait du malheur d'autrui. Vous avez tout, et ce tout se compose du rien des autres. Milords, je suis l'avocat désespéré, et je plaide la cause perdue. [...] Le genre humain est une bouche, et j'en suis le cri."
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Qu'il était beau le rêve. Être français tout doucement, par couches successives, sans efforts, et un beau jour :
- Bonjour Mohamed.
- Non moi c'est Jean-Philippe, comme Johnny.
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Le temps s'est suspendu, je ne saurais d'écrire l'impression d'humiliation qui m'a recouvert. Avec Abdu, on n'osait plus se regarder comme si l'un ou l'autre avait la lèpre. D'avoir son meilleur ami comme témoin de son avilissement, c'était comme une injection d'eau glacée dans les veines, on basculait dans un autre monde que nous n'avions jamais affronté de manière aussi brutale.
La stupéfaction a raidi aussi nos potes qui, incrédules, ne trouvaient ni les mots ni l'attitude à la hauteur de ce tremblement de terre. On interdisait bien à un Noir et à un Arabe l'entrée d'une discothèque. C'était surréaliste. Entendre parler du délit de faciès était une chose mais le vivre fut un effondrement pour nous. C'était comme une chute sans fin, un saut périlleux arrière dans le passé, on retournait aux champs de coton, au marché d'esclaves, au fouet, au feu, aux pires sévices. Ma mâchoire tremblait comme si je voyais la mort en face, une mort singulière qui ne disait pas son nom, verticale.
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Infusé par une épouvantable rancune, Samir ne nous a plus jamais rencardés pour cette Marche qui devait signer notre apothéose. Décidé à nous sacrifier, il a marché seul, amputé de notre souvenir mais trop heureux d'être le dernier résistant, le pionnier d'un moment d'histoire. Il s'est éloigné, nous laissant Momo et moi sur un bout de trottoir comme deux wagons déraillés avec leur cargaison de rêves écroulés, les derniers sans doute qui nous étaient communs, mais agonisant dans une menteur de supplice.
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