Citations de Maëlle Fierpied (44)
L'humanité gagne en technologie, en espérance de vie et en progrès scientifique. Elle peut aller sur d'autres planètes, elle peut créer la vie en laboratoire. Et pourtant, elle est toujours aussi stupidement cruelle et animale. Elle a peur de l'inconnu et de la mort. Elle s'autorise toujours à torturer ce qui est différent, à détester ce qui est autre.
Le monde des piétineurs est fait de ici et maintenant.Tous ont oublié depuis longtemps l'existence du peuple-dauphin.
Bon, alors, où est-ce que ça n'avait pas marché ? Où est-ce que le destin avait déraillé ? Ca devait être un type marrant lui aussi, le destin. Ou alors complètement stupide.
Je ne me souviens pas d'une première fois.
Lire dans les pensées m'a toujours semblé naturel. Ça faisait partie de moi alors pourquoi les autres auraient-ils été différents ? Pourtant, en grandissant, j'ai découvert que ce n'était pas les autres qui étaient anormaux mais bien moi. Eux n'avaient pas de problème, mais moi j'en avait un de taille. Et parce qu'il était hors de question que je devienne un sujet-test de laboratoire, cette différence est devenue mon secret. Personne ne devait savoir.
La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine.. mène à la souffrance.
Certains la traitent de folle, mais je n'aime pas qu'on l'appelle comme ça. Je préfère dire qu'elle est comme un nuage. Les jours gris, elle pleut, et les jours de soleil, elle resplendit, blanche et pure comme dans un ciel d'été.
Ils craignent la nuit comme un être dangereux. Quand la lumière du soleil disparaît, ils prolongent le jour par tous les moyens. Ils allument des lanternes au sommet de cocotiers lisses et sans feuilles pour repousser le noir, même aux endroits où personne n'habite.
Les piétineurs ne sont pas comme mon peuple, ils ne vivent pas en équilibre avec la nature. Ils donnent plutôt l'impression de la craindre, tout comme la nuit.
- Viens-en au fait, je l'interromps. Quelle est la différence entre un mage et un sorcier ?
- L'impatience de la jeunesse ! s'exclame l'oiseau en levant les yeux au ciel. Les mages possèdent la science des potions et des objets enchantés, mais ils sont dépourvus de la moindre magie. Tout le contraire des sorciers.
J'ai vu comment tu regardais les runes sur ta peau. Tu aimes ça, tu trouves la magie séduisante. Je comprends, c'est normal quand on vient de ton monde. Tu serais même prête à aimer le Maître s'il n'était pas aussi méchant. Mais n'oublie pas de rester prudente. S'il te plaît, n'oublie pas ça, d'accord?
- Ça va ? s'inquiète la voix douce de Margoule.
- Ça n'ira plus jamais, je répond. Plus jamais.
Le dogron soupire. Ses mains se glissent sous moi et me soulèvent sans effort. Il me dépose devant la cabine de pilotage, sur un matelas qui n'était pas là tout à l'heure.
Le marin me couvre d'un duvet.
- Tu n'es pas obligé de faire tout ça, Margoule.
- C'est parce que je ne suis pas obligé que je le fais.
p.447.
Supprimer le secret, c’est supprimer le pouvoir qu’on exerce grâce à lui.
La fée lui montra son dos et l'elfe posa sa main rugueuse entre ses omoplates. Le contact était étrange, comme si une écorce vivante la touchait. Puis un curieux fourmillement s'insinua en elle depuis le point de pression, traversant ses côtes pour se nicher dans sa poitrine.
C'était une sensation qu'elle reconnut aussitôt: celle de la magie qui naissait au crépuscule.
Une larme tombe sur ma main. Je la regarde, surprise de découvrir que je suis en train de pleurer. De gros sanglots montent que je n'ai plus le courage de réprimer. Je les laisse sortir en veillant bien à ne pas faire de bruit. C'est comme si tout était devenu trop lourd à porter. L'oubli, le danger permanent qui règne sur ce bateau et ma condition d'esclave...
C'est une chose de porter des runes ou de se servir de placards magiques, c'en est une autre de laisser la magie circuler à travers soi.
p.186.
Le malheur fait grandir les enfants plus vite.
Je me retrouvais seule avec mes réflexions. Alors comme ça, je pouvais faire bouger des trucs ? Je m’assis à même le plancher et me tournai vers la corbeille qui débordait de boules de papier chiffonné. J’en choisis une et tentai de reproduire ce que j’avais fait avec sa jumelle.
– Bouge, bouge, lui disais-je.
Mais la boulette restait obstinément immobile.
– Mais bouge, saleté de boule de papier débile !
Je sentis un minuscule fil de puissance partir de moi pour aller frapper la boulette. Celle-ci eut un léger balancement, puis plus rien. Je commençais à comprendre. Ça ne venait pas que de la tête mais de tout mon corps. Comme quand on est en colère et que le corps le devient aussi. Il fallait le vouloir non seulement avec son esprit mais aussi dans toutes les fibres de son être.
p.19.
Pourquoi est-ce que tout se compliquait quand on devenait adulte ? Je n’ai pas trouvé de réponse.
Le marin me couvre d'un duvet.
– Tu n'es pas obligé de faire tout ça, Margoule.
– C'est parce que je ne suis pas obligé que je le fais.