AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Manon Garcia (20)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
On ne naît pas soumise, on le devient

Depuis longtemps, je n'ai pas eu l'occasion de lire un essai philosophique aussi clairement et sobrement rédigé, aussi simplement efficace à induire la réflexion, aussi élégamment capable d'apporter une perspective innovante à une problématique, celle de la soumission féminine, dont le discours ambiant sonne faux sans qu'on soit forcément armé pour le contrer. L'approche proposée par la jeune philosophe française enseignant aux États-Unis (et qui unit dans ce livre le meilleur de ces deux traditions universitaires), c'est une lecture de la pensée de Simone de Beauvoir, dans tout ce qu'elle a d'original et de supérieur à Sartre, pour résoudre « l'impasse » que voici :

« ou bien on parle de a soumission féminine dans sa complexité, en ne passant pas sous silence l'attrait que peut avoir cette soumission, et l'on est du côté de la tradition sexiste qui fait de la soumission le destin naturel des femmes ; ou bien on postule une égalité des sexes et, dans ce cadre, la soumission des femmes, comme celle des hommes, est une faute morale ou une pathologie et ne relève pas de la philosophie. » (pp. 16-17)



Le premier chapitre, « Un tabou philosophique », s'attelle à établir que la notion de soumission, envisagée par La Boétie, par Rousseau et par Freud, ne correspond pas à celle qui nous intéresse, et à établir une épistémologie féministe qui tienne compte de la domination du point de vue du dominé ; pour autant, une distinction très importante est faite entre domination et soumission.

Le ch. 2, « La soumission féminine, une tautologie ? », s'occupe des questions morales (responsabilité ? liberté?) et politiques (construction sociale du genre, et de la sexualité ?) de la soumission : une longue critique de la pensée de Catharine MacKinnon y est exposée.

À partir du ch. 3, « Qu'est-ce qu'une femme ? », sont présentées les analyses de Simone de Beauvoir, en partant de son rejet à la fois de l'essentialisme (« La différence sexuelle n'est pas un problème d'essence »), et du nominalisme (« les femmes seraient seulement parmi les êtres humains ceux qu'on désigne arbitrairement par le mot "femme" ») qui est la forme radicale du constructivisme social. Beauvoir fait recours à la notion de « situation », qu'elle comprend de manière assez différente par rapport à Sartre, lui permettant d'articuler le rôle de l'individu et celui de la société :

« En effet, pour comprendre comment fonctionne la soumission féminine il faut parvenir à tenir ensemble deux niveaux, celui de l'individu, qui fait des choix et qui se comporte de certaines manières, et celui de la société, qui prescrit aux individus des comportements et façonne leurs préférences. » (pp. 74-75).

Le ch. 4, « L'insaisissable soumission », revient sur la question de l'appropriation de la soumission par la philosophie, compte tenu de sa nature « ordinaire », voire « médiocre », et de la nécessité d'une « analyse bottom-up du pouvoir ». Il est question du renversement épistémologique opéré en historiographie par l'Ecole des Annales, et par les « subaltern studies », notamment par la critique littéraire indienne Gayatri Spivak.

Le ch. 5, « L'expérience de la soumission », revient sur l'originalité de Beauvoir qui consiste à avoir introduit la méthode phénoménologique dans le vif du sujet : Le Deuxième Sexe.

Le ch. 6, « La soumission est une aliénation » est introduit par le fondement suivant :

« La combinaison de la théorie beavoirienne de la situation et de sa méthode phénoménologique lui permet de comprendre le mécanisme par lequel les femmes en viennent à se soumettre : l'oppression des femmes par les hommes passe par un processus d'aliénation – de transformation en un Autre [non-réciproque] – qui est un processus d'objectification. Les femmes se soumettent aux hommes parce qu'elles sont toujours déjà considérées comme des objets, et non comme des sujets, par les hommes et, par conséquent, par elles-mêmes. » (p. 143).



Le reste du chapitre s'attelle à la définition des termes : « Autre » (avec une majuscule), « oppression », « aliénation », « femme-objet », « objectification ».

Le ch. 7, « Le corps-objet de la femme soumise », revient sur la dimension corporelle des normes de la féminité selon Beauvoir, notamment à partir de la puberté ; il est question du corps biologique qui « est social », et de la manière dont le « corps vécu » des hommes n'est pas le même que celui des femmes.



« Une des ambitions centrales du premier volume du Deuxième Sexe est de montrer que les hommes affirment constamment leur place de sujet en transformant les femmes en objets. Les femmes sont considérées comme des objets d'échange dans le mariage et la parenté, comme l'a montré Claude Lévi-Strauss ; les femmes sont transformées en objets de désir dans les mythes et la littérature. Dans le chapitre qu'elle consacre aux mythes, Beauvoir montre que l'objectification constante des femmes est une objectification constante de leur corps : le corps féminin est considéré tantôt comme une proie, tantôt comme une source de dégoût, tantôt comme une propriété. Dans tous les cas, c'est en faisant du corps des femmes un objet que les hommes constituent une image d'eux-mêmes comme des sujets, comme des héros, comme des guerriers. » (p. 180)



Le ch. 8, « Délices ou oppression : l'ambiguïté de la soumission », introduit le second volume du Deuxième Sexe. Beauvoir y met en évidence l'ambiguïté de la soumission :

« […] contrairement à ce que sa connotation négative pourrait faire penser, la soumission a des aspects positifs et des aspects négatifs ; elle est choisie et elle ne l'est pas ; elle est abdication devant l'homme et elle est un pouvoir sur lui ; elle est source de plaisir et vouée à l'échec. » (p. 192).



Ces couples de circonstances qui prêtent à ambivalences ou à contradictions s'exemplifient dans « la beauté », « l'amour-abdication » - où les personnages des romans de Beauvoir sont aussi analysés – « le pouvoir de la soumission », « les avantages de la soumission ».

Le ch. 9, « Liberté et soumission », revient sur la question des conditions du choix de la soumission – ou de l'acquiescement ou consentement – et des conséquences morales. La solution réside dans ce que Beauvoir appelle : « la perspective de la morale existentialiste », qui diffère encore une fois de Sartre et se rapproche plutôt de Kierkegaard. Si la liberté se conquiert, elle ne saurait s'abstraire de la « situation », comportant aussi bien l'individu que la structure sociale : il en résulte, selon Beauvoir, une « analyse coût-bénéfice de la soumission ». Ce ch. terminal énonce en conclusion que l'oeuvre de Beauvoir tend vers l'émancipation, que « la soumission n'est pas inévitable », pour autant que la « situation » n'est pas immuable : l'excipit du Deuxième Sexe est même un vibrant appel à la fraternité entre hommes et femmes ; de plus, son auteure se pose elle-même comme exemple, en tant que femme qui a réalisé une œuvre autonome.

Dans la conclusion, je me serais attendu, et là réside ma seule critique, à une mise en perspective historique de la condition féminine à l'époque de la Simone de Beauvoir comparée à celle d'aujourd'hui. J'étais d'autant plus fondé dans cette attente d'une conclusion qui aurait pu démontrer l'actualité de la pensée beauvoirienne et donc la pertinence de toute la démarche de l'ouvrage, que celle-ci s'intitule : « Et maintenant ? ». Au lieu de cela, j'ai trouvé 3 p. bâclées sur la question du problème juridique du consentement sexuel : une problématique qui mériterait évidemment un essai à elle-même, mais dont l'envergure est incomparablement moindre par rapport à l'ensemble de la matière traitée ici.
Commenter  J’apprécie          200
On ne naît pas soumise, on le devient

D’habitude ami-lecteur, je profite de ce court préambule pour t’expliquer pourquoi, cette fois, j’ai choisi cet ouvrage en particulier. Et vas-y que j’argumente sur la diversité, sur l’auteur si je le connais déjà,… Sauf qu’aujourd’hui mes raisons n’ont rien de glorieuses ou d’intellectuelles. J’ai pioché l’essai de Manon Garcia parce qu’il est court, moins de 200 pages. Ouais je ne suis pas toujours très courageuse…



Bien entendu On ne naît pas soumise, on le devient figurait bien dans la petite bibliographie que j’avais établie avant de débuter ce challenge, en septembre dernier. Pourquoi ? Déjà parce que la référence à Simone de Beauvoir m’avait interpellée puisque Le Deuxième Sexe est un des premiers bouquins, adolescente, qui a éveillé ma conscience féministe… Et parce que la quatrième de couverture était fort alléchante...



Bon, bon, bon… Il en est parfois des quatrièmes de couverture comme des publicités : un étalage de stratégie commerciale plus que de vérité. C’est le cas ici. Tu vas penser que je commence fort ami-lecteur et tu auras raison. Sincèrement je pensais que Manon Garcia allait certes s’appuyer sur le travail de Beauvoir mais pour le dépasser, pour le transcender, pour que la pensée évolue en même temps que le monde. Bref, je pensais lire de la philosophie pas l’étude d’une philosophie. Ici, nous sommes dans une lecture de Simone de Beauvoir : on explore son œuvre, on la pense et on la décortique autour de la thématique de la soumission. Je ne nie pas que l’on peut avoir envie de lire ce genre de choses… Sauf que ce n’était pas mon cas... J’espérais de la nouveauté, de la modernité, de la stimulation. Or ce n’est qu’une dissertation sur Beauvoir comme le montre les notes de fin dont 121 sur 213 concernent les ouvrages de cette dernière.



Si encore les propos de madame Garcia m’avaient convaincue… Mais sa vision de la femme soumise semble dater elle aussi de la fin des années quarante :



"À regarder la femme amoureuse, la star hollywoodienne, la mère au foyer épanouie, l’épouse de l’universitaire qui dépouille les archives pour lui, beaucoup d’entre elles n’ont l’air ni malheureuses ni forcées à quoi que ce soit. Est-ce à dire qu’elles « choisissent » leur soumission ?" - Page 211



De plus elle va loin dans ce qu’elle classe comme des actes de soumission :



"Un des premiers ressorts de la soumission est qu’elle peut être conçue comme une attitude, comme quelque chose qui n’est pas imposé du dehors mais que l’on fait soi-même. C’est le cas, par exemple, de la femme qui s’apprête avant de sortir, qui s’épile, enfile une faine amincissante, lisse ses cheveux, se maquille, pour faire d’elle-même un bel objet. Sans doute apparaîtra-t-elle comme un objet, mais cet objet elle l’a elle-même fabriqué." - Page 203



Et non ami-lecteur, quand je me maquille, je ne fais pas de moi un objet… Comme si le fait même de posséder une apparence, et de la mettre en valeur, empêchait un individu de rester un être humain..



Bien entendu le texte se revendique beauvoirien et l’on pourrait donc décider que ce genre de propos est lié à cela puisque Le Deuxième Sexe commence à dater bien qu’il reste un essai primordial. Bref j’aurais pu passer outre sans la violence du regard sur la soumission elle-même :



"Choisir de se soumettre semble impossible ou bien réservé à quelques pervers et quelques masochistes : la soumission ne peut se justifier qu’en dernier recours, comme chez le guerrier, qui doit se soumettre ou mourir." - Page 211



Si je comprends que le terme liberté est la notion telle qu’elle est comprise dans l’existentialisme, j’ai plus de mal à accepter que l’autrice considère que la soumission soit simplement l’opposée de la liberté. Franchement, où sont les nuances et la subtilité ?



Enfin, la soumission est présentée comme immorale, comme une faute, même si celles qui y consentent ne sont pas coupables :



"En montrant comment et pourquoi les femmes consentent à leur soumission, elle [Simone de Beauvoir] désamorce toute utilisation de ce consentement pour attribuer la culpabilité de la soumission aux femmes : certes, les femmes, en tant qu’elles sont des êtres humains et donc qu’elles ont la possibilité de choisir leur liberté ; sont responsables du fait de ne pas la choisir, mais la façon dont leur situation est déterminée de l’extérieur par la domination masculine au point de faire de la soumission leur destinée fait qu’elles ne peuvent en aucun cas être tenues pour coupables de cette soumission." Page 232



Sans doute que les aficionados de la philosophie de Beauvoir auront plaisir à découvrir la lecture qu’en fait Manon Garcia. Peut-être que je ne suis pas assez philosophe pour On ne naît pas soumise, on le devient. En tout cas, l’ouvrage m’a tour à tour agacée et ennuyée. Si j’avais su, sans nul doute aurais-je plutôt choisi de relire Le Deuxième Sexe…
Lien : http://altervorace.canalblog..
Commenter  J’apprécie          100
La conversation des sexes

Il y a les livres intelligents, il y a les livres qui vous font vous sentir très intelligent, et puis il y a ceux qui vous rendent intelligents. La Conversation des sexes est, à n'en pas douter, un illustre représentant de cette dernière catégorie d'ouvrages.



Derrière le titre - volontairement - très large et nébuleux de l'ouvrage se dissimule un passionnant essai sur la question du consentement d'un point de vue philosophique, historique, politique, juridique et intime. Tout au long de ses 250 pages, denses et dépourvues de la la moindre fioriture, Manon Garcia articule avec une mécanique implacable tout le fil de sa pensée, nous cueillant dès les premières pages en démontrant en l'espace de quelques paragraphes à peine combien nous nous trompons collectivement lorsque nous parlons de consentement. Non pas que nous partagions tous une définition erronée (quoique cela se discute, elle y reviendra) : c'est surtout qu'il en existe en réalité de très nombreuses acceptions, parfois très différentes entre elles. Entre le consentement de deux parties signant un contrat juridique, et acceptant à ce titre les droits et obligations établis par ce contrat, et le consentement intime de deux partenaires à des actes sexuels, il y a un monde, non seulement en termes de nature desdits consentements, mais aussi de leurs implications, de leurs limites, de leurs origines, de leurs extensions respectives. Ainsi, comme Manon Garcia le montre d'office, les nombreuses interrogations et autres innombrables quiproquos qui nous divisent autour de la question du consentement sexuel viennent, pour beaucoup, d'une confusion entre ce consentement-là, intime et interpersonnel, d'une part, la définition juridique du consentement, en droit des contrats notamment, d'autre part, ou encore celle que l'on enseigne en théorie politique.



Le consentement sexuel n'est en effet pas un consentement juridique : le droit du viol ne fait pas partie du droit des contrats ; le droit pénal ne fait pas partie non plus du droit des contrats. Le consentement sexuel n'est pas non plus le consentement version théorie politique. En effet, dès lors qu'on consent à vivre dans une société, à un contrat social, en gros, on se soumet à un régime d'obligations, de devoirs. Le consentement sexuel, lui, crée une autorisation, et non une obligation.

Mais alors, qu'est-il ?



Cette imprécision, cette difficulté de définition pose tout un ensemble de questions cruciales : le consentement, est-ce renoncer à une prérogative, autoriser quelqu'un à nous prendre quelque chose auquel il n'aurait pas eu accès autrement, ou bien est-ce l'expression d'un désir positif ? Doit-il s'agir d'un renoncement ou d'une affirmation ? En d'autres termes, est-ce un accord ou un choix ? En droit, cela dépend de la nature du contrat. En politique, c'est clairement un renoncement, une forme d'abandon à certains droits collectifs en échange du fait de pouvoir vivre en société (on consent à la loi, qui nous limite, mais nous garantit aussi une protection). Mais dans le domaine sexuel, alors ? Cette ambiguïté laisse la porte ouverte à tout un tas de méprises dans le domaine intime. Si consentir, c'est céder temporairement quelque chose à quelqu'un, et si l'on applique cette définition au domaine sexuel, n'est-ce pas quelque part perpétuer l'idée selon laquelle l'homme propose et la femme dispose ?



Autre exemple de question source de quiproquos dans une société où l'on n'interroge pas vraiment ce qu'est le consentement : le consentement est-il irréversible ? Manon Garcia le montre, en droit, dès lors que le consentement a été donné dans des conditions formellement valides, on ne peut plus le retirer, du moins pas sans passer par certaines procédures, alors qu'il paraît essentiel de défendre une vision du consentement sexuel susceptible d'être réévalué, reconsidéré à tout instant. Or, étant donné qu'on a tendance à utiliser la conception juridique du consentement pour analyser les rapports sexuels, on a encore souvent du mal à accepter l'idée qu'un consentement sexuel puisse être retiré, et on ignore globalement tous quand le consentement sexuel doit être donné, à quelle fréquence il doit être renouvelé, bref, tout un tas d'enjeux à propos desquels on peut bien sûr se faire une opinion plutôt solide dès lors qu'on fait preuve d'un minimum de communication avec son partenaire, mais qui nous laissent bien démunis lorsqu'on essaye de légiférer autour des violences sexuelles.



Plus l'on creuse, plus on comprend combien les impensés autour de la question du consentement sont nombreux. Ainsi, le consentement rend-il l'acte auquel on consent moralement acceptable seulement, ou carrément moralement souhaitable ? A-t-il alors la même valeur selon l'une ou l'autre option ? Le consentement est-il d'ailleurs forcément moral ? Peut-on consentir à des actes moralement condamnables ?



D'ailleurs, à partir de quand un consentement est-il valide ? Suffit-il qu'il soit formellement acceptable, bien formulé, pour qu'il soit reçu, ou bien doit-on considérer que l'expression d'un consentement simple ne suffit pas, et qu'il faut s'assurer que ce consentement soit l'expression pleine et entière de la volonté autonome de la personne qui le formule ?

Ah oui y a de l'enjeu hein, j'avais prévenu.



Le texte navigue avec aisance entre les époques, les auteurs et autrices, les concepts et les enjeux, parvenant à tisser des liens fluides et bienvenus entre ses différents chapitres. Il consacre tout un développement plus que pertinent à la question du BDSM, milieu où le consentement tient une place essentielle, fait l'objet de contrats, et détermine la validité ou non de chaque acte, selon des modalités et normes complètement à part de celles qui ont court dans nos vies quotidiennes. L'autrice s'interroge également longuement quant à l'avenir de nos relations intimes, de la façon dont on reçoit, étudie, sanctionne et prévient les violences sexuelles, sur la pertinence (ou non) du fait de faire dépendre la qualification d'un viol de l'idée de consentement, et de savoir si l'on doit faire peser le critère déterminant sur l'absence de consentement ou au contraire son affirmation. Elle imagine carrément une refondation de nos imaginaires érotiques, va jusqu'à rêver de disqualifier totalement la logique très binaire du consentement (veux/veux pas), dont on s'aperçoit de plus en plus de combien elle peine à expliquer les cas dits "appartenant à la zone grise", dont les protagonistes n'ont ni consenti, ni retiré leur consentement, et face auxquels la justice n'a pas les outils pour trancher.



Manon Garcia a surtout la grande, grande intelligence de démontrer historiquement, sociologiquement, politiquement, comment les femmes ont été privées de la possibilité de se forger une autonomie, ce qui rend dès lors toute conversation autour du consentement partielle, caduque. Dès lors qu'en tant que femme, on apprend à ne pas interroger son libre-arbitre, à se faire "passer après", comment peut-on imaginer se battre à armes égales, avoir le même usage du consentement, pouvoir l'exprimer de la même façon qu'un homme ? Comment peut-on imaginer apprendre à prévenir et punir les violences sexuelles autour d'un concept certes intéressant, mais vis-à-vis duquel nous ne jouissons pas de la même marge, de la même autonomie ? En prouvant brillamment que le consentement n'est pas simplement une donnée de base, un acquis dont on disposerait tous librement et complètement et qu'on serait libre de manier de son plein gré selon les situations, mais bien une compétence, un atout, une faculté dont on ne jouit pas tous au même titre et que l'on ne peut développer et affiner que grâce à des ressources et circonstances adéquates, Manon Garcia pose magistralement les vrais enjeux des débats qui doivent nous accompagner au cours des prochaines années. Il ne s'agit pas vraiment de savoir si elle voulait ou si elle voulait pas, mais si elle était en capacité de dire qu'elle ne voulait pas, voire, si elle était en capacité de savoir elle-même qu'elle ne voulait pas, voire, si elle était en capacité de vouloir tout court. Ah oui. Tout de suite, ça recadre les choses.



L'idée n'est pas de nous prendre la tête et de nous empêcher d'agir en nous assenant des questions paradoxales à tout bout de champ, mais précisément d'élargir nos possibles, de nous rendre tous enthousiastes à l'idée de construire plus d'égalité, d'érotiser l'égalité comme le disait Gloria Steinem, citée par Manon Garcia. C'est sacrément galvanisant, et surtout, ça rabat complètement le caquet à ceux qui affirment que parler de consentement, de #MeToo et de zone grise va nous conduire à une société puritaine et pudibonde. C'est tout le contraire que l'on cherche à construire dans cet ouvrage : plus d'émancipation, plus de liberté.



Un ouvrage riche à lire et surtout relire, à garder près de soi comme une boussole alors que dans les conversations sur le sujet, les opinions ont tendance à vite s'échauffer avant même que les différentes parties ne se soient assurées d'être en train de parler de la même chose. La conversation des sexes est pétri d'intelligence, de bienveillance, d'ouverture d'esprit, n'assène rien de façon péremptoire, et si certaines questions mériteraient d'être approfondies (par exemple la question de l'exceptionnalité du sexe, abordée mais pas résolue - je dis pas que c'est facile de trancher hein, juste que ça m'intéresse, t'inquiète Manon ton boulot il est impec - : pourquoi le consentement sexuel est-il si distinct des autres ? Qu'est-ce qui nous rend si vulnérables dans un contexte sexuel ? Qu'est-ce qui fait du sexe ce sujet à part, si épidermique ?), on ne peut que saluer le formidable travail de synthèse, de pédagogie et de clarté qu'a fourni l'autrice à ses lecteurs et lectrices. Ruez-vous sur ce bouquin, profitez de sa grande accessibilité et de sa volonté affirmée de s'adresser à tous les publics pour l'offrir au plus de monde possible autour de vous, y compris à des personnes pas forcément susceptibles de s'être intéressées à des questions féministes ou politiques par le passé. La lecture exige de l'attention et du temps, mais en rien un doctorat de philosophie : il s'agit de déclencher une réflexion collective, pas de piéger tout le monde avec d'obscures références théoriques. En un mot : foncez !
Lien : https://mademoisellebouquine..
Commenter  J’apprécie          71
On ne naît pas soumise, on le devient

Simone de Beauvoir écrivait : « On ne naît pas femme, on le devient ». L’auteure écrit : « On ne naît pas soumise, on le devient ». Une grande partie de sa recherche repose sur les réflexions de Simone de Beauvoir en particulier sur son livre « Le 2ème sexe ». Jean-Jacques Rousseau disait que la soumission est une pathologie. Freud, qu’il existait chez la femme une sexualité faite de soumission nécessaire à leur vertu ! Dans la Bible, le mari est la Tête. Dans le Coran, les femmes désobéissantes doivent être battues. L’association Ni putes ni soumises a été créée en France en 2003 pour lutter contre la violence faite aux femmes et pour éveiller la conscience du public. Manon Garcia parle d’une autre forme de soumission, celle consentie et volontaire des femmes dans les tâches à répétition, ménage, repas, enfants et qui ont l’impression d’être libres malgré tout et profiter même de cette situation. Elle décrit ici ce qui se passe en occident et aux USA. J’ai trouvé ce livre très bien documenté, avec des références sérieuses, même si le titre, au premier abord m’a intrigué. Il y aurait beaucoup à dire encore sur ce sujet. JB
Commenter  J’apprécie          60
La conversation des sexes

L'introduction est sobre et avance avec rigueur, doucement. J'apprécie les ouvrages qui posent leur sujet, qui ne s'enflamment pas vers la revendication, le militantisme, mais qui progressent pas à pas. Mais. Mais, mais, mais… ça ne dure malheureusement pas…



La méthode laisse à désirer, et le propos tourne en rond, s'embourbe et reste en surface, ne s'engage en rien et n'approfondit rien non plus, passant du consentement à la volonté, à la sociologie, à la relation sexuelle, au sado-masochisme, revenant au droit des contrats, citant la morale, étrangement omise quand il s'agit d'aborder le sado-masochisme, puis revient ici ou là sur le droit pénal (en général bien entendu), avant de citer tel auteur commenté depuis deux ou trois siècles un peu partout dans le monde et dont on s'avise à l'occasion que sa pensée rejoint opportunément la nôtre…



Pour finir, les chapitres sont nombreux à commencer par une reconnaissance d'incapacité à cerner la notion et la conclusion s'achève, en deux pages sur des avancées majeures (citées ci-dessous).



Avons-nous « consenti » à lire ce livre ? Difficile à dire. Disons que nous l'avons ouvert. Mais, au-delà de notre consentement, ce qu'a offert notre partenaire occasionnelle, malgré ses promesses, aura finalement été assez décevant.





**** ******* ***************************************



Elle part bille en tête sur le consentement et, en bonne enseignante aux États-Unis, commence par une définition stricte. Cette méthode anglophone (les contrats débutent toujours par des définitions, les philosophes analytiques revendiquent l'exposition en préambule de définitions) est déjà en soi contestable puisqu'elle relève d'une méthode singulière ; et puis n'était-ce pas le but de l'ouvrage que de parvenir à définir ce dont il est question ? Si la définition arrive en page 30, que va-t-on dire dans le reste de l'ouvrage et ne risque-t-on pas de se contredire ? Si, c'est bien ce qui arrive. Ainsi la définition proposée est à la fois très contestable quand elle surgit, mais en plus elle est systématiquement contournée, contredite, invalidée par la suite de l'ouvrage :



« Consentir, c'est donner à quelqu'un son accord sur quelque chose » (p.30) : pourquoi pas, ça reste assez général, si on pense que « quelque chose » est redondant : je peux consentir à reconnaître la validité de votre opinion, qui n'est pas quelque chose. Mais, même sans notre participation, la définition est contredite quelques pages plus loin : il est question du mariage et du droit des contrats. Les époux échangent leurs « consentements », les parties au contrat « consentent ». Ah, mais alors il y a une tierce partie dans cette histoire : quand je donne mon consentement pour me marier ou signer un contrat, suis-je certain.e de « donner à quelqu'un mon accord » seulement et pas en même temps à quelque autre ou quelque autre chose ? est-ce à mon conjoint que je donne mon accord pour l'épouser ? Dans ce cas, je l'ai déjà fait, sans quoi nous ne serions pas maintenant devant le curé ou le/la maire.sse : est-ce que ce ne serait pas à quelque chose, plutôt qu'à quelqu'un, que je donne mon accord, quelque chose comme l'Église ou la République au travers de son représentant légal et du système judiciaire ? Finalement, la définition : « Consentir, c'est donner son accord » serait suffisant.



Quelques lignes en-dessous, la définition, au contraire, est précisée : « Consentir est donc donner son accord à quelqu'un sur quelque chose, de sorte que l'on n'accorde par là un droit sur soi ou ses possessions ». Ah bon. « Consens-tu à me donner raison ? – J'y consens » ; « Consentez-vous à amener votre fils à l'anniversaire du mien samedi prochain ? – j'y consens » ; « Consentez-vous à ce que je le tue ? » demande l'amant à sa maîtresse, la lame de son épée sur la carotide de son rival « j'y consens » ; couic. Il n'est dans ces trois cas aucunement question « de droit sur soi ou ses possessions ». On en reste bien à ce que « consentir, c'est donner son accord ». On pourrait dire, outre donner son accord, que c'est, finalement, "engager sa (co)responsabilité".... ah, la situation change quelque peu...



Ce qui permet de se rendre compte tout de suite, sans attendre la page 227 (« L'homme propose, la femme dispose »), que pour consentir, ou « donner » son accord , il faut qu'on nous ait au préalable prié : « Voulez-vous… ? – j'y consens ». Ben oui, poser les relations sexuelles sous l'angle exclusif du consentement, c'est s'exonérer de poser qu'elles se déroulent sous l'effet de la volonté conjuguée des deux parties. Un corps peut-il exprimer sans entrave son envie d'un orgasme par un « je consens » ?... Il semble bien que la personne qui "consent" n'est par avance pas très intéressé.e… et répond surtout au désir insistant de l'autre : c'est dommage que ce ne soit non seulement pas du tout abordé dans cet ouvrage (la citation ci-dessus intervient 30 pages avant la fin…), mais surtout pas au début : la problématique est mal posée et révèle que l'autrice reste enfermée dans sa définition et dans ses idées (dénoncer le système patriarcal, alors qu'elle y est enfermée comme on va voir, et, quoi que son expression soit restée modérée dans l'introduction, transmettre son émotion, une indignation sans doute) sans chercher à résoudre un problème plus général qui s'aborde avec plus de distance : de quelle manière une relation sexuelle peut-elle être considérée comme ayant eu lieu sans avoir forcé les parties ? le consentement serait l'une des solutions dans le cas d'une sollicitation auquel il conviendrait de se limiter en indiquant expressément qu'on écarte toutes les autres solutions… parce que fondamentalement, je ne sais pas vous, mais moi, il n'est jamais arrivé qu'une relation sexuelle débute, d'un côté ou de l'autre (oui en se limitant à deux), par un très cordial « consentez-vous à… [ à quoi d'ailleurs ?... !!!] et que l'autre réponde, après mûre réflexion, bon allez « j'y consens »…



Ou passe alors le consentement, s'il est intérieur ; mais alors la définition selon laquelle c'est "donner son accord à quelqu'un" est totalement fausse, ce serait plutôt donner son accord à soi-même... Donc engager sa responsabilité... La sociologie aurait pu être davantage abordée...





Voilà, quand on a dit ça, on comprend que l'auteure reconnaisse être incapable de cerner son sujet : « Maintenant que nous avons établi l'ambiguïté de la notion de consentement » (début du chapitre 3, oui, oui « 3 » : il y en a bien eu deux avant sur le sujet…) ; « le concept de consentement est ambivalent » (début du chapitre 5, après 147 pages de réflexion) ; « L'impossible consentement sexuel » (dernier sous-titre du chapitre 5) ; « À l'issue de ce parcours sur les ambivalences du consentement » (début du chapitre 6, p.181) ; « le consentement ne remplit pas toutes ses promesses », phrase qui continue ainsi, enfonçant décidément le clou : « il ne nous permet pas d'effectuer clairement le départ entre sexe et viol » !!!!!!!! (début du chapitre 7, le dernier !!).



Ben zut alors ! à la fin du bouquin, non seulement on ne saura pas si consentement il y a eu, mais, si ça se trouve, il y a même eu viol sans qu'on le sache !!!!!!!!!!!!!!!!!!! on est déçu d'être moins savant à la fin qu'au début, mais on admire tout de même à quel point c'est beau la philosophie : on peut dire n'importe quoi.



Bon je passe sur les problèmes de méthode, ça ferait beaucoup, disons simplement que l'autrice (c'est pour lui faire plaisir, je pense qu'auteure doit lui déplaire) ne cite que des auteurs « libéraux » (Bentham et Stuart Mill), avec Kant, bien sûr, incontournable quand il est question de morale, ça tombe bien, c'est ainsi qu'on fait dans les pays anglophones (j'ai dit qu'ils étaient cités, je n'ai pas dit qu'ils étaient commentés), sans faire de différence entre le consentement en démocratie et le consentement sexuel, ni la place du libéralisme du XIXème siècle dans la société (mondialisée ? française ? américaine ?) contemporaine, ni expliquer pourquoi elle revient sur des questions de droit, déjà abordé en début d'ouvrage (sinon que, en effet, ce n'était pas réglé) ; qu'elle a bien eu l'intuition de se rapporter au droit et qu'elle note que le « contrat consensuel » demande le consentement des deux parties et que. Ah bah non, rien, fin du chapitre : elle n'a pas lu sa synthèse du droit des contrats jusqu'au contrat « d'adhésion », qui, pourtant, aurait bien pu nourrir cette idée que le consentement est inégalitaire et repose sur une partie plus forte que l'autre, à la façon des contrats des GAFAM (« votre vie privée est notre priorité, consentez-vous à nous transmettre vos données ? » - naturellement, j'y consens) ; et disons encore que j'ai éprouvé un fort étonnement que la question de la morale ait été abordée (en deux lignes) dans le cas d'une séduction un peu insistante qui mènerait un partenaire à « consentir » à une relation sexuelle, mais qu'il n'en ait absolument pas été question quand il s'est agi d'évoquer les pratiques sado-masochistes, dont la contractualisation des types de pratiques ne sert qu'à nourrir une réflexion mainstream sur des relations sexuelles en général, de manière très distante et très proprette, puisqu'il n'est d'ailleurs question ni de faire mal ni d'infliger intentionnellement la douleur mais d'évoquer un « mouvement de résistance à une sous-culture accessible à la culture populaire » : ah, alors, s'il s'agit de culture, bien sûr… Mais alors pourquoi était-il écrit en première partie que, justement, on ne pouvait se référer à ces pratiques où le consentement n'était pas reconnu par le droit pénal (qui ne reconnaît pas que vous ayez librement consenti à ce que l'on vous inflige la douleur) ? pas de réponse. Il s'agit de culture, on vous a dit, la morale et le droit n'ont rien à faire ici, n'oublions pas que nous parlons, sans trop savoir, de consentement, nous avançons dans l'ivresse de notre émotion.



Quant à la conclusion, après 230 pages, elle expose avec clarté la précision d'une pensée universitaire exclusive échappant à l'épaisseur cognitive des lecteurs à l'esprit confus qu'il s'agit par un ouvrage érudit d'éclairer : « Penser le consentement dans sa complexité permet d'aborder nos vies sexuelles dans toute leur épaisseur […] Cela permet de comprendre que la prostitution n'est ni du viol tarifé ni un travail comme n'importe quel autre [merci, je n'y avais pas pensé en effet] Que ce n'est pas la même chose de coucher avec quelqu'un lorsqu'on est ivre de quelques verres en fin de soirée que d'utiliser une personne qui a tellement bu qu'elle est à peine consciente pour avoir une interaction sexuelle [ah oui ? mince alors, si j'avais su, bon, je tâcherai de m'en souvenir la prochaine fois -] que […] ce n'est pas non plus la même chose d'avoir un mauvais rapport sexuel au sens où l'expérience a été décevante [comme de lire ce livre ?] que d'avoir un rapport sexuel mauvais au sens où notre autonomie et notre intégrité n'y ont pas été respectées » : c'est possible, mais, en y réfléchissant, je me demande si mon intégrité mentale et psychique a été respectée par cette autrice qui prétend avoir fait des études spécialisées et qui m'a pris de mon temps sans avoir pu réaliser sa promesse de m'instruire : suis-je en mesure de faire clairement la différence entre la déception liée à une expérience de lecture médiocre et l'agression exercée sur mon intégrité intellectuelle par quelqu'un qui a prétendu avec un beau CV et une belle couverture, mais sans méthode et sans pénétration, d'esprit, mais des aveux d'impuissance répétés, m'instruire ? Est-ce que, finalement, liée à la notion de consentement ne se trouverait pas celle de promesse et est-ce qu'au final, le sentiment de trahison ne serait pas à l'origine de la recherche de la notion de consentement, dans le but de mettre en évidence la supercherie de laquelle, malgré soi, et contre les éléments formels de la situation, on a fait l'objet par une personne qui serait alors assimilée à un.e escroc ? Une sorte de confiance trahie en quelque sorte ?… Voilà ce que, sans enfoncer des portes ouvertes, il serait intéressant d'approfondir.



Le dernier paragraphe s'achève sur une considération des plus sexistes, étonnamment pour un ouvrage dont l'un « des objectifs est d'étudier le patriarcat, entendu comme le système sociopolitique qui organise l'oppression sociale des femmes ».



En effet : « Cela nous montre enfin que les femmes sont particulièrement vulnérables dans la sexualité et que cette vulnérabilité donne aux hommes une responsabilité d'autant plus grande de s'assurer du consentement de leurs partenaires ».



Consternation.



Le féminisme et la lutte contre le système patriarcal passe donc par l'établissement définitif et principiel de la faiblesse de la femme devant l'homme qui en est responsable.



sic, sic, sic et resic.



La conclusion est donc bien que « L'homme propose, la femme dispose », prétendument dénoncée un peu plus tôt, et qui reste au contraire d'actualité ; madame est fragile, de corps et d'esprit, il faut en prendre soin ; en bon père de famille, sans doute. Non, avec de telles défenseur(e?euse?)s, le système patriarcal a encore de beaux jours devant lui.



Et puis, l'apothéose, pour qui a promis une expérience de lecture sur un sujet dont elle n'a décidément pas su trouver le point G, une ultime promesse : « le consentement sexuel apparaît comme un concept à manier avec précaution [avec galanterie, peut-être ?] mais qui porte en lui les PROMESSES d'une révolution sexuelle qui, CETTE FOIS-CI, serait une libération de toutes et de tous ».



La tête sur l'oreiller, l'acte accompli, il s'agit d'envisager (la cigarette au bec ?) la prochaine fois.



Après le marasme, une révolution.



Rien que ça.



Ca fait envie.



Des promesses, toujours des promesses.



Et bien, non, tant pis, pour la révolution, nous retirons notre consentement et ce sera sans nous.



Avant de claquer la porte, un dernier mot :



Merci pour ce moment.

Commenter  J’apprécie          52
On ne naît pas soumise, on le devient

Il m’a fallu du temps pour lire et chroniquer On ne naît pas soumise, on le devient, pourtant ô combien intéressant ! Ça a été ardu et dense à lire pour moi, puisqu’il s’agit d’un livre philosophique – discipline avec laquelle j’ai toujours eu quelques difficultés. La confrontation a tout de même été très intéressante !



Le ton du livre est donné dès l’épitaphe – certains ouvrages écrits par des femmes sont relégués de la philosophie parce que… écrits par des femmes, et l’introduction – on encourage ces dernières à être fortes et indépendantes en même temps qu’on leur dicte quoi faire en termes d’apparence et de comportement dit « féminin ».



Dans la culture pop, la soumission des femmes est partout : dans les pubs, dans les films, les séries, les romans… et le pire, c’est qu’on ne s’en rend pas toujours compte, alors même qu’on se considère comme une femme forte ou féministe. C’est le côté insidieux de la soumission qu’explore Manon Garcia. Ses mécanismes, parfois invisibles.



Qu’est-ce que cette soumission que vivent les femmes ? Comment elle se manifeste et s’explique ? Comment est-elle vécue ?



DES DÉFINITIONS

Manon Garcia fait une distinction entre :



soumettre : dominer par la force.

se soumettre : ne pas agir contre le pouvoir qui s’exerce sur soi.

Elle explique qu’il y a deux idées qui s’opposent par rapport à la soumission féminine :



Les femmes sont inférieures aux hommes dans leur nature, donc il est naturel qu’elles soient soumises.

Les femmes sont soumises parce qu’elles le veulent bien, c’est une soumission plus ou moins volontaire aux hommes.

Ça fait sauter au plafond, hein ? Et c’est pas fini : la soumission est automatiquement associé à une caractéristique féminine.



ET LE FÉMINISME DANS TOUT CA ?

Manon Garcia évoque le problème du positionnement du féminisme : il dénonce l’oppression des femmes par les hommes et la société patriarcale, mais pas la soumission en elle-même.

Pourquoi ? Parce qu’admettre qu’il y a soumission de la femme va à l’encontre même des valeurs du féminisme. En prenant en compte les définitions de la soumission donnée par l’autrice, ça serait être des complices de la domination masculine.



TOUT EST QUESTION DE POINT DE VUE

Finalement, on parle beaucoup de domination masculine, mais jamais de soumission féminine. C’est un sujet tabou, dans lequel Manon Garcia saute à pieds joints.



Selon elle, étudier la soumission féminine revient à se place du bon point de vue pour comprendre les mécanismes de la domination masculine. Il est vrai que pour comprendre un problème, il faut prendre en compte tous ses aspects.

En se plongeant dans les mécanismes de la soumission féminine, on pourra plus efficacement les contrer.



Attention cependant, l’analyse de l’autrice se situe au niveau des femmes occidentales, hétérosexuelles (celles qui ont, a priori, le plus de liberté).



QU’EST-CE QU’UNE FEMME ?

Puisque la soumission est considérée comme une caractéristique féminine, Manon Garcia se pose la question : qu’est-ce qu’une femme ?

Elle se base, entre autres, sur les travaux de Simone de Beauvoir pour étayer sa réflexion. Cette dernière rejette l’essentialisme : l’idée selon laquelle le destin de la femme serait scellé avant même son existence, qu’elle serait soumise avant d’exister.

Elle rejoint les propos de Judith Butler, qui stipule que le genre est une construction sociale. Pour les deux autrices, une femme est donc un être socialement construit.



Etre une femme, c’est donc être dans une certaine situation économique, sociale, politique. Cette situation implique un ensemble de normes selon lesquelles les femmes doivent se comporter et à l’aune desquelles elles sont jugées. Etre une femme, une « vraie », implique de se conformer à ces normes et, de même que l’on se questionne sur la nature d’un outil lorsqu’il ne remplit pas son office, on s’interroge sur la féminité d’une femme lorsqu’une distance apparaît entre son comportement et le comportement qui lui est socialement prescrit. Or, quel est le comportement prescrit à la femme dans la société ? La soumission.



MANIFESTATIONS & MÉCANISMES DE LA SOUMISSION FÉMININE

Selon l’analyse de Simone de Beauvoir, la soumission ne touche pas qu’une seule catégorie de femmes, elle les touche toutes, à des degrés plus ou moins accentués. Cependant, son analyse connaît des limites parce qu’elle ne base pas ses propos sur l’intersectionnalité. Cette notion n’apparaît qu’à la fin des années 80 dans les travaux de Kimberlé Crenshaw. Il s’agit de prendre en compte le fait que des personnes subissent plusieurs types d’oppression à la fois : homophobie, racisme, sexisme, agisme, validisme, etc.



Manon Garcia dégage plusieurs situations qui contribuent à la soumission des femmes.



Par le travail domestique : elles sont maintenues dans la sphère privée. Leur sortie dans la sphère publique leur permettrait de se confronter aux hommes, et donc de s’émanciper, mais elles n’ont pas les outils pour y accéder.

La division : les femmes sont dispersées, ce qui les empêche de se rassembler et d’être solidaires pour renverser cette soumission.

L’objectification : il y a une appropriation du corps féminin par autrui. On projette beaucoup de choses dessus (maternité, sexualisation), ce qui fait qu’il n’appartient plus vraiment aux femmes. En les réduisant à leur corps et à ce que la société attend d’eux, on nie leur individualité. Et si leur corps ne leur appartient pas, difficile pour elles de contrôler leur vie. Ce phénomène de dépossession survient souvent à la puberté.

Vision de l’amour faussée : les femmes sont censées se réalisées dans une relation amoureuses ou dans le statut de mère aimante. Elles sont supposées se consacrer corps et âme aux êtres aimés. Et je ne parle même pas du consentement, qui est complètement nié…

EN CONCLUSION

Je suis ressortie de cette lecture lessivée. Manon Garcia m’a poussée dans mes retranchements. Je me suis questionnée : pourquoi, tout en étant une féministe militante, je me retrouve moi aussi soumise à cette société patriarcale ? Serais-je une complice de la domination masculine finalement ?

On ne naît pas soumise, on le devient m’a permis de prendre conscience des mécanismes qui s’opèrent dans la soumission féminine, dont on n’a pas forcément conscience. Manon Garcia offre des réponses, mais aussi des pistes de réflexions. Je pense que même en lisant et relisant ce livre, on peut en découvrir de nouveaux aspects !
Lien : https://furyandfracas.wordpr..
Commenter  J’apprécie          50
On ne naît pas soumise, on le devient

On ne naît pas soumise, on le devient est un essai féministe qui s’intéresse à la soumission des femmes. En effet, la soumission étant contraire à la liberté qu’est censée avoir tout être humain, il apparaît que si celui-ci la refuse, il est soit immoral, soit c’est bien la preuve que cette soumission serait « naturelle ». Manon Garcia cherche des réponses plus poussées en confrontant plusieurs textes philosophiques du monde entier – bien que son essai se concentre volontairement sur les femmes occidentales hétérosexuelles.



Certains passages m’ont paru très faciles à lire, et presque avec du suspens quant au dénouement des problématiques. D’autres l’étaient moins, mais je pense que des lecteurs et lectrices plus habitué-e-s à la philosophie s’en apercevront à peine.



Toutefois, j’ai été étonnée que Manon Garcia se base autant sur la philosophie de Simone de Beauvoir. C’était certes précisé en quatrième de couverture, mais je pensais que ce ne serait que l’histoire de quelques pages. Cependant, cela m’a permis d’en apprendre beaucoup sur l’autrice du Deuxième sexe, et tout un pan de sa réflexion philosophique. J’ai également beaucoup mieux compris ses thèses, qui étaient restées en partie floues à la lecture de ses ouvrages philosophiques.



Manon Garcia explicite donc les différentes idées novatrices de Simone de Beauvoir concernant la soumission des femmes, tout en les ancrant dans un contexte moderne. C’est extrêmement intéressant et j’ai dû lutter pour ne pas noter des citations à chaque page. Cet essai est également très bien documenté et donne de nombreuses références d’ouvrages pour élargir sa réflexion.



Un très bon essai pour celles et ceux qui veulent mieux comprendre les racines de la domination patriarcale et la soumission des femmes qui en découle.
Commenter  J’apprécie          50
La conversation des sexes

Un petit pas de pages pour l'écriture, un grand pas pour la pensée. Ce livre permet de penser en profondeur la question du consentement et celle des zones grises. J'ai apprécier grandement ce cheminement à travers un questionnement pertinent et percutant. C'est bien ficelée, bien documenté.

Un livre utile pour construire et déconstruire à l'intérieur de soi et faire prendre plus d'épaisseur à nos intimités.

Vivifiant.
Commenter  J’apprécie          40
On ne naît pas soumise, on le devient

Dans toutes les sociétés, la distinction entre les sexes masculins et féminins est presque par définition la première de toutes les distinctions sociales. Certaines institutions sociales reposent en permanence sur la séparation rigoureuse des individus selon leur sexe; elle commence dès l'adolescence, les garçons quitteront tôt l'entourage féminin pour entrer dans le cercle des hommes. Les phénomènes d'initiation concernent surtout les hommes. L'initiation des filles dans le monde entier reste encore un acte social mineur. Pour déterminer le statut de la femme dans une société déterminée, il faut connaître le droit coutumier, et l'assujettissement du sexe féminin par le sexe masculin, car il commence par la possession des enfants mâles de la mère au père à un certain moment considéré selon les données physiologiques objectives: les tâches propres à la maternité et à l'éducation des enfants. À travers toutes les luttes, Manon Garcia montre que la condition féminine séparée ne sera abolie qu'avec la fin de la société patriarcale et sexiste.
Commenter  J’apprécie          40
On ne naît pas soumise, on le devient

Un très bon essai philosophique sur la soumission féminine, au-delà de l'essentialisme (les femmes seraient naturellement soumises) et du tabou que représente la soumission volontaire (difficile à accepter pour les féministes par exemple).



C'est le 1er essai de l'autrice, on sent que c'est une thèse réadaptée. La première partie est longue, elle décortique les concepts et surtout justifie son sujet... il faut atteindre la moitié du bouquin pour entrer vraiment dans la thèse du livre. Mais quand on atteint cette deuxième partie, on se dit ENFIN. Et ça devient vraiment GÉNIAL.



L'essai montre toute la pertinence et l'actualité du "Deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, qui donne une analyse existentialiste de la condition des femmes. Pour elle, le déterminisme biologique est à rejeter. Mais certaines données biologiques persistent.

Il n'y a pas d'essence féminine, mais la soumission est un destin féminin, une prescription sociale avant que l'être femelle puisse advenir comme sujet. L'individu voit dans le comportement des autres une norme pour son action. Le corps femelle, quoi que asservi à l'espèce (menstruations, grossesse, allaitement...), est le support de significations sociales. Et le corps de la femme est toujours un objet pour l'autre (commentaires sur le physique, harcèlement de rue, violences...). L'esthétisation de ce corps est de mise. "Même si elle y prend du plaisir, elle se nie au moment où elle croit s'affirmer." (P. 193)



La supériorité musculaire du mâle ne serait pas source de pouvoir si les normes sociales imposaient le respect des femmes.



En passant par Sartre puis Heidegger, Simone de Beauvoir prend le concept de "situation" pour historiciser la condition des femmes. L'oppression s'est mise en place, donc une émancipation est possible au futur. Voilà un peu d'optimisme...



La soumission est un destin féminin et tout les pousse à se soumettre. La tentation du pouvoir érotique, de l'amour-abdication, de la validation masculine (la reconnaissance de la part de ceux qui ont le pouvoir)... incitent à cette soumission. Oui, Manon Garcia l'affirme après une longue démonstration, les femmes peuvent, dans un calcul coûts/bénéfices, consentir à la soumission. Il est tellement coûteux de devenir sujet, de refuser activement la soumission ! Le consentement n'est pas un choix actif de soumission, c'est une passivité qui est la norme, le cadre donné aux femmes.



Vraiment un essai éclairant !
Commenter  J’apprécie          20
La conversation des sexes

Comme tout doc que je lis, du moins la plupart, je vais formuler ma critique au fur et à mesure de ma lecture pour ne rien perdre de mes impressions et de mes envies d'annotation.



Dès le départ on sent que le propos est intelligent et pertinent, Manon Garcia met les pieds dans le plat en nous confrontant à notre propre définition de ce qu'est le consentement. Consentir oui, mais à qui, à quoi, dans quelle situation, contexte, sous quelle pression, dans quelles conditions ? Parle-t-on moralement ou juridiquement ? Elle donne des exemples pour bien illustrer tout l'intérêt de poser ces questions et je pense que sa façon de présenter les choses peut faire mouche, elle a le talent qu'il faut pour faire bouger les choses.



Elle rappelle que l'image d'Épinal qu'on a du viol et son caractère soi-disant "exceptionnel" est complètement démoli par les chiffres : 91% des cas de viols ou de tentatives de viol le sont par des agresseurs que l'on connait et dans 47% des cas il s'agit ni plus ni moins du conjoint ou de l'ex. (Etude "VIRAGE" de l'INED)



Avec de nombreux exemples de situations, elle développe toutes les nuances que peut revêtir le "consentement" (retrouver la page)



Autre rappel chiffré si nécessaire (et ça l'est toujours) :

* 10% des femmes victimes de viol portent plainte

* 3% des viols débouchent en cour d'assise

* 1% des viols commis sont punis comme tels



Manon Garcia évoque tout d'abord le consentement d'un point de vue juridique mais fait remarquer que même dans le Code Civil, il est utilisé sans être clairement défini car "consentir" a un caractère polysémique :

* Accord de volonté ou manifestation de volonté ?

* Choisir ou céder ?



Le consentement sexuel n'est pas du contractualisme. Voilà le point suivant. En théorie des contrats, le consentement créé une obligation et non une autorisation. En bioéthique, le consentement peut être retiré à tout moment (elle reviendra dessus à la fin en suggérant de construire le consentement sexuel sur cette même dynamique, un consentement qui peut être retiré à tout moment) "droit de retrait unilatéral et discrétionnaire" (Evan Raschel) ce qui s'oppose à l'existence d'une obligation.



En somme, elle distingue le consentement pénal du consentement civil pour illustrer la difficulté à définir une forme de consentement qui pourrait s'appliquer à toutes les situations d'actes sexuels.



Vient ensuite un point philosophique, le consentement face à la moralité. (Intervention de l'État des normes sociales) + Harm principle (J. Mill p.66) + Débat philosophique de Kant



Comparaison entre le sport et le BDSM, très pertinent ! La liberté individuelle doit-elle s'effacer devant le principe de dignité humaine ?

OUI selon le CE du 27/10/95 au sujet du lancer de nain

OUI selon la CEDH en décembre 95 concernant une grande réunion sadomasochiste filmée.

En 2002 revirement de la CEDH, l'autonomie personnelle reprend le dessus sur les valeurs morales. -> Muriel Fabre-Magnan s'y oppose. Quel consentement ? Oui, c'est suffisant ? Peut-on soustraire absolument un individu du cadre social et donc considérer que son attitude n'aura pas d'impact ?



-> Qu'est-ce qu'un consentement valide dans une structure sociale de domination masculine ?

-> L'ambivalence du BDSM

1. Renverser les codes

2. Le sont-ils vraiment ? (NON)

Asymétrie des consciences du fait de la domination et de la peur de violence. Le "consentement" d'une femme n'a pas la même valeur qu'un homme (limitation psychique) (P. 186-187)



Reprendre les définition suivantes à l'occasion : (p.190)

* injustice testimoniale

* injustice herméneutique

* injustice de contribution

= injustices épistémiques



- Pornographie, voir les travaux de Fiona Vera-gray et Claire McGlynn



-> La perception du mot "viol" & la difficulté à pouvoir l'appliquer à toute la palette de sexe non-consenti (pression sociale, négligence, contraint et menaces)

Elle finit par conclure que le droit a ses limites et que concernant la "zone grise" il ne peut pas faire grand chose. La prison ? Parfois pire que mieux ! Ce qu'il faut c'est un changement social profond.



(à suivre)
Commenter  J’apprécie          10
On ne naît pas soumise, on le devient

Un essai très complet, assez difficile à lire dans le sens où il y a beaucoup de notions complexes si on est pas encore bien calée sur tout cela. Néanmoins, si c’est pour approfondir son féminisme et continuer ses recherches, notamment après une lecture de Simone de Beauvoir, cet est très bien écrit et vraiment intéressant.
Commenter  J’apprécie          10
On ne naît pas soumise, on le devient

Excellent ouvrage, qui décortique et analyse en profondeur la misogynie intégrée.
Commenter  J’apprécie          10
On ne naît pas soumise, on le devient

Comment expliquer en féministe que certaines femmes acceptent la domination masculine ? Ce n’est pas un choix, mais un « consentement actif », selon Manon Garcia qui se place dans la lignée de Simone de Beauvoir.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
Commenter  J’apprécie          10
On ne naît pas soumise, on le devient

Un très bon essai philosophique féministe sur la condition de la soumission. Certains passages sont assez fluides, d'autres beaucoup moins. Cet essai se veut être une lecture du Deuxième Sexe de Beauvoir et presque exclusivement que cela. Je le pensais plus percutant mais il n'en reste pas moins intéressant pour comprendre les mécanismes et la place du patriarcat dans le comportement.
Commenter  J’apprécie          00
On ne naît pas soumise, on le devient

Lire cet ouvrage permet non seulement de comprendre l’expérience de la femme dans la société patriarcale, mais aussi d’adopter un point de vue philosophique à cette soumission. Je conseille donc vivement cette lecture pour celles et ceux qui veulent approfondir leurs questions féministes.
Commenter  J’apprécie          00
On ne naît pas soumise, on le devient

On ne naît pas soumise, on le devient, est un essai philosophique féministe sur la soumission.

Je m'attendais à un essai plutôt global sur ce sujet. Or, comme en soi le titre l'indique, cet essai se base majoritairement sur Simone de Beauvoir. Ainsi, j'ai eu plutôt l'impression de lire une analyse des oeuvres (essentiellement les deux tomes de le deuxième sexe) de Simone de Beauvoir sous l'angle de la soumission féminine, que de lire un essai éclairant sur ce sujet. Éclairant, ce livre ne l'a pas forcément été, car il est très théorique et à la limite de l'accessible. Ainsi, j'ai été un peu déçue et la fin de ma lecture a été laborieuse lorsque je me suis rendue compte que seules les réflexions de Simone de Beauvoir sont exposées (et analysées). Ce n'est pas inintéressant mais ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, ni ce que la quatrième de couverture laissait penser.
Commenter  J’apprécie          00
La conversation des sexes

La conversation des sexes est un livre complet, riche d'analyses et de références théoriques, qui permet d'explorer en profondeur la notion de consentement. Qu'est-ce que le consentement ? Qu'en est-il dans le cadre sexuel ? Le sexe non-consenti est-il toujours un viol ? Le sexe consenti est-il toujours du sexe moralement bon ?

Un sujet complexe très intéressant et offrant de nombreuses pistes de réflexions.
Commenter  J’apprécie          00
On ne naît pas soumise, on le devient

Très intéressant , riche de référence et facile à lire
Commenter  J’apprécie          00
On ne naît pas soumise, on le devient

La philosophe française s’intéresse à la notion de soumission féminine telle que vécue de l’intérieur et démontre qu’en dehors de toute violence, elle peut aussi résulter d’un consentement assumé qui n’entérine pas pour autant le discours machiste dominant.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Manon Garcia (257)Voir plus

Quiz Voir plus

No pasaràn, le jeu.

Qui est amoureux d'Elena?

Thierry
Andreas
Eric
Cédric

10 questions
638 lecteurs ont répondu
Thème : No pasaran : Le Jeu de Christian LehmannCréer un quiz sur cet auteur

{* *}