No Pasaran le jeu, Christian LEHMANN, Enquête d'auteur
Ce que recherche Andreas, c'est le pouvoir démentiel que procure une arme à un pauvre type sans idées, sans courage, sans rien d'autre que sa haine de lui-même et des autres.
Andreas te sortira des milliers de discours sur la noblesse militaire, sur la grandeur de servir le drapeau, un tas de conneries auxquelles il ne connaît rien mais que sa famille lui a inculquées depuis tout petit pour masquer par des mots l'essentiel. L'envie de détruire, l'envie d'écrasr, l'envie de tuer.
" Les jeunes dont je parlais en 1998 se trouvent toujours en 2013 dans le monde que nous leur avons légué. Et je pense que je ne me trompais pas trop en disant que ce monde leur serait particulièrement hostile. Sur le plan économique, sur le plan moral, sur le plan intellectuel, sur le plan humain. A l'époque j'écrivais pour ça, j'écrivais parce que j'avais honte du monde de mensonge dans lequel nous vivons. Et je suis un écrivain "old school ", c'est à dire que j'écris toujours pour faire passer quelque chose de ce que j'ai compris. Cela au moins n'a pas changé. "
[La revue des livres pour enfants n°272]
- Les seuls combats perdus d'avance sont ceux qu'on refuse de livrer...
" Les jeunes m'ont souvent demandé pourquoi mes romans étaient aussi sombres. Alors je leur racontais une petite histoire :
" Il était une fois trois petits cochons, NifNif, NafNaf et NoufNouf. L'un avait fait sa maison avec des brindilles de paille, l'autre avec des brindilles de bois, le troisième avec des briques. Ils ont attendu que ça séche, ils sont rentrés dedans, ils ont vécu heureux et ils ont eu beaucoup de jambon ! Fin de l'histoire. "
Je la recommence :
" Il y avait NifNif... et, à la lisière de la forêt, qui était distante d'une vingtaine de mètres de sa maison, deux yeux brillants et jaunes les regardaient. ".
Maintenant vous avez une histoire ! ".
Si vous n'avez pas un antagoniste, si vous ne questionnez pas la nature du Mal, vous n'avez pas d'histoire.
La question du Mal est pour moi essentielle. Je n'ai pas de réponse. "
[La revue des livres pour enfants n°272]
Tu sais, j'ai à peine quarante ans, mais j'ai grandi à une époque que tu ne peux pas imaginer, où il n'y avait pas encore de téléviseurs, ou presque. Une époque où la pensée avait le temps de mûrir, où on lisait plus de livres qu'aujourd'hui. Je ne connaissais pas...tout ça, dit Munier en désignant l'ordinateur. Les jeux vidéo, tous ces trucs virtuels...je n'ai rien contre, mais c'est un monde hors du monde, hors de notre réel, un monde où fuir le quotidien...
Thierry avait appris par coeur les leçons d'anglais audiovisuel que leur infligeait Mrs Levine, leur professeur depuis la cinquième, et pouvait reproduire à la perfection l'intonation de la bande-son, du moment qu'il n'avait pas à faire un réel effort de syntaxe ou d'imagination.
Que tu saches, avec des lettres noires sur du papier blanc, avec des taches d'encre sur de la fibre végétale, faire naître une émotion.
Je crois que l'ordinateur nous envoie les images qui sont en nous, cachées, qu'il nous met en face de ce que nous refusons de voir.
" Jouez avec...
Jouez avec, vôtre ami, surtout.
S'il n'est pas déjà trop tard.
ça ne finira jamais..."
Pourquoi est-ce toujours vous qui avez le droit de dire ce qui est bien ou mal, de décréter qui est l'agressé ou l'agresseur, le bourreau ou la victime ? Qui vous a donné le droit de juger ?