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Critiques de Manuel Puig (32)
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Le baiser de la femme-araignée

El Beso de la Mujer Araña

Traduction : Albert Bensoussan



Au coeur de l'Argentine de Videla, une cellule dans une prison de Buenos-Aires. S'y trouvent réunis un détenu politique, Valentin Arregui, chef d'un groupe d'opposants au régime qui, jusque là et malgré les tortures subies, n'a laissé passer aucune information véritable, et Luis Alberto Molina, homosexuel condamné pour détournement de mineur.



Les deux hommes - Molina est légèrement plus âgé qu'Arregui - ont fini par sympathiser. Plus chanceux qu'Arregui, Molina a encore sa mère qui, de temps à autre, lui envoie ou lui apporte des colis de nourriture dont il fait profiter son camarade de cellule. Et puis, Molina a tout de même des chances de sortir un jour ou l'autre de prison. Son avocat, on l'apprend d'ailleurs au début du roman, a bon espoir.



Chaque soir, avant de s'endormir, Molina a pris l'habitude de raconter à Arregui les films dont il a gardé le meilleur souvenir. Ce qui permet à Manuel Puig d'ouvrir son livre avec un récit magistral de "La Féline" de Jacques Tourneur. Joyaux du fantastique ou oeuvres de propagande, tout est bon en effet à Molina le cinéphile pour distraire celui qu'il nomme par son prénom, Valentin, alors que, on s'en aperçoit à la fin, ce dernier ne l'appellera jamais que par son nom de famille.



Il est vrai que, en espagnol, le "a" est une lettre féminine et que, peu à peu, au fur et à mesure que s'écoulent les jours d'enfermement et que Molina se met en quatre pour son voisin de cellule à la santé semble-t-il plus fragile, les rapports qui existaient entre les deux hommes subissent une douce mais irréversible mutation.



Peu importe si Molina est en fait un "mouton" contraint par l'administration pénitentiaire de tenter d'obtenir des renseignements décisifs en contrepartie de sa propre libération. Alors même qu'il en prend conscience, le lecteur sait que Molina ne trahira jamais Valentin.



Car le lecteur est aussi présent dans la cellule lorsque Molina incite Valentin à laisser de côté la nourriture de la prison (droguée de façon à le rendre malade et à affaiblir sa résistance) pour lui préférer celle qu'il parvient à obtenir du directeur sous couvert d'un colis que lui aurait envoyé sa mère.



Bien avant que Valentin s'en aperçoive, le lecteur a compris que Molina, qui se définit lui-même comme une femme, est tombé plus ou moins amoureux d'Arregui. Molina, en dépit du surnom de "femme-araignée" que lui donne par jeu son compagnon de cellule, n'a rien de la vamp : c'est une femme qui donne tout - y compris, pour finir, sa vie.



Manuel Puig ne recourt jamais à une analyse des pensées de ses personnages. Quand celles-ci surviennent, elles s'avancent en flot pressé et ressemblent plus à des images mentales, brutes de décoffrage, qu'à des réflexions muettes et profondes à la Marcel Proust.



A l'exception de deux entrevues avec le directeur de la prison et du rapport final sur la mort de Molina, "Le Baiser de la Femme-Araignée" est un immense dialogue entre les deux voisins de cellule et c'est par la subtilité et le naturel exceptionnels de ce dialogue que le lecteur prend pied peu à peu dans le mental des deux hommes.



Le procédé paraîtra peut-être déroutant à certains mais l'impression générale qui en ressort, c'est surtout l'admiration pour la maîtrise et la pudeur avec lesquelles Manuel Puig conduit son intrigue et ses personnages jusqu'à leur fin tragique mais inévitable. Il n'y a ici aucune trace de vulgarité ou de grossièreté et, lorsque le roman se clôt sur la mort d'Arregui, on a surtout la sensation d'avoir lu une belle, une grande histoire d'amour et d'amitié. ;o)
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Le baiser de la femme-araignée

Cet étrange roman a la particularité d'être quasi exclusivement composé de dialogues.

L'absence de narrateur explique la faiblesse narrative de ce roman qui se résume à des conversations entre deux prisonniers, un homosexuel et un opposant au régime, et des histoires tirées de films racontées par ce dernier pour chasser l'ennui.

Les personnages sont irritants : Valentin machiste et étroit d'esprit, malgré sa casquette de révolutionnaire. Molina, qui ne serait pas homosexuel mais plutôt de sensibilité transsexuelle car il se considère comme une femme, désespérant par sa passivité, sa bêtise et son hypocrisie.

Les scènes de sexe entre les deux hommes, prévisibles, sont navrantes par des dialogues crus ("laisse moi écarter les jambes", etc). Il faut avoir l'estomac bien accroché.



Malgré quelques rebondissements (Molina comme "agent triple" qui meurt par amour comme ses héroïnes de cinéma), le roman est une déception.

Je vous conseillerais plutôt l'adaptation cinématographique avec William Hurt, qui elle est excellente (mais avait fortement défplu à l'auteur, Manuel Puig). Elle a reçu plusieurs prix. =)

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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison de Buenos Aires, deux hommes ont été réunis dans une même cellule. Deux hommes qu'a priori tout oppose. Molina, homosexuel condamné pour détournement de mineur, se rêve en femme et ne sait que s'évader dans l'imaginaire. Valentin, activiste communiste, ne vit que pour la lutte, dans l'espoir de changer un jour la société.

Nuit et jour, Molina raconte à Valentin les films qu'il chérit - de vieux films romantiques, où le sens importe souvent moins que la beauté des images et des sentiments et où une femme, toujours, se sacrifie pour l'homme qu'elle aime.

D'histoire en histoire, à force de parler, les deux hommes peu à peu s'apprivoisent, se découvrent et apprennent à s'aimer.



N'allez pas chercher, dans ce roman, une mise en scène de l'univers carcéral. Les seules descriptions, assez longues et détaillées, appartiennent aux films que raconte Molina, et l'essentiel de la narration repose sur les dialogues entre les deux hommes, assortis de longues notes de bas de page qui résument l'histoire du regard psychanalytique et sociologique sur l'homosexualité et, par delà, l'identité sexuelle. Des notes assez insolites d'abord, puis de plus en plus intéressantes par la manière dont elles sous-tendent l'intrigue principale et orientent sa lecture.



Derrière une histoire d'amour touchante entre deux hommes mis à l'écart de la société - une société dont leurs désirs ou leurs engagements contestent l'ordre établi - le Baiser de la femme-araignée est aussi un roman sur l'image de la femme, sur l'enfermement des sexes dans des rôles figés, réducteurs, et sur la nécessité de remettre en question les diktats plus ou moins conscients d'une société patriarcale.



Un très beau roman, où les mots de la liberté se conjuguent avec ceux du rêve.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Le baiser de la femme-araignée

J'adore William Hurt, j'ai vu le film car il était dans le cast et j'ai adoré l'histoire. J'ai ensuite lu le livre, et j'ai super adoré. J'ai aussi vu la pièce de théâtre. Ce livre m'a fait découvrir Manuel Puig - j'ai presque tout lu de lui - qui a un style particulier, un peu romantique, un peu kitsch, une écriture sans trop de descriptions et beaucoup de dialogues. J'adore l'histoire de Molina, qui rêve l'homme parfait, et qui devient cette héroine qui sacrifie tout par amour. Ce livre parle d'homosexualité, mais aussi de politique, de torture, du régime argentin qui a fait beaucoup de victimes. On y retrouve des histoires dans l'histoire - les films racontés par Molina pour soulager la souffrance de Valentin -, qui se font écho et qui mènent le lecteur jusqu'à cette île de la dernière page. Bien structuré. Magnifique.
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Le baiser de la femme-araignée

Et si le lion de la MGM s’installait sur le divan de Freud ? Voilà une idée bien alléchante que Manuel Puig a proposée comme source et inspiration à son baiser de la femme araignée. Mais avant d’être définitivement ferré, je me suis laissé appâter par le titre pour le moins bizarre et la couverture digne d’une affiche de cinéma : une femme dans une longue robe de soirée, portant une voilette, se tient juste devant un mur où, d’une ouverture dans la paroi, des bras nus s’agrippent à des barreaux.

Dans les geôles de la dictature argentine, deux hommes aux caractères opposés partagent la même cellule. Valentin est un jeune guérillero plein de fougue et de conviction alors que son compagnon de cellule Molina, un peu plus âgé, se retrouve en prison pour détournement de mineurs. De ces deux êtres, que la sociabilité restreinte se limiterait en temps normal à celle partagée sur un siège de métro, vont se dévoiler au rythme des films que Molina raconte et reflète de manière subtile et insidieuse la sensibilité de chacun. Ode à l’âge d’or du cinéma européen de l’entre deux guerres, la lecture de ce roman m’a donné envie de mieux connaître ce cinéma qui ne s’affiche plus que dans les cinémathèques. L’exposé en exergue sur les origines et raisons (inventées ou véridiques … ) de l’homosexualité s’est révélé, mêlé au récit de cette rencontre, un utile plaidoyer à l’acceptation de la différence.

Prenez le temps de le lire, en plus d’une séance car comme dit Eddy

« C'était la dernièr' séance

Et le rideau sur l'écran est tombé

Bye bye les héros que j'aimais

L'entracte est terminé

Bye bye rendez-vous à jamais

Mes chocolats glacés, glacés. »

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Le baiser de la femme-araignée

J'ai vu l'adaptation du roman au cinema je pense que le livre me plaira tout autant.
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Le baiser de la femme-araignée

Roman qui a inspiré le fameux film d'Hector Babenco. Intrigue originale, beaux personnages. Réflexion sur le thème de l'altérité et de l'identité. Aussi pour les amateurs de cinéma et de Jacques Tourneur en particulier.
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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison argentine, au milieu des années 70, deux détenus partagent une cellule, les colis alimentaires de la mère de l'un d'eux et les minutes qui passent. Et pour qu'elles passent plus vite, Molina, un homme qui se sent femme et qui est là pour une histoire de moeurs, raconte les films qu'il a aimés à Valentin, prisonnier politique.



Ce roman est vraiment particulier par sa construction même. En effet, le lecteur n'aura droit qu'aux dialogues entre les deux détenus, agrémentés petitement par les dialogues de l'un d'eux avec l'administration, le tout entrecoupé de récits de films dramatiques, parfois via des phrases uniques qui s'étalent sur plusieurs pages. Je passe les notes en bas de page beaucoup trop denses qui nous apportent les thèses de Freud et d'autres psychanalystes sur l'homosexualité.

Les parties réservées aux dialogues se lisent très très vite tandis que les scènes de film sont quasi envoutantes. Comme le roman a été écrit en 1976, on peut supposer que le sujet de l'homosexualité et des transgenres était assez subversif. Pourtant l'écriture de Manuel Puig est simple, sans fard.



Il est assez rare de lire un roman où aucune description ne vient aider le lecteur à planter le décor et dans lequel à aucun moment on n'aborde la psychologie des personnages. Comme tout passe par les dialogues, que ceux-ci en dehors des récits cinématographiques, sont simples, voire simplistes ("Bonjour - as-tu bien dormi? - je te prépare du café ou un thé? - tu as été chercher de l'eau? - tu as mal au ventre?..."), c'est assez compliqué pour le lecteur de bien appréhender ces personnages. J'ai d'ailleurs régulièrement du réfléchir pour savoir qui avait la parole bien qu'ils ne soient que deux.

Est-ce que j'ai aimé ou pas ce roman? Bien difficile de répondre à cette question... il m'a plutôt laissé un drôle de sentiment, une sensation qui m'échappe. C'est sans contexte la lecture la plus étrange à laquelle je me sois confrontée cette année.

Comme un film a été adapté et qu'il a rencontré le succès, je vais laisser passer un peu de temps avant de le regarder. Peut-être que de nouveaux fils de compréhension de l'intention de l'auteur m'apparaîtront au visionnage...
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Le baiser de la femme-araignée

Un vrai roman. D'une extraordinaire poésie musicale. ... une émotion que je n'ai pas connue depuis des années. Je referme la dernière page avec l'impression de sauter dans le vide. Je reprends aussitôt la première pour la relire autrement. La virilité. C'est exactement ça !
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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison argentine croupissent Valentin et Molina. Le premier est un jeune militant communiste, prisonnier politique, torturé afin qu'il livre des informations sur les opérations révolutionnaires de ses camarades. Le second a été arrêté pour détournement de mineur ; homosexuel, il rêve du beau Gabriel, serveur dans un restaurant, tout en s'inquiétant pour sa mère, une vieille femme fragile. Dans leur cellule, Molina raconte à Valentin de vieux films des années 1940, vus dans les cinémas de Buenos Aires.



Les films que narre Molina parlent d'amours impossibles. Ce sont des tragédies au sens antique du mot : une force puissante, naturelle, surnaturelle, ou politique même, empêche deux êtres de se retrouver et de s'aimer. Tantôt c'est un magnat richissime qui, par son argent, tient prisonnière une femme et réduit son amant, un journaliste, à la déchéance physique, tantôt c'est une malédiction qui fait d'une femme une panthère, laquelle déchire les hommes qui l'embrassent. Parfois aussi c'est un sorcier vaudou qui tient sous sa coupe le propriétaire d'une grande exploitation et l'empêche d'aimer et d'être aimé véritablement. Dans toutes ces histoires, il y a néanmoins une part de rêve et de beauté : la beauté des décors, la beauté des maisons et des palais, la beauté des robes, la beauté de ces femmes, enfin, malheureuses mais magnifiques. Molina admire ces femmes parce qu'il s'identifie à elle. Lui aussi rêve d'un homme fort et sérieux qui le protégera et l'aimera.



Mais, quand les histoires se terminent, c'est toujours entre les quatre murs de leur cellule que Valentin et Molina se trouvent. Eux aussi font face à une puissance qui les maintient en détention, loin des personnes qu'ils aiment : sa mère et Gabriel pour Molina, Marta pour Valentin. Marta est une jeune femme qui a, un temps, épousé les idées de Valentin puis s'en est détachée. C'est parce qu'elle est profondément libre qu'elle plaît tant à Valentin. Et pourtant Valentin et Molina sont ensemble, eux que tout oppose. Valentin est un homme tandis que Molina se rêve et se pense femme ; Valentin est un idéologue (au sens que c'est l'idéologie communiste qui régit sa vie et dicte ses actes) tandis que Molina est un pragmatique ou, mieux, un sentimental. Leur vie commune forcée les rapproche peu à peu. Molina, comme la femme d'intérieur qu'il imagine idéale, se met au service de Valentin, le soigne, le nourrit, l'aime en secret. Valentin, porté par l'idée égalitariste et refusant les conceptions traditionnelles héritées des temps de l'exploitation, se laisse approcher, se laisse amadouer. Entre deux films racontés se découvrent leurs vies respectives ; entre deux belles histoires s'installe leur affection réciproque.



Porté par son idéologie, Valentin se pense partie d'un corps collectif qui doit triompher par la révolution. Torturé, il ne dit rien et refuse mêmeles soins pénitentiaires, de peur qu'on ne le drogue et qu'il trahisse. Il étudie la révolution pour mieux la porter, mais l'exemple de liberté le plus proche de lui, c'est Molina.



Molina s'évade par les rêves et par les mots : c'est le verbe qui casse les murs de la prison. Et même si l'on apprend, à la moitié du livre, que Molina joue le rôle d'informateur auprès du directeur de la prison, devenant ainsi l'infâme figure du Judas face à la figure torturée de Valentin, qui porte la liberté ou plutôt, la libération, comme un étendard, il ne faut pas oublier que Molina ne joue aucun autre rôle que celui de sa propre vie. La liberté, telle qu'incarnée par Molina, est absolue car c'est celle de l'être affranchi de toutes les conventions sociales (son homosexualité assumée dans l'Argentine des années 1970 le prouve assez) et de toutes les pressions politiques. Mu par l'amour qu'il éprouve pour Gabriel, pour sa mère et, finalement, pour Valentin, Molina acceptera même le danger de la lutte politique. Ce ne sera pas preuve d'un changement de paradigme pour Molina ; simplement l'expression de sa liberté absolue.
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Le baiser de la femme-araignée

Deux hommes emprisonnés dans une prison sordide de Buenos Aires se lient d'une étrange amitié. L'un des deux, fan de cinéma, va faire à son compagnon de cellule le récit de ses films préférés, réels ou imaginaires, dans une sorte de Décaméron moderne. Le texte est presque exclusivement composé des dialogues entre les deux hommes. Au fil des récits, une histoire de noue entre les deux hommes, faite d'amitié, de confidences savamment dosées, d'amour peut-être. Mais l'enfermement n'est pas que physique, il est aussi psychologique. Peut-on, pour sauver sa peau, trahir la confiance de l'autre ? Faut-il, pour la cause révolutionnaire, et au nom de cette amitié, mettre sa vie en jeu ? Une réflexion intéressante sur l'identité masculine, dans une société plutôt conservatrice sur cette question, sur la liberté face aux pressions sociales ou politiques.
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Le baiser de la femme-araignée

Je suis tombé sur ce roman par hasard. La couverture et le titre me plaisaient.

Pourtant, le récit n’a rien à voir avec ce que j’imaginais… Et j’ai été conquise.

Deux prisonniers, deux histoires, un long dialogue et une tonne d’émotion.



La seule chose qui m’a « dérangé » ce sont les notes de l’auteur pour expliquer l’homosexualité, études faites par de grands chercheurs tels que Freud. J’ai fini par les éviter. Elle gâchait le récit.

Et puis me convaincre que l’homosexualité n’est pas une maladie. De nos jours, enfin à mes yeux, c’est évident. Et ces justifications m’ont même un peu choqué.



À vous de le découvrir, j’ai plongé dans ce roman sans savoir ce qui m’attendait et c’est ce que j’aime le plus… Ne rien savoir.



Bonne lecture !




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Le baiser de la femme-araignée

Le baiser de la femme araignée est avant tout un dialogue, dialogue entre deux hommes, dans une prison argentine. Deux prisonniers que tout sépare : Valentin est un activiste politique idéaliste, Molina un transsexuel arrêté pour détournement de mineur. Ils n'ont rien en commun, a priori rien à se dire, et pourtant pour tromper la solitude et l'ennui, Molina va raconter à Valentin des films qu'il a aimé, histoires d'amours ou films de propagande Nazie, vieux films fantastiques, peu importe. Et au fil des récits viennent les confidences, des discussions progressives, des révélations sur l'un et sur l'autre, la naissance d'une certaine compréhension, d'une amitié puis une histoire d'amour.

Les dialogues ne sont pas écrit de manière réalistes, ce qui m'a parfois gêné mais cela n'importe finalement que peu, car c'est un livre qui a l'ambiance et la pudeur flamboyante de certains vieux films en noir et blanc, qui est une évasion par les mots et à la fois une rencontre.
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Le baiser de la femme-araignée

Le baiser de la femme araignée (el beso de la mujer araña), est un texte constitué presque exclusivement d'un dialogue qui se tient dans une prison argentine entre un prisonnier politique: Valentin Arregui et un homosexuel: Molina. Tout le roman repose sur l'évolution surprenante des relations entre les deux hommes. Molina est manipulé par les services de police qui espèrent obtenir des renseignements sur le réseau auquel appartenait Valentin. L'essentiel des conversations est nourri par des récits de films américains de série B dont Molina est grand consommateur, à l'instar de l'auteur Manuel Puig. Il y a aussi les entrevues entre Molina et le directeur de la prison. Celui-ci négocie la libération de Molina contre des renseignements que lui donnerait son compagnon de cellule. Ce qui n'était pas prévu, c'est l'attachement croissant que va éprouver Molina envers son co-détenu...

Une oeuvre très originale, d'une grande intensité psychologique, qui a été interdite au moment de sa publication en Argentine en 1976, au moment du coup d'Etat.
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Le baiser de la femme-araignée

Très connu roman argentin de Manuel Puig, dont la célébrité a été renforcée par son adaptation cinématographique d’Héctor Babenco, sorti en salles en 1985 et qui valut, excusez du peu, à l’acteur William Hurt l’Oscar du meilleur acteur et un prix au festival de Cannes, Le baiser de la femme-araignée a failli ne jamais faire partie de mes lectures.

Sans les commentaires enthousiastes de lectrices de ma connaissance, lectrices dont le goût m'a toujours paru très sûr, je ne l'aurai jamais ouvert et j'aurai raté quelque chose. J'avoue que les prémisses me faisaient un peu peur : il s’agit d’un roman carcéral où deux prisonniers s'évadent de leur cellule quand l'un conte à l'autre, tel une Shéhérazade argentine, les films qui ont su l'émouvoir. Le sujet est intéressant, oui, des plus originales, oui, mais difficile et j’imaginais mal comment il pouvait tenir sur tout le roman sans devenir quelque peu répétitif. Le moins qu'on puisse dire est que l'auteur s'en tire brillamment.

L'un des deux protagonistes, Valentin Arregui, est un prisonnier politique, révolutionnaire emprisonné pour ses idées politiques et son appartenance à des mouvements de lutte clandestine, tandis que l'autre, Molina, parle de lui-même au féminin, a été condamné pour détournement de mineur et n'a jamais mis les pieds dans un meeting politique de toute son existence. Rien donc en commun au début mais entre ces deux hommes naît un dialogue, nuit après nuit, qui rapproche finalement deux étrangers. Le texte est complété de notes de bas de pages sur les théories psychanalytiques sur l’homosexualité qui accompagnent le lecteur à mesure que, au fil des jours, au fil des films, se dessine une trame des sacrifices répétés de toutes les figures féminines que Molina admire tant. Tout en dialogue en ce qui concerne les deux prisonniers, l’histoire se fait touchante d'affection, d'amitié, portée par les tragédies superbes que conte Molina et qui préfigurent une fin inéluctable.

Un très joli roman, très pudique, sur les carcans que la société impose aux sexes mais aussi tout simplement une très jolie histoire.

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Le baiser de la femme-araignée

Ecrit en 1976 par Manuel Puig, « le baiser de la femme araignée » est un roman qui surprend par bien des aspects. Premiers sujets d’étonnement : l’histoire et les thématiques qu’elle soulève – particulièrement osées pour l’Amérique du Sud très conservatrice des années 70. Nous sommes à Buenos Aires dans une petite cellule où sont enfermés deux hommes aussi différents qu’il est possible de l’être. Le premier, Luis Molina, est un travesti condamné à huit ans de prison pour détournement de mineur. Le second, Valentin Arregui, est un activiste communiste incarcéré pour ses menées politiques contre le régime.



Accablés de solitude mais peu disposés à partager leurs souvenirs personnels, les deux hommes ont réussi à trouver un sujet de discussion pour passer le temps : le cinéma. Chaque soir, Molina raconte à son compagnon les films qui ont le plus marqué sa vie – films parfois fort surprenants car Molina a des goûts très éclectiques en la matière et alterne sans complexe chefs d’œuvre cinématographiques, films d’horreur à petit budget et œuvres propagandistes, pourvu que les femmes y soient belles et les histoires d’amour romantiques. Soir après soir, film après film, les deux hommes se rapprochent, laissant échapper entre deux récits des bribes d’information sur leur passé. De cette intimité croissante naîtra une affection et une tendresse qu’aucune des rigueurs carcérales ne parviendra à briser.



Autre aspect surprenant du roman : sa forme. Presque exclusivement constitué de dialogues, « Le baiser de la femme araignée » ne nous laisse découvrir sur le passé des protagonistes que ce que ceux-ci veulent bien nous laisser entrevoir. Aucune description. Aucune analyse psychologique. Mais celles-ci seraient tout à fait superflues, tant cet immense dialogue est mené avec intelligence et habilité. Ce que nous ignorons, nous le devinons ; ce qui nous est caché, nous le découvrons dans un sous-entendu, un mot échappé, une confidence déguisée… Subtile et pudique, le procédé permet de mettre en avant l’évolution de la relation entre les deux hommes, sans jamais verser dans la vulgarité. L’ensemble donne une émouvante histoire d’amour, toute en finesse et en suggestion. Une très touchante découverte que je recommande chaleureusement.



(Et maintenant, j’ai très envie de voir « La Féline » de Jacques Tourneur. C’est vrai qu’il a l’air splendide, ce film !)
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Le baiser de la femme-araignée

Deux hommes sont en cellule. L'un, homosexuel, pour détournement de mineur. L'autre, plus jeune, pour ses activités subversives et révolutionnaires. A priorité tout les sépares, mais étant au même endroit au même moment, la captivité va les rapprocher. L’aine à l'image même de l'auteur, est un véritable cinéphile, et jour après jour il va narrer les films qu'il a vu et fasciner ainsi son auditoire. Mais on ne joue pas franc, j'en ai peur.



Le point central du roman semble être l’homosexualité. D'ailleurs il est émaillé de notes de bas de page, très inintéressantes, qui en revanche semble sans rapport apparent avec les passages du livre qu'il agrémente. On y parle de théories sexuelles et des causes possible de l'homosexualité. Une oeuvre plaisante constituée principalement de dialogue et qui se lit bien.
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Le baiser de la femme-araignée

magnifique roman qui fait partie de mes meilleurs souvenirs de lecture !
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Le baiser de la femme-araignée

En 1976, au fond d'une prison à Buenos Aires, Valentin et Molina partagent la même cellule. Ils n'ont rien en commun, sauf d'être, chacun à sa manière, en conflit avec un certain ordre établi. Valentin, le plus jeune, est un prisonnier politique qui, malgré la torture, n'a lâché aucune information sur son réseau clandestin de résistance à la junte du général Videla. Molina, lui, est un homosexuel condamné pour détournement de mineur. Rien en commun donc, puisque l'un rêve de révolution et de justice sociale, tandis que l'autre rêve simplement d'amour. L'histoire ne dira pas lequel de ces rêves est le plus facile à réaliser, toujours est-il que, pour tenir, les deux hommes s'accrochent à leur idéal, se bercent d'illusions, plongent dans leurs souvenirs, imaginent la vie quand ils sortiront. Une chose les relie et permet le dialogue : les films que Molina raconte à Valentin, de vieux films américains des années 40-50, à l'eau de rose ou fantastiques, de zombies ou de femmes-panthères.



L'originalité de ce roman tient au fait qu'il ne constitue qu'un seul long dialogue entre Molina et Valentin, seulement entrecoupé de quelques rapports de police. Il n'y a pas de narrateur pour nous expliquer l'histoire des personnages, leurs comportements, leurs idées, leurs sentiments. Tout nous est donné brut de décoffrage, fragmentaire, progressif. A nous de reconstituer, renouer les fils, déduire, réfléchir.



Réfléchir, le mot est lâché. Car ce roman, avec sa trame minimaliste, est faussement simple. On commence avec deux détenus aussi différents que le jour et la nuit, dont l'un raconte des histoires à l'autre pour tuer le temps, et on en arrive à se demander lequel des deux est le plus « révolutionnaire ». Valentin, le subversif « primaire », évident, qui n'a que slogans et grands principes à la bouche, ou Molina qui, avec sa sensibilité de midinette et sa bonté envers Valentin, posera les actes qui modifieront, modestement mais réellement, le cours de l'histoire ? Lequel des deux est le plus proche de la vérité, de la réalité, de la liberté ? Car ils ne sont pas seulement enfermés dans leur cellule, victimes de la répression politique ou sociale. Ils sont aussi enfermés dans leur tête, aux prises avec des dilemmes irréductibles : Valentin est amoureux d'une fille qui ne cadre pas avec ses idéaux sociaux, Molina voudrait être une femme dans un pays où la virilité est une obligation. Toutes ces questions surgissent au fil des pages, et, alors qu'on observe l'évolution de la relation entre deux hommes, on s'aperçoit aussi que les femmes sont très présentes : la mère de Molina, la « camarade » de Valentin, et les femmes des films qui, toutes, sont victimes, d'une façon ou d'une autre, de la domination des hommes. Et la plus prisonnière de toutes : celle que chaque homme porte en lui, étouffée sous des strates séculaires de machisme. A ce petit jeu, Molina a quelques coups d'avance, conscient qu'il est de sa part de féminité, qu'il tente de libérer quoi qu'en disent les braves gens. Quand je vous disais que le subversif de l'histoire n'est pas forcément celui qu'on croit...



Le baiser de la femme-araignée est un roman captivant, touchant, avec plusieurs niveaux de lecture. Une toile complexe dont je n'ai sans doute pas réussi à démêler tous les fils...
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Le baiser de la femme-araignée

Ce livre écrit en 1976 peut se targuer de pas mal d'originalités et de diverses tentatives. Plusieurs formes et styles dans un livre. Un genre de Contes des mille et une nuits, sous forme de films racontés par un détenu plus ou moins pédophile et homosexuel à un autre détenu pour des faits politiques ou terroristes. Le premier essayant d'obtenir des informations sur le second afin d'avoir une remise de peine. L'auteur ajoute de longs (beaucoup trop longs) extraits de théorie essentiellement psychanalytique (Freud, Fenichel, etc.) concernant la pédophilie, l'homosexualité (causes, etc.), très vieillotte théorie et assez lourde à lire.

Des dialogues (très proche du langage parlé donc) aussi entre les détenus, entre détenu et directeur de prison... Et donc la narration de films... censés éclairer ou divertir mais qui au fond je trouve n'apportent pas grand chose... Et le rapprochement aussi de ces deux hommes différents, à travers cet espace confiné et ces histoires... Une galère en commun. La prison.

Bref, plein de choses dans ce roman touffu qui n'est pas très maîtrisé selon moi, se révélant du coup difficile à lire et où l'on se perd sans réel plaisir. Prendre ce "on" pour un "je" et se faire soi-même son avis. Mais pas un indispensable...



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