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Critiques de Manuel Puig (32)
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Le plus beau tango du monde

Le plus beau tango du monde de Manuel Puig

Échange de lettres entre Nelly Massa et Doña Léonor suite au décès de Jean Charles fils de cette dernière à l’âge de 29 ans. Nous n’avons que les textes de Nelly, nous ne pouvons que deviner la teneur de celles de Léonor. Entre deux lectures, Nelly écoute de la musique, un tango qui raconte les malheurs d’un homme qui a perdu sa bien aimée. Peu à peu on comprend que Nelly a fréquenté Jean Charles et qu’ils ont eu un très important échange épistolaire et qu’elle aimerait récupérer ses lettres. Mais peu à peu le ton change, Léonor semble ne pas avoir reçu la lettre dans laquelle Nelly voulait récupérer sa correspondance et cette dernière s’énerve en accusant la fille de Léonor de vouloir lui nuire. Les courtes missives de Nelly se transforment en nouvelles journalières entre sa vie avec son mari qu’elle déteste( qu’elle adore dans une autre lettre) et l’origine de sa brouille avec Célina la fille de Léonor qu’elle avait connue très jeune à l’école. C’est l’intégralité de la vie de Nelly qui va surgir dans des lettres de plus en plus longues et détaillées. On apprend sa liaison avec Jean Charles qui déplaît à ses parents qui apprennent sa maladie et lui conseillent de ne plus le voir jusqu’à sa guérison. Nelly de son côté interroge une « conseillère » dans un journal ne sachant plus quoi faire. Elle court après Jean Charles et le docteur Aschero court après elle. En avril 1937elle n’avait toujours pas cédé à Jean Charles. Retour sur le traitement de ce dernier, atteint de la tuberculose, dans un sanatorium à travers des échanges de lettres avec Nelly, on ne connaît que ce qu’il lui écrit.

Critique à peine voilée d’une certaine société argentine, désœuvrée, se nourrissant de ragots et de feuilletons radiophoniques, le ton est humoristique, un rien moqueur, on s’ennuie ferme et les journées sont longues, alors on écoute de la musique, le tango et ses paroles rythment le temps.

Le style est particulièrement original avec des échanges épistolaires dont Puig ne nous fournit que des fragments, au lecteur de reconstituer la teneur de l’histoire. Dialogues intérieurs, monologues et dialogues mélangés, c’est un curieux et fascinant roman qu’a construit Manuel Puig, auteur du célèbre « Baiser de la femme araignée ».

Un style à découvrir.

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Les Mystères de Buenos Aires

LES MYSTÈRES DE BUENOS AIRES de MANUEL PUIG

Playa Blanca, mai 69, Clara s’éveille, sa fille Gladys dort à côté dans sa chambre avec une crise de prostration nerveuse, on l’avait crue guérie et puis le retour dans le milieu artistique de Buenos Aires l’avait fait replonger. Clara repense à la mort de son mari, la perte financière, le séjour de Gladys aux États Unis. Elle rentre dans sa chambre, elle a disparu, seul son manteau est manquant. Mai 69, Buenos Aires, un homme dans une pièce avec une femme sur un lit, très blanche, les mains attachées en arrière avec une cravate, bâillonnée, Gladys? Jeune elle avait un talent pour le dessin, avait eu une bourse pour étudier à New York, premières expériences sexuelles, choc de la rencontre avec Léo Druscovich, l’immense critique d’art qui lui dit adorer ses sculptures, elle n’a qu’une envie le revoir, lui veut qu’elle soit la représentante de l’Argentine pour la grande exposition mais une autre avait déjà été choisie…

On navigue entre un univers romanesque et un bon vieux polar aux accents hollywoodiens. Chaque chapitre s’ouvre sur un dialogue de vieux films américains et la description des personnages fait penser à un gros plan cinématographique . On est dans la parodie, Puig se joue des codes et nous entraîne dans un récit complexe erotique et inquiétant. Un écrivain vraiment original.
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Le baiser de la femme-araignée

Deux hommes emprisonnés dans une prison sordide de Buenos Aires se lient d'une étrange amitié. L'un des deux, fan de cinéma, va faire à son compagnon de cellule le récit de ses films préférés, réels ou imaginaires, dans une sorte de Décaméron moderne. Le texte est presque exclusivement composé des dialogues entre les deux hommes. Au fil des récits, une histoire de noue entre les deux hommes, faite d'amitié, de confidences savamment dosées, d'amour peut-être. Mais l'enfermement n'est pas que physique, il est aussi psychologique. Peut-on, pour sauver sa peau, trahir la confiance de l'autre ? Faut-il, pour la cause révolutionnaire, et au nom de cette amitié, mettre sa vie en jeu ? Une réflexion intéressante sur l'identité masculine, dans une société plutôt conservatrice sur cette question, sur la liberté face aux pressions sociales ou politiques.
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Les Mystères de Buenos Aires

Oh la la je comprends rien du tout

(J'en suis à la page 75). Narrateur ?? Intrigue ? Genre littéraire ???

J'ai souvenir d'avoir été plutôt impressionnée , en 85, par le film "El beso de la mujer araña", il n'y avait personne dans la salle, tout était bizarre, et puis, ma culture hollywoodienne étant proche de zéro, je manquais certes de références pour avoir de bons repères.

Ici, pareil, je sens que l'auteur se marre en faisant telle ou telle incise ( ex: Si elle avait à ce moment là poursuivi à pied son itinéraire habituel, elle aurait rencontré sur l'avenue une vieille connaissance: le bel auteur d'Icare. Ce garçon était de passage à Washington, ... il savait que Gladys s'y trouvait, et il l'aurait revue avec plaisir s'il avait su son adresse."

Visiblement c'est juste gratuit, histoire de nous dire que la narration pourrait être autre que le récit qu'il nous propose. Un procédé parmi plein d'autres pour casser tout risque d'identification avec l'histoire que nous lisons.

N'étant plus amatrice depuis mille ans de ces techniques de déconstructions narratives, je ne suis pas certaine d'aller jusqu'au bout de ce roman...
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Le baiser de la femme-araignée

LE BAISER DE LA FEMME- ARAIGNÉE de MANUEL PUIG

Dans une prison de Buenos Aires, deux prisonniers partagent une cellule, Molina, homosexuel arrêté pour détournement de mineur et Valentin, un guérillero urbain. Pour oublier leur détention Molina raconte à Valentin des films, des scénarios et progressivement leur rapport va évoluer vers une amitié amoureuse. Ce que Valentin ne sait pas c’est que Molina a un accord avec les autorités pour lui extorquer des informations et faire tomber son groupe révolutionnaire.. Entre ce marché et son amour pour Valentin, Molina va devoir choisir.

Un livre prenant, magnifique, je vous le conseille ainsi que le film du même titre avec William Hurt dans les années 80.
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Le baiser de la femme-araignée

Je suis tombé sur ce roman par hasard. La couverture et le titre me plaisaient.

Pourtant, le récit n’a rien à voir avec ce que j’imaginais… Et j’ai été conquise.

Deux prisonniers, deux histoires, un long dialogue et une tonne d’émotion.



La seule chose qui m’a « dérangé » ce sont les notes de l’auteur pour expliquer l’homosexualité, études faites par de grands chercheurs tels que Freud. J’ai fini par les éviter. Elle gâchait le récit.

Et puis me convaincre que l’homosexualité n’est pas une maladie. De nos jours, enfin à mes yeux, c’est évident. Et ces justifications m’ont même un peu choqué.



À vous de le découvrir, j’ai plongé dans ce roman sans savoir ce qui m’attendait et c’est ce que j’aime le plus… Ne rien savoir.



Bonne lecture !




Lien : https://angelscath.blogspot...
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Les Mystères de Buenos Aires

Les Mystères de Buenos Aires titre parfaitement adapté à l’ouvrage tant la narration et l’intrigue sont retorses. Une histoire un peu tordue dans laquelle on se perd et il faut prendre son mal en patience pour savoir ou l’auteur veut en venir.

Toutefois même si la lecture des scènes éparpillées, façon puzzle au quatre coins et temps de Buenos Aires, est parfois pénible, le style soutenu est accrocheur et donne envie de poursuivre. Mais il génère quand même quelques interrogations: Puig prend il le lecteur pour un gobe-mouches?

On est, plus dans L’abrazo et l’improvisation du tango argentin (tu veux ou tu veux pas ? ou je t’aime moi non plus ) que dans le paso-doble plus martial et plus direct. C’est l’esprit affectif sud américain sans doute



Donc Puig dans sa narration virevolte et passe du coq à l’âne: du compte-rendu à l’article de journal, ensuite interrogatoire policier (façon Juve et Fandor Tu mens ! Tu mens ! Tu mens ! Il ment ! Il ment !), monologues sexuels fantasmés, rêvés ou non, séances de « En thérapie » façon Philippe Dayan, autopsie façon Kay Scarpetta, interviews, échanges téléphoniques (façon Fernand Raynaud car l’interlocuteur ni répond, ni ne toussote), scripts de cinéma  façon France Roche, et bien d’autres qui nous perdent un peu ( un pas en avant deux sur le coté) mais cela intrigue suffisamment pour nous inciter à ne pas lâcher le bouquin: on sent qu’il y a quelque chose au bout de la ligne.

On navigue entre deux eaux et au radar ce qui est certain c’est que les personnages sont pour le moins assez perturbés et leurs occupations sexuelles et psychiques sont au centre de toutes les pensées c’est parfois un peu balourd même signifié cliniquement.

On est assez loin du « comment vont tes amours »de Bridget Jones mais on n’est pas non plus dans « les promises » de Grangé

Masto, Mbite, Mbinda y’en a !Comme dit le gabonais en Tolibangando pour corser le mystère sur américain..

En fin de compte on n’est pas sur à la fin d’avoir tout compris: on verra à la relecture si besoin est et si vous avez un peu de courage c’est un livre pour vous: il n’y a que le premier pas qui coûte!

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Le baiser de la femme-araignée

le baiser de la femme araignée et le baiser de Juda sont parfois les deux faces d’une même médaille comme pourrait l’apprendre l’un des personnages dans un huit clos carcéral argentin

La prison en Amérique du sud est une toile d’araignée dont on ne sort pas indemne surtout lorsqu’on est un militant politique sans espoir d’avenir mais il y a l’amour



un livre original d’une part par sa construction en strates (ou on se perd un peu) et d’autre part le style oral de la narration essentiellement des dialogues



la première strate: l’ histoire d’ un couple de prisonniers dont l’ un homosexuel, qui essayent de survivre à la prison. Véritable babillage comme entre deux époux surtout basé sur le vécu de la journée de détention sur les petits problèmes domestiques, d’ego de chacun, de nourriture et de santé  du moment notamment la "courante"

Une seconde strate à l’intérieur de laquelle des histoires, véritables petites nouvelles, tirées de film sont imbriquées et racontées : une femme panthère a new York, Une française amoureuse d’un allemand en 1945, une femme zombie aux Antilles, une millionnaire à l’ amour impossible au Mexique

Une narration explicative qui semblerait être un monologue d’un personnage, écrit en gras et en italique, formulée de manière expéditive vient s’insérer dans l’histoire et former la troisième strate

La quatrième est étonnement composée par des renvois explicatifs en bas de page (astérisques) concernant des références de psychanalyse et sociologie, véritables histoires au sein même de la narration

Un curieux assemblage de narrations donc, conçue comme une toile d’araignée, qui peuvent être lues indépendamment mais formant un tout, presque une suites de nouvelles enchevêtrées les unes dans les autres à des niveaux divers. Curieux mais efficace et qui se lit d’une traite





Une bien belle narration argentine pleine de chaleur malgré le contexte et le sort peu enviable des personnages et un Manuel Puig véritable « veuf noir » des ergastules argentines  Des piqûres comme celle-ci sont plutôt les bien venues

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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison argentine, au milieu des années 70, deux détenus partagent une cellule, les colis alimentaires de la mère de l'un d'eux et les minutes qui passent. Et pour qu'elles passent plus vite, Molina, un homme qui se sent femme et qui est là pour une histoire de moeurs, raconte les films qu'il a aimés à Valentin, prisonnier politique.



Ce roman est vraiment particulier par sa construction même. En effet, le lecteur n'aura droit qu'aux dialogues entre les deux détenus, agrémentés petitement par les dialogues de l'un d'eux avec l'administration, le tout entrecoupé de récits de films dramatiques, parfois via des phrases uniques qui s'étalent sur plusieurs pages. Je passe les notes en bas de page beaucoup trop denses qui nous apportent les thèses de Freud et d'autres psychanalystes sur l'homosexualité.

Les parties réservées aux dialogues se lisent très très vite tandis que les scènes de film sont quasi envoutantes. Comme le roman a été écrit en 1976, on peut supposer que le sujet de l'homosexualité et des transgenres était assez subversif. Pourtant l'écriture de Manuel Puig est simple, sans fard.



Il est assez rare de lire un roman où aucune description ne vient aider le lecteur à planter le décor et dans lequel à aucun moment on n'aborde la psychologie des personnages. Comme tout passe par les dialogues, que ceux-ci en dehors des récits cinématographiques, sont simples, voire simplistes ("Bonjour - as-tu bien dormi? - je te prépare du café ou un thé? - tu as été chercher de l'eau? - tu as mal au ventre?..."), c'est assez compliqué pour le lecteur de bien appréhender ces personnages. J'ai d'ailleurs régulièrement du réfléchir pour savoir qui avait la parole bien qu'ils ne soient que deux.

Est-ce que j'ai aimé ou pas ce roman? Bien difficile de répondre à cette question... il m'a plutôt laissé un drôle de sentiment, une sensation qui m'échappe. C'est sans contexte la lecture la plus étrange à laquelle je me sois confrontée cette année.

Comme un film a été adapté et qu'il a rencontré le succès, je vais laisser passer un peu de temps avant de le regarder. Peut-être que de nouveaux fils de compréhension de l'intention de l'auteur m'apparaîtront au visionnage...
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Le baiser de la femme-araignée

El beso de la mujer araña es una novela del escritor argentino Manuel Puig, publicada en 1976 por la editorial Seix Barral de Barcelona. Basada en una parte de la vida de Luis González de Alba, preso político por el movimiento estudiantil de 1968. Las coincidencias se pueden encontrar en el libro Otros dias, otros años, de la editorial Planeta, solo que Puig cambió la sexualidad de los protagonistas. El libro relata la historia de dos presos que conviven en la misma celda, uno político y otro homosexual. Fue incluida en la lista de las 100 mejores novelas en español del siglo XX del periódico español El Mundo.1​Esta historia, prohibida en los años 1970 por la dictadura militar argentina (país de origen de Manuel Puig) fue llevada al cine en 1985 por el director Héctor Babenco y protagonizada por Sônia Braga, William Hurt y Raúl Juliá.



B
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Le baiser de la femme-araignée

Un vrai roman. D'une extraordinaire poésie musicale. ... une émotion que je n'ai pas connue depuis des années. Je referme la dernière page avec l'impression de sauter dans le vide. Je reprends aussitôt la première pour la relire autrement. La virilité. C'est exactement ça !
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Le baiser de la femme-araignée

Ce livre écrit en 1976 peut se targuer de pas mal d'originalités et de diverses tentatives. Plusieurs formes et styles dans un livre. Un genre de Contes des mille et une nuits, sous forme de films racontés par un détenu plus ou moins pédophile et homosexuel à un autre détenu pour des faits politiques ou terroristes. Le premier essayant d'obtenir des informations sur le second afin d'avoir une remise de peine. L'auteur ajoute de longs (beaucoup trop longs) extraits de théorie essentiellement psychanalytique (Freud, Fenichel, etc.) concernant la pédophilie, l'homosexualité (causes, etc.), très vieillotte théorie et assez lourde à lire.

Des dialogues (très proche du langage parlé donc) aussi entre les détenus, entre détenu et directeur de prison... Et donc la narration de films... censés éclairer ou divertir mais qui au fond je trouve n'apportent pas grand chose... Et le rapprochement aussi de ces deux hommes différents, à travers cet espace confiné et ces histoires... Une galère en commun. La prison.

Bref, plein de choses dans ce roman touffu qui n'est pas très maîtrisé selon moi, se révélant du coup difficile à lire et où l'on se perd sans réel plaisir. Prendre ce "on" pour un "je" et se faire soi-même son avis. Mais pas un indispensable...



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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison argentine croupissent Valentin et Molina. Le premier est un jeune militant communiste, prisonnier politique, torturé afin qu'il livre des informations sur les opérations révolutionnaires de ses camarades. Le second a été arrêté pour détournement de mineur ; homosexuel, il rêve du beau Gabriel, serveur dans un restaurant, tout en s'inquiétant pour sa mère, une vieille femme fragile. Dans leur cellule, Molina raconte à Valentin de vieux films des années 1940, vus dans les cinémas de Buenos Aires.



Les films que narre Molina parlent d'amours impossibles. Ce sont des tragédies au sens antique du mot : une force puissante, naturelle, surnaturelle, ou politique même, empêche deux êtres de se retrouver et de s'aimer. Tantôt c'est un magnat richissime qui, par son argent, tient prisonnière une femme et réduit son amant, un journaliste, à la déchéance physique, tantôt c'est une malédiction qui fait d'une femme une panthère, laquelle déchire les hommes qui l'embrassent. Parfois aussi c'est un sorcier vaudou qui tient sous sa coupe le propriétaire d'une grande exploitation et l'empêche d'aimer et d'être aimé véritablement. Dans toutes ces histoires, il y a néanmoins une part de rêve et de beauté : la beauté des décors, la beauté des maisons et des palais, la beauté des robes, la beauté de ces femmes, enfin, malheureuses mais magnifiques. Molina admire ces femmes parce qu'il s'identifie à elle. Lui aussi rêve d'un homme fort et sérieux qui le protégera et l'aimera.



Mais, quand les histoires se terminent, c'est toujours entre les quatre murs de leur cellule que Valentin et Molina se trouvent. Eux aussi font face à une puissance qui les maintient en détention, loin des personnes qu'ils aiment : sa mère et Gabriel pour Molina, Marta pour Valentin. Marta est une jeune femme qui a, un temps, épousé les idées de Valentin puis s'en est détachée. C'est parce qu'elle est profondément libre qu'elle plaît tant à Valentin. Et pourtant Valentin et Molina sont ensemble, eux que tout oppose. Valentin est un homme tandis que Molina se rêve et se pense femme ; Valentin est un idéologue (au sens que c'est l'idéologie communiste qui régit sa vie et dicte ses actes) tandis que Molina est un pragmatique ou, mieux, un sentimental. Leur vie commune forcée les rapproche peu à peu. Molina, comme la femme d'intérieur qu'il imagine idéale, se met au service de Valentin, le soigne, le nourrit, l'aime en secret. Valentin, porté par l'idée égalitariste et refusant les conceptions traditionnelles héritées des temps de l'exploitation, se laisse approcher, se laisse amadouer. Entre deux films racontés se découvrent leurs vies respectives ; entre deux belles histoires s'installe leur affection réciproque.



Porté par son idéologie, Valentin se pense partie d'un corps collectif qui doit triompher par la révolution. Torturé, il ne dit rien et refuse mêmeles soins pénitentiaires, de peur qu'on ne le drogue et qu'il trahisse. Il étudie la révolution pour mieux la porter, mais l'exemple de liberté le plus proche de lui, c'est Molina.



Molina s'évade par les rêves et par les mots : c'est le verbe qui casse les murs de la prison. Et même si l'on apprend, à la moitié du livre, que Molina joue le rôle d'informateur auprès du directeur de la prison, devenant ainsi l'infâme figure du Judas face à la figure torturée de Valentin, qui porte la liberté ou plutôt, la libération, comme un étendard, il ne faut pas oublier que Molina ne joue aucun autre rôle que celui de sa propre vie. La liberté, telle qu'incarnée par Molina, est absolue car c'est celle de l'être affranchi de toutes les conventions sociales (son homosexualité assumée dans l'Argentine des années 1970 le prouve assez) et de toutes les pressions politiques. Mu par l'amour qu'il éprouve pour Gabriel, pour sa mère et, finalement, pour Valentin, Molina acceptera même le danger de la lutte politique. Ce ne sera pas preuve d'un changement de paradigme pour Molina ; simplement l'expression de sa liberté absolue.
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Le baiser de la femme-araignée

Deux prisonniers partagent un cellule dans l'Argentine de la dictature militaire : Molina, étalagiste homosexuel, personnage frivole et égocentrique, emprisonné pour corruption de mineur, et Valentin, accusé de subversion et obsédé par la femme qu'il a abandonné pour s'engager dans la lutte révolutionnaire.



Pour oublier les séances de torture auxquelles ils sont régulièrement soumis, Molina commence à raconter à Valentin les intrigues des vieux films romantiques qu'il adore. Réticent au départ, Valentin rejoint Molina à l'intérieur de cet univers glamour et sentimental, attendant la prochaine histoire avec impatience. Molina, lui, finit par embrasser la cause de Valentin.



Le face à face des acteurs avec la violence de Valentin mis en parallèle avec la "fluidité" de Molina est parfois insoutenable. La situation des personnages des scénarios de Molina reflètent la relation entre les deux hommes, qui passe de l'indifférence à l'amitié, de la compassion à l'amour.
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Le baiser de la femme-araignée

Deux hommes sont en cellule. L'un, homosexuel, pour détournement de mineur. L'autre, plus jeune, pour ses activités subversives et révolutionnaires. A priorité tout les sépares, mais étant au même endroit au même moment, la captivité va les rapprocher. L’aine à l'image même de l'auteur, est un véritable cinéphile, et jour après jour il va narrer les films qu'il a vu et fasciner ainsi son auditoire. Mais on ne joue pas franc, j'en ai peur.



Le point central du roman semble être l’homosexualité. D'ailleurs il est émaillé de notes de bas de page, très inintéressantes, qui en revanche semble sans rapport apparent avec les passages du livre qu'il agrémente. On y parle de théories sexuelles et des causes possible de l'homosexualité. Une oeuvre plaisante constituée principalement de dialogue et qui se lit bien.
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Le baiser de la femme-araignée

Roman qui a inspiré le fameux film d'Hector Babenco. Intrigue originale, beaux personnages. Réflexion sur le thème de l'altérité et de l'identité. Aussi pour les amateurs de cinéma et de Jacques Tourneur en particulier.
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Le baiser de la femme-araignée

magnifique roman qui fait partie de mes meilleurs souvenirs de lecture !
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Le baiser de la femme-araignée

Et si le lion de la MGM s’installait sur le divan de Freud ? Voilà une idée bien alléchante que Manuel Puig a proposée comme source et inspiration à son baiser de la femme araignée. Mais avant d’être définitivement ferré, je me suis laissé appâter par le titre pour le moins bizarre et la couverture digne d’une affiche de cinéma : une femme dans une longue robe de soirée, portant une voilette, se tient juste devant un mur où, d’une ouverture dans la paroi, des bras nus s’agrippent à des barreaux.

Dans les geôles de la dictature argentine, deux hommes aux caractères opposés partagent la même cellule. Valentin est un jeune guérillero plein de fougue et de conviction alors que son compagnon de cellule Molina, un peu plus âgé, se retrouve en prison pour détournement de mineurs. De ces deux êtres, que la sociabilité restreinte se limiterait en temps normal à celle partagée sur un siège de métro, vont se dévoiler au rythme des films que Molina raconte et reflète de manière subtile et insidieuse la sensibilité de chacun. Ode à l’âge d’or du cinéma européen de l’entre deux guerres, la lecture de ce roman m’a donné envie de mieux connaître ce cinéma qui ne s’affiche plus que dans les cinémathèques. L’exposé en exergue sur les origines et raisons (inventées ou véridiques … ) de l’homosexualité s’est révélé, mêlé au récit de cette rencontre, un utile plaidoyer à l’acceptation de la différence.

Prenez le temps de le lire, en plus d’une séance car comme dit Eddy

« C'était la dernièr' séance

Et le rideau sur l'écran est tombé

Bye bye les héros que j'aimais

L'entracte est terminé

Bye bye rendez-vous à jamais

Mes chocolats glacés, glacés. »

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Le baiser de la femme-araignée

En 1976, au fond d'une prison à Buenos Aires, Valentin et Molina partagent la même cellule. Ils n'ont rien en commun, sauf d'être, chacun à sa manière, en conflit avec un certain ordre établi. Valentin, le plus jeune, est un prisonnier politique qui, malgré la torture, n'a lâché aucune information sur son réseau clandestin de résistance à la junte du général Videla. Molina, lui, est un homosexuel condamné pour détournement de mineur. Rien en commun donc, puisque l'un rêve de révolution et de justice sociale, tandis que l'autre rêve simplement d'amour. L'histoire ne dira pas lequel de ces rêves est le plus facile à réaliser, toujours est-il que, pour tenir, les deux hommes s'accrochent à leur idéal, se bercent d'illusions, plongent dans leurs souvenirs, imaginent la vie quand ils sortiront. Une chose les relie et permet le dialogue : les films que Molina raconte à Valentin, de vieux films américains des années 40-50, à l'eau de rose ou fantastiques, de zombies ou de femmes-panthères.



L'originalité de ce roman tient au fait qu'il ne constitue qu'un seul long dialogue entre Molina et Valentin, seulement entrecoupé de quelques rapports de police. Il n'y a pas de narrateur pour nous expliquer l'histoire des personnages, leurs comportements, leurs idées, leurs sentiments. Tout nous est donné brut de décoffrage, fragmentaire, progressif. A nous de reconstituer, renouer les fils, déduire, réfléchir.



Réfléchir, le mot est lâché. Car ce roman, avec sa trame minimaliste, est faussement simple. On commence avec deux détenus aussi différents que le jour et la nuit, dont l'un raconte des histoires à l'autre pour tuer le temps, et on en arrive à se demander lequel des deux est le plus « révolutionnaire ». Valentin, le subversif « primaire », évident, qui n'a que slogans et grands principes à la bouche, ou Molina qui, avec sa sensibilité de midinette et sa bonté envers Valentin, posera les actes qui modifieront, modestement mais réellement, le cours de l'histoire ? Lequel des deux est le plus proche de la vérité, de la réalité, de la liberté ? Car ils ne sont pas seulement enfermés dans leur cellule, victimes de la répression politique ou sociale. Ils sont aussi enfermés dans leur tête, aux prises avec des dilemmes irréductibles : Valentin est amoureux d'une fille qui ne cadre pas avec ses idéaux sociaux, Molina voudrait être une femme dans un pays où la virilité est une obligation. Toutes ces questions surgissent au fil des pages, et, alors qu'on observe l'évolution de la relation entre deux hommes, on s'aperçoit aussi que les femmes sont très présentes : la mère de Molina, la « camarade » de Valentin, et les femmes des films qui, toutes, sont victimes, d'une façon ou d'une autre, de la domination des hommes. Et la plus prisonnière de toutes : celle que chaque homme porte en lui, étouffée sous des strates séculaires de machisme. A ce petit jeu, Molina a quelques coups d'avance, conscient qu'il est de sa part de féminité, qu'il tente de libérer quoi qu'en disent les braves gens. Quand je vous disais que le subversif de l'histoire n'est pas forcément celui qu'on croit...



Le baiser de la femme-araignée est un roman captivant, touchant, avec plusieurs niveaux de lecture. Une toile complexe dont je n'ai sans doute pas réussi à démêler tous les fils...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Le plus beau tango du monde

En publiant en 1969 Le plus beau tango du monde, Manuel Puig entrait pleinement dans le cercle de ces auteurs sud-américains virtuoses, inventeurs de monde ou de langues, ce qui revient souvent au même. Dans ce roman, Puig oublie la linéarité de la narration, mais c’est pour mieux photographier par les lettres et les mots une Argentine aux vies multiples qui se croisent et s’écroulent parfois, comme partout dans le monde.



L’histoire, s’il faut qu’il y en ait une, c’est celle des vies de jeunes Argentins et Argentines, originaires de Vallejos mais qui regardent vers Buenos Aires, la grande capitale, avant de s’y installer peut-être, à moins qu’ils ne préfèrent l’air pur de Cosquin pour leurs poumons viciés, et ces vies d’hommes et de femmes sont faites d’amour, naturellement, de souvenirs aussi beaux que douloureux et de souci pour la position sociale. Le roman débute par la nécrologie de Jean-Charles Etcheparre, atteint et emporté par la tuberculose à l’âge de 27 ans, et qui est le personnage central de ce roman, au sens où il rassemble autour de lui les amours et les jalousies.



C’est la forme du récit qui fait la force du roman. Maniant les genres et les sous-genres littéraires, passant de l’article de journal au dialogue puis au monologue, au monologue intériorisé qui s’enlace avec le dialogue, cherchant les petits détails dans des récits descriptifs, laissant libre cours à la narration, Puig s’intéresse aussi bien aux passions amoureuses qui conduisent aux meurtres qu’aux récits imaginaires radiophoniques qui narrent d’autres amours dans d’autres contrées en d’autres époques. Cette multiplication des modes de narration permet une multiplication des points de vue, souvent subjectifs mais qui décrivent les évènements de la vie tels qu’ils ont été vécus et tels qu’ils sont racontés, avec cette part éminemment personnelle et donc fausse, mais qu’est-ce que le vrai dans une œuvre de fiction ?
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