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Citations de Marc Bernard (51)


Portraits animés : Jean Paulhan [portrait publié le 4 décembre 1936 ]

C'est à lui que j'avais envoyé mon premier manuscrit. Huit jours plus tard, je recevais sa réponse : "Considérez-vous désormais à la NRF comme chez vous..." Ma confiance dans les hommes était une fois de plus récompensée. (...)
Jean Paulhan, lui, ne croit pas. Il est de la lignée des Montaigne. Toute affirmation le trouve sur la défensive. (...) il n'aime pas les à-peu-près, les généralités, les phrases et les pensées toutes faites. Il se méfie de tout cela. C'est peut-être la seule chose au monde qui l'impatiente, car pour tout le reste il a, comme on dit, une patience d'ange. (p. 88)
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Léon Daudet : Les Flambeaux

[critique de Flambeaux, publiée dans -Monde- le 15 juin 1929. Fils d'Alphonse Daudet, romancier et terrible polémiste, antifreyfusard et nationaliste, Léon Daudet (1867-1942) fut aussi le cinglant rédacteur en chef de l'Action Française de Charles Maurras ]

Ce n'est pas impunément que l'on coupe les ponts avec la vie, avec l'évolution humaine; ce n'est pas impunément que l'on flirte, à notre époque, avec le catholicisme, surtout lorsqu'on arrive à l'âge de Daudet, où une pente naturelle vous amène, par crainte de la vieillesse et de l'anéantissement, à une doucereuse confiture religieuse. (...)
Il ne restera pas grand-chose, dans vingt ans, de cet homme qui aura eu, de son vivant, une personnalité démesurément boursouflée. (p. 73)
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J'étais prodigieusement curieux de tout. Ce qui domine, me semble-t-il, dans les morts violentes, ce doit être la curiosité : des yeux vous poussent. Une fringale de voir, de ne rien laisse échapper, car tout a de l'intérêt, surtout les bagatelles à quoi on ne faisait pas attention jusque là et qui prennent une beauté extraordinaire : l'émail d'un pré, le creux du sillon, et l'arbre dans le lointain qu'on n'atteindra jamais.
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Jean Paulhan : Le Guerrier appliqué [critique publiée dans le numéro de Monde du 17 mai 1930 ]

Le conformisme le plus complet règne dans ces tranchées de la première heure. Comme Jean Paulhan se garde d'interpréter ou de déformer les gens qui vivent à ses côtés, -Le Guerrier appliqué- pourra apparaître à certains comme une oeuvre conformiste; ils songeront à reprocher à l'auteur son indifférence apparente, sa sérénité même devant un aussi triste spectacle. En toute bonne foi, je pense pourtant qu'il n'en est rien et que seul le refus de l'auteur de s'abandonner à "composer" ces premières semaines de guerre, à les arranger suivant telles ou telles idées, à placer ce qu'il a vu dans des cadres préparés à l'avance l'a poussé à écrire ces pages. Il fallait pour cela du courage et une grande probité intellectuelle, soutenue par l'horreur d'être dupe de soi ou des autres. (p. 92)
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François Mauriac : Ce qui était perdu [***Critique publiée dans -Monde- le 12 juillet 1930 ]

Inceste, noce, suicide, dancing, alcool, perversion à tous les étages, décidément M. Mauriac nous comble. Nous n'eussions jamais espéré tant.
Si un écrivain révolutionnaire avait peint une pareille toile on eût crié à l'invraisemblable, on l'eût accusé d'avoir forcé la dose. (...) Faisant abstraction de la volonté humaine, de la magnifique résistance que certains opposent à eux-mêmes pour recouvrer l'équilibre, l'écrivain catholique fait tenir toute la lutte dans une intervention divine, ce qui lui ôte, à nos yeux, tout intérêt. (p. 97)
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Sarcelles est en vérité une ville tombée du ciel, ses immeubles sont des météorites; ils sont là, mais ils auraient pu être sur une autre planète. Après tant de rigueur c'est le hasard qui a décidé de tout.
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Marc Bernard
Et je sais bien aussi d’où viennent mes tourments, du moins je crois le comprendre en ce moment : à travers eux, n’est-ce pas des instants semblables à ceux-là que je poursuis sans arrêt ; n’ai-je pas raison de rejeter sans pitié tout ce qui peut les empêcher de venir à la surface ; n’ai-je pas raison de la défendre contre elle-même puisque, de son propre aveu, c’est moi qui lui ai permis, et moi seul, de les connaître.
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Un vieux prêtre a dit à l’instant de mourir : « Quand bien même ce en quoi j’ai cru n’existerait pas, je ne regretterais pas, si cela était possible, d’y avoir cru. »
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Drole et inattendu.
Très original.
J'ai beaucoup aimé cette BD.
Il y a une préface très émouvante de Roger Carel en première page qui commence par :
A Tristan, "d'Artagnan" de la BD...
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Le groupe des écrivains prolétariens

(...) Mais la littérature prolétarienne, elle, survit, ce qui est l'essentiel. Malaquais, Meckert, Henri Calet, dans une certaine mesure, avec ses trois beaux livres : -La Belle Lurette, Le Mérinos, Fièvre des polders, ont renforcé la phalange.
Certes la fidélité que l'on soit en droit d'exiger d'un écrivain, c'est de rester attentif à son chant profond; pourtant il est probable que la plupart des auteurs prolétariens demeureront, sans effort, sans préoccupation utilitaire, fidèles au monde dont ils sont issus, et qui a marqué leur enfance, leur adolescence d'une empreinte ineffaçable. Pour les plus grands d'entre eux, l'essentiel du message sera sans doute ailleurs, au coeur de ce carrefour royal où, par delà le pittoresque social, les différences s'exténuent pour atteindre à l'humanisme. (p. 150)
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Le groupe des écrivains prolétariens [ 23 juin 1942 ]

Il est toujours vexant pour un écrivain de se voir loger dans les petits casiers des critiques. Puis on s'y fait. Et tant de gens en sont ravis. Se récuser ne servirait à rien : les petites boîtes sont prêtes, et si jolies avec leurs étiquettes qu'on aurait mauvaise grâce à refuser d'y entrer. Parfois même, avec la pure insouciance de la jeunesse, on fabrique sa petite boîte soi-même, mais cela s'appelle une école, et les critiques vous ont à l'oeil.
C'est ainsi que nous créâmes à Paris, vers 1930, le groupe des écrivains prolétariens, dont faisaient partie, entre autres : Dabit, Poulaille, Guilloux, Giono, Peisson, Tristan Rémy (...)
Somme toute, notre originalité n'était pas aveuglante. Les écrivains, en France comme ailleurs, viennent souvent du peuple. Rousseau, Diderot, Beaumarchais, pour nous en tenir au XVIIIe siècle, nous avaient précédés. Et sans doute les grands auteurs bourgeois contemporains ne devraient-ils pas grimper très haut dans leur ramure généalogique pour y rejoindre un paysan ou un artisan. (p. 144)
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Jean Paulhan : Le Guerrier appliqué [critique publiée dans le numéro de Monde du 17 mai 1930 ]

Ce qui ressort de ce livre, c'est que la plupart de ces hommes s'appliquaient naïvement et gravement à bien faire leur nouveau métier de soldat. Pour comprendre cet état d'esprit, il faut ajouter que ces événement se passent au début de la guerre. La flambée de patriotisme d'août 1914 n'est pas encore entièrement éteinte. Bien que les hommes que Jean Paulhan nous montre ne tiennent jamais de longs discours, l'on sent nettement qu'ils ont la certitude de se battre pour quelque but qui les dépasse. Si l'un d'eux hasarde qu'ils se font tuer pour le capitalisme, sa voix ne trouve nul écho, elle s'enlise dans le scepticisme. (p. 92)
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Jean Paulhan : Le Guerrier appliqué [critique publiée dans le numéro de Monde du 17 mai 1930 ]

La guerre se réfléchit dans ce livre ainsi que dans un tranquille miroir. (...)
Même vis-à-vis de lui-même, il a renoncé à toute complaisance. Ce qui lui importait, avant toute chose, c'était surtout de voir les événements, et les hommes qui vivaient autour de lui, dans la plus grande clarté. ne pas les idéaliser, ne pas les diminuer, les placer sous nos yeux tels qu'il les a ressentis, tels qu'il les a vus a été certainement sa plus haute ambition. (p. 90)
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Emmanuel Berl : Mort de la pensée bourgeoise [ critique publiée dans -Monde- du 25 mai 1929 ]

-Mort de la pensée bourgeoise-, même avec ses faiblesses et ses insuffisances, par l'importance des problèmes qu'il soulève, par la vigueur avec laquelle Emmanuel Berl les aborde, demeure pour nous un précieux témoignage et, pour notre époque, un document de premier ordre.
Nous conseillons à nos lecteurs de lire ce livre qui fait preuve d'un courage auquel les intellectuels ne nous ont guère habitués. (p. 71)
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Le souvenir d'Eugène Dabit.


Nous avions édité le - Bulletin des écrivains prolétariens- dont le premier numéro contenait un manifeste, comme il se doit. Nous affirmions là notre intention de ne rien renier de nos origines de ne point trahir la classe d'où nous sortions, de lui demeurer fidèles. nous nous élevions contre ceux qui ne voyaient dans le prolétariat qu'une matière littéraire, un prétexte pour créer une école; mais, d'autre part, nous nous refusions à rabaisser notre art à une arme de propagande, à tomber dans une littérature de parti. Nous luttions comme de beaux diables contre le "sectarisme". Les polémiques que nous soutenions contre les intellectuels de stricte obédience communiste étaient violentes. Les épithètes de "sectaires", d'écrivains "soit-disant prolétariens" volaient d'un camp à l'autre. (p. 137)
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Maxime Gorki

Or, s'il est un homme qui est tout entier dans son oeuvre (j'entends la vivante) depuis la plante des pieds jusquà l'extrémité des cheveux, avec la forme de son corps inscrite en creux dans chaque page, où les battements de son coeur se perçoivent avec la plus large sonorité, dont chaque ligne est arrosée de son sang, chaque mot bruissant de sa voix, modelé par ses mains adorables, c'est bien Gorki. On ne sent pas chez lui-dans les livres dont nous parlions plus haut-de ces constructions faites à coup de calcul, d'intelligence; pas une seule page de ces plus belles oeuvres ne sent la fabrique; tout cela germe, s'amplifie harmonieusement, arrondit sa courbe dans le ciel (...)
Tous les arts se rejoignent là en un seul, comme les diverses faces de la pyramide à l'extrême pointe de son sommet. (p. 133)
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A propos d'André Gide : Indignations [ Réponse de Marc Bernard à François Mauriac... le 17 septembre 1932 ]

(...) Sans doute, l'auteur des -Nourritures terrestres n'avait jamais paru à ces Messieurs bien catholique, ses livres sur le Congo avaient terriblement accru à son égard la méfiance des milieux conformistes et bien-pensants, sa courageuse défense des nègres était, à leurs yeux, du plus mauvais goût, mais cette fois, alors c'est un comble ! [ Les positions de Gide vis-à-vis de la Russie ](p. 118)
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Le groupe des écrivains prolétariens

Imagine-t-on l'émotion d'un jeune ouvrier, paysan ou employé qui se met à écrire ? Il éprouve assez le sentiment d'une fraude. Mais il fallut attendre durant des siècles pour que de jeunes hommes sans formation classique eussent cette audace. L'on pouvait prévoir leur maladresse; ils n'y ont pas manqué. Quelles qu'aient été leurs insuffisances pourtant, ils ont apporté une vision neuve des hommes en montrant le peuple de l'intérieur. Un long murmure s'est soudain élevé d'une masse de gens jusque-là silencieux, que les naturalistes les premiers avaient pensé à peindre, mais un peu comme ils l'eussent fait pour des insectes. Et voici que les insectes eux-mêmes ont pris voix. (p. 148)
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Préface

Il [Marc Bernard ] exhorte les intellectuels (Guéhenno, Berl) à aller plus loin, les fils d'ouvriers (Giono) à ne pas oublier d'où ils viennent et les catholiques "amers" (Mauriac) ni plus ni moins qu'à se taire.
Par-delà les considérations idéologiques, la révolution est porteuse de fondements intimes pour Marc Bernard : elle est la lutte forcenée pour un avenir en dépit du passé, le combat pour la lumière de l'homme qui s'affirme contre la nuit de l'enfance (...) (p. 20)
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Quelques année plus tard, Emile Zola, dans son essai -De la Morale en littérature-, revient sur cette question en ces termes: "Comme je l'ai dit, nos œuvres sont trop noires, trop cruelles surtout, pour chatouiller le public au bon endroit et lui faire plaisir. Elles révoltent, elles ne séduisent pas. Si quelques-unes arrivent à une large vente, le plus grand nombre laisse la foule des acheteurs inquiète et indignée. (...)
L'hypocrisie est choyée, payée grassement, tandis que la brutalité a contre elle la masse énorme des gens que gêne la franchise. " (p. 57-58)
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