- Rassurez-vous. Les privés qui font leur boulot à coups de poing, les poursuites en voiture sur les trottoirs, c'est pour les romans. Je pense avoir plus de chance d'aboutir en posant poliment mes questions et en respectant les limitations de vitesse.
Au ton détendu de sa voix, il était clair que la liste de mes maux ne le touchait guère. Martin se fichait de mon état physique, il me payait cher pour que je remplisse un contrat comportant une obligation de résultat. Elle n'était pas encore remplie.
Soixante petites secondes prennent des airs de tortillard lorsqu'elles s'égrènent dans un endroit confiné, obscur, étouffant, sentant le renfermé et qu'on est attaché sur une chaise.
Avoir un numéro, c’est devenir un numéro et faciliter la tâche de quiconque voudrait se renseigner sur vous.
Comme dans tous les milieux où l'aléatoire joue un rôle, et même si on agit avec un grand professionnalisme, une certaine dose de magie s'introduit dans les comportements. On ne brûle pas de l'encens sur un autel, on n'offre pas de sacrifice ni même une simple prière à une quelconque divinité, mais on veut mettre toutes les chances de son côté. Inutile de provoquer le sort, sait-on jamais !
Cette bible en français a été imprimée à Genève par Laurent de Normandie, un exilé protestant. Un libraire de Dieppe en avait rapporté plusieurs exemplaires en 1557. Notre ancêtre, Guillaume, qui était notaire, instruit et curieux de nature, en a acheté un à une dame Hélène Bouchard, drapière de son état qui les diffusait dans la ville.
Rome interdisait les traductions du texte latin par crainte de perdre son monopole d’interprétation des Ecritures. Acquérir ce livre, c’était donc un acte proscrit.
Notre ancêtre pratiquait, comme alors l’immense majorité de la population, la religion catholique et romaine. Mais son faste, son rituel compliqué, sa prétention à se placer entre les croyants et le ciel pour régler au quotidien leur conduite lui semblaient éloigner de Dieu plus que de s’en rapprocher. Sans le savoir, il partageait le point de vue de Luther.
Il sait le latin, mais pouvoir consulter une version en langue populaire, expurgée de tout ce qui semblait superflu, le séduisit aussitôt.
Il acheva d’être convaincu d’embrasser la Réforme après avoir entendu un prêche de Jean Venable, un prédicateur envoyé tout spécialement par Calvin pour répandre la bonne parole dans la région ainsi que les préceptes contenus dans son ouvrage, L’institution de la religion chrétienne.
Et c’est depuis que nous pratiquons tous ce culte dans la famille. Nous sommes restés fidèles à notre foi à travers les années, les guerres et tous les tracas que cela nous a causés, qui, vous ne l’ignorez pas, nous menacent plus encore de nos jours.
Certains se prennent pour Napoléon ou Bismarck ou Jésus, lui pour un télépathe, un voyant ou un medium. Son histoire ne tenait pas debout. Pourtant, il paraissait tout à fait normal. D’apparence très quelconque, cet individu parlait sans agitation, sans hésitation, sûr de lui, un petit sourire aux lèvres qui a fini par m’énerver. Ces précautions oratoires, ce mystère, ces airs d’expert, ce ton de chef de laboratoire s’adressant à un cobaye enfermé dans sa cage ou placé sous un microscope, qui pourrait comprendre ses propos.
Prendre le risque de tuer une espérance demande un certain courage. Mais se bercer d'illusions, à terme, c'est bien pire, on tombe de plus haut encore. L'espoir est un compagnon dangereux. Il vous porte, vous transporte, vous dépose au sommet de la montagne et lorsque vous être arrivé, soudain, il vous abandonne et vous chutez. La réception, ou plutôt la déception, est d'autant plus douloureuse que l'espoir nous a portés plus haut. Il fait mieux se casser la figure toute de suite.
Excepté la vitesse de la lumière qu’on ne peut dépasser, la seule autre loi toujours respectée est celle de l’emmerdement maximum.
Penser à l'avance la course dans sa tête, c'est déjà en partie la faire et se donner les meilleures conditions pour la réussir.