Samuel Sutra, "Kind of black", Éditions Terriciae, 1er juin 2013.
Y a eu des morts? Et après. En Haïti , y a toujours des morts. Là-bas, la mort, c'est la vie.
Avec les autres, on est toujours au milieu de quelque chose, mais jamais au cœur de rien.
Le jazz. C’est une musique peuplée de morts. On vit à une époque où le plus gros vendeur de disques est un DJ, où ceux qui font les plus grosses carrières chantent en play-back des titres qu’ils n’ont pas écrits et dont ils ne comprennent même pas le sens. Mon univers à moi est peuplé de gars qui ont vécu dans la misère et dont on n’a découvert le nom souvent qu’après leur mort. C’est presque un univers posthume. Je crois que c’est Nietzsche qui disait ça, que certains naissent posthumes.
Nous basculons avec précaution la poubelle, qui nous offre alors un banc de fortune, et posons nos proses délicatement dessus.
Ne paniquez pas. Laissez moi finir. Vous paniquerez tranquillement après....
Il se rendit compte de la difficulté qu'il rencontrait parfois à comprendre ce que voulait dire Gérard, lequel répondait à nombres de critères, mais pas à ceux conventionnels de la folie, alors face à un fou certifié conforme, avec tous les tampons et appellation d'origine contrôlée qui en font le prix sur le marché, saurait-il en apprendre quelque chose ?
"Pas question que j'aille à l'enterrement d'un type qui ne fera aucun effort pour venir au mien. Question de savoir-vivre". Tonton.
Il y a parfois davantage de respect dans un « tu » confident et sincère que dans un « vous » dissimulateur et mensonger.
Ça paraît court, deux jours. Mais avec Gérard, c'est une éternité. En deux jours, Gérard pouvait vous inverser les pôles, transformer un orchestre de cordes en copeaux, vous convertir à la cornemuse, transformer la banquise en vapeur, tout ça en gardant une marge, pour peu que vous le laissiez faire.
Si on devait se méfier de tous les mecs qui foirent leurs études, on n'aurait plus confiance en grand monde.