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Citations de Marcel Moreau (61)


On sauve les apparences, alors que s'acharner à les perdre serait une tâche d'une envergure tellement plus propice à la restauration de notre image fracassée.
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lorsque conditionnés à ne plus se poser de questions sur l'être, ils finissent par ne plus s'en poser que sur l'avoir. Quelque chose en eux de vital, d'essentiel, d'incommensurable, s'est prématurément clos, fermé à l'aventure, est tombé en déshérence. L'homme alors, si ingambe soit-il, porte en lui son poids de mort, jusque dans son espérance de survie. On dirait un atlante soutenant sa propre charge de divorces d'avec lui-même, d'intégrité perdue, de névrose annoncée. Mais c'est trop pour cette charge-là, et il n'a même plus la violence de la jeter bas, avec l'entablement, avec la société.
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En fait, la force du mystère des mots, c'est qu'il me dispense à la fois de l'infini et de l'éternité. Il fait mieux que de ne pas m'en obséder. Il m'oblige à l'intensité, terrestre et charnelle. Chaque instant de vie vécu intensément concourt à me rendre superflues les notions d'éternité et d'infini. De tels instants m'immergent, sans besoin de surnaturel, dans la qualité vertigineuse du "naturel".
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Je m'irrite de voir les créateurs hommes si souvent réduire les créatures aimées à la condition de muses. C'est encore une attitude d'homme dominant que de penser: " C'est moi qui crée, c'est elle qui m'inspire." La femme est une créatrice de la créativité de l'homme, comme l'homme est un créateur de la créativité de la femme. Si on se met bien çà dans la tête, on finit peut-être par croire possible l'essoufflement de la guerre des sexes. C'est par ses creux, ses fonds, son corps cavitaire, ses rivières sensorielles que la femme s'élève comme créatrice rayonnante d'elle-même et du monde.
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Marcel Moreau
Il ne suffit pas que l'écriture soit un chant, il faut qu'elle drogue, qu'elle enivre, qu'elle provoque chez le lecteur ces somptueuses titubations intimes sans lesquelles il n'est point de profondeur révélée. Il s'agit d'écrire un livre qui se boive, qui se danse plus qu'il se lise...
Lettre à Anaïs Nin.
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Une pensée poussée jusqu'au bout entraîne, presque à coup sûr, un ébranlement de la conviction dont elle est née. Et cela, c'est trop effrayant pour le penseur "normal", qui a renoncé au vertige de rencontrer la négation de ce qu'il pense. C'est un exercice trop dangereux pour la réputation qu'il s'est bâtie d'homme de conviction. Et qu'est-ce qu'une conviction, trop souvent, hélas, sinon un dogme éduqué "à se sourire" à lui-même. [...]
Combien d'analyses que l'on nous présente comme expertes se révèlent, à l'examen, n'être qu'une succession de dosages en vue d'habiller l'esprit partisan en esprit objectif.
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Les livres, c'était plus que du papier, avec un récit dessus. C'était la caresse annoncée, de l'épidermique volupté en vue. [...] L'important, c'était le style, cette chose qui "voulait" que tu fusses séduit, de l'intérieur, dans ton être désirant, par la puissance de la parole. [...] T'en souvient-il ? Tu ouvrais le dictionnaire un peu comme on dénude une nymphomane. Fébrilement. Parfois, tu tombais en arrêt sur une courbe, une vraie merveille. Mais non, mais non, tu mens : c'était un mot, nouveau, inouï, avec un sens ondulatoire.
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Rien n'est sans doute plus beau que la naissance d'un amour. Et s'il commence en folie, il sera inoubliable, même quand il sera mort. Ce qui le ruine comme durée le magnifie comme sacré. Parfois, au soir de mes excès, je me souviens de la séduction. Je revois des yeux dans les miens.
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Je rêve d'un temps où ton sommeil sera beau et long et innocent comme un coucher de jouissances. Je rêve d'un temps où les jours se lèveront dans tes yeux, comme s'y lève le désir et comme s'y lève l'amour, dans les miens. Je rêve d'un temps où nos nuits seront irréprochables, tendres aux matines d'avoir été licencieuses aux vêpres.
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Chaque fois qu'il tressaille, hume, palpite, c'est pour me faire voir, dans le détail, en quoi les vraies ténèbres sont ailleurs, dans les inexorables mouvements des sociétés qui nous présentent comme progrès et se donnent pour objectif le conditionnement des hommes, leur transformation en névrosés : névrosé du pouvoir, névrosés de l'argent, névrosés de l'idolâtrie, névrosé de la facticité. Il semble bien que mon corps ne puisse plus désormais que parler le langage de la révélation et de la démystification. Il ne s'arrête plus de me dire où est le mal, où est le mensonge, où est la crétinisation. Et où est la vie essentielle.
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Le premier acte subversif : se débarrasser de l'idée, inculquée à tout va, que le corps est une mécanique. La leçon mécaniste n'a que trop duré. Elle ne vaut que pour les chirurgiens, les anatomistes, et encore... En nous obsédant de la mécanique, nous nous coupons de ce qui la dépasse : l'innommable luxuriance de la vie.
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(...) par la lecture je recherchais dans les livres des mots capables d'éveiller en mon corps des désirs d'émancipation profitables à l'esprit (...)
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Faire chanter l'amour ridé, y a-t-il partition plus excitante, n'est-ce pas, amants mélomanes, ou alors compositeurs encore charnels et insensés d'une musique qui serait plus belle jouée ivre qu'interprétée sobre ?
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Heureusement j'écris et j'aime, ce qui me permet de ne pas prêter une oreille absolue à cette morne « musique de l'ennui » qui suinte par tous les pores, désormais sans frontières, du discours contre l'être, le discours de la clôture de cet être.
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Une connaissance de soi qui n'aurait pour but, par la raison ou la morale, que de priver de mouvement, d'abord, puis de propulsion, ce que notre corps contient, dans son sous-sol, de savoirs à en faire danser les savoirs enseignés, une telle connaissance ne serait rien d'autre que du mensonge en action.
(...)
A ne penser qu'avec la raison, nous finissons par penser contre nous-mêmes, contre notre mouvement vital.
(...)
La chance de l'homme, c'est la liberté qu'il a de descendre si loin en soi qu'il ne peut qu'en remonter physiquement ivre et psychologiquement orgiaque.
(...)
J'ai grandi dans un pur vide culturel, dans une absence totale de repères pour l'esprit. J'ai eu la chance de me retrouver seul dans des forêts inconnues. J'ai appris à tirer l'étincelle et le feu des entrailles du Verbe, non de mon frottement aux éruditions pétrées...
(...)
...l'écriture danse le corps intérieur, au bout du chemin qui va de l'instinct purement orgiastique à l'instinct verbal
(...)
la volonté subit en fascinée ses propres phantasmes amplifiés par la vulgarité des images, destinées à en exciter la consommation
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RYTHME !


Mets en moi le fabuleux mal
Des cadences
Cadences blondes
Cadences noires
Blondes d'offrande physique
Noires de musculature libre
Rouges aussi car le sang
Allume la saltation aux torches d'ossature
D'ossature
D'ossature
RYTHME !
Change mon corps en outrance
Exagère mes bonds
Mes sauts
Ma sainte désarticulation
Ma transe d'énamourée
La course de mes doigts sur la peau tendue
 des tambours
L'entrée violente de mes doigts dans les yeux
 Du grand persécuteur
Désordonne mes membres
Tous mes membres
Ne ralentis rien
          rien
          rien
RYTHME !
Dénoue mes entrailles
Souffle en elles
Ce sont des flûtes des saxophones
Pour bouches d'ouragan
Casse ma boule de nerfs à vif
Prête ma gorge à Dieu et à Diable
Donne-lui la voix rauque
Infernale et
Divine
Des fauves dépossédés
Arrose-la de vin
De vin âcre
Déchire de chants inouïs le palais de craie…
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Marcel Moreau
Je crois pour ma part à l'envoûtante beauté des longues envies de nuire et des préméditations infinies
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Un homme qui ne pense pas par lui-même et vit télécommandé est une prison bipède.
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Les preuves d'amour, c'est agréable, c'est mieux que les témoignages de désaffection. Mais à quinze ans, on n'est jamais sûr que cela soit suffisant pour atténuer l'impression que l'on est bien seul avec cette part d'étrangeté convulsive qui vous dévore de l'intérieur et sur laquelle il s'avère si difficile, sinon impossible, de mettre un nom.
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RYTHME !
Prends mes jambes
Fais-en des roues
Prends mes roues
Fais-en des bolides
Prends mes bolides
Fais-en des éclairs
Prends mes éclairs
Fais en la folie
RYTHME !
Saisis-moi au cou
Aux bras
Aux hanches
Aux reins
Aux pieds
Caresse-moi Pince-moi Baratte-moi
Fais que je tourne
Que je tourbillonne
Dangereusement
Que je sue
Que je perde haleine
Qu'haleine je ne puisse reprendre
Que d'écume je sois blanc
Que de sueur j'ordonne le grand déferlement !
RYTHME !
Mets en moi le mouvement
Le mouvement dansant
Guerrier
Bachique
Qui vipère le cou
Qui liane les bras
Qui négresse les hanches
Qui panthère les reins
Qui gazelle les pieds…

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