Marcel Paquet

Impossible de ne pas prendre en compte l’influence de René Magritte (1898-1967) lorsqu’on s’intéresse à l’art contemporain. Sa peinture surréaliste renverse ironiquement l’ordre des choses et restitue une part de mystère à un monde privé de magie.



Son œuvre témoigne d’un véritable sens de l’étonnant, du surprenant et du ridicule, mais aussi de l’inquiétant. Les tableaux de Magritte ne comportent pas de message spécifique, mais nous parlent néanmoins, en créant, à travers des jeux d’association, des correspondances entre contraires. Rien de plus naturel alors que de voir passer un vol de baguettes de pain à travers la fenêtre d’un donjon.



Pour évoquer son art, Magritte parle de "pensées inspirées". On peut en effet le considérer comme un peintre-philosophe qui pense par images et voyage avec une légèreté apparemment espiègle dans l’univers exalté de sa propre imagination.

"Ceci n'est pas une pomme"

"Ceci n'est pas une pipe"

"One ne mange pas une pomme peinte"

"On ne fume pas une pipe peinte"

Ce vrai bon sens est celui des grands poètes disait André Breton chef de file du surréalisme car il s'agit bien ici de poésie et là bas de surréalisme,rêve éveillé aux portes de l'hallucination comme dans L'empire des lumières, où la maison dans l'obscurité, éclairée d'une simple veilleuse interne et d'un lampadaire externe se découpe dans le ciel bleu.

Un beau livre d'art aux superbes reproductions de ce peintre belge du XIX° siècle, magicien de l'art, inventeur de mondes,détrousseur de perspectives,détenteur de secrets,rêveur d'infinis,joueur de cache-cache à la limite du visible,enchanteur,acrobate de l'impossible a apporté sa contribution à la chimère collective de la pensée visible en peignant l'irréalité

Une biographie fouillée.

Un grand parmi les grands qui a reçu le prix Gugenheim pour la Belgique en 1956 et dont les oeuvres ont été exposées au cours d'expositions prestigieuses..

Magritte, peintre belge, figure emblématique du surréalisme, courant que je connaissais superficiellement bien sûr mais que je découvre plus finement avec ce petit ouvrage. Je suis à la fois époustouflée et dérangée par l’œuvre de Magritte. Il ne peint dans le seul but de peindre, mais surtout pour faire réfléchir. Ses tableaux sont autant de chef d’œuvre qui viennent poser la question de la représentation de la réalité, des choses qui nous entourent.



De véritables poésies sur toile...



Le séducteur,1953.



Je ne saurais mieux en parler que cet extrait qui résume en quelques lignes toute la teneur de l’œuvre de Magritte :



L’œuvre de Magritte est certes figurative, mais elle est un attentat permanent contre la représentation. Les figures chez lui perdent en identité ce qu'elles gagnent en mystère, en différence : il n'y a rien d'autre à voir que l'image peinte, mais la magie de Magritte tient à ceci qu'aucune de ses œuvres ne saurait être vue sans être en même temps pensée. Avec Magritte, le mystère entre dans le quotidien et la subversion de la pensée devient une douce habitude ; la joie est constante, la fête de tous les instants.



La réflexion de Marcel Paquet autour d’œuvre de Magritte est clairement engagée. Ainsi, par rapport au tableau "La trahison des images" (voir ci-dessous), il dira :



Il réduit à néant l'ordre ancien de la représentation et le spectateur s'étonne que d'aucuns puissent avoir jamais cru que l'image d'une pipe soit la réalité de celle-ci. Ceux qui ont cru cela, qui ont pensé qu'il pouvait y avoir une adéquation entre les mots, les images et les choses sont sans doute les mêmes qui aujourd'hui croient à la réalité des informations télévisuelles et, sans réfléchir, se laissent duper par les propagandes totalitaires s'avançant sous le masque de la liberté d'information.



La Trahison des images, 1928/29



Cet ouvrage de chez Taschen est une excellente façon d'aborder Magritte, sa vie et son œuvre, au travers d'explications conséquentes et de très nombreuses reproductions. Pour le plaisir des yeux et de l'intellect.



INFOS

Publié en 2006 chez Taschen.

96 pages.
Lien : http://ledragongalactique.bl..

Je viens de relire ce petit livre que j'avais lu à sa sortie. Il est joyeusement blasphématoire. Un régal. Jubilatoire. On rit plusieurs fois, d'autant plus quand on connait bien les Evangiles.

Le frère ainé de Jésus raconte comment et pourquoi son frère lui a pourri la vie. On sait que Jésus a eu des frères, même le chercheur catholique John Meier le reconnait dans son œuvre monumental : Un certain Juif Jésus. Jacques fut le plus connu parce qu'il reprit dans une pure orthodoxie juive, après la mort de son frère, la tête de la petite communauté qui se réclamait de Jésus (vision juive de Jésus qui a périclité au profit, plus tard, de la vision de Paul).

Mais ne nous égarons pas. Si on rit beaucoup, surtout au début, c'est que le Jésus de Marcel Paquet (qui en passant ne connaît pas les récentes recherches sur Jésus et ses vrais rapports avec les pharisiens, qui à l'époque le soutenaient, ainsi que d'autres aspects, en particulier sur son procès) est traité comme un illuminé, sûr de lui, étanche à toutes contradictions et persuadé de détenir à lui seul la Vérité, méprisant sa famille, ses frères et ses sœurs (sauf sa mère, qui l'a surprotégé et sur-choyé pendant toute son enfance, délaissant son mari et ses autres enfants). Fort à propos, Marcel Paquet cite Jésus lui-même (ou du moins les Evangiles) dans ses démonstrations.

Il offre aussi une thèse amusante sur le fait que Joseph n'étant pas son vrai père, et n'ayant pas connu ce dernier (Marie aurait fauté, ce qui dans la famille et dans le village était de notoriété publique), sa fixette sur le Père (Dieu) serait la recherche fantasmagorique de son propre père. Une petite thèse psychanalytique, tout à fait inédite, et qui ajoute à la drôlerie de l'ensemble.

Mais derrière le voile de la fable se cache une critique acerbe des fanatiques de tout poil qui entrainent avec eux dans le désastre (et la mort) des âmes trop simples pour s'en prémunir. Thème finalement très actuel et exprimé clairement à plusieurs reprises par ce frère qui n'a jamais existé (car les chercheurs pensent que Jésus était l'aîné de la fratrie).

Philosophe, Marcel Paquet nous livre ici, accessible rapidement vu la brièveté du texte (100 petites pages), sa vison du monde en général et des religions en particulier.

A lire pour se détendre et réfléchir.

critiquer ? pourquoi faire,? on aime ou pas, moi j'aime pour ce côté farfelu à la Raymon Devos,. Cela me fait sourire, réver,.mais je ne suis pas spécialiste et je le vois bien copain avec Chagall, l'extraordinaire, l'excentrique raisonnable.

Athènes, - 404. Hésitations de la démocratie et vraies raisons de la mort de Socrate.



Publié en 1989 à La Différence, le deuxième roman du philosophe belge Marcel Paquet propose une étonnante relecture, documentée et imaginée, de quelques mois à Athènes, en - 404, au moment où, suite à la défaite face à Sparte lors de la guerre du Péloponnèse, la démocratie est renversée et remplacée pendant quelque temps par le régime des Quatre-Cents (- 411) et des Trente (-404).



Décrit à travers les regards de quelques figures importantes des partis en présence, ce bref épisode, haut en couleurs (dont certaines évoqueront les magnifiques "Lettres de pêcheurs, de paysans, de parasites et d'hétaïres" d'Alciphron), plus encore que la reconstitution d'une tranche de vie quotidienne et de délibération politique à un moment crucial de l'histoire athénienne, revisite, élabore et discute les possibles véritables raisons de la condamnation de Socrate, et du souverain et surprenant mépris dont fit preuve celui-ci face à ses accusateurs, au grand désarroi de ses partisans.



Nourri de documents et de textes classiques, mettant en scène une philosophie prégnante chez tous les "démocrates" de l'époque, ressuscitant les figures connues par les historiens comme par les dialogues platoniciens, le livre de Marcel Paquet est un étonnant tour de force, utilisant avec brio le passé transfiguré pour reposer la (quasiment) éternelle question du "qu'est-ce que la démocratie ?".

Magritte, ce génie, assez Naïf, nous emmène très loin dans l'imaginaire en détournant la réalité, tout en restant très poétique.

Un beau livre d’art à petit prix avec de superbes reproductions de bonne qualité. Le choix de œuvres est varié, Marcel Paquet explore l’oeuvre de Magritte de ses débuts jusqu’à ses dernières peintures, en l’accompagnant d’une biographie détaillée et d’explications éclairées. Magritte est un des plus grands peintres surréalistes, et sa peinture exprime en permanence une poésie du quotidien, une poésie du présent.

Un peu trop de texte, un peu trop abscons et aux interprétations parfois un peu oisives, ainsi qu'une mise en page qui aurait pu être améliorée (la disposition des reproductions ne suit pas les renvois du texte).