-Vous apprendrez votre ‘grand-mère’ par cœur, dit la maîtresse. (…..) – Maîtresse, je n’ai pas pu faire mes devoirs. Je n’ai pas compris comment apprendre ma grand- mère.
-Non pas ta grand-mère, sourit la maîtresse, ta grammaire !
« Pour se faire une place, il faut la gagner, et pour la gagner, il faut s’attaquer aux hommes en place », observe l’avocat pénaliste Yassine Bouzrou. Que l’on soit homme ou femme, la loi est la même : on avance en doublant son prochain, et pourquoi pas en l’éliminant. Une femme aura évidemment plus d’aptitude si elle a grandi dans cet univers, vu évoluer des voyous depuis sa petite enfance, rendu visite au parloir à un père ou à un frère, la famille restant le noyau de toute dérive criminelle, comme le rappelle si bien la Sudiste Aurélie Merlini : « Quand tu n’as plus confiance en personne, il te reste ton fils, ta femme et ta fille. »
Aujourd’hui, les filles des cités dites « sensibles » qui ont choisi l’argent facile se sont principalement investies dans la drogue, activité criminelle la plus lucrative du moment : elles sont dealeuses, passeuses, blanchisseuses ou nourrices, sans pour autant laisser tomber les bonnes vieilles recettes, à commencer par tout ce qui se rapporte au commerce du sexe. Certes, les garçons qui montent en grade dans l’échelle de la grande délinquance laissent peu d’espace au sexe dit faible, mais ils ont plus que jamais besoin de son énergie. Hier au cœur des faubourgs, aujourd’hui tout se joue dans ces quartiers des cités où hommes comme femmes évoluent souvent en mode survie.
« Un voyou doit être capable de tenir les équipes par la peur et de faire le ménage, y compris à coups de calibre. C’est un prédateur sans état d’âme, souvenez-vous de ceux qui mettaient les filles sur le trottoir. Immatriculer une voiture, louer un box, prendre un portable, c’est bien sûr à la portée d’une femme qui aurait grandi là-dedans. Faire un peu de fric, un peu de came, pourquoi pas, mais je ne vois pas un bandit manouche, black ou maghrébin recevoir un ordre d’une femme ! Et puis, une femme, ça parle beaucoup. C’est moins taiseux qu’un homme. »
Les femmes ne sont plus seulement figurantes ou petites mains, elles sont désormais actrices de premier plan, comme nous le révélons ici, au terme de quatre années d’une enquête d’autant plus difficile à mener que les bandits ont une tendance naturelle à se croire seuls au monde et à vouloir contrôler leur image autant que celle de leurs proches.
Le récit de son histoire et de celle de son peuple est l'arme la plus efficace contre le terrorisme.
Voilà le pupitre de Pierre. Qu’est-ce que je vois là ? Un escargot ! C’est donc ce mollusque qui l’a accaparé toute la matinée ? Tiens, tiens…
Voilà, c’est décidé. Je vais les sortir et je ferai classe dehors tous les après-midi.
« Voyouses », « voyoutes », « marlouses », le féminin de ces noms n’existe pas encore dans la langue française, et sonne donc curieusement à nos oreilles. Il faudra pourtant s’y habituer : il n’y a plus d’activité réservée aux hommes, pas même celle de malfrat.