Citations de Marian Izaguirre (41)
Cet hiver a été terrible. Je ne me suis jamais sentie aussi seule. Heureusement, il y avait des livres, des livres, des livres ... Des histoires où se réfugier, grâce auxquelles fuir. Des livres.
Encouragée par la lecture des lettres, Teresa imitait-elle Elisabeth Babel, reproduisait-elle inconsciemment sa vie ? Ou bien étaient-elles réellement connectées, liées par quelque chose qui s’imposait, échappant à toute volonté ? Il est délicat de céder à cette explication plutôt extravagante, d’y accorder du crédit. Pourtant, si on ne le fait pas, tout bat de l’aile. Une connexion entre deux personnes que presque ans séparent. Pourquoi pas ? Doutez-en, je vous en prie.
p. 120 : je ne sais pas pour quelle raison on n'apprend jamais des erreurs du passé.
p.120 : C'est le propre des êtres humains. On oublie la douleur dès qu'on le peut. Les animaux, au contraire, reconnaissent très vite le danger quand ils ont déjà souffert.
Ce n'était pas la paix que l'on célébrait, c'était l'absence de la guerre.
Je lis. Je lis beaucoup. C’est alors que les paroles de James prennent leur véritable sens. « Quand tu te sens seule, lis un livre… Ça te sauvera. » Les livres ont soudain le toucher rond et humide d’une bouée de sauvetage.
Elle se souviendra toujours de cette scène : la course sous la pluie, lui qui la prend par la main, une main ferme qui lui procure tout de suite une sensation inconnue de sécurité, sa poitrine sur le point d'éclater à cause de la cause, ou des émotions... Et puis dans le couloir du métro, les voilà tous les deux, l'un en face de l'autre, qui se regardent de cette façon-là.
Lola fait alors sienne cette phrase qu'elle a lue le matin même dans le livre de la vitrine : "Le premier baiser ne se donne pas avec la bouche mais avec le regard." Ce fut ainsi alors, il y a seize ans. Au pied des escaliers du métro, au milieu des gens avec leurs parapluies et leurs manteaux trempés, eux se sont embrassés sans s'effleurer. Ils se sont embrassés parce que personne n'a rien pu faire pour l'éviter et parce qu'aucun des deux n'a voulu résister.
Il y a des femmes qui, lorsqu'elles rentrent dans une pièce, éblouissent. Et d'autres, comme Frances, qui, lorsqu'elles apparaissent, illuminent. Frances était pure lumière. On aurait dit qu'elle avait avalé le soleil d'une gorgée.
Tu sais ce qu'il m'arrive ? Dit-elle en agitant ses paumes en l'air comme si elle exposait un secret gardé depuis longtemps. Notre vie, quand elle était à nous, elle me manque !
Cette phrase semble destructrice à Matías mais très typique d'elle. Dans le fond, derrière le chagrin, il éprouve la fierté que lui a toujours inspirée cette femme courageuse, brillante et pleine d'enthousiasme, qui semble aujourd'hui sur le point de capituler.
Quand meurent les gens que vous avez aimés, vous aussi, vous mourez. (p.392)
Cette voix. Triste comme une aube où on se sent perdu.
Freddie et Frances dansent très serrés.
La voix de la femme vient de très loin, d'un lieu sombre et profond, et raconte une histoire qui est encore à venir.
L'amour véritable provoque de l'envie, de la jalousie, de l'irritation chez ceux qui ne l'ont jamais éprouvé, du ressentiment chez ceux qui l'ont perdu, des rivalités absurdes, des préjugés, des affrontements. L'amour, c'est presque toujours la guigne.
Lola fait alors sienne cette phrase qu'elle a lue le matin même dans le livre de la vitrine: "Le premier baiser ne se donne pas avec la bouche mais avec le regard". Ce fut ainsi alors, il y a seize ans. Au pied des escaliers du métro, au milieu des gens avec leurs parapluies et leurs manteaux trempés, eux se sont embrassés parce que personne n'a rien pu faire pour l'éviter et parce que aucun des deux n'a voulu résister.
Le futur est le lieu le moins assuré de tous ceux qu'il nous est possible d'imaginer.
Lui ne peut pas savoir ce que pense cette vieille aux cheveux blancs qu'il a en face de lui. Il ne peut pas non plus imaginer que j'ai été jeune et passionnée un jour.
Tout était imprégné de romantisme et d'idéalisme, d'une complicité périlleuse qui flottait parmi les décombres et qui ressemblait à une rafale de mitraillette...Il fallait ça pour pouvoir continuer la lutte...L'épopée a besoin de gamins innocents pleins d'idéalisme. L'épopée a besoin de morts.
Si la balle me frappe...
J'ai déjà dit à quel point nous les femmes pouvons passer inaperçues quand notre vieillesse devient manifeste.
Le bonheur doit fonctionner comme une drogue : il anesthésie et on ne se rappelle pas grand-chose au réveil !
Quand on est amoureux, il n'y a pas d'homme plus intelligent, plus sensible et plus spirituel que l'homme que l'on aime. (p.357)
En décembre on tuait le cochon, à Pâques on faisait l'agneau à la braise, fin août on égrenait le maïs et en juillet on nous emmenait toujours voir la mer dans la vielle carriole à transporter le cidre. C'était amusant. Je me souviens de cette période de ma vie comme d'une époque où il y avait continuellement quelque chose à découvrir. Et aussi comme d'une époque où personne ne vous embêtait...Pourquoi tous les souvenirs importants de l'enfance ont-ils trait à la découverte d'un mystère ? Au début, j'ai pensé que ça n'a propre vie.rrivait qu'à moi à cause de ma situation,mais plus tard, quand m'est venue ma passion des livres, je me suis rendu compte que le terme "initiation" s'appliquait à un grand nombre d’expériences. Et que ce que nous essayons de découvrir n'est rien d'autre que le mystère de notre propre vie.
Qu'on a besoin de peu de choses quand on devient vieille... Tout est superflu, sauf la tendresse.